Caliguillet | Tous les cris, les sauces
Succinct scénario cinématographique.
TOUS LES CRIS, LES SAUCES
Personnages par ordre d'apparition :
- Spaziergänger : parfait promeneur dominical, plus par loisir que par sport. Le costume tant que le caractère est à l'appréciation du metteur en scène, et selon le génie de l'acteur en question.
- Held : un héros, un vrai.
- Leute : des gens, divers et variés, qu'on pourrait dans d'autres circonstances rapprocher de figurants muets, ce dont on se passera ici car nous ne sommes pas venus pour l'étude comparée, il suffit de s'imprégner du génie qui parcourt le texte de part en part, sentir les images poindre au bout des mots, le son sourdre des entrechocs de consonnes, du cinéma sans cinéma, somme toute, mais qui porte en germe mille plans et rushs insaisissables : en lisant TOUS LES CRIS, LES SAUCES, vous vous offrez l'opportunité de devenir votre propre réalisateur. Et ça, c'est.
- Mörder : à l'allure de simple passant, quoique paniqué, en sueur comme s'il se battait pour sa vie, et avec ce petit sourire en coin... Mais chut ! Il n'en faut pas dire plus.
- Jäger : un chasseur, tout ce qu'il y a de plus chassu, du genre fusillieux, fessu, soûl, la bouille cuite et suintant de prédation.
- Sammler : un brave type parti à la cueillette aux champignons. Il s'y connait, ça se voit à l'éclair qui passe dans son œil gauche à l'approche d'un champignon. Il porte tout l'équipement nécessaire (brosse, couteau, panier, sacoche, loupe...), et a ces manières qu'on ne retrouve que chez les hommes de sa trempe.
- Liebchen : seulement sous forme de voix, douce et angélique.
1. FORÊT, JOUR
Spaziergänger se ballade paisiblement dans une forêt rougeoyante. La nature est chantante, caressante dirait-on même. C'est trop calme, il y a anguille sous roc.
Au loin, un cri, suraigu, comme étouffé. Le bois tout entier retient son souffle, mais Spaziergänger continue son chemin comme si de rien n'était. Même, il rayonne de joie. Voyez, c'est extraordinaire comme il fait de petits bonds souriants.
Le même cri s'élève à nouveau, saturé cette fois-ci tant il tient à se faire entendre. Toujours rien de la part de Spaziergänger, qui ignore galamment l'appel à l'aide.
2. DIVERS, JOUR
Plans de curieux Leute alertés par les cris, quand bien même ils paraissent beaucoup plus loin d'eux que de Spaziergänger. (Rue, Intérieur, Cour, etc)
Held ressort parmi les intéressés : on sent la flamme de l'héroïsme battre dans son cœur.
3. FORÊT, JOUR
Insoupçonnément, Mörder ressort tout affolé du fond d'un plan de promenade dont jouit Spaziergänger. Mörder le rejoint, effectue un geste de sollicitation forte.
MÖRDER
Là bas !
SPAZIERGÄNGER
Enfin qu'y a-t-il monsieur ? Vous avez croisé Big Foot peut-être ? (Rire)
MÖRDER
Non... là-bas... il y a un corps... un corps... mort...
SPAZIERGÄNGER
Comment ? Vous plaisantez !
MÖRDER
J'ai l'air de plaisanter ?
SPAZIERGÄNGER
Oulah... oulalah... allons voir cela !
Mörder guide Spaziergänger avec empressement.
4. CLAIRIÈRE, JOUR
MÖRDER (montrant quelque part par terre)
Ici !
SPAZIERGÄNGER
Mais... je ne vois aucun cadavre...
Plan de grande révélation.
MÖRDER
Parce que c'est toi !
Mörder se jette sur Spaziergänger.
5. FORÊT, JOUR
Jäger tente de faire des figures avec son fusil, tel un jeune russe découvrant CS:GO, mimant des tirs sur des animaux fictifs, lorsque le cri de Spaziergänger retentit. Il lève la tête, intrigué.
6. DIVERS, JOUR
Même jeu qu'en 2, où l'on voit aussi apparaître Sammler qui se prépare pour la cueillette de champignons.
Held semble ici vraiment inquiet. Il se penche par sa fenêtre pour inspecter tel le faucon.
7. FORÊT, JOUR
Jäger jure en rechargeant son fusil, progressant avec un semblant de méthode vers l'origine du bruit. Il débusque Mörder, qui a du sang plein les mains et s'essuie maladroitement sur les fougères. Il a un sourire gêné en voyant Jäger.
JÄGER
Hep, vous, là ! Y'a eu un drôle de cri par-là... vous auriez pas vu passer une bête par le plus grand des hasards ?
MÖRDER
Oh ! Là bas, il y a... oui... une bête... une grosse bête énorme.
JÄGER
Olah ! Que j'l'attrape !
8. CLAIRIÈRE, JOUR
Jäger et Mörder s'arrêtent au pied du cadavre de Spaziergänger, où l'équipe technique à épandu moult traces sanguinolentes.
JÄGER
Mais... c'est pas une bête ça...
MÖRDER
Parce que c'est toi qui es bête !
Mörder se jette sur Jäger.
9. DIVERS, JOUR
Montage alterné sur les différents Leute aux réactions variées face au cri extrêmement long de Jäger, oscillant entre terreur, douleur et rage, entrecoupés de rugissements de Mörder et de coups de feu. (Appel de police, irritation, frayeur, indifférence...)
10. FORÊT, JOUR
Sammler, lui, hésite franchement à faire demi-tour.
11. DIVERS, JOUR
Held s'empare d'une arme, et part à la rescousse d'un pas franc et gaillard. Le cri dure toujours.
12. FORÊT, JOUR
Le cri s'étant achevé, on se focalise quelques instants sur Sammler, qui n'ose même pas cueillir son pauvre champignon depuis tout à l'heure, tant il est troublé.
Mörder sort enfin de derrière un tronc étrangement proche. Il est couvert de sang, véritablement de partout, avec une emphase toute rigolote.
MÖRDER
Là-bas...
Court temps de réflexion.
MÖRDER
Des champignons... plein de champignons... une montagne de champignons...
13. CLAIRIÈRE, JOUR
Face au tas de cadavres.
SAMMLER
Mais... c'est pas des champignons...
MÖRDER
Parce que c'est toi !
Et il le cueille.
14. FORÊT, JOUR
Held court comme un dératé. Lorsque s'élève le cri de Sammler au loin, il est comme saisi de fureur, frappé d'un coup de fouet. Il s'élance plus vite encore.
15. CLAIRIÈRE, JOUR
Lorsque Held arrive, Mörder dégouline de sang d'une manière quasi-surnaturelle, on lui en aura renversé des seaux et des seaux...
HELD
Tu ne t'en tireras pas comme ça, cette fois !
Il brandit son arme et tire. Mörder prend ses jambes à son cou.
16. FORÊT, JOUR
Course-poursuite endiablée où Mörder manque plusieurs fois d'échapper à Held pour de bon. Held le voit toujours disparaître in extremis au coin de son champ de vision, ou bien se repère aux traces de sang dispersées çà et là, ou bien aux rires machiavéliques que Mörder ne peut s'empêcher de pousser.
Ils progressent peu à peu en direction de la civilisation. Juste avant d'y parvenir, Held obtient l'avantage en tirant suffisamment juste pour blesser Mörder à la jambe.
17. PÂTE DE MAISONS, JOUR
Mörder, tout à fait désespéré, grimpe sur le rebord d'un toit qu'il parcourt jusqu'au bout. Impasse. Il se retourne, et Held est juste face à lui.
HELD
Rends-toi tout de suite !
MÖRDER
Jamais !
Il tente de s'enfuir en faisant demi-tour, mais essuie un coup de Held. Il perd l'équilibre.
MÖRDER
Je vais tomber !
HELD
Parce que c'est un toit.
Mörder tombe du toit.
HELD
Je t'ai vengée, mon amour...
Des échos du passé s'entremêlent à l'air pur :
MÖRDER
Là-bas, c'est horrible...
LIEBCHEN
Mais... il n'y a rien...
MÖRDER
C'est toi !
LIEBCHEN hurle
HELD
Non !
La lumière du ciel l'éblouit. Les violons et la chorale soulignent sa libération.
HELD
Adieu...
Il monte au ciel. Parce que c'est lui.
GÉNÉRIQUE
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