Chapitre 12

Le carnet bleu était ouvert et était posé à côté d'un ordinateur portable. Une bougie parfumée à la vanille éclairait légèrement la pièce ainsi qu'une petite lampe de bureau qui dégageait une lumière tamisée. Le bureau était jonché de feuilles avec énormément de modèles et de tentatives de calligraphie. L'imprimante se déclencha avec un grand bruit.

***

Jane rentra de son voyage et fut surprise de savoir que beaucoup de choses s'étaient passées pendant son absence. Charlie avait rendez-vous avec Judith Ackers ce jour-là. Il avait aussi raconté dans les grandes lignes à Jane qu'Andrew Johnson était passé chez eux et qu'il voulait la voir, il lui transféra le peu de notes qu'il avait de la conversation en espérant qu'il avait le plus important et lui donna le numéro de téléphone d'Andrew. Puis, les deux se séparèrent, Jane resta à la maison tandis que Charlie partit à la maison d'édition. Une fois seule, Jane s'assit dans le salon et regarda la petite note que Charlie avait écrite. Cela ne l'avança par vraiment, car c'était assez vague mais elle supposa qu'Andrew avait omis certains détails pour aller plus vite. Elle enregistra le contact dans son téléphone et lui envoya un message pour lui dire qu'elle était rentrée et qu'elle était disponible pour le voir quand il voulait. Elle reçut une réponse une petite heure plus tard et Andrew lui proposa de venir dans la demeure victorienne pour en parler. Jane arriva devant la porte de la grande maison et sonna. Elle fut accueillie par Andrew Johnson mais aussi son père. Ils s'installèrent dans le salon et Mr. Johnson sortit un papier d'un tiroir puis le tendit à Jane.

- Voilà ce que j'ai reçu la dernière fois. Ce qui m'a surpris c'est que l'expéditeur savait que j'étais à la maison, déclara Henry Johnson, et je trouve ça plutôt effrayant. Si je ne savais pas que vous et Charlie enquêtiez, je vous aurais directement soupçonné, enfin vous savez, vu que vos fenêtres ont vue directe sur notre maison, continua-t-il un peu gêné.

- Je comprends totalement, j'aurais pensé la même chose à votre place, répondit Jane., bon, de quoi s'agit-il ?

Elle déplia la lettre et commença à lire.

- Une histoire de tromperie ? Et je suppose que vous n'en aviez aucune idée soupira-t-elle.

- Pour moi cette histoire est inventée ! Je m'en rappellerais si j'avais vu ma mère enceinte quand j'étais petit ! Rétorqua Andrew.

- J'aurais vu ma femme changer, ce n'est pas possible. Ajouta Mr. Johnson.

- Imaginons que ça se soit passé, et que ce n'est pas inventé. La lettre mentionne que cette affaire aurait eu lieu à l'aube des années 2000. Je suppose que c'est difficile de se souvenir de ce qu'il s'est précisément passé.

- En 2000, j'étais en pensionnat, je partais en septembre et je rentrais en juin voire début juillet, réfléchit Andrew, en plus j'avais 10ans, pas plus.

- Je travaillais sur des grosses affaires, je n'ai plus de souvenirs précis, juste que malheureusement je priorisais ma carrière professionnelle par rapport à ma vie personnelle.

- Bon, si je résume, Andrew, tu n'étais presque pas là et vous Mr., vous ne deviez pas souvent être là. Et, est-ce-que ce n'était pas la période où Mrs. Johnson travaillait chez les Campbell ?

- Maintenant que tu le dis, si ! C'est pour ça que j'allais en pensionnat ! Papa n'était pas là et maman travaillait à plein temps pour la famille de Grace ! D'ailleurs, elle est insupportable comme voisine.

- Elle s'est calmée, mais ce n'est pas le sujet, dit Jane.

- Donc, si je comprends bien, cette histoire serait vraie ? Demanda Mr. Johnson choqué.

- C'est une possibilité.

- Mais avec qui est ce qu'elle m'aurait trompé ?

- Ça, je ne peux pas vous le dire, mais j'ai une hypothèse.

- Laquelle ?

- Je ne sais pas, je vous tiendrai au courant, il me reste encore quelques questions sans réponse mais je tiens une piste. Merci de m'avoir informée, je dois rentrer maintenant, j'ai encore des choses à faire.

Jane se leva et prit congé. Sur le chemin, elle contacta Francesca et lui demanda de regarder quelque chose dans les archives pour elle. En rentrant, elle se posa beaucoup de questions et espéra que Charlie avait pu programmer un entretien avec Judith Ackers car cette femme en savait plus que ce qu'elle ne laissait paraître. Lorsque Charlie passa la porte de leur maison, il avait l'air extrêmement satisfait et heureux. Il raconta alors à Jane qu'il verrait Mrs. Ackers à la première heure le lendemain. Jane lui résuma ce qu'elle avait appris et se dit que cet entretien apporterait beaucoup de réponses.

Le lendemain, à la maison d'édition, Charlie attendait impatiemment l'arrivée de sa cliente. Quand Judith Ackers fut annoncée par sa secrétaire, Charlie se leva pour aller l'accueillir.

- Bonjour, merci d'avoir pu venir.

- Bonjour, merci de me recevoir, je suppose que c'est pour parler de l'édition des livres ?

- Oui, exactement. J'ai entendu dire qu''Audrey Carter allait écrire une pièce de théâtre inspirée par la vie de Clarissa Johnson. Or, nous avons le matériel nécessaire, les journaux intimes en notre possession, donc comment expliquez-vous que Mrs. Carter puisse écrire quelque chose sur un sujet qui nécessite des ressources qu'elle n'a pas ?

- La question que je me pose, c'est comment avez-vous eu cette information, répliqua Mrs. Ackers.

- Répondez à ma question. Pour répondre à la vôtre, c'est en rentrant chez moi que j'ai entendu dire ça.

- Comme vous le savez probablement puisque votre copine fourre son nez de partout, Clarissa était ma meilleure amie.

- Ne rajoutez pas ma copine dans votre histoire, elle ne vous a rien fait.

- Oui, enfin bref, Clarissa écrivait beaucoup et quand j'ai hérité de ses journaux intimes, j'ai décidé de les copier pour aussi en avoir une copie en souvenir.

- D'accord, et la volatilisation du troisième carnet ?

- Alors, c'est là que ça se complique. On me l'a volé.

- Volé ?

- Oui, je l'avais posé sur mon bureau avec les autres pour les photocopier et en me réveillant, un seul avait disparu. Je n'ai pas compris pourquoi et c'est ce jour-là que j'ai décidé de les amener à la maison d'édition pour qu'ils soient publiés au plus vite et espérer retrouver le voleur.

- Si je comprends bien, vous étiez sur le point de photocopier les journaux, sauf que le troisième a été volé dans la nuit et vous vouliez le retrouver donc vous avez photocopié les journaux restants avant de me les amener.

- C'est exact.

- Mais pourquoi ne pas avoir contacté la police ?

- Parce qu'ils ne sont pas efficaces.

- Quand-même !

- C'est vrai que j'ai peut-être fait une erreur.

- Enfin bref, pourquoi avoir aussi contacté Audrey Carter ?

- Je pensais que si elle écrivait une pièce à succès en deux parties, alors le carnet serait retrouvé ! Je tiens à ce carnet car il contient des informations que très peu de gens ont.

- D'accord, merci d'être venue répondre à mes questions.

Une fois chez eux, Jane et Charlie firent le point sur ce qu'ils avaient appris pendant leur journée. Aux alentours de 21h, la sonnette de la maison retentit. Jane et Charlie se regardèrent, ils n'attendaient personne à cette heure-ci. Ils regardèrent à travers l'œilleton et virent Alexander Carter sur le seuil de la porte puis ouvrirent.

- Bonsoir, désolé de vous déranger, mais je crois que je sais qui est le coupable, déclara-t-il.

Jane et Charlie firent entrer leur invité et ils s'installèrent dans le salon. Au moment où Alexander Carter allait commencer son récit, le téléphone de Jane sonna. Elle s'excusa et alla répondre. C'était Francesca.

- Salut ! Désolée de t'appeler si tard mais j'ai des nouvelles pour toi ! Tu te rappelles l'info que tu m'as demandé de vérifier hier ? J'ai la réponse, j'ai été bien occupée alors je ne pouvais pas faire avant, j'ai fait comme j'ai pu. Enfin plutôt mon collègue, je ne suis vraiment pas une experte en informatique. Bref, réponse courte oui. Je crois que tu peux réduire ta liste de suspects ! J'ai même une info complémentaire qui pourrait t'être utile ! S'exclama-t-elle.

- Salut ! Attends, Mr. Carter est chez moi, il pense savoir qui a commis le crime, alors je le laisse me raconter sa théorie et ensuite je te dis pour savoir si ça concorde avec ce que tu es sur le point de me dire !

- Je veux savoir ! Si tu te trompes, je te le dirai, mais me tairai pendant son explication !

- D'accord, mais promis, zéro bruit, soupira Jane.

Elle rangea son portable dans sa poche puis rejoignit les autres dans le salon.

- Désolée, dit-elle, une amie qui avait quelque chose d'urgent qui ne pouvait pas attendre. Racontez-nous tout Mr. Carter.

- Oui, alors par où commencer... je crois que c'est ma femme.

- Votre femme ?

- Qu'est-ce-qui vous fait dire ça ?

- Et bien, elle a découvert un secret que je gardais depuis des années. C'est une longue histoire, mais pour faire simple, Max est mon fils et celui de Clarissa.

La révélation laissa Charlie et Jane bouche-bée. La contenu de la lettre était bel et bien réel ! L'expéditeur était le coupable et savait !

- Mais... comment l'avoir caché ?

- Ça a été très compliqué, Clarissa et moi nous sommes rencontrés quand elle travaillait encore pour les Campbell et son mari lui manquait. Alors, elle l'a trompé avec moi, sauf que, elle a découvert qu'elle était enceinte quelques mois plus tard, a démissionné et est allée vivre chez Judith. Une fois Max né, je l'ai confié à mon frère et quand j'ai rencontré Audrey quelques mois après sa naissance, je l'ai convaincue d'adopter Max en prétextant que mon frère ne pouvait pas assumer la garde de son fils. Et c'est passé.

- Donc, vous êtes aussi en tort dans cette histoire. Mais ça ne justifie pas tout. Pourquoi votre femme ?

- Parce qu'elle a découvert la vérité et qu'elle m'en voulait et qu'elle est extrêmement dramatique et en plus, elle adore mettre en scène des crimes.

- Ça colle, mais il y a plus que ça, c'est totalement disproportionné de commettre un meurtre et de faire une tentative de meurtre pour une histoire qui a plus de vingt ans, déclara Charlie abattu.

- Ce n'est pas à moi qui faut dire ça.

Alexander prit ses affaires, remercia le couple et sortit de la maison en espérant qu'il ne se soit pas trompé. Jane reprit son téléphone et le mit sur haut-parleur.

- Alors, t'en as pensé quoi ? Demanda-t-elle. A côté, Charlie secoua la tête, évidemment que Francesca serait au téléphone.

- J'en pense, que c'est une bonne théorie. Sauf que j'ai découvert quelque chose d'intéressant la dernière fois. Il y a quelques temps, on a reçu au labo des échantillons de la scène de crime. Et il y avait une substance sur la table, de l'encre. Pas n'importe laquelle, celle utilisée par les imprimeries dont celle qui imprime le Daily Mail. Eclairée maintenant ?

- Non ! C'est Max !!

- C'est sûr, maintenant, bon courage pour lui faire avouer.

- J'ai une idée, mais j'ai besoin de ton aide, enfin besoin que tes collègues l'arrêtent. Demain.

- D'accord, donne-moi plus de détails par messages mais ça devrait pouvoir se faire.

- Satisfaite, Jane raccrocha. Elle arborait un grand sourire et Charlie la regarda se demandant quel plan farfelu ou démoniaque lui était passé par la tête. Elle s'empressa d'inviter tout le monde à manger le lendemain chez eux.


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