L'adieu à Fabrice Dumois
Salle de vie en foutoir évolutif.
Narrateurice - Grand plaintiste d'ordinaire, Fabrice Dumois se tait assis...
Fabrice Dumois - ...
Narrateurice - ... en pleine grève des mots depuis qu'il a troqué sa Fabrique du Mois contre une Fabrique de la Semaine prétendûment quatre fois plus productive, et finalement aussi rapide à compléter que quatre fois la Fabrique du Mois. Tant et si bien que jamais Fabrice Dumois n'a jamais daigné changer son nom en Fabrice Delassemaine.
Fabrice Dumois - ...
Narrateurice - Il ne le dit pas, mais il pense que les couacs et problèmes de la Fabrique ont été causés sciemment par les Desautres.
Fabrice Dumois - Desautres !
Narrateurice - Qui sont les Desautres ? Tous les pas Dumois. Tous les Dupaluis. Ses satanés rivaux pronominés, qui comme par hasard n'ont jamais mieux à faire que de bâtonner ses roues.
Béatrice Dutois - Mais non, tu déconnes Fabrice ! T'es toujours déglingolé de la çarbalaille.
Patrice Duluis - Il sait plus où il en est, pauveton.
Matrice Delelle - Elle a du mal à accepter les choses telles qu'elles viennent.
Truce Duon - C'est vrai, on ne peut pas toujours s'attendre à ce que le vent tourne là où qu'on veut.
Fabrice Dumois - ...
Véritrice Desnous - Nous ferions peut-être mieux de nous taire.
Cicatrice Desvous - Vous voyez bien que vous le renfrognez plus qu'autre chose avec vos reproches.
Narrateurice - D'accord, qu'est-ce que je suis censé dire ?
Tristrice Deseux - Les écoutez pas, ils s'embrouillent tournicoti-coton dans leurs palabroles. Dites juste ce que vous avez à dire, je les tais pendant ce temps.
Toustrice - ...
Narrateurice - Pauvre Fabrice Dumois ! Tout s'augurait correct pourtant, quand d'un air entendu il acquit la Fabrique de la Semaine. Il serrait pince après pince et savait qu'il serait propriétaire et frontispice qu'une belle brochette de bijoux, d'une quinzaine d'œuvres dont se gargariser jusqu'à pusoif. Les premiers tombèrent à point.
Béatrice Dutois - Juteux.
Cicatrice Desvous - À souhait.
Narrateurice - Il s'en léchait les babines quand soudain...
Narraterroriste - Badaboum !
Narrateurice - Eh oui, quand soudain...
Narraterroriste - Patatras !
Narrateurice - Tout à fait, quand soudain...
Narraterroriste - Bourladingomax !
Narrateurice - Oui. Voilà. La tuile. Ç'a plus tombé tout cuit dans l'assiette. Fallait l'y faire le chose qu'on lit qu'une fois que c'est écrit. Les machines ont grippé, couic couic, fumée noire, pis dans la gueule la poustaillette.
Matrice Delelle - Foutue, foutue...
Narrateurice - Il est comme ça depuis lors.
Fabrice Dumois - ...
Narrateurice - Pauvre Fabrice !
Patrice Duluis - Faut le comprendre ! Il avait tellement l'habitude que tout lui sourde des doigts sans vraiment trop qu'il y pense et pis même que c'était bien en prime, ou pas trop mal, ou plutôt pas si nul. Il se posait, se laissait aller à être, et puis ça fabriquait du mois de la semaine du jour de l'heure de la minute et ç'avait du chien. Du chien !
Véritrice Desnous - Maintenant, foutus.
Matrice Delelle - Foutue, foutue.
Véritrice Desnous - Plus rien. Nous sommes démunis. Taris. Creux. On s'accule sur le tabouret et les oreilles nous fument rien qu'à se demander quoi produire. Nous manque toujours que ç'aille plus intelligent, plus à-propos. Subtil. Juste.
Béatrice Dutois - Au lieu de quand tu te contentais juste d'être. De faire. Laisser-être. Laisser-faire. Laisser. Sans juger soupeser mesurer estimer décortiquer chaque mot syllabe bout de bout de bout de parole.
Cicatrice Desvous - Vous êtes plus beaux médiocres et vous. Plutôt que parfaits et pas vous, donc pas parfaits. Soyez cette diarrhée.
Tristrice Deseux - Qu'ils soient cet outrepassement du ça vaut ça vaut rien, ce lâcher-verbe vomissant sur la blancheur du paginal.
Matrice Delelle - La tordeuse interne qui ploie la languosité du dire-dire de tous les jours-jours.
Véritrice Desnous - Coupons court. Tranchons net. Salopons le sens, secouons les directions jusqu'à déboussolage total. Déchirons la mappemonde dictionnariale en tous petits bouts à patchworker au gré du hasard pour se rendre compte en naviguant que les continents se sont réagencés selon les petits bouts. Que ce qui comptait depuis le début, c'étaient pas les choses. C'était nous.
Béatrice Dutois - Tout part de toi, et y retourne. Si ça couine, si ça coince, rien à dégraisser dans les boulons du globe. Juste toi. Juste toi à retapisser. Masser longuement le long des côtes ramène le beurre ventral en place. Tu tombes enceint de ta graisse et tu l'accouches dans les cannelures de ton premier bébé ou les vapeurs de ta dernière cuite.
Truce Duon - On en a eu des cafouilles sur les dernières semaines. Mais elles se sont 'patafabriquées. On y est, Fabrice. C'est fait. C'est fait. Tu peux lever les digues, tu peux desceller les complexes et simplifier les bouchures. Fluide. Comme sur le bleu des carnets. Rien en trop parce que tous les mots sont invités. On n'est pas là à trier les V.I.P. sur la croisière des mots qui valent la peine d'être lus.
Matrice Delelle - Juste juste.
Véritrice Denous - Nous pourrons même parler du reste ?
Patrice Duluis - Tout. Le temps ne manque pas. Il abonde. Encore et encore. Pas pour toujours pour les mêmes corps. Mais il vaut mieux cesser les plaintes envers lui. N'y a pas couleur de secondes plus fidèle. Qu'il aille donc, et qu'il prenne le temps que le temps fait couler pour lui. Qu'il aille.
Béatrice Dutois - Vas-y !
Matrice Delelle - Qu'elle aille !
Véritrice Desnous - Allons-y !
Truce Duon - Qu'on aille !
Cicatrice Desvous - Allez-y !
Tristrice Deseux - Qu'ils aillent !
Narrateurice - Je vais pas vous pousser quand même.
Fabrice Dumois - D'accord, d'accord. J'y vais.
Il part et ferme la porte sans la claquer, sans la verrouiller, sans la fermer même. Il part et laisse la porte ouverte. Voilà, c'est ça. Il part.
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