LA DISPARUE. {O.S}
LA DISPARUE.
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« Louis! » S'exclame joyeusement Ambre lorsque j'entre dans sa voiture.
« Ambre. » Je réponds en claquant la portière derrière moi.
Je l'entends rire et le regard noir que je le lui lance ne semble pas l'impressionner. Au contraire, ça l'amuse encore plus. Je la déteste. D'habitude j'aurais dit qu'elle est la fille que j'aime le plus dans ce monde mais, actuellement, aujourd'hui et pour les prochaines heures, je la déteste.
« Ne me regarde pas comme ça. » Elle dit en démarrant la voiture. « Je ne t'ai pas forcé non plus.
-Excuse moi mais harceler quelqu'un pour qu'il vienne j'appelle ça forcer, personnellement. »
Ambre sourit innocemment et hausse simplement les épaules en regardant la route, s'éloignant de mon appartement.
« Tu es la personne la plus têtue que je connaisse, Louis. Si tu n'avais vraiment pas eu envie de venir, tu ne l'aurais pas fait.
-Je viens seulement pour toi et Mika. Parce qu'il vous manquait un joueur. Parce que vous me faisiez de la peine, finalement.
-Tu es beaucoup trop altruiste, Louis. » Se moque t-elle en secouant la tête.
Je lève les yeux au ciel et baisse la vitre de ma portière. Il fait trop chaud. Ou alors c'est juste moi. On est en plein mois de mai et mes amis ont eu la merveilleuse idée de faire un escape game. Pire. Un escape game d'horreur. Encore pire, un escape game où Harry sera là.
Il y a encore une semaine, je me serais réjouit de sa présence. Il aurait même été ma raison principale d'aller faire cet escape alors que je déteste tout ce qui touche à l'horreur. Parce que je sais qu'on aurait bien rigolé ensemble, tout en se tournant autour. Parce que c'est ce qu'on faisait depuis toujours, finalement. Être amis et flirter malgré nous.
J'ai rencontré Harry grâce à Ambre, il y a un peu plus d'un an. Elle l'avait rencontré à la FAC et l'a invité à une soirée qu'on faisait chez Mika. A l'instant où mes yeux se sont posés sur Harry, je l'ai trouvé extrêmement beau. Je me suis tout de suite sentit attiré par lui. Et lorsque Ambre m'a confiée qu'il était bi, je me suis tout de suite dit que j'allais tenter ma chance pour passer la nuit avec lui.
Sauf que, ça ne s'est pas du tout passé comme ça. Lorsqu'on s'est mit à discuter, lui et moi, je me suis retrouvé à vouloir l'écouter, encore et encore. A le trouver vraiment interessant, et pas seulement physiquement. Il me parlait de ses études dans le social et de sa passion pour la photographie. Des concerts où il a prévu d'aller. Des livres qu'il aime lire. De sa grande soeur qui est infirmière et du petit chien de sa famille qui n'aime pas les inconnus mais qui est adorable lorsqu'on apprend à le connaître. J'avouerais plus tard que ce petit chien de grand-mère est plus sympa qu'on ne le pense.
Alors les conversations ont enchainées naturellement, avec Ambre et Mika aussi. En voyant que le courant passait bien entre nous quatre, je n'ai rien tenté avec Harry. Parce que, généralement, lorsque je passe la nuit avec un gars, je n'ai pas envie de le revoir à chaque sortie entre amis. Parce que je ne veux jamais voir ça se transformer en quelque chose de plus. Ma dernière relation était trop récente et j'apprenais à peine à aimer de nouveau la solitude.
Harry a commencé à être de plus en plus invité par Ambre à nos soirées, puis à nos sorties. Puis c'est Mika qui s'est mit à l'inviter et moi aussi. Notre groupe d'amis où nous étions trois depuis le lycée a vu se rajouter un nouveau membre et c'est un peu comme si Harry avait toujours été là.
Puis, on a commencé à se faire des sous-entendu avec Harry. A flirter. D'abord en soirée où nous pouvions mettre ça sur le dos de l'alcool. Mais nous avons continué à le faire même en étant sobre et c'est là que j'ai commencé à me battre pour ne pas laisser tomber mes barrières. On flirtait sans jamais aller plus loin et c'était amusant. Rien d'autre. Je me suis mis à ignorer les remarques de Ambre me faisant constater qu'on était de plus en plus proches avec Harry. Et a ignoré également cette envie d'être tout le temps avec lui. D'être toujours plus proche de lui. Je pense qu'on a évité la catastrophes plusieurs fois. Ces fois où nos regards se sont accrochés un peu plus longtemps qu'il ne fallait et où ses lèvres me paraissaient soudainement être le centre de l'univers.
Mais je n'ai jamais craqué. Jamais. Et Harry non plus. On en parlait même pas. Alors je pensais qu'il était sur la même longueur d'onde que moi. Il ne disait rien lorsque je ne pouvais pas sortir avec eux trois parce que j'étais déjà avec un gars. Harry, lui, ne voyait personne. Ou, s'il le faisait, ne nous tenait pas au courant. Mais je préférais me dire qu'il ne voyait personne.
Jusqu'à cette soirée, il y a une semaine.
C'était une soirée étudiante dans un bar. Une soirée organisée par la FAC de médecine où on a réussi à s'incruster grâce à un contact d'Harry. Sauf que, lorsque Harry nous a présenté ce contact, je n'ai pas pu m'empêcher de glisser mon regard sur le bras que ce gars enroulait autour de la taille d'Harry. Je me souviens avoir froncé les sourcils, instinctivement, avant de regarder Harry qui s'est pincé les lèvres en me rendant mon regard.
Je sais qu'il ne me devait rien, mais c'était plus fort que moi. Je me suis demandé qui était ce gars et pourquoi il ne nous en avait jamais parlé. Pourquoi il ne m'en avait jamais parlé à moi? Ce n'était pas légitime, mais je me suis senti trahi. Enfin, surtout blessé. Et jaloux. Même si je ne voulais pas me l'avouer. Je ne pouvais plus faire comme si Harry ne voyait personne. Je me suis toujours dit que ce jour finirait évidemment par arriver. Mais je ne pensais pas le vivre aussi mal.
Sauf que je le faisais aussi. Donc je n'avais absolument rien à dire à Harry.
Mais je n'ai pas réussi. Je les ai regardé flirter durant toute la soirée. Je les ai regardé danser ensemble. Je n'arrive à me concentrer sur rien d'autre. Même pas à cet étudiant qui a tenté de venir me draguer. J'en avais rien à foutre. Mes yeux ne voyaient que Harry et cet étudiant. Mon coeur se serrait un peu plus chaque seconde qui passait et cette chaleur désagréable me tordait l'estomac. J'étais tellement énervé et ça se sentait lorsque je répondais à peine à Ambre ou Mika pour éviter de me défouler sur eux. Parce qu'il fallait que je me défoule. Il fallait que ça sorte. Je savais qu'il fallait que je parle, que c'était le mieux à faire. Mais je n'y arrivais pas. Je n'arrivais pas à laisser Harry avec ce gars.
Et j'aurais vraiment dû partir.
Parce que j'ai craqué au moment où, en lançant un nouveau regard dans leur direction, je les ai vu s'embrasser. C'est comme si tout ce que je ressentais depuis le début de la soirée m'explosait en pleine gueule. J'ai vu les mains de ce gars s'accrocher à la taille d'Harry comme moi je le faisais lorsqu'on s'amusait habituellement à danser ensemble. J'ai vu les mains d'Harry attraper le visage de ce gars et leurs lèvres s'accrocher comme si elles ne voulaient plus être séparées. Et j'ai eu mal. Putain de mal. J'ai senti mon coeur se serrer et la colère se mêler à un sentiment de tristesse que j'aurais préféré ne jamais ressentir.
C'est à ce moment là que j'ai décidé de partir. Ambre a tenté de me retenir mais, après avoir suivi mon regard, elle a compris. Compris ce que moi-même je venais de comprendre. Elle n'a pas su quoi dire, à ce moment là. En même temps, il n'y avait rien à dire. Alors je suis parti.
Durant tout le trajet jusqu'à chez moi, mon téléphone vibrait sous les messages de Ambre qui me demandait de la prévenir lorsque j'étais arrivée et les messages de Mika qui me demandait si ça allait. Ambre lui avait sûrement parlé de ce qu'il s'était passé. Pas de message d'Harry, par contre. Et, une fois dans mon lit, je n'ai pas su trouver le sommeil. La vision de Harry et ce mec hantait mes pensées. Je les imaginais s'embrasser, encore et encore. J'imaginais Harry suivre ce mec chez lui et avoir ses mains sur son corps. Pire encore, j'imaginais Harry se confier à lui comme il se confie à moi. J'imaginais ce mec en apprendre plus sur la vie Harry.
Je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu'ils s'embrassent ni qu'ils passent la nuit ensemble. Je ne voulais pas que ce mec sache qu'Harry est passionné de photographie et qu'il fait sa première exposition dans moins d'un mois. Qu'il cuisine extrêmement bien. Qu'il aime regarder les émissions télés le vendredi soir. Qu'il touche touche toujours ses cheveux, même lorsque ces derniers sont déjà bien coiffés. Qu'il se motive pour courir tous les jours. Qu'il y a ses fossettes qui prennent toujours place aux creux de ses joues lorsqu'il sourit sincèrement. Ou lorsqu'on le fait rire, comme j'ai toujours su le faire. Je ne voulais pas qu'il sache que la soeur d'Harry est infirmière et je ne voulais pas que cette dernière connaisse son existence non plus.
Et je voulais que le chien d'Harry le déteste.
Contrairement à moi qu'il a finit par aimer.
J'ai senti mon coeur se serrer en réalisant que je ne voulais pas que ce mec, ni n'importe qui d'autre, prenne ma place.
Alors que ce n'était même pas censé être la mienne.
Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même mais j'ai préféré être plus lâche en laissant ma colère et ma jalousie prendre le dessus. Alors, le lendemain, quand Harry m'a appelé pour me demander pourquoi j'étais parti aussi tôt, je l'ai envoyé chier. Je l'imaginais avoir passé cette nuit avec ce mec alors que moi je n'avais même pas dormi à force de cogiter. J'étais fatigué et en colère. Je ne l'ai pas insulté, mais je ne lui ai pas bien parlé non plus. Je lui ai dit que j'avais pas envie de parler et que je voulais qu'il me laisse tranquille. Harry n'a pas comprit et a finit par se vexer en me lâchant cette dernière phrase avant de raccrocher:
« Si tu fais la gueule pour ce que je pense, Louis, alors t'es vraiment le culot incarné. »
Beaucoup trop perdu entre ce que je comprenais et ce que je ressentais, j'ai préféré ignorer cette phrase comme j'ai continué de l'ignorer lui. J'ai fuis, littéralement. C'était le week-end dernier et je ne lui ai pas parlé de la semaine. Je me suis contenté d'aller à la FAC et, la seule fois où je l'ai croisé au réfectoire, assis avec Mika, je les ai ignoré pour aller m'installer avec une fille dont j'ai plusieurs cours en commun et avec qui j'ai sympathisé. J'ai eu le malheur de croiser le regard d'Harry, assis plus loin, et j'y ai surtout trouvé de la colère. Mais de la tristesse aussi lorsqu'il a soupiré avant de se relever et de quitter le réfectoire avec son plateau.
Ça fait donc une semaine qu'on ne se parle plus, qu'on s'ignore et qu'on ne se donne aucune nouvelles. Et c'est ce que j'aurais continué à faire si Ambre n'avait pas commencé à me harceler de messages depuis deux jours et à venir me trouver à la FAC à chacune de mes pauses pour me demander de venir faire ce stupide escape game avec Mika, Harry et elle aujourd'hui.
« On a besoin d'un dernier joueur et je te rappelle qu'on est tes potes avant tout. Et que tu pourras pas ignorer Harry éternellement. Je sais qu'il te manque, même si t'es trop borné pour te l'avouer. »
Puis elle a commencé à dire qu'il y avait d'autres choses qu'il serait temps que je m'avoue mais, ne voulant pas avoir cette conversation, je l'ai fait taire en disant que, c'est bon, elle avait gagné. Je viendrais.
Et maintenant que nous roulons en direction de cet escape game mais surtout de Mika et Harry, je sens mon estomac se retourner de plus en plus. J'appréhende de le revoir. Je ressens toujours cette colère mais je ne sais même pas si elle est vraiment tourné vers lui. J'ai eu le temps d'y penser, durant cette longue semaine de silence. Je crois que je suis surtout énervé contre moi-même mais c'est plus facile d'être un parfait enfoiré plutôt que d'avouer ce que je ressens au fond de moi.
Ambre se gare en silence dans la rue où se trouve l'escape game et je reconnais la voiture de Harry garée quelques voitures plus loin. Ambre m'a dit que c'est lui qui avait prit Mika au passage. Je me demande s'ils l'ont forcé, lui aussi, ou s'il est venu de son plein gré. Et bien sûr que je me demande comment il va agir avec moi après notre dispute. Mais je crois que, si je voulais continuer de le fuir, c'est aussi par peur de le voir me rejeter à son tour.
Il a sûrement raison lorsqu'il dit que je suis le culot incarné.
« Ils sont déjà là. » M'annonce Ambre comme si je n'avais pas remarqué la voiture.
Je ne répond rien, sortant simplement de la voiture. Ambre ferme cette dernière avant de me rejoindre sur le trottoir.
« Tu devrais lui parler. » Elle me dit alors qu'on avance jusqu'à l'escape game un peu plus loin.
Je prends une grande inspiration avant de lui répondre:
« Je sais pas. Je suis encore énervé.
-Oui bah t'es pas le seul à être en colère. »
Je tourne la tête vers elle et je sais très bien qu'elle fait allusion à Harry. Et, même si je m'en doutais, je ne peux m'empêcher de lui demander:
« Il t'a parlé? »
Ce à quoi elle me répond directement:
« Oui. Mais ne compte pas sur moi pour répondre à tes questions. La seule personne qui te donnera tes réponses et inversement, c'est Harry. »
Je sais qu'elle a raison mais pour une personne comme moi qui a toujours eu l'habitude de fuir ses responsabilités ça semble beaucoup plus compliqué d'aller chercher les réponses par soi-même. Pourtant, des questions, c'est pas ce qui me manque. Je m'en pose dix mille depuis que j'ai rencontré Harry et encore plus depuis notre dernière soirée.
« Et bien ça sera pas dans un escape game qu'on parlera, lui et moi. » Je fuis encore une fois.
« T'essaie juste de gagner du temps. » Me répond Ambre en même temps qu'on arrive devant la porte de l'escape game.
Mais, au lieu de l'ouvrir, elle prend d'abord le temps de continuer:
« Sauf que tu oublies que tu es peut-être en train d'en perdre. »
Et elle décide de gentiment m'achever en lâchant avant d'ouvrir la porte:
« Et de perdre Harry avec. »
Mon coeur se serre instinctivement et j'ai du mal à paraître naturel lorsque nous entrons à l'intérieur de l'escape game. Sur notre gauche se trouve l'accueil et sur notre droite des canapés pour patienter avec des cadres glauques accrochés aux murs. Des photos de petite fille en noir et blanc, des photos de nones, de poupées.
« Je te sens rassuré, Louis. » J'entends la voix de Mike résonner.
Je tourne la tête vers ce dernier qui attendait plus loin avec une femme, que je devine être le maitre du jeu, et Harry. Mes yeux se posent instinctivement sur lui et il me rend mon regard. Ses yeux sont fatigués et il détourne rapidement le regard, ne me saluant même pas. La dernière phrase de Ambre fait soudainement écho et mon coeur se serre douloureusement.
Cette dernière a au moins la chance de pouvoir aller prendre Harry dans ses bras pour le saluer tandis que Mike vient me taper dans la main. Je ne me retourne pas vers Harry et écoute plutôt la femme en face de nous. Elle est brune et est habillée tout en noir. Ses yeux marrons nous scrutent chacun notre tour et je crois qu'elle est déjà dans son personnage.
Elle nous invite à rejoindre une autre pièce qui s'avère être un salon plongé dans le noir avec une simple télé comme source de lumière. Elle nous demande de s'asseoir et de regarder la petite vidéo qui va nous expliquer notre mission. Je me retrouve dans le grand canapé, entre Ambre et Mika tandis que Harry s'assoit seul dans un fauteuil. Il tourne la tête en sentant mon regard sur lui et, cette fois, nos regards s'ancrent un peu plus longtemps l'un dans l'autre.
Et Ambre avait raison.
Harry me manque.
On entend soudainement la vidéo se lancer sur la télé et Harry détourne le regard en premier, baissant la tête quelques secondes avant de se concentrer sur la vidéo. Je soupire discrètement et décide de faire comme lui.
On nous raconte alors l'histoire de disparitions d'enfants, tous habitant le même quartier qu'une prêtresse dont la maison serait hantée. Mais hantée par qui ? Et hantée pour quoi? Nous sommes censé être des adolescents qui décident d'aller chercher la petite Mary, la dernière enfant a avoir disparu. Lorsque la vidéo se termine, je ne suis vraiment pas rassuré. Je me répète que ce n'est qu'un jeu mais, je me connais, je ne suis vraiment pas le plus téméraire d'entre nous. Et dans mes relations non plus, apparemment.
La femme, qui s'appelle Victoire, nous rappelle certaines règles et donne à Harry un talkie walkie. Ça sera son moyen de communication avec nous, pour nous aider si vraiment on a du mal ou pour répondre à nos questions. Nous avons une heure mais, ici, ils nous laissent terminer quoi qu'il arrive. Donc si on dépasse un peu, ce n'est pas grave.
De toute façon, je compte bien suivre le groupe et me contenter d'essayer de ne pas sursauter au moindre bruit. Ça va être eux, les cerveaux. Déjà qu'on m'a forcé à venir. A trois, ils vont bien y arriver.
Victoire nous ouvre des casiers pour qu'on y range nos affaires et, avant de laisser son téléphone dans son sac à bandoulière, Harry pianote quelque chose sur son téléphone. Je ne peux m'empêcher de le regarder en me demandant s'il est toujours en contact avec le mec de la soirée étudiante? Ils ont forcément dû terminer la nuit ensemble. Est-ce qu'ils se sont échangés leurs numéros? Est-ce qu'ils se sont revu?
T'essaie juste de gagner du temps. Sauf que tu oublies que tu es peut-être en train d'en perdre.
Sentant sûrement mon regard posé sur lui, Harry relève la tête et fronce légèrement les sourcils en voyant l'expression de mon visage. Je soupire et claque légèrement mon casier en le refermant. Et j'essaie vraiment de virer ses pensées et ses images de ma tête mais je n'y arrive pas.
« Vous pouvez fermer les yeux, maintenant, pour une immersion totale. Je vais vous emmener dans la première salle. Je vous invite à garder le silence. »
On acquiesce tous les quatre et je ferme donc les yeux, attendant que Victoire vienne me chercher. J'entends les autres s'éloigner au fur et à mesure jusqu'à ce que la main de victoire vienne attraper la mienne pour me faire doucement avancer. Je sens qu'on change d'endroit et qu'il fait légèrement plus chaud dans la pièce où je me retrouve. La main de Victoire me lâche mais je garde les yeux fermés.
« Vous pourrez ouvrir les yeux lorsque vous entendrez la porte se refermer. Mais, avant ça, je vous donne un dernier conseil. »
Je pourrais presque l'imaginer sourire lorsqu'elle dit:
« La communication est la clé. »
Puis la porte se referme et je ne peux m'empêcher de vérifier à voix haute:
« On peut ouvrir les yeux du coup? »
Personne ne me répond. Même pas Ambre qui est une vraie pipelette et qui était surexcitée à l'idée de faire cet escape. Même pas Mika qui n'en rate pas une pour lâcher une vanne. Non. J'entends juste la voix de Harry résonner:
« J'y crois pas. »
Je fronce les sourcils et ouvre rapidement les yeux. Je tombe alors directement dans le regard d'Harry en face de moi. Je tourne la tête pour chercher Ambre et Mika mais ils ne sont pas là. Non. Il n'y a que Harry et moi dans cette première et toute petite pièce seulement éclairée par trois bougies accrochée au mur. Juste au dessus de trois cadres tordus représentant des enfants. Et il y a une table, à côté de Harry et moi, avec un livre dessus et un tiroir fermé par un cadenas à code.
Je retourne mon attention vers Harry et le talkie grésille soudainement dans sa main, nous faisant sursauter tous les deux.
« Allez, démerdez vous maintenant les copains! » Résonne la voix de Ambre.
« Retrouvez au moins la petite Mary avant de vous entretuer. » On entend cette fois Mika.
Mes yeux s'arrondissent lorsque je comprends ce que nos amis viennent de faire. Harry semble le comprendre aussi lorsqu'il vient frotter son front avec sa main. Ils nous ont piégé. Ils nous ont enfermés ensemble. Tous les deux. Juste Harry et moi. Alors que ça fait une semaine que c'est plus tendu que jamais entre nous.
« N'oubliez pas, la communication est la clé. » Termine Ambre en se retenant de rire.
« Je t'emmerde, Ambre. » Je marmonne.
Il n'y a plus aucun son du côté du talkie mais je sais très bien qu'elle peut m'entendre, sûrement réfugiée derrière les caméras avec Mika et Victoire. Non mais j'y crois pas. Putain mais il y a qu'eux pour avoir des idées aussi tordues. Je me retrouve avec deux problèmes maintenant. Je vais être obligé de parler à Harry et, en plus, je vais être obligé de participer à la quête de la sortie de cet escape. Rien de ce que j'avais prévu, finalement.
Puis, comme si de rien n'était, Harry commence à fouiller la salle sans lâcher un seul mot. Sérieusement? Il pense passer plus d'une heure à chercher comment sortir d'ici sans me parler? C'est ce que j'espérais en arrivant ici et, pourtant, à cet instant, et surtout parce qu'on se retrouve que tous les deux, ça me vexe.
« T'es au courant qu'on peut pas passer une heure sans se parler, là. » Je lui lance.
« T'as bien réussi à le faire pendant une semaine. » Il répond sèchement sans me regarder, se concentrant sur un tableau.
Aïe. Elle fait mal celle là. Le pire c'est que, dès le premier jour, j'ai aimé Harry pour sa répartie. Je suis plutôt pas mal dans ce domaine là mais en rencontrant Harry j'ai trouvé un adversaire à ma taille. C'est sûrement pour ça aussi que je ne m'ennuie jamais avec lui. On peut se chamailler pendant des heures, mais, d'habitude, ça nous fait plus rire qu'autre chose. Aujourd'hui, ça n'a rien de marrant. Parce que c'est réel. Et que Ambre avait raison. Harry est vraiment en colère.
Sauf que je le suis, moi aussi. Même si je ne suis plus sûr que ça soit très légitime. Mais ça doit sortir. Et être enfermé ici m'énerve encore plus. Me donne encore plus envie de craquer après cette longue semaine de non-dit.
« Je pense que tu ne t'es pas ennuyé sans moi. T'avais l'air en bonne compagnie la dernière fois que je t'ai vu. » Je lance en attrapant le livre sur le bureau pour le feuilleter.
Cette fois, Harry tourne la tête vers moi et heureusement que la pièce est sombre parce qu'elle m'empêche de voir si le regard d'Harry l'est tout autant. Il secoue la tête et lâche un rire sec, un rire nerveux, avant de répondre:
« C'est pathétique.
-Je te demande pardon?
-J'avais raison. T'es vraiment culotté, Louis. Pour ne pas dire que tu te fous de ma gueule.
-Tu viens de le dire.
-Je peux même le répéter. Tu te fous de ma gueule. »
Je serre un peu plus le livre entre mes mains, ne sachant plus quoi penser. Je suis énervé, vraiment énervé. Et Harry l'est aussi. Mais à la colère se mêle également de la tristesse, de la douleur. Parce qu'Harry n'avait jamais été aussi en colère contre moi. Lui qui a toujours été le plus patient du groupe, je ne pensais pas le voir un jour aussi rancunier et encore moins contre moi. Je n'aime pas l'image qu'il a de moi à cet instant. Je n'aime pas le voir penser que je me fous de sa gueule et, en même temps, je comprends pourquoi il me le dit, pourquoi il en vient à le penser. Alors ça fait encore plus mal de devoir accepter ses propres erreurs.
Je ne sais pas si la tristesse se lit également sur mon visage mais, après m'avoir longuement regardé, Harry soupire et s'adoucit légèrement pour me dire d'une voix neutre:
« Il y a une trappe derrière toi. »
J'en ai rien à foutre de cette trappe. Rien à foutre de ce jeu. Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre ici à part m'engueuler avec Harry? Il a qu'une envie, lui aussi, c'est de sortir d'ici. Et moi aussi. Mais j'ai maintenant cette peur au fond de moi que nous retournions au silence radio une fois dehors. Alors que c'est moi-même qui nous ait imposé ce silence.
Je me retourne pour voir la trappe en question qui est incrustée en bras du mur. Je m'accroupis pour essayer de la pousser mais elle est verrouillée.
« Ça doit mener à la seconde salle mais c'est fermé. Et il n'y a pas de verrou. » Je dis en me relevant et en regardant Harry.
Ce dernier fronce les sourcils et semble réfléchir en regardant la pièce autour de nous. Il n'y a pas grand chose et pas vraiment de cachètes. Il y a ce cadenas au niveau du tiroir mais, même en fouillant dans le livre, il n'y a rien qui ressemble à un code.
« Ça doit être un truc avec les cadres. » Finit par dire Harry.
« Ils sont tous à l'envers. Faut peut-être les remettre à l'endroit. » Je réponds en haussant les épaules.
Harry acquiesce et, alors qu'il remet droit un cadre, un petit clic se fait entendre. Nous échangeons un regard et n'avons même pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Je m'en rend encore plus compte à cet instant et ça me serre et me réchauffe le coeur en même temps. Ça fait peut-être seulement plus d'un an qu'Harry me connaît mais on est tellement tout le temps ensemble d'habitude qu'on se connaît par coeur aujourd'hui. Notre complicité s'est mise en place comme une évidence. Je n'ai jamais été fan des contact physique en dehors des relations sexuelles mais, avec Harry, j'ai découvert que j'aimais ça. Lui qui, au contraire, est très tactile, se retrouve souvent dans mes bras en soirée ou sa tête sur mes genoux dans mon salon, alors qu'on regarde une série, réclamant des papouilles que je lui donne en râlant alors que, en réalité, j'adore ça aussi.
Je regarde Harry à ces pensées et, malgré la colère, l'envie de l'attirer dans mes bras vient me serrer le coeur. Harry me regarde sans comprendre et je déglutis avant de retourner mon attention sur les deux cadres en face de moi, que je tente de mettre le plus droit possible. Une fois les trois cadres parfaitement alignés, la trape se déverrouille.
Je m'accroupis alors pour la pousser et voir qu'elle donne sur un petit tunnel qu'on ne peut traverser qu'à quatre pattes ne me rassure pas des masses. J'ai même peur, en fait. Je lance un regard à Harry par dessus mon épaule et, même s'il est énervé, il me connaît et il comprend pourquoi je n'avance pas. Alors je suis touché et honteux à la fois lorsqu'il se baisse à côté de moi en me disant:
« J'y vais en premier. »
Je souris légèrement, malgré moi, mais mon sourire s'éteint en même temps qu'il rajoute en s'éloignant:
« J'imagine que t'es pas du genre à faire le premier pas. »
Ok. J'ai saisi le message.
« Très futile. Mais je te rappelle que c'est moi qui ai fait le premier pas en décidant de te parler, tout à l'heure.
-Evidemment puisque c'est toi qui décide toujours de tout. »
Je fronce les sourcils et répond alors que Harry sort du tunnel en entrant dans la seconde salle:
« Je te suis pas, là. »
Harry pouffe et je ne regarde même pas à quoi ressemble la nouvelle salle. Non. Mes yeux continuent de fixer Harry qui tourne la tête vers moi pour me lâcher:
« C'est pourtant simple. C'est toi qui décide de si on flirt ou non. C'est toi qui décide de ramener des gars chez toi ou de les suivre chez eux, sans t'inquiéter de ce que je peux en penser. Parce qu'on est censé rien se devoir, pas vrai? Mais, maintenant, c'est toi qui décide aussi de si moi je dois embrasser d'autres gars? Toi qui décide de me faire la gueule pour ça, alors que tu l'as fais tant de fois sans te soucier une seule fois de moi? »
Je me retrouve con. Vraiment con. Je regarde Harry et je sens mon coeur se serrer sans pouvoir le contrôler. Son regard est rempli de rancoeur et je n'ai pas l'impression qu'elle date seulement de cette semaine. Ça en fait parti, évidemment. Mais j'ai l'impression qu'il m'en voulait bien avant ça, sans m'en parler.
J'imagine alors Harry ressentir durant toutes ces fois ce que j'ai ressenti moi le week-end dernier. Ça me paraît insupportable. Je suis déjà en boucle sur ce seul mec que j'ai vu avec Harry alors l'imaginer avec plusieurs autres? Impossible. Pourtant Harry a raison, c'est ce que j'ai toujours fait. Plusieurs fois. Sans me soucier de ce qu'il en pensait parce que je pensais qu'il s'en fichait.
Enfin... oui... j'ai déjà cru comprendre qu'il n'était pas enthousiaste lorsque je ne terminais pas la soirée avec Ambre, Mika et lui pour rejoindre un autre mais je crois aussi que je me forçais à ne pas comprendre ce que ça pouvait vraiment dire. Tout comme je me forçais à ne pas penser, une fois la nuit passée, que j'aurais préféré être devant une série avec Harry contre moi et ma main dans ses cheveux pour lui faire des caresses en râlant faussement.
« Tu ne m'as jamais dit que ça te dérangeait que je sois avec d'autres gars. » Je réponds bêtement.
Harry se pince les lèvres et hausse les épaules avant de me répondre:
« Parce que je savais que ça n'aurait rien changé. »
Est-ce qu'il a raison? Avant, j'aurais eu tendance à dire oui. Parce que je fuis tellement l'amour et je refoule tellement mes sentiments que j'aurais très certainement dit à Harry que ce n'est pas possible, qu'on ne peut pas laisser notre relation changer, évoluer. Qu'on ne peut pas prendre le risque de perdre notre amitié et notre complicité. Parce qu'il est trop important pour moi pour que je prenne le risque de le perdre.
Mais, aujourd'hui, je ne suis plus sûr de tout ça. Après l'avoir vu embrasser un autre garçon, après avoir ressenti de la jalousie comme je n'en avais jamais ressenti avant, après avoir cogité toute une semaine sans Harry à mes côtés, après avoir entendu les mots qu'il vient de me lâcher... Non, je ne suis plus sûr de pouvoir dire que ça ne va rien changer.
Je pense même que ça a commencé à changer sans qu'on puisse le voir arriver. Et même si ça m'effraie, l'impression de perdre Harry m'effraie encore plus.
Sauf que c'est bloqué là, dans un coin de ma gorge, ces mots que je n'arrive pas à sortir. Alors Harry me regarde, silencieux, et doit en conclure ma réponse puisqu'il soupire avant de se mettre à regarder la pièce autour de nous.
On est dans une salle toujours aussi sombre avec une lampe torche accrochée à une table, qu'on ne peut donc pas emmener partout avec nous. Il y a un placard, une bibliothèque, un grand meuble sur le côté et toujours des tableaux glauques sur le mur.
Mais mon regard retrouve rapidement Harry. Parce que je ne peux pas faire comme si nous venions de commencer à avoir une réelle conversation. Je ne peux pas faire comme si il m'avait fait comprendre qu'il n'aimait pas non plus me voir avec d'autres garçons. Qu'il était jaloux, lui aussi, même s'il n'a pas dit les termes.
« Je vais fouiller la bibliothèque et...
-Tu comptes le revoir? » Je le coupe.
Harry fronce les sourcils et se tourne vers moi, comme s'il n'avait pas compris. Je ne sais pas si c'est vraiment le cas ou s'il le fait exprès mais, au cas où, je reprends:
« Le mec que t'as embrassé, tu comptes le revoir?
-T'es sérieusement en train de me demander ça?
-Oui.
-Tu parles vraiment que de ce qui t'arrange.
-T'as pas envie de m'en parler?
-Je ne vois pas pourquoi ça serait seulement à moi de parler.
-Je parle aussi, là.
-Non, tu poses des questions. Et figures toi que, moi aussi, j'en ai des questions. »
Harry se rapproche alors un peu plus de moi et je sens mon coeur s'emballer face à cette proximité. Je me demande si le sien aussi lorsque je vois Harry se pincer les lèvres en regardant mon visage, me donnant l'impression de brûler sur place. Mon regard manque de s'attarder sur ses lèvres et il semble le remarquer parce que, tout en regardant les miennes, il me demande:
« Est-ce que tu étais jaloux de me voir avec un autre? »
Il est sérieux là? C'était pas évident? Harry me connaît et il connaît déjà la réponse. Mais je le connais aussi et je comprends que c'est pas deviner la réponse qu'il veut mais me l'entendre le dire. Il veut me voir l'assumer. Je relève alors mon regard vers le sien, parce que regarder ses lèvres m'empêche de réfléchir correctement, et je finis par répondre:
« Oui.
-Pourquoi? » Il reprend aussitôt.
Et, ok, c'est donc là qu'il voulait m'emmener. Vers cette discussion que je refuse d'avoir avec Ambre et avec moi-même. Sauf que je n'arrive pas à répondre. Je ne sais pas si c'est à cause du souffle d'Harry qui s'abat sur mon visage ou si c'est par peur de rendre tout ça réel en me l'avouant, en lui avouant, mais je reste bloqué face à sa question.
Au même moment, on entend des sortes de coups contre une porte et je sursaute violemment près d'Harry qui lâche un léger rire face à ma réaction. Je tourne violemment la tête vers lui, le fusillant du regard mais un sourire trahissant tout de même le coin de mes lèvres.
« J'avais pas envie de venir ici. » Je déclare.
« Et tu ne veux pas répondre à ma question. » Il me répond en s'éloignant.
Je le suis du regard et, alors que je pensais le voir se braquer et s'énerver à nouveau, il continue tout en examinant la bibliothèque:
« Le mec que j'ai embrassé s'appelle Thomas. »
Je fronce les sourcils et lui répond sans faire l'effort de faire semblant d'en avoir quelque chose à faire. Enfin, si, j'en ai quelque chose à faire vu ce noeud qui me serre l'estomac:
« Super, j'en suis ravi.
-Il était ravi de connaître le tient aussi lorsque j'ai décidé de ne pas continuer la soirée avec lui. »
J'ouvre un peu plus les yeux avant de demander bêtement:
« Tu... Tu n'as pas passé la soirée avec lui? »
Harry me regarde entre deux livres avant de secouer négativement la tête. Et je suis obligé de baisser la tête un instant pour cacher le sourire de soulagement qui apparaît sur mon visage. La chaleur brûlante que je ressentais au creux de moi devient déjà plus légère, plus réconfortante. Lorsque je regarde à nouveau Harry, je le vois sourire légèrement également en me regardant.
« Pourquoi tu n'as pas passé la soirée avec lui?
-Pour la même raison que tu ne réponds pas à ma question, j'imagine. » Il me répond, sincèrement.
Son sourire en coin se fait plus timide et ça nous ressemble tellement pas. De nous retrouver à être timides. Peut-être parce que rire à chacun de nos rapprochements nous rappelaient que ce n'était pas sérieux. Que ça ne devait pas être sérieux. Mais je pense que c'est plus fort que nous. Malgré mes peurs. Malgré les attentes d'Harry et ses déceptions.
« Tu m'énerves. » Il lâche malgré son sourire en coin toujours présent.
« Pourquoi? » Je demande innocemment en m'avançant vers lui, restant de l'autre côté de la bibliothèque.
Harry regarde mon visage entre les livres de la bibliothèque et je ne peux m'empêcher de sentir l'atmosphère changer autour de nous. Il y a toujours cette électricité mais elle n'est plus seulement stressante ou pesante. Elle est aussi... je ne sais pas comment dire... attirante? Je ne sais pas. Je sais juste que je regarde Harry et que le manque de cette semaine sans lui et les images de lui et ce Thomas s'embrassant me donne de plus en plus envie de craquer.
« Parce que je m'étais promis de ne pas craquer si facilement si tu revenais.
-Je ne suis pas vraiment revenu. On m'a enfermé avec toi.
-Je rigole pas, Louis. Tu m'as rejeté, et ça m'a vraiment blessé.
-Ça m'a blessé de te voir embrasser ce mec.
-Je pensais que tu t'en fichais.
-Je pensais aussi. » J'avoue en le regardant.
Le regard d'Harry s'ancre dans le mien et je prends une grande inspiration avant de dire ces mors que j'aurais dû lâcher dès le début:
« Je suis désolé. »
Le regard d'Harry m'invite à continuer, ce que je fais donc en tentant d'ignorer ma gorge nouée:
« Je suis désolé de t'avoir blessé. Je suis désolé de t'avoir aussi mal parlé après que tu ai embrassé ce mec. Je suis désolé de t'avoir fais une crise de jalousie alors que tu n'as fais que ce je faisais déjà depuis longtemps. Voir d'autres gars.
-Tu sais, je me suis souvent demandé si je n'étais pas assez pour avoir le droit d'être à leur place, moi aussi. » M'avoue soudainement Harry.
Mon coeur se serre à ses mots. Et, cette fois, c'est plus fort que moi. J'imagine Harry me regarder embrasser ces gars en se demandant ce qu'ils ont de plus que lui. Je l'imagine vouloir être à leur place et mon estomac se met à brûler de désir mais de tristesse aussi. C'est pourquoi j'oublie mes doutes lorsque je fais le tour de la bibliothèque pour lui dire en face:
« C'est plutôt eux qui ne seront jamais assez pour prendre ta place, Harry. Ces gars, c'était toujours seulement le temps d'une soirée. Alors que, toi, la seule raison pour laquelle je ne t'ai pas sauté dessus la première fois que je t'ai vu c'est parce que j'ai compris que tu étais plus que ça. Et que ça m'a toujours effrayé après ma dernière relation où l'amour s'était transformé en quelque chose de malsain. Avec toi, c'est intense, réconfortant et sain à la fois. C'est quelque chose que je n'avais jamais ressenti avant et que j'ai rapidement eu peur de le perdre si je prenais le risque d'y donner encore plus d'importance. »
Je me pince les lèvres et, voyant que Harry me regarde sans me couper, je reprends:
« Puis je t'ai vu embrasser ce mec et j'ai réalisé que ça avait déjà une importance. Que ça en avait toujours eu une. »
Le regard d'Harry se fait plus intense et je ne peux m'empêcher de sentir mon coeur battre un peu plus fort. J'ai juste envie de le prendre dans mes bras, ou qu'il me prenne dans les siens. Juste envie d'être contre lui et de poser mes lèvres sur les siennes que j'ai toujours désiré en secret, même si je le niais. Son regard caresse justement tout mon visage, faisant brûler mes lèvres à son passage.
Puis il détourne le regard en répétant:
« Tu m'énerves vraiment. »
Sauf que, cette fois, ça me fait sourire. Parce que je sais juste qu'il essaie de ne pas craquer trop tôt, par fierté. Alors je m'en amuse encore plus en m'éloignant de lui en haussant les épaules, répondant simplement innocemment:
« Au moins tu sais ce que j'en pense, maintenant. »
Harry relève son regard vers moi. Un regard qui me cri « je veux t'embrasser » et « je vais te tuer » à la fois. Ça me fait encore plus sourire mais, surtout, ça me retourne de l'intérieur. Ce sentiment, je l'ai déjà ressenti toutes ces fois où on a dansé ensemble, où on a flirté, où on s'est retrouvés seuls sur mon canapé. Si je n'avais pas été aussi borné, il y aurait eu plus d'une occasion pour embrasser Harry. Et je regrette d'avoir dû en arriver à le blesser pour le comprendre.
Mais, égoïstement, j'ai l'espoir que ça ne soit pas trop tard non plus.
« Et toi tu sais que je veux une relation sérieuse si c'est avec toi. » Il me répond.
Oui. Je le sais. Et, de toute façon, je ne me voyais pas avoir une autre relation avec Harry après ce qu'il s'est passé et surtout après ce qu'on s'est avoué.
« Tu sais que j'attends qu'une chose, là? » Je rentre dans son jeu.
Harry sourit en coin et hausse les épaules en me répondant:
« Tu sais que j'attends ça depuis un an, moi?
-Ça veut dire quoi, que je vais devoir attendre un an moi aussi?
-Peut-être, qui sait?
-Oh moi je le sais. »
En même temps que je lâche cette phrase, je m'approche d'Harry qui me regarde avec un sourire en coin, son regard retombant rapidement sur mes lèvres. Le mien aussi s'accroche aux siennes et je sens mon coeur battre de plus en plus vite. Mon corps prêt du sien me donne l'impression de brûler et, alors que je viens glisser ma main derrière sa nuque, ses mains viennent s'accrocher à ma taille, me faisant frissonner de la tête aux pieds.
« Tu m'énerves. » Il répète dans un murmure.
« Va falloir s'y habituer. » Je murmure en retour avant d'attraper ses lèvres avec les miennes.
Un gémissement de surprise s'échappe des lèvres d'Harry et il n'en faut pas plus pour sentir mon coeur exploser. Harry me rend passionnément mon baiser et je me colle encore plus à son corps, laissant sa langue passer la barrière de mes lèvres. Nos lèvres qui se séparent à peine pour qu'on reprenne notre souffle avant de s'embrasser encore plus fort la seconde d'après. Je n'avais jamais échangé un baiser aussi intense avant lui. Et je comprends que je peux en devenir très vite accro. Si je ne le suis pas déjà.
« C'est une bonne façon de communiquer aussi, j'avoue. » On entend soudainement dans le talkie.
On sursaute tous les deux à l'entente de la voix de Ambre, mettant fin au baiser par la même occasion. Harry rit contre mes lèvres et je lève les yeux au ciel en sortant le talkie de sa poche afin de répondre à Ambre:
« Toi, je vais quand même te tuer.
-Faudrait déjà que vous vous décidiez à trouver la sortie. » Elle répond.
Et elle n'a pas tort. Je lève les yeux vers Harry et quelle erreur lorsque je le vois s'humidifier les lèvres. Ses lèvres roses, presque rouges à cause de nos baisers. J'ai juste envie de recommencer, encore et encore. Et, vu son regard, je crois qu'il a les mêmes pensées. C'est pourquoi je m'empresse de lui dire:
« Harry, il faut qu'on trouve la sortie. »
Il acquiesce et nous nous mettons alors à la recherches d'indices, nous bouffant du regard dès que l'occasion se présente. Le seul problème c'est que, maintenant que ma colère est redescendue, je suis un peu plus plongée dans le jeu et, surtout, je ne suis pas rassuré. Toujours coincé dans la seconde salle, on arrive à trouver plusieurs énigmes qui font qu'il nous reste plus qu'à trouver un code pour arriver dans la dernière salle. Sauf qu'on ne trouve aucun code.
Et que je sursaute à chaque fois que des coups se font entendre derrière le mur.
« J'ai pas forcément envie de trouver comment y aller, finalement.
-C'est qu'un jeu, Louis. » Pouffe Harry en fouillant de partout.
« Tu viens chez moi ce soir si je trouve ce putain de code? » Je lui demande en haussant les sourcils.
Harry sourit discrètement avant de me répondre:
« Ça dépend le programme.
-Oh je pense t'en avoir donné un avant-goût.
-Quel beau parleur.
-Je ne peux pas draguer mon mec? »
Harry relève son regard vers moi à l'entente de ces derniers mots et son regard est aussi intense que celui que je lui lance. Je sens mon coeur se réchauffer sous son regard et Harry sourit un peu plus. Un sourire dans lequel je peux deviner un énième tu m'énerves silencieux. Il ouvre d'ailleurs la bouche pour me répondre mais on est coupé par Victoire qui m'indique dans le talkie:
« Louis, tu viens de passer à côté du code sans le voir.
-Louis met du temps à voir les choses. » Ne peut s'empêcher de rajouter Harry.
Je lui tend mon majeur, par réflexe, et il rit alors que je lève les yeux au ciel, cachant un sourire en tournant la tête vers la bibliothèque devant laquelle je viens de passer. On l'a vidé et je ne vois aucun code. Je ne comprends pas.
Puis je remarque des clous dans une étagère de la bibliothèque qui sont alignés mais espacés. Il y en a un. Puis un espace. Trois clous. Encore un espace. Deux clous.
« Du morse. » Je comprends à voix haute. « Le code est en morse, Harry. »
Ce dernier vient à côté de moi pour vérifier et je sens mon coeur s'emballer lorsqu'il se met à sourire, passant un bras autour de ma taille tout en me murmurant à l'oreille:
« J'imagine qu'on passe la soirée ensemble, du coup. »
Il dépose alors un baiser sous mon oreille, me faisant frissonner, avant d'aller frapper le code en morse contre la porte qui se débloque. Je m'empresse de le rejoindre et nous découvrons la dernière salle encore plus glauque que les deux autres. Il y a des vêtements d'enfants, un mur avec des poupées crucifiées et un grand miroir. Au mur est accroché un sorte de tableau avec des dates de naissance et des prénoms d'enfants. A côté de chaque noms se trouve une tête de poupée mais il en manque une pour que le tableau soit complet.
On comprend rapidement avec Harry qu'il faut trouver cette dernière poupée.
« Je suis sûr qu'elle est dans le meuble de la première pièce. Il y a un cadenas qu'on a jamais pu déverrouiller. Faut qu'on trouve un code dans cette pièce.
-T'es sexy quand tu trouves toutes les solutions.
-Merci. T'es aussi sexy même si tu trouves rien.
-Je t'emmerde! J'ai trouvé le morse et... »
Harry me regarde, moqueur, alors que je termine ma phrase en marmonnant:
« Et le morse... »
Ne laissant pas à Harry l'occasion de se moquer de moi plus longtemps, je lui dis de se dépêcher parce que j'ai envie de sortir d'ici. A force de chercher et de trouver de faux indices qui sont en fait des pièges, Harry finit par trouver un code au plafond, à l'envers, qui était caché par un manteau. Le code se trouve juste en face du miroir à travers lequel il faut regarder pour l'avoir à l'endroit.
« Ok je vais chercher la dernière poupée. Attends moi ici et cri moi le code. » Me dit Harry.
Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il part déjà de la pièce pour retourner dans la première.
« J'y suis! » Je l'entends me dire.
« OK! Alors... »
Je me penche vers le miroir pour regarder au mieux et commencer à lui citer:
« Cinq! Neuf ! Six! Et le dernier c'est... »
Alors que je suis en train de regarder le dernier chiffre, le sept, à travers le miroir, ce dernier s'avère en fait être une porte d'où en sort soudainement une none. Je sens mon coeur rater plusieurs battements et je me mets à gueuler en courant pour sortir de la pièce:
« Bordel de merde, Harry! »
Je continue de crier jusqu'à la première pièce où Harry s'est relevé pour me regarder, inquiet. Il s'approche de moi, ou peut-être que c'est moi qui fonce sur lui. Tout ce que je sais, c'est que je viens m'accrocher à ses bras en disant:
« Une putain de none. Une putain de none est sortie du miroir. »
Harry éclate alors de rire, malgré le fait que je râle en lui répétant que c'est pas drôle du tout. J'imagine Ambre et Mika se marrer aussi derrière les caméras et, merde, je les emmerde tous! Et ce jeu aussi! Mais j'emmerde un peu moins Harry quand même. Surtout lorsqu'il vient me serrer contre lui, sans pouvoir s'empêcher de rire pour autant.
« A partir de maintenant, on se sépare plus. » Je le menace.
« J'espère bien. » Il répond en souriant discrètement.
Je comprends alors le double sens de ma phrase et ne peux m'empêcher de sourire aussi, lançant un regard rempli de sous-entendu à Harry qui vient déposer un rapide baiser sur mes lèvres avant de me demander:
« Bon, c'était quoi ce dernier chiffre qu'on sorte enfin d'ici?
-Sept. »
Le code est heureusement le bon et on récupère la dernière poupée dont le nom est marqué sur le corps. Je vois Harry ouvrir grand les yeux alors que j'éclate de rire en lui prenant la poupée des mains:
« Ok, le petit Thomas c'est moi qui l'accroche. »
Harry secoue la tête en passant une main sur son front et j'attrape sa main libre pour qu'on retourne dans la dernière pièce ensemble. Hors de question qu'il me lâche maintenant que je sais qu'une none folle alliée peut surgir à tout moment. Heureusement elle n'est plus là lorsqu'on arrive dans la dernière salle et Harry ne me lâche toujours pas lorsque j'accroche le petit Thomas pour finaliser le tableau.
Les lumières se mettent alors à s'éteindre et je sursaute contre Harry lorsque le mannequin d'une petite fille tombe du plafond avec des cris qui résonnent en même temps dans la pièce. Une peluche en tombe également alors que la voix de Victoire se met à résonner à travers le talkie:
« Bravo, vous avez retrouvé la petite Mary mais elle est malheureusement morte.
-Sans blague...
-Vous pouvez emmener la peluche avec vous et la mettre contre la porte derrière vous pour enfin sortir de chez la prêtresse.
-Avec plaisir! » Je lance en prenant la peluche.
Je ne lâche toujours pas la main d'Harry et le tire avec moi, pressé de sortir d'ici. Comme prévu, la porte se déverrouille et nous sortons enfin de cet escape, nous retrouvant dans le salon dans lequel on nous a fait le briefing du jeu.
« On a réussi. » Lance Harry en se tournant complètement vers moi.
« Je crois que j'ai presque apprécié, finalement... » Je réponds en le regardant.
Harry sourit doucement en me regardant, se mordant légèrement la lèvre au passage. Puis, cette fois, c'est lui qui se penche vers moi pour attraper mes lèvres entre les siennes. Je souris à travers notre baiser, me collant un peu plus à lui pour glisser ma main dans sa nuque et approfondir notre baiser.
Puis nous sommes interrompus par nos amis qui arrivent avec Victoire, nous applaudissant. Je lâche Harry seulement à ce moment là, pour attraper Victoire et lui ébouriffer les cheveux tout en répétant que je la déteste. Alors que, en réalité, je lui suis plutôt reconnaissant même si son idée était aussi glauque que ce jeu. Harry insulte Mika de son côté et Victoire nous dit qu'on peut faire une photo avant de partir avec des pancartes où on peut écrire ce qu'on veut.
En fait, il y a deux types de pancartes. Les « j'ai fini en mois d'une heure et... » et les « j'ai fini en plus d'une heure mais... ». Ayant terminés en soixante quinze minutes, Harry et moi prenons chacun une pancarte de la seconde catégorie, terminant la phrase avec un feutre effaçable.
Au moment de poser pour Victoire, nous découvrons la pancarte de l'autre.
Je lis sur celle d'Harry:
« J'ai fini en plus d'une heure mais c'est à cause de lui. Eh! J'ai trouvé le morse!»
Je lui donne un coup d'épaule et Harry rit en lisant la mienne en retour:
« J'ai fini en plus d'une mais j'ai pécho. » Il secoue la tête en riant.
« Quoi? C'est vrai!
-La mienne aussi, c'est vrai.
-Je t'emmerde.
-Tu m'énerves.
-On s'embrasse pour la photo?
-Avec plaisir. »
Victoire prend alors cette photo où on s'embrasse en riant, montrant fièrement nos pancartes.
Et, une fois la nuit tombée, c'est cette photo qu'on continuera de regarder, tous les deux allongés dans mon canapé.
Ne pouvant pas nous empêcher de nous voler des baisers.
Tentant de rattraper ce temps qu'on a perdu.
Mais qu'on était enfin entrain de rattraper.
Cet escape game représente bien notre histoire, finalement.
Même en ayant tous les indices sous notre nez, il nous faut parfois un peu de temps pour les trouver.
Alors on passe à côté, ne voyant pas les heures s'écouler.
Mais ce n'est pas grave.
Parce que, pour Harry et moi, nos mains finiront tout de même par ne plus se lâcher.
...
Et voilà pour ce petit OS qui, j'espère, vous aura plu!
Pour avoir fait l'escape game en question, se faire surprendre par une none c'est vraiment pas drôle...
Je vous souhaite une très belle soirée et encore merci infiniment d'être là!
Plein d'amour.❤️
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