Chapitre 8
Non loin de là, dans la cuisine d'un cottage, une douce et délicate odeur de beignets se dégageait. Ils furent emballés avec soin et déposés devant la maison des Carter.
***
Des sirènes se firent entendre dans la rue d'habitude déserte et sans vie. C'est presque dans cet état que fut retrouvé Alexander Carter ce matin-là. Il a été retrouvé par sa femme qui avait passé la soirée chez une amie et qui venait de rentrer. Heureusement pour lui, il n'avait « que » été empoisonné et allait s'en remettre.
Dans son bureau, Charlie rappela Mrs. Ackers et lui demanda de venir le voir à la maison d'édition prétendant qu'il était intéressé pour publier les carnets de Clarissa mais qu'il y avait quelques détails à régler. C'était un demi-mensonge, puisque même s'il ne souhaitait pas les publier, il lui manquait des informations et pas uniquement celles dont Jane avait besoin. Judith Ackers arriva à la maison d'édition deux heures plus tard. Elle fut reçue par Charlie qui avait prévenu sa secrétaire de sa potentielle arrivée.
- Bonjour, Mrs. Ackers. Asseyez-vous, dit Charlie en pointant la chaise en face de lui.
- Bonjour, vous vouliez me voir par rapport à l'édition des journaux ? Vous avez changé d'avis ? Demanda-t-elle en s'asseyant.
- Tout à fait. En revanche, je n'avais jamais dit que je ne publierais jamais ces écrits, je n'avais juste pas encore eu le temps de me pencher dessus la dernière fois que vous êtes venue. Bon, en lisant les journaux, je me suis rendu compte qu'il en manquait un. Le deuxième finit en 2000 et le troisième reprend en 2010. Est-ce normal ?
- Vous insinuez qu'il manque du contenu, que je ne suis pas capable de savoir ce que je veux publier ou non ? répondit Mrs. Ackers sur la défensive.
- Tout le monde fait des erreurs, tenta Charlie.
- Oui, et dans le cas présent je n'en ai pas fait, dit-elle d'un ton sec.
- Je vous crois sur parole. Désolé de vous avoir dérangée, ce sera tout pour moi, puisque que ce sont des journaux écrits et qu'il faut les taper numériquement, l'édition prendra un peu de temps. Passez une bonne journée.
A ces mots, il se leva, elle fit de même et il la raccompagna vers la sortie. Une fois Mrs. Ackers partie, Charlie se rassit à son bureau et soupira. Il était persuadé que quelque chose ne collait pas, cette femme était beaucoup trop sur la défensive et avait des secrets.
Au même moment, Jane venait de retrouver Francesca dans un café. Cette dernière semblait surexcitée.
- Salut ! Ça va ? Tu ne devineras jamais ce qui m'est arrivé ces derniers jours ! Dit Francesca.
- Tu m'as l'air très heureuse, raconte-moi tout ! Répondit Jane
- Oui ! J'ai été mutée dans un des labos de la police scientifique qui couvre Bath et environs.
- Trop bien ! Félicitations ! C'est ce que tu as toujours voulu faire.
- Et en plus, je vais pouvoir t'aider dans ton enquête. Je sais que je ne suis pas censée te donner des informations, mais si ça peut t'aider à trouver qui a tué ta voisine, je le ferai avec plaisir.
- C'est très gentil, mais évite de te faire choper, ce serait dommage de se faire virer à cause de ça
- T'inquiètes pas pour ça, sourit Francesca.
Les deux amies finirent leurs boissons respectives puis se rendirent dans le parc le plus proche pour faire une petite promenade. En passant devant un kiosque, un des journaux attira l'œil de Jane qui s'arrêta pour regarder la une. « Tentative d'assassinat à Cloudbridge ». Elle acheta le journal sans réfléchir. C'était le journal local qui normalement ne couvrait que des faits inintéressants. Elle alla s'asseoir sur le banc le plus proche sans se préoccuper du regard interrogateur de Francesca. Elle ouvrit le journal et le feuilleta frénétiquement jusqu'à tomber sur l'article qui l'intéressait. Quand elle se rappela que son amie était là, elle lui expliqua qu'elle n'était pas au courant de ce nouvel évènement qui changeait tout. Elle lut l'article à voix haute et réalisa qu'elle n'aurait pas plus d'informations que le fait qu'Alexander Carter avait été empoisonné en mangeant des beignets. Drôle de façon d'empoisonner quelqu'un, ce meurtrier était décidément quelqu'un de créatif.
- C'est quand même assez créatif de tenter de tuer quelqu'un avec des beignets, non ? Questionna Jane.
- Honnêtement ? Oui et non, répondit Francesca. Je m'explique. C'est précisé dans l'article ce qui a empoisonné ton voisin ?
- Non.
- Le beignet en lui-même était inoffensif sauf si ton voisin était allergique à un des ingrédients. J'en mets ma main à couper que c'était dans le fourrage. Je croyais que tu lisais beaucoup d'histoires policières et c'est hyper commun que la nourriture soit empoisonnée.
- C'est vrai... mais qui laisse des gâteaux sur le pas de la porte comme ça ? Si ça se trouve, c'était un dommage collatéral. Les beignets auraient pu être destinés à n'importe quel membre de la famille Carter.
- T'as raison et surtout pourquoi est-ce que Mrs. Carter n'a pas été empoisonnée ?
- Réponse facile, cette femme n'est jamais là, je me demande même si elle existe parfois.
- Si tu le dis...
Après une longue discussion et promenade, les deux jeunes femmes se séparèrent et rentrèrent chez elles. Jane retrouva Charlie qui lui fit part de son entretien plus que déconcertant avec Mrs. Ackers et Jane lui montra la une du journal local. Jane se mit en tête de mener l'enquête sur Judith Ackers qui a des secrets à cacher mais également sur Mrs. Carter, aussi surnommée la femme invisible.
Quelques jours plus tard, Jane était dans un buisson en train d'espionner la maison des Carter en espérant que Audrey Carter apparaîtrait. Rien ne se passa pendant plusieurs heures jusqu'à ce qu'une voiture se gare devant la maison. Une femme plutôt âgée vu la couleur de ses cheveux. Elle portait un sac à main et avait un style vestimentaire qui ressemblait à celui des années 70. Elle frappa à la porte. Depuis le buisson, Jane ne voyait plus très bien la scène car la porte d'entrée était légèrement excentrée par rapport à son champ de vision. En revanche, elle entendit la porte s'ouvrir puis le son d'une voix féminine parler. Les deux femmes ne restèrent pas longtemps dehors et entrèrent dans la maison. Une preuve que Mrs. Carter existait bel et bien car à la connaissance de Jane, la famille n'embauchait personne. La discussion ne s'éternisa pas et la femme sortit de la maison des Carter environ trente minutes plus tard. Elle semblait satisfaite. Jane se demandait qui était cette femme car elle ne l'avait jamais vue auparavant dans le voisinage donc elle savait que ce n'était pas quelqu'un qui habitait à Liberty Street. Jane nota dans son carnet la description de la femme qu'elle venait de voir, elle préférait écrire des informations qui semblaient sans importance plutôt que d'en oublier et le regretter plus tard. Jane s'assura que personne ne regardait et que personne ne se trouvait dans la rue pour sortir de sa cachette et rentrer chez elle.
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