Chapitre 9 - La proie retrouvée
Bonne lecture ! 😅
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Ouuuuh !
Un énième cri du loup me fait frissonner de haut en bas. Voilà une bonne demi-heure que je marche, seule, dans les bois sombres. La nuit est finalement tombée pour m'arracher l'agréable chaleur que me procurait le soleil. Le peu de luminosité est produit par une simple boule lumineuse que j'ai crée quand la Lune s'est dévoilée. Et, les étoiles tracent mon chemin silencieux.
Comme si aujourd'hui tout se retourne contre moi, le directeur a probablement dû appeler l'État pour confirmer mon identité et je dois désormais être placardée de partout, recherchée par tous les amateurs de mes pouvoirs. Ma seule solution est de m'enfuir loin de toute civilisation, me faire oublier.
Mais lui, je ne l'oublie pas. Eric.
Repenser à mon sauveur fait jaillir un tourbillon d'émotions incontrôlables dans ma poitrine. Mon cœur s'emballe. Après une course poursuite périlleuse, il n'a pas hésité a passer un marché avec cette saleté d'Alaric. Mon ami vampire a dû payer le prix fort pour réussir à maquiller la fuite de « l'objet » tant convoité par son chef. Plus j'y repense et plus j'ai peur. En ce moment même, il doit subir sa sentence. Tout cela à cause de Mickaël. Je serre les poings, impuissante.
Je m'arrête pour reprendre ma respiration et décide de m'installer dans une petite clairière pour y passer la nuit. L'herbe est douce et fraîche et les arbres aux alentours servent à me protéger des bêtess auvages. De plus, étant une mage, les animaux ne cherchent pas à m'attaquer ce qui m'apporte un certain avantage, d'autant plus que j'adore toutes les boules de poil, mêmes celles à cornes et aux venins mortels ! Et non, je ne suis pas une pauvre peureuse qui a la phobie des araignées.
Je pose monsac au sol et en sors une barre de céréale qui me semble bien appétissante. Malgré que la faim me tenaille le ventre, je m'oblige à conserver assez de nourriture pour une semaine. Après, je me sentirai obligée d'utiliser ma magie pour aller voler dans les magasins peu fréquentés, près de la route. Un petit aveuglement et hop ! Ni vue ni connue !
Je m'allonge dans une position confortable et utilise mon écharpe comme oreiller. Ce n'est pas le luxe d'un lit mais assez pour dormir convenablement. C'est ainsi que le sommeil me gagne, accueillie par les doux bras de Morphée, sans être dérangée par les tourments de cette journée riche en rebondissements.
***
Le lendemain, c'est le lever du soleil qui me tire de mon sommeil profond. Je baille, ouvre les yeux une seconde et les referme presque automatiquement, aveuglée. Mes jambes me lancent après la longuemarche de la veille et je n'ai qu'une envie, être oubliée du monde pour les dix prochaines années. Je veux qu'on me laisse vivre en paix et me réveiller tous les matins à l'heure que je souhaite.
Je m'étire et constate avec une grimace qu'il n'y aura pas de café aujourd'hui, ce qui risque de prolonger ma mauvaise humeur et ma bouille endormie. Je soupire en me relevant. J'attrape un fruit dans mon sac et le dévore. Je remets en ordre mes cheveux, époussette mes vêtements et rajuste mon sac sur mes épaules. Il est déjà temps de repartir vers le sud de la forêt. J'espère ne pas marcher pour le restant demon existence, car, avec ces courbatures, c'est une vraie torture.
Les loups ne hurlent plus mais sont remplacés par les piaillements des oiseaux qui m'accompagnent dans la traversée de cette forêt. Je peux en distinguer plusieurs et admirer leur plumage coloré tout en continuant mon chemin périlleux. Car, en plus, ce n'est pas de tout repos !
Je me stoppe sur une pierre pouvant accueillir mon derrière épuisé. La matinée été éprouvante et mon pauvre petit corps peine à suivre le rythme que je m'impose. Je dois pourtant avancer.
Je repasse en boucle les épisodes récents dans ma tête. Comment j'ai réussi à atterrir seule dans un bois immense avec le monde entier à mes trousses ? Sacré question !
La recette est simple : il faut être une mage, libre de préférence, aller dans un lycée, rencontrer des surnaturels qui ne vous veulent pas que du bien, révéler votre identité à votre insu et réaliser une course poursuite avec des vampires qui veulent votre peau ! Ma vie pourrait bientôt finir dans les feuilletons déprimants qui racontent les mésaventures des plus malchanceux... Genre dans la série « Tellement Vrai ». Je soupire. Je suis en train de complètement délirer.
Je regarde autour de moi. J'inspecte les animaux pour savoir par où ils vont, car, en effet, l'orientation et moi ça fait deux. Les écureuils sautent d'arbres en arbres et sont trop rapides pour que je puisse suivre leur destination, les oiseaux n'en parlons pas et les lapins me seront d'aucune aide. Cette forêt commence déjà à me faire perdre la boule, il faut que j'arrive à sortir d'ici le plus vite possible ! Je reprends la route en espérant que j'arriverai à me dépatouiller de ce merdier, que la planète se soit lassée de moi au point de me laisser vivre ma vie. Cependant, j'ai le sentiment de rêver rien qu'en prononçant ces mots.
***
Une semaine et exactement 4 jours se sont écoulés depuis que je ne vois pluspersonne. La forêt est mon seul refuge, ma seule amie et l'unique qui peut voir les larmes couler le long de mon visage à chaque fois que je m'endors. Je n'ai officiellement plus de nourriture, il n'a pas plu depuis deux jours et ma gorge est aussi sèche que l'est le désert du Sahara. L'orée de la forêt n'est plus qu'à quelques kilomètres d'ici mais pourtant, je n'ai plus la force d'affronter ces milliers de mètres. Mes jambes refusent d'avancer et pour couronner le tout, mon corps me fait subir une torture infernale à cause de son insatisfaction.
J'ai l'impression que la mort tourne autour de moi pour me narguer en sachant très bien qu'elle n'obtiendra pas ce qu'elle voudra avant une centaine d'années. Elle agite sa faux comme si elle cherche à me faire peur mais je lui résiste en essayant toujours de mettre un pas devant l'autre pour la défier. Aujourd'hui, je n'ose même plus la contredire. J'ai envie de me laisser emporter par son jugement et que je finisse au paradis ou en enfer m'importe peu. Mais, à chaque fois que je veux ressentir cette sensation, ma petite voix me répète que je ne peux pas crever avant que le prochain mage céleste soit né. C'est ironique comment Dieu a tout prévu pour nous pourrir la vie. Nous sommes ses petites marionnettes qu'il prend du plaisir à torturer.
Alors que je ne sais même plus où je suis, j'entends des voitures rouler. Mon visage s'illumine enfin et je cours jusqu'à me retrouver à proximité de ce bruit. Je suis habitée par une nouvelle force :l'espoir.
Mes muscles me font souffrir ma subite décision mais mon cœur reprend vie quand je suis en face d'une nationale. Les véhicules sont rapides et vont trop vite pour que les conducteurs puissent me reconnaître. Je suis presque sûre que je ne serai pas kidnappée aujourd'hui, ce qui est déjà une bonne nouvelle. J'admire ces transports de toutes les couleurs qui abritent des hommes, des femmes, des enfants, des gens normaux. Deux semaines sans croiser personne m'a rendue folle àlier. Il est temps de prendre mon courage à deux mains et d'aller me procurer de la nourriture. Même si, aujourd'hui, je suis grandement exposée au grand public. D'ailleurs, mon existence où j'étais encore inconnue des médias me manque terriblement. Si j'avais su qu'avoir du succès serait aussi difficile à vivre, je me serais réfugiée sous terre pour le restant de mes jours.
Je longe la route goudronnée en croisant les doigts pour qu'un magasin se trouve à proximité. Par chance, j'aperçois une supérette près du prochain virage. Mon ventre se réveille soudain d'un sommeil profond, comme appelé par sa drogue, et je me plie sous la douleur.Je reprends mes esprits et me force à avancer jusqu'à ce petit magasin. Je revêts la capuche de mon manteau en espérant pas serin aperçue. Si tout ce déroule comme il faut, je m'enfuirai comme une voleuse.
Je pénètre dans la boutique et me jette sur les rayons les plus proches. Je prends soin de cacher mon identité aux caméras que j'ai repéré avant de rentrer. Je m'empare de gâteaux, barres de céréales, fruits, bouteilles d'eau, en petite quantité, pour tout fourrer dans mon simple bagage et dans mes poches. J'ai essayé de rester discrète.
Je fais mine d'aller aux toilettes, bien que de vraies sanitaires m'aient fait le plus grand bien, et ressors par la sortie de l'autre côté du magasin. Et là, c'est le drame.
Un homme de la sécurité m'intercepte et me signale de m'approcher. Je commence à avoir très chaud sous ma cape.
-Montre moi tes poches.
Je tremble. Mes mains sont moites. J'avale ma salive difficilement et esquisse Un léger sourire.
-Si tu me touche une fois, tu vas le regretter, mon chou.
Il hausse les sourcils et enlève ses hideuses lunettes de soleil. C'est l'ouverture que j'attendais. Je claque des doigts et l'aveugle avec un petit tour de magie. Je ne perds pas deux secondes de plus pour prendre mes jambes à mon cou sous les cris de la vendeuse. Il ne fallait pas me chercher.
Quelques minutes plus tard, je décide de m'arrêter pour reprendre mon souffle. Mine de rien, courir un kilomètre n'est pas de la tarte !Surtout à l'allure auquel j'allais. En même temps, l'armoire à glace qui avait voulu me poursuivre m'avait fichu une peur bleue et j'avais pris la fuite pour ne pas me faire attraper. Si il avait réussi, comment vous décrire la merde dans laquelle je me serai retrouve !
-Ma petite,vous allez bien?
Je n'ai pas le temps de savourer ma victoire que quelqu'un vient de poser sa main sur mon épaule. Je crie et me retourne subitement, emportée par l'adrénaline que m'a procuré ce geste. Un monsieur, ayant à peuprès la quarantaine, se tient devant moi, un grand sourire encadrant son visage.
-Je vous ai fait peur ! Je m'excuse. Je m'appelle Pierre, je suis ravi de vous rencontrer.
Je recule,croyant à une mauvaise blague.
-Venez, vous n'avez pas bonne mine. Et ne dites pas que vous n'avez pas besoin de moi, car vu votre état, vous avez besoin d'une bonne toilette !
Il rit et me fait signe de le suivre. Je le regarde avec de grands yeux. A tout les coups, une bande armée va sortir d'un buisson et m'attaquer par surprise. Ils m'emmèneront et Dieu sait ce qu'ils feront de moi.
-Allez,n'ayez pas peur ! Je vis dans une caravane avec ma femme non loin d'ici. On adore aider les personnes en détresse. Et croyez-moi,vous en avez l'air d'en être une.
Il me fait un léger clin d'œil. Il a l'air tellement gentil ! Mais, en même temps, il n'a pas l'air de me reconnaître...
Je prends une grande inspiration. C'est quitte ou double. Soit je me fais piéger, soit je peux prélasser mes orteils au soleil. Il dit habiter dans une caravane ? Il semble être le parfait inconnu de tous, restant dans les bois, chassant le gibier, enfin un homme préhistorique de nos jours. Qui n'a pas internet est banni à jamais de la société actuelle !
Je décide de le croire et suis ses traces. Il m'emmène dans un coin isolé dureste et je me réjouis d'avance de pouvoir me refaire une beauté etde me laver, car l'hygiène c'est avant tout le plus important.
-On y est,m'annonce t-il fièrement devant son « chez-lui ».
Je ne sais dire si c'est une roulotte ou un autocar. En tout cas, ce truc est géant ! Je le précède lors qu'il passe la porte et j'aperçois sa femme, plus jeune, dans la cuisine. D'ailleurs, l'intérieur est spectaculaire. On dirait une petite maison.
Le salon est spacieux, il comporte un sofa noir, une grande bibliothèque et divers instruments de musique. La cuisine est bien équipée et moderne, elle doit être récente, et peinte en rouge, ma couleur préférée. Je bave en voyant la salle de bain où une baignoire trône, elle occupe la moitié de la pièce. Je vais sauter de joiedans trois...deux...un !
Je tombe dans les bras de Pierre et le parsème de baisers sur les joues. Un bon samaritain qui vient me sauver ! Elle est pas belle la vie ?
-Oh,doucement ! Vous aurez tout le temps de me remercier !Comment vous appelez-vous ? Je ne sais même pas votre prénom !
Aie !Lui mentir ou rester franche ?
-Aly.
Autant lui donner mon surnom, comme ça, je ne risque pas de culpabiliser pour rien. Sa femme trottine vers nous et me salue par un sourire chaleureux. J'ai atterri dans le monde des Bisounours ! En réalité, ils ont l'air tout droit sortis d'une autre galaxie.
-Bonjour,Aly, me déclare t-elle avec un raclement de gorge. Moi, c'est Ophélie. Tu es la bienvenue, mon mari vient de m'expliquer la situation. Reste autant que tu le souhaites, mais sache que nous reprenons la route demain. Tu es sûre de vouloir nous accompagner ?Tu as de la famille quelque part ?
Je secoue négativement la tête.
-Je suis seule. Je veux bien venir avec vous mais où est-ce qu'on va?
Pitié,emmenez moi sur votre planète, je veux que tout le monde m'oublie.
-Alors ça,Aly, nous verrons bien, rit Pierre en s'installant confortablementsur son canapé.
Je souris. Peut-être que cette cure de réseau me ferait du bien après tout.
***
Deux semaines ont passé. Pierre et Ophélie sont toujours aussi gentils qu'au premier jour malgré leur folie. Mais, en partageant leur quotidien, j'ai réussi à en apprendre plus sur eux. Ils ont tous les deux bien gagnés leur vie : Pierre était avocat et Ophélie, dentiste. Ils se sont rencontrés dans une association pacifiste, on ne s'en doute pas hein, et ne se sont plus jamais quitté. Aujourd'hui, ils parcourent le monde pour venir en aide aux plus démunis, servant de nombreuses communautés à la recherche del'harmonie parfaite. Bref, je vis chez des écolos. Ça ne me déplaît pas, au contraire ! C'est très agréable de voir que des gens comme l'était Taylor, veulent garantir un équilibre entre l'homme et la nature.
Nous avons visité quelques villes, où je suis restée en permanence dans la caravane pendant qu'ils l'admiraient, et marché dans des forêts abondantes par une nombreuse biodiversité. Je n'ai jamais été autant instruite de ma vie ! J'ai appris des astuces pour survivre, des conseils pour me débrouiller seule à l'avenir et jene pourrai jamais les remercier pour cela.
-Aly !On va faire des courses, on revient !
Je relève mon nez du magasine et leur fais signe que j'ai compris.
-Ok !
Ils sourient et s'en vont au travers de ce village. Ils ne doivent pas aller bien loin mais je n'aime pas me sentir aussi déboussolée. Après tout,que pourrait-il m'arriver ?
Un long hurlement fait frissonner les arbres entiers aux alentours. Je guette par la fenêtre en espérant qu'il ne sente pas ma présence.
-Coucou.
Un loup encore sous forme humaine vient de pénétrer à l'intérieur de l'autocar. Il a un sourire de tueur en série, ce qui est loin d'être rassurant. Je lâche un cri,prise par surprise. Et merde !
-Tu vas venir avec nous, mage céleste. Ça fait un bout de temps qu'on te suit, rétorque t-il en souriant.
J'avale ma salive difficilement et l'homme-bête s'approche. Je recule et me retrouve contre le mur. Ma respiration s'accélère.
-Allez,vient ma belle.
Il se jette sur moi en se transformant mais je refuse d'utiliser mes pouvoirs. De toute façon, il est trop rapide pour que je puisse me concentrer un instant. Je l'évite et cours un peu partout, attrapant des armes dans la cuisine. J'essaye de l'assommer avec une casserole mais rien n'y fait, l'animal est un costaud ! Il grogne et le mur est à nouveau collé dans mon dos, je suis bloquée.
Il aboie etdeux nouveaux compagnons, deux mâles aussi musclés que le premier, le rejoigne, devant moi. Il n'y a plus d'issue. Je suis cuite.
Pitié que Pierre et Ophélie repèrent le bazar, ils pourront peut-être mevenir en aide...
-Rangez moi ce bordel, et que ça saute !, ordonne t-il en redevant humain, complètement nu.
Je ferme les yeux pour ne pas être gênée par la situation. A croire qu'il lit dans mes pensées celui-là. J'entends des craquements d'os et laisse mes paupières closes pour ne pas apercevoir leur nudité. Ils ont de l'air de s'en contre fiche mais moi, étant une pudique, je ne peux m'empêcher de rougir.
-On t'emmène à notre Alpha, mage.
Mon sang afflue dans mes veines bien trop rapidement. Mon cœur bat à tout rompre. Si lui n'est pas l'Alpha, alors quel monstre est-il ?
Je prends un dernier risque en jetant un coup d'œil à la pièce désormais rangée en cherchant la moindre sortie. Alors que je m'apprête à foncer, le loup m'anticipe. Il m'attrape par la taille et me plaque violemment contre le mur, enragé. J'ai apparemment fait une connerie.
-Bouge plus ou tu le regretteras.
Je n'ai pas le temps de m'interroger sur ses paroles qu'un violent coup de poing s'abat sur ma tête, me transportant dans une nouvelle galaxie, et je m'évanouie dans ses bras. La situation aurait pu être romantique si seulement je n'avais pu voulu le tuer sur le moment. Quel ironie du sort !
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Léa 🤗
19/05/16 🌞
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