La deuxième partie vous attend!

Bonne lecture !

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Voilà plusieurs minutes que j'attends le moyen de transport en chantonnant Girls Wanna Have Fun de Cindy Lauper à l'arrêt de bus.

Je cligne des yeux et me rends compte qu'il vient d'entrer dans mon champ de vision, à ma droite. Quand il arrive devant moi, je grimace quand je vois qu'il est déjà bondé par de nombreux lycéens en route vers la même destination que la mienne. Je pénètre à l'intérieur lentement, terrifiée à l'idée d'être collée à une vingtaine de personnes dans un même lieu confiné et m'accroche aux barres situées au plafond du car. Je souris gentiment aux vieilles dames qui m'accordent des regards compatissants.

Malheureusement, elles continuent de me fixer pendant le reste du trajet ce qui provoque de nombreuses bouffées de chaleur face à leurs yeux scrutateurs. A mon plus grand soulagement, je descends au prochain arrêt lorsque j'aperçois plusieurs jeunes rirent ensembles à côté de la route. Mon ventre se tord en ressentant un nouveau malaise grandissant. Maintenant que je suis face à mon futur, je me sens aussi effrayée qu'un oiseau qui s'apprête à voler pour la première fois. Je remets mon sac sur mes épaules et inspire profondément pour me calmer intérieurement. J'arrive bientôt devant le portail battant du grand bâtiment en béton qui ressemble bien plus à une prison qu'à une école.

De plus, j'ai un frisson en regardant les nombreux élèves qui se connaissent et les regarde en me demandant si je peux déceler qui est un loup, vampire, humain ou mage. Je ne me sens pas différente de ces gens mais plutôt dans mon élément, comme si j'ai toujours cherché à me retrouver au milieu de cette foule, comme si c'est auprès des surnaturels que j'ai toujours espéré vivre.

La sonnerie retentit bien trop tôt à mon goût et je me retrouve en plein milieu de cette marée humaine qui se dirige en chœur vers les locaux principaux. Je ne connais rien à cet endroit et je me laisse guider par la horde d'élèves qui se ruent vers la cours extérieure. Les bâtiments n'ont rien d'attractif, ils sont gris et blancs, et seuls les arbres de multiples couleurs redonnent une touche artistique à ce lieu délaissé. Une fontaine trône en plein milieu de la cour intérieure et je me demande avec un peu d'ironie son intérêt en vue du reste du lycée délabré. Je m'arrête lorsque tout ceux qui me guident font de même et je me faufile pour apercevoir ce qui retient autant l'attention de tant de monde.

Un homme plutôt petit, qui selon moi devait avoir la cinquantaine, se situe au milieu de cet attroupement de jeunes. Il nous sourit et même ses dents blanches sans canines ne me rassurent pas en vue de mon stress qui augmente à une vitesse bien trop rapide.

-Bonjour à tous! Je crois qu'il est temps de commencer ce que vous attendez tous, la distribution des classes !

Mon cœur bat la chamade au fur et à mesure que les prénoms défilent, chacun étant concentré afin d'entendre le sien. Plus la taille du groupe diminue, plus je jette des coups d'œil curieux à mes possibles camarades. Après une heure de supplice qui me semble interminable, mon cœur ralentit en apercevant les membres de la classe S : une dizaine de filles qui semblent aussi perdues que moi et une quinzaine de garçons qui prennent un air sérieux en nous regardant chacune à notre tour, nous scrutant avec une expression indéchiffrable. Je n'ai jamais eu de relation avec un homme. Il est peut être temps de t'en trouver un, hein Alyssa... Je fais taire ma conscience en secouant vigoureusement ma tête. Une femme aux crocs luisants s'avance vers nous, tout sourire. Son rouge à lèvre brillant contraste avec sa peau cristalline et ses cheveux noirs font d'elle une beauté renversante un peu trop parfaite.

-Bienvenue au lycée des Apôtres, veuillez me suivre, messieurs, mesdames.

Elle ne semble pas bien vieille mais sa façon de parler m'agace déjà. Bien que je sois heureuse d'assister au premier cours de ma vie, c'est la vision de cette femme séductrice que je garderais comme première impression. Elle nous guide dans une petite salle, moi qui m'imaginais des amphithéâtres c'est raté, et nous nous installons chacun à une table. Je pose mon sac au pied du meuble et positionne mes coudes de façon à ce que ma tête repose sur mes mains. La vampire reprend sagement la parole tout en époussetant sa jupe.

-Je m'appelle Cerise Faloge, je serais votre professeure principale de cette année. Je vais commencer par faire l'appel et quand vous entendrez votre nom, vous me rappellerez votre date de naissance et votre race.

Nous hochons la tête simultanément en silence, toujours intimidés par la nouveauté de la classe et moi, émerveillée. Mon prénom se fait entendre peu de temps plus tard et je relève la tête comme une enfant attendant la question.

-Alyssa Clinton.

Je répète le même « présente » qu'a prononcé ma camarade avant moi, découvrant les subtilités à accomplir obligatoirement durant la rentrée scolaire.

-Née le 1 mai, humaine.

Selon Taylor, la règle n°1 à ne pas transgresser est la suivante: dire à n'importe qui son appartenance au clan des sorciers. Voilà que je me mets à croire un vieillard insociable... Je n'ai jamais compris pourquoi mais depuis, je m'assure que personne ne soit au courant, de peur des représailles. La jeune femme me sourit de toutes ses dents et ma gorge se serre lorsque ses yeux rougissent à la vue de mon cou. Gloups... Je détourne le regard du sien hypnotiseur et observe mes nouveaux compagnons de classe alors qu'elle continue à énumérer les prénoms du reste de la classe. Je me trouve avec une quinzaine de vampires, une dizaine de loups mais malgré le fait que je sois la seule « humaine », je ne m'estime pas inférieure à eux.

Une heure après les présentations et l'annonce du règlement que personne ne va respecter tellement il a l'air compliqué, la sonnerie retentit et nous ressortons tous dans un bruit de chaises derangées . Arrivée à la sortie, un vampire me bouscule dans un mouvement brusque et je me retrouve projetée contre le mur d'en face à cause de sa force incroyable. Je me retourne énervée, prête à casser la gueule au mec qui avait osé s'être heurté à moi et m'arrête sec devant le visage d'un garçon aux cheveux bruns me regardant avec compassion. Ses yeux dorés sont ancrés dans un visage doux, ce qui lui donne l'allure d'un dieu.

-Je suis désolé..., je ne me contrôle pas encore. Ça va ?

Je continue d'observer ses traits ciselés avec un regard noir. Son sourire crispé me désole à un point que je sens obligée de lui pardonner. Il a l'air tellement plus gentil que les autres suceurs de sang que je soupire devant la situation.

Premier jour et déjà éjectée par un délicieux vampire...

-Bon allez, je vais bien, ne t'inquiète pas, je réponds avec un sourire enchanté. Je suis Alyssa et toi ?

Idiote, il sait déjà ton prénom car tu es la seule qui a un sang assez goûteux...

Il se contente de souffler de soulagement et me tend sa main. Je la serre en n'éprouvant aucun dégoût et sa froideur ne me paraît pas étrange.

-Eric, je suis ravi de parler enfin à une humaine ! On en voit si peu parmi nous...

Je ravale ma salive avec difficulté mais souris pour cacher mon malaise. Je prétexte devoir aller aux toilettes de toute urgence et n'attends pas qu'il réplique, m'échappant de son emprise le plus tôt possible. Arrivée à l'intérieur, seule, je calme ma respiration et mon cœur qui bat beaucoup trop vite. J'ai réussi à parler à un vampire terriblement sexy sans trembler! Je pars dans un rire euphorique pour compléter ma mini victoire et regarde ma montre pour vérifier l'heure. Zut ! Et voilà que je suis déjà en retard dès la deuxième heure!

Je cours vers la prochaine salle de cours mais me perds instantanément dans les couloirs inconnus, envahis par des élèves pressés qui avancent dans toutes les directions. En voyant les mauvais numéros de porte défiler, je sens mon angoisse augmenter, ce qui me déboussole encore plus. Soudain, une main glacée m'attrape et je suis tirée en arrière, dans le sens opposé au mien.

-Viens, me souffle Eric en me conduisant à travers la foule.

Je me sens soulagée de le savoir près de moi. Il est ma seule connaissance ici, et bien que je ne savais rien de lui, il se trouvait dans la même situation que moi et mon instinct me disait que c'était un type en qui je pouvais avoir confiance.

-Tu étais perdue ?, se moque t-il gentiment en se passant une main dans ses cheveux parfaitement coiffés.

Mes joues rosissent et je secoue la tête. Il rit et ses canines ne me paraissent pas aussi effrayantes que celles de Cerise.

-Allez, viens.

Nous pénétrons dans la salle de cours d'histoire du Monde et nous prétextons que nous nous sommes perdus dans les couloirs. C'est la rentrée, tout le monde est stressé, l'excuse est donc recevable. La professeur qui semble être une louve relève la tête pour nous demander nos prénoms. Elle a des yeux de différentes couleurs et ça m'intrigue autant que sa jupe qui s'avère faite de rideaux de grand-mère.

-Alors Alyssa, on a déjà une touche ?, marmonne ma voisine alors que je viens à peine de m'installer près d'elle, ce que je regrette déjà en apercevant Eric discuter avec une jolie blonde.

Je lève les yeux au ciel d'exaspération et elle échappe un petit rire, comme consciente qu'elle m'embête au plus au haut point avec ses allusions stupides.

-Moi, c'est Mélanie, je suis ravie de te rencontrer. Ça à l'air trop cool d'être humaine.

Je hausse les sourcils. Je lui souris par hypocrisie et surtout pour qu'elle se taise avant de reporter mon attention sur Mme Zola qui dicte toujours les premiers vers de la « Création du Monde ». Taylor m'avait parlé de tout cela : les loups-garous et les vampires se vouent une guerre sans pitié depuis la nuit des temps, les mages assurent la paix...

-Quelles sont les fonctions des mages ?, demande l'enseignante en roulant ses yeux verrons.

De nombreux élèves lèvent la main et j'attends leur réponse avec intérêt. La professeure désigne un loup aux cheveux blonds et aux magnifiques yeux verts pour répondre à sa question, ce qui m'enchante encore plus.

-Les mages ont été crées pour stabiliser les forces sur Terre, pour empêcher la destruction du monde par les différentes races... Dieu les a fait naître pour ne pas que le chaos règne et que les clans décident de détruire le monde qui les entoure en s'entre-tuant. Ils assurent aussi les suites des lignées.

A la suite de la réponse, elle tape dans ses mains et j'ai l'impression de décrire une gamine heureuse sur l'estrade. Malgré tout, j'avoue que ce gars est plutôt intelligent. Un bon plan pour les mathématiques, chose que mon maître avait tenté de me faire comprendre, en vain. Il avait été désespéré au bout de 3 questions, si c'est pour vous dire mon niveau...

-Bravo Simon ! C'est excellent !

La suite du cours se passe tranquillement, me dévoilant toutes les autres facettes enfantines que Mme Zola nous dévoile de temps en temps. L'année risque d'être longue à cette allure! Un grand brun m'interpelle à la fin du cours et je suis ravie de le rejoindre au bout du couloir car il est temps d'aller manger.

-Ça te dit de te joindre à nous, Aly ?, me questionne Eric en direction des grands escaliers.

Je lui offre mon plus large sourire. Je n'allais pas être toute seule ce midi! Intérieurement, je répète la danse de la joie.

-Avec plaisir, vampire !

Il me fait un clin d'œil complice et va me présenter à ses acolytes tout aussi accro au A+. Je retiens les noms d'Andrew, de Siméon, de Léo et enfin de Jeremy. Ils ont l'air tous aussi sympas qu'Eric et je montre mon enchantement en restant souriante et agréable durant tout le déjeuner. Quand je le veux, je peux ressembler à une vraie garce, ainsi il vaut mieux m'avoir dans son camp.

Au fur et à mesure que le temps passe, le repas se déroule toujours aussi bien, on parle de tout et de rien quand je commence enfin à me sentir à l'aise, retrouvant cette joie que j'éprouvais quand Taylor et moi débattions sur les sujets d'actualité. Mon maître avait été un grand philosophe et mon plus grand ennemi durant ces longs discours.

-Alors Alyssa ça te plaît ici ? Eric nous a dit que t'es nouvelle, me demande Andrew.

Je hoche la tête.

-Et oui... J'aime bien même si tout est un peu sinistre, on se croirait dans une prison plutôt qu'une école.

-Tu l'as dit !, acquiesce Jeremy, mon voisin de droite. C'est pas trop dur de supporter Eric ?

L'interloqué fait la moue et je lui retourne une grimace de dégoût.

-Ce mec est invivable...

Nous éclatons de rire et le reste du déjeuner se passe dans cette même ambiance. On me taquine régulièrement sur ma condition humaine, ce que je ne prends pas mal, je fais des blagues sur leur blancheur extrême, Eric se moque gentiment de ma petite taille et je rigole avec ses copains de ses pieds de géants. Peu après, nous débarrassons nos plateaux et c'est bientôt l'heure de retourner à nos occupations préférées : les cours. Je salue les garçons et suis mon guide, Eric, vers la prochaine salle. En passant, il me décrit chaque bâtiment et leur fonction avec une joie à peine exprimée. Nous rentrons presque les derniers et nous installons côte à côte dans le fond, près des armoires débordantes de livres. Durant toute la tirade de l'enseignante de mathématiques, il n'évoque que anecdotes sur les vampires qui sont à mourir de honte! Je peine à retenir mon fou rire et la sonnerie représente un véritable soulagement pour moi et mes poumons qui ont du mal à capter l'air.

-Ne recommence pas ! Je n'arrive pas à suivre les calculs !

Il me tire la langue pour toute réponse et je lève les yeux au ciel, ce qui le fait pouffer de rire une nouvelle fois. Le reste de la journée continue ainsi jusqu'au dernier cours et je fais la bise à mon ami qui prend la direction opposée à la mienne. Contrairement à moi, il a le luxe d'habiter dans le centre-ville et d'aller au lycée à pied. Je reprends le même transport qu'à l'allée, cette fois avec beaucoup moins de monde, et sors avec un soupir de soulagement en voyant l'entrée du bâtiment menant à mon petit appartement préféré. Que j'étais heureuse de retrouver mon lit après une journée aussi éprouvante ! J'ouvre ma porte, pose mon sac et m'installe confortablement sur mon canapé qui m'a terriblement manqué. Je déverrouille mon portable et tombe sur un message d'Eric, il avait été rapide sur ce coup là, je n'avais rien eu le temps d'apercevoir, qui me souhaite une bonne nuit. Encore une fois, être vampire permet de réaliser des prouesses de rapidité... Je m'empresse de lui répondre que ce n'est pas la peine car je ne rêverais pas de lui ce soir, et son smiley triste me fait sourire. Alors que je me prépare à manger des spaghettis, mon téléphone vibre de nouveau, m'annonçant un nouveau message. Cette fois, je tombe sur le numéro d'un inconnu.

"Rejoins nous samedi après-midi au clan de la Lune. Sois là.

M."

Je fronce les sourcils et hésite à demander l'identité de la personne. Qui c'est lui ? Comment a t-il eu mon numéro ?

C'est là que la conversation me revient en mémoire. Mickaël. Ça ne peut être que lui.

Je ne réponds finalement rien et éteins mon téléphone avant d'aller dévorer mon repas. Je n'aurais pas de problème sur le dos ce soir, je suis épuisée !

Tous les vampires, souhaitent que je ramène mes fesses à ce mystérieux clan de la Lune, alias l'association vampirique. Je suis soi-disant « humaine », que vais-je gagner là-bas au milieu de ces créatures si différentes? C'est décidé, demain je parlerais à Eric et clôturerais enfin les doutes qui pèsent sur cette étrange faction.

Pour l'instant, je veux juste me poser sous les draps pour attaquer la dure journée de demain.