Chapitre 8 - Le prix de la liberté
Bonne lecture! 👍
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J'emprunte le grand hall qui permet d'accéder aux escaliers. Mon corps tremble sous la pression. J'ai une heure. C'est tellement peu mais à la fois tellement long. 60 minutes seulement.
Je cours en montant les marches et c'est essoufflée que j'ouvre ma porte. Je continue d'accélérer en fouillant les placards à la recherche d'un sac à dos.
-Bordel ! , je m'énerve lorsque je parviens à ne rien trouver au bout de dix minutes.
Déjà 600 secondes de perdues. Je pose mes poings sur mes hanches et prends une grande inspiration. Ne pas s'énerver. Tout va bien se passer.
Je reprends ma course effrénée dans les couloirs et aperçois une petite armoire dans le coin de la chambre de Taylor. Je me jette dessus et attrape avec un cri de soulagement un petit sac qui me servira amplement. Je fonce dans la mienne et sors tout ce qui pourrait m'être utile. Des vêtements et de la lingerie-indispensable, je ne vais pas non plus me balader à poil dans la forêt-, puis je rejoins la pièce de la cuisine pour récupérer un couteau, quelques fruits, de l'eau et des barres de céréales.
Alors que je m'apprête à me diriger vers la sortie, je tombe sur une de nos anciennes photos, quand j'en avais 14 et Taylor 52. Nous sommes entrain de sourire devant un parc d'attraction. J'étais encore innocente et inconsciente face à ma place dans ce monde. Je pourrais nommer ça « le bon vieux temps » comme on l'appelle dans les films.
Les souvenirs remontent en moi dans un tourbillon d'émotion et je parviens à ne pas me laisser aller. Je pleurerai plus tard quand les dangers se seront dissipés...
Un cognement sauvage se fait entendre contre la porte de mon appartement et j'écarquille les yeux de stupeur. Oh non !
Je me rue dans le salon où je déplace une table, des chaises et la télé de sorte à ce qui l'intrus ne puisse pas s'introduire chez moi. Quand tout est placé près de l'entrée, je m'autorise à souffler. Mais, une nouvelle question me vient à l'esprit. Comment je vais faire pour sortir d'ici ? J'ai envie de me fracasser le crâne contre un mur.
A l'extérieur, l'inconnu continue de frapper comme un acharné. Je ne sais pas si c'est un loup ou un vampire. Un humain ne pourrait jamais avoir cette force. Dans tous les cas, je suis fichue.
Et si c'était déjà un des suceurs de sang à la botte de Mickaël ? Et si Julian, le directeur, m'avait menti ?
Plus je m'interroge et plus je m'inquiète. Je commence à avoir très chaud et cherche à nouveau une arme dans la cuisine. Le couteau à pain. Parfait.
Je m'avance près de la porte barricadée par les meubles et me poste en position de façon à l'attaquer par surprise. Mon arsenal me glisse dans les mains tellement elles sont devenues moites à cause de mon angoisse. L'homme percute plus violemment l'entrée et j'entends le cliquetis familier du verrou.
-Aly ! Ouvre moi !
Je peux voir le visage d'Eric près de la porte mais je tiens bon et ne me fais pas avoir. Il pourrait être un des esclaves de Mickaël.
-Je t'en prie, Alyssa. C'est moi, Eric.
Je me mords les lèvres et serre d'autant plus mon armement.
-Prouve moi que tu n'es pas là pour m'emmener voir ton chef !
Il semble surpris et pousse fermement la table qui bloque son passage. Je peux entendre un craquement. Elle vient de se briser sous l'impact.
-Je te le jure, je t'ai promis de t'aider. Je t'emmène en dehors de la ville.
Il avance et j'en profite pour reculer, mon couteau tremblant fortement dans ma main droite.
-Je ne te crois pas !
Son visage se durcit et avec un cri, il fracasse le reste des meubles contre le mur. Jackie Chan s'est réincarné ! Je grimace. Il peut à présent continuer sa route sans soucis.
-Alyssa, je ne te ferai jamais de mal. Tu es comme ma sœur.
Je respire bruyamment et évite son regard qui me culpabilise de l'intérieur. Ma conscience me hurle que c'est mon ami et que je peux lui faire confiance. Mais, mes doutes me font hésiter.
-Je le jure sur mon sang.
A l'aide de ses canines, il s'écorche la lèvre inférieure et un liquide rouge en ressort.
-A présent, si je te livre à Mickaël, je meurs. Ça te va ?
Je cours me réfugier dans ses bras et il m'accueille sans un mot. Il m'enferme contre lui et me berce tranquillement pour me calmer.
-Je suis désolée, tellement désolée, je répète de nombreuses fois.
Il m'embrasse sur le haut de mon crâne.
-Chut,c'est bon... Je suis là et je vais te sortir d'ici. Tu me fais confiance ?
Il m'observe dans le blanc des yeux et je hoche la tête. Il sourit.
-Va chercher tes affaires. On dégage maintenant avant qu'ils débarquent tous.
Je fronce les sourcils.
-Qui ?
-Les sbires de Mickaël.
Je réprime un frisson en me souvenant de sa face d'ange diabolique. Il me veut et essayera par tous les moyens d'arriver à ses fins. Le sale vampire démoniaque.
Quand je pense que, dans une heure, je serai le centre d'attention du monde entier. C'est dingue, Taylor m'a toujours protégée de tout et aujourd'hui, c'est totalement l'inverse. Je serai poursuivie par tous les surnaturels de la planète mais pas pour mes beaux yeux, je le crains.
Je me dirige dans ma chambre et attrape au passage mon kit de survie. Alors que je rejoins le vampire près de l'entrée, je saisis les anciennes photos de moi et de mon père adoptif situées sur les étagères. C'est grâce à lui que j'ai pu en arriver jusque ici et ces images me permettront que nos plus beaux moments passés ensembles restent gravés à jamais dans ma mémoire.
-Prête ?, murmure t-il tandis que j'arrive à son niveau.
-Il le faut bien...
Il enroule un bras autour de mes épaules et me pousse vers l'extérieur. Au franchissement de la lourde porte, je me retourne pour admirer cette petite maison une dernière fois car, je ne la retrouverai sans doute jamais.
Je me revois encore parcourir les pièces pour éviter mon père enragé lorsque j'ai sauté sur son lit pour le réveiller. Je me remémore nos moments passés dans la cuisine, nos parties de poker sur la table du salon, désormais fracassée, ma vision sur le petit tapis de yoga, l'odeur de sa délicieuse cuisine enivrer les salles, nos soirées cinéma avec pour seule lumière le reflet de sa magie...
-Allez, Aly. Ils ne vont pas tarder.
Eric me tire de mes pensées et je sèche mes larmes. Je le gratifie d'un signe de tête entendu et expire tout l'air de mes poumons pour faire partir tous ces sentiments qui me rendent si triste. Taylor m'a dit un jour que personne ne meurt jamais tant que son souvenir perdure dans le cœur de quelqu'un. Il est hors de question que quitter cet appartement soit le synonyme de le perdre à tout jamais. Non, mon père demeure dans ma poitrine comme une partie de moi, en paix et délaissé des poursuites du gouvernement que je subie à mon tour. Tel père telle fille comme le dit le dicton !
Nous dévalons les escaliers rapidement et j'aperçois sa jolie Berline garnie de fauteuils en cuir. Je me réjouis d'avance d'avoir la chance de poser mes fesses dessus et de commencer ma fuite avec.
-Attends, déclare t-il en me bloquant le passage.
Je hausse les sourcils.
-T'as pas intérêt à la salir. C'est la mienne et je l'ai payé la peau du cul. T'a beau être ma meilleure amie, si tu bousilles ma caisse, t'es morte.
Je ris et il me lance un regard très noir. Je lève les mains pour me rendre et pénètre à sa suite dans ce magnifique transport.
Alors que je suis à peine attachée, il démarre en trombe brusquement, ce qui m'entraîne contre le siège. Je jure et il rit. En regardant par la fenêtre, je prends le temps d'observer chaque détail de la ville, des passants, de toute cette vie quotidienne que je quitte aujourd'hui. C'est comme si j'imprime chaque élément dans mon crâne pour me rappeler cette partie de mon existence. Celle avec Taylor, Eric, le clan de la Lune et mes amis loups. En partant de l'agglomération, c'est un non retour définitif que je leur accorde.
Mon conducteur braque soudain dans un virage très serré qui me cale contre la portière. Sa conduite dangereuse m'énerve !
-Qu'est-ce que tu fous ?
Son regard paniqué me percute comme une onde de choc.
-Je sème des vampires, ça se voit pas ?
Génial ! Il ne manquait plus qu'une course poursuite en voiture pour finircette journée de merde en beauté !
-Fais gaffe, ça va secouer !
Il hurle presque et je soupire. Il tourne frénétiquement à la prochaine intersection et appuie fortement sur la pédale d'accélérateur. Le paysage passe d'agréable à flou mais je peux observer dans le rétroviseur une dizaine de voitures blindées nous poursuivre. Et l'identité des conducteurs est loin de me rassurer.
-Merde, on est fichus !
Eric part à gauche. Mon angoisse se confirme. C'est bien Alaric qui s'éternise derrière nous. Et dire que je commençais vraiment à l'apprécier...
-On fonce !
La vitesse passe de 110 km/h -ce qui est déjà énorme dans une ville!- à 150 et, voyant dans les yeux de mon voisin une détermination sans limite, je résigne à me taire. La situation m'horripile mais je ferme mes paupières pour ne pas voir la déferlante de dangers à la seconde qui me paniquerait bien plus que je ne le suis déjà...
Les secousses s'enchaînent, je ne compte même plus les cris désemparés des piétons et bientôt, j'entends au loin des sirènes de police. Mon peu de sérénité que je conservais vient d'être réduit en bouillie. Littéralement.
-ERIC ! LA GENDARMERIE !
Mon angoisse atteint un degré record tandis qu'il ne plie pas et continue d'appuyer sur l'accélérateur. Je suis à deux doigts de vomir le repas délicieux que j'ai dévoré ce midi.
-ERIIIIIIIC !
-BORDEL ! TAIS-TOI 5 SECONDES !
Je ferme mon clapet aussi sec. Je sais qu'il a aussi peur que moi. Tout, du début à la fin, nous échappe. Sa peine sera sans doute plus conséquente que la mienne car avec son clan à ses trousses et la police, il n'est pas prêt d'être libéré. Moi, avec une chance infime, je réussirai peut-être à m'enfuir dans les bois sans que personne ne me retrouve. Mais, encore une fois, cette probabilité tourne autour de 0.
Je suis au point de m'évanouir quand j'aperçois avec horreur le compteur de la vitesse quand nous nous lançons sur une grande avenue. Grâce à la capacité de réaction automatique des vampires, ils peuvent se permettre de rouler vite sans toutefois provoquer des accidents. Le moteur chauffe désormais à 200 km/h et je ne peux m'empêcher de remarquer que les gendarmes suivent la cadence. Il ne manque plus que ça ! Des poulets suceurs de sang !
Eric ne tient même plus compte des priorités, des feux et des usagers fragiles, il fonce tête baissée sans penser aux risques. Je vois déjà la contravention arriver : une dizaine de morts, une cinquantaine de feux grillés et une vitesse de plus de 150 au dessus de la normale.
En un rien de temps, je commence à percevoir une forêt à quelques kilomètres d'ici de cyprès et la minute suivante, je la découvre à côté de moi. Je soupire. On va vraiment très vite.
Les voitures commencent à se rentrer dedans et se dépassent sans scrupule. Je hurle alors qu'une Mercedes vient de taper contre l'arrière de notre Berline.
-Et encore, ce n'était que l'échauffement Alyssa...
J'écarquille les yeux tandis que les conducteurs d'en face pilent en nous apercevant et jurent devant notre comportement. Je les comprends, j'ai envie de faire la même chose à Eric qui est cependant entrain m'empêcher d'atterrir dans les griffes de Mickaël. Alors, je ne dis rien.
Avec un sourire joueur, mon ami braque sèchement vers le grand bois. Je viens de réaliser ce qu'il cherche à faire ! Il est devenu complètement fou !
-Une petite balade romantique, Aly ?
Je secoue la tête violemment de gauche à droite mais rien n'arrive à l'arrêter. Il rit nerveusement tout en évitant les arbres qui se brandissent devant nous. Je n'ai qu'une seule envie : lui foutre une bonne droite pour qu'il aille de nouveau sur la route et qu'il reprenne son sérieux.
Les alarmes situées derrières nous ne fléchissent pas tout comme nos poursuivants. J'ai compté dix voitures avec deux vampires dans chacune d'entre-elles. En plus de ça, comme si ça ne suffisait pas,il y a une quinzaine de fourgons policiers, quelques uns nous on rejoint en cours de partie. A travers le rétroviseur, le regard d'Alaric est froid et il ne fléchit pas, il accélère quand Eric décide de le faire et soutient notre rythme frénétique tout comme ses « collègues ». De plus, nous réussissons à maintenir la distance avec les gendarmes, ce qui nous évite la plus terrible des collisions.
Le sol n'est pas stable si bien qu'avec la vitesse, le moindre creux nous fait décoller. Super! J'ai le droit au grand huit bonus !
-Ne t'inquiète pas Aly, on va finir par les semer.
Les mains bien accrochées sur le volant, il réalise de petits virages secs qui sont sensés déstabiliser nos adversaires. Il croit vraiment...
-Yes !
Deux voitures viennent de percuter un arbre, à notre gauche. Je pousse un soupir de soulagement. Deux de moins. Eric frôle si près les arbres que je soupçonne que les prochains à terminer comme eux, ce soit nous.
Un deuxième entrechoc métallique quelques mètres plus loin m'informe de la fin de la course pour cinq autres véhicules. J'ai l'impression de voir enfin le bout du tunnel. Si ça continue, je pourrais finir par remercier le vampire qui me sert de conducteur...
Une dizaine de minutes plus tard, mon hystérie a chuté grâce à la collision de dix autres autos. Cinq d'entre-elles ont terminé de la même façon quelques secondes après à cause du carambolage crée.
Nous finissons donc le combat avec Alaric qui exécute avec finesse chaque mouvement exercé par notre voiture. Ses yeux émeraudes me font penser qu'il n'a pas l'air content. Mais alors pas du tout. Il accélère et percute à nouveau l'arrière de notre voiture. Eric jure. Puis, tout se passe très vite.
Notre véhicule, sous la force de l'impact, vole et réalise un quadruple salto sur le côté, m'envoyant voir des étoiles dans la galaxie entière. Je ne ressens plus mon corps et ma ceinture me paralyse.Nous nous retrouvons tout de même sur nos quatre roues avec un ennemi en vue. Je tousse. Et là, trou noir.
Je suis propulsée grâce à la vitesse de mon conducteur à quelques mètres loin d'eux. Il me dépose délicatement sur le sol et grimace en touchant mon bras tordu. A l'allure d'un suceur de sang, il se replace devant son ancien compagnon de clan et montre ses dents.Alaric l'imite tout en tournant autour de lui comme une bête enragée et j'ai l'impression d'assister à un combat entre deux tigres. Leurs visages sont meurtris, ensanglantés, terrassés par la fatigue mais pourtant ils sont prêts à en découdre. Et moi, je me sens de trop.Je suis comme la gazelle trop faible qui essaierai de s'enfuir pour échapper à ses prédateurs. Mais, dans tous les documentaires,c'est cette même gazelle qui se fait bouffer toute crue. Autrement dit, c'est la loi du plus fort.
Les deux mâles se regardent attentivement, évaluant le restant de leur force, s'imprégnant de chaque détail qui pourrait s'avérer être utile durant le combat.
-Relâche là, c'est tout ce que je veux, marmonne mon allié qui sonne comme une supplication.
Alaric lui dévoile un sourire à faire froid dans le dos.
-Rêve toujours, Eric. Elle est à Mickaël. Point.
C'est au tour des pupilles de mon ami de se teinter de vert. Quant à moi,mon envie de recracher mes tripes me tente à nouveau. J'ai l'air d'un simple objet aux yeux du sbire qui doit me considérer de la même façon que son chef de clan. Mes paupières me piquent de nouveau.
-Alyssa,cours !
C'est le dernier cri que je perçois avant que mes jambes ne se décident à bouger d'elles-mêmes. Je n'hésite plus, si c'est la seule chance que j'obtiens pour garantir ma liberté, alors je ferai souffrir chaque muscle de mon corps. J'ai mon sac à dos sur mes épaules qui me promet une semaine de survie et Taylor qui veille sur moi depuis l'autre côté du monde.
Mon corps semble mécontent de ce soudain effort car il se manifeste en tirant sur chacune de mes terminaisons nerveuses. Tout m'élance, je transpire comme un bœuf et je suffoque à chacune de mes inspirations. Je n'ai jamais été une très grande sportive, c'est la stricte vérité, et je le paye encore aujourd'hui. J'évite les racines, les ronces, les orties, les branches épineuses... Je suis entrain de réaliser un véritable parcours du combattant !
Alors que je sprinte pour atteindre l'orée de la forêt, quelqu'un m'attrape ma jambe droite. Je m'écrase au sol sans aucune grâce et l'inconnu me retourne. Je me retrouve sous Alaric qui me scrute de ses yeux de glace. J'essaie de lui sourire. Sans résultat.
-Hum...salut !
Il croise ses bras sur sa poitrine et me fixe, le visage toujours de marbre. Il se décide enfin à se bouger quand je constate qu'il cherche à me traîner par terre comme une serpillière. Je pousse un cri de stupeur et me tortille sur la terre boueuse. Sans succès évidemment devant la puissance d'un vampire.
-STOP !
Au son de l'ordre, Alaric lâche mon membre et plisse les yeux en scrutant Eric qui se relève avec lenteur. A la vue de son coquard qui prend la totalité de sa joue gauche, je ne peux m'empêcher de culpabiliser. Si on est dans cette situation merdique, c'est entièrement de ma faute...
-J'ai un marché.
Mon kidnappeur élève ses sourcils dans une incitation silencieuse et mon ami l'entraîne à l'écart de moi, cette masse qui trépasse sur le sol en attendant la fin de l'histoire. Mes beaux cheveux bruns sont enduis de poussière au même niveau que mes vêtements, je me sens affreusement salie. Je m'assois en tailleur et observe les alentours pour me divertir. Les arbres sont partout et il n'y a aucun bruit. Le soleil commence tout juste à se coucher. L'ambiance est à son comble !
Je repense aux intentions d'Alaric. Si il me jette dans les bras de son dictateur, plus rien n'empêchera Mickaël de faire ce qu'il veut de moi. J'ai un frisson d'horreur en m'imaginant enfermée avec lui.
Mais,si Eric arrive à persuader son collègue par son marché totalement inattendu, alors, j'ai une chance de demeurer libre. Faites que le destin soit clément avec moi pour cette fin de journée, pour ne pas déclarer définitivement que ce sera la plus pourrie de ma vie...
Les deux hommes reviennent en se raclant la gorge et finissent par se serrer la main. Alaric s'éloigne pour nous laisser un peu d'intimité et je l'entends siffloter pour dissimuler notre conversation aux plus curieux. Mon ami s'agenouille devant moi pour être à ma hauteur.
-Je n'ai pas beaucoup de temps, Alyssa. Tu vas partir loin, très loin d'ici. Tu vas survivre. Tu vas y arriver, tu ferais ça pour moi ?
Je hoche la tête et mes yeux se remplissent de larmes. Qu'a t-il donné en échange de ma liberté ? Ça doit être vraiment énorme pour que notre adversaire accepte.
-Eric...
-Chut,on va s'en sortir, pas vrai ? Les gentils gagnent toujours.
Je souris et il me prend dans ses bras. Mes pleurs s'intensifient tandis qu'il me caresse les cheveux dans les gestes les plus doux.
-Je t'aime comme un frère, murmure t-il. Je serai là, il désigne mon cœur, toujours là pour toi et te réconforter. Surtout, ne l'oublie jamais.
Je renifle et pose ma tête contre son torse. Il m'embrasse le haut de mon crâne et se relève. Je l'imite et lui dépose un léger baiser sur sa joue. Il sourit.
-Je t'aime tellement, toi aussi. On se reverra, hein ?
J'ai l'impression d'être une petite fille qui dit adieu à ses parents lorsqu'elle quitte la maison familiale. Ma tristesse me fend le cœur à chacune de mes paroles.
-Oui,c'est promis. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.
Je ris car il n'y a que lui pour sortir des choses pareilles. Alaric lui fait signe de revenir. Eric soupire.
-Il faut que j'y aille. Je t'aime et peu importe ce qu'il t'arrive, tu le surmonteras, ok ?
-Oui, chef !
Il dévoile toutes sa dentition dans un dernier et magnifique sourire puis, part en direction du véhicule. Il ouvre sa fenêtre et secoue sa main pour me dire au revoir. Je calque ses gestes jusqu'à ce que les phares de la Mercedes disparaissent dans le fond du bois et que je n'entende plus que le son de ma propre respiration. Je ne sais pas quand j'aurai l'occasion de le revoir. J'espère qu'il s'en sortira, je prie intérieurement...
Isolée et abandonnée, une nouvelle fois. Mais, plus pour longtemps. Les hurlements des loups viennent de m'informer que je ne séjournerai pas sans compagnie. Devrais-je me réjouir ? Ma conscience est désormais seule pour me clamer que non.
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Léa 👀
08/05/16
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