6› je t'emmène en balade

9 DÉCEMBRE

- Tes chaussures sont vraiment hyper crades.

- Oh, salut Ana. Tu m'espionnais ?

- Je voulais voir si tu parlais tout seul.

- Et je le fais ?

- Non, tu marmonnes seulement des choses incompréhensibles. En tout cas je suis trop loin pour entendre.

- C'est rassurant. Cela dit, c'est mal d'espionner les gens. C'est une violation de la vie privée et la raison pour laquelle je ne m'adonne pas à cette activité pourtant plaisante.

- Quel honnête homme tu fais !

- N'est-ce pas ? J'ai développé cette nouvelle qualité récemment.

- Je comprends. Puis tu t'es fait renvoyé d'un lycée quand même, c'est comme la prison, ça te change n'importe qui.

- Ce ton ironique m'avait manqué.

- Je sais.

- ...

- Ça fait combien de temps que tu es suspendu ?

- Mmh... Exactement dix minutes.

- Ça tire sur les bras ?

- Un peu. Mais je suis habitué.

- Et dire que tout ça me semble normal, maintenant.

- Tu vois, je te l'avais dit.

- ...

- ...

- Eh, tu fais quoi ? Putain, doucement, tu veux mourir ou quoi ?

- Je te parle sans te regarder, ce n'est pas poli. Il faut juste que... Il faut juste que j'arrive à me retourner !

- Tu es vraiment taré c'est pas poss - ah mais accroche-toi bien bordel ! J'ai pas envie de te sauver la vie, aujourd'hui.

- Ah, tu penses toujours qu'une personne qui tombe dans l'eau à trois mètres de haut peut mourir ? C'est beau, l'innocence.

- La ferme ! C'est juste qu'à gigoter comme ça, tu me fais peur.

- Encore plus adorable. Et non, ne dis rien, je suis prêt à parier que tu m'envoies actuellement un regard noir.

- Le truc c'est que tu ne peux pas vérifier parce que tu n'es même pas foutu de faire demi-tour.

- C'est moi ou tu me lances un défi ?

- Mes paroles ; ton interprétation.

- Et bien je l'interprète comme un défi.

- Si tu tombes je ne serais pas responsable.

- Non assistance à personne en danger, tu connais ?

- Je sais pleurer sur commande, je pourrai leur faire croire ce que je veux.

- Je savais que tu étais sournoise mais alors là ! Bon sache que j'ai l'âme d'un compétiteur. Je relève le défi. Observe l'artiste et apprend.

- Je n'ai jamais dit que -

- Ah ! J'ai une crampe, aide-moi !

- Quoi ? Comment ? Tu as... Putain, tu te fous de ma gueule.

- Oui.

- Quel connard ! Tu joues avec mes sentiments, c'est injuste, merde !

- Oh, on en est déjà là tous les deux ?

- Crève.

- ...

- ...

- Sois positive. Au moins, maintenant on peut avoir une conversation digne de ce nom et agir comme des gens civilisés qui ont le visage de l'autre sous les yeux pendant qu'ils échangent.

- Mon visage t'emmerde lui aussi.

- Je suis desolé. C'était de mauvais goût, et dangereux. Tu aurais pu faire une crise cardiaque, j'ai mis ta vie en danger. Je te présente mes excuses, à toi de les accepter ou pas.

- Va te faire foutre. Tu me prends pour une gamine faible qui flippe pour un rien, en fait ?

- C'est toi qui l'a dit.

- OK. Donne-moi un défi.

- J'attendais que tu me le demandes.

- Allez ! Maintenant.

- ...

- Allez, donne-moi un putain de défi. Je suis prête !

- Viens avec moi.

- Quoi ?

- Viens te suspendre au pont avec moi.

- Putain. J'aurais dû m'en douter.

- Tu aurais dû, ouais.

- D'accord. Mais laisse-moi me préparer psychologiquement à l'éventualité de la mort. En plus, j'ai le vertige. Même à trois mètres.


- Si ce que tu dis est vrai, tu feras preuve d'énormément de courage en me rejoignant. Bien plus que moi, qui n'ait ni le vertige, ni peur de mourir.

- Je n'ai pas peur de mourir non plus.

- Alors viens.

- J'arrive.

- Tu es déjà sur le pont ?

- Oui. Et ta voix résonne d'ici, pas besoin de crier.

- OK. Je te prie de bien vouloir écouter attentivement les instructions de l'artiste, maintenant.

- Quel artiste...

- Concentre-toi. La mort peut-être au bout du chemin.

- Très drôle. Bon, tes instructions, tu les craches ou quoi ?

- Elles sont en réalité très simples. Il y a une barre en fer qui parcours​ le pont de chaque côté, tu vois ?

- Comme celle où tu es suspendu ?

- Exactement.

- Je la vois.

- Bien. Tu n'as plus qu'à trouver un moyen de l'atteindre.

- Attends, c'est ça tes instructions ? Sérieusement ?

- Elles sont assez libres, c'est vrai. C'est... Disons une façon d'envisager les choses pour laisser aller la créativité.

- Créativité de mon cul, ouais ! Attraper cette barre ? Mais c'est impossible. Ça voudrait dire que je dois me suspendre à la pierre qui n'adhère absolument pas, en arrière en plus, et faire passer mes jambes au-dessus de la barre pour ensuite me retrouver en cochon-pendu ? Déjà, j'en suis physiquement incapable et puis, ce serait mourir trois fois.

- C'est comme ça que je fais. Mais souviens-toi de ta créativité qui ne demande qu'à s'exprimer ! Je suis sûr que tu peux trouver un autre moyen.

- Attends, mais tu es un bodybuilder super flexible ou quoi ? Comment tu fais ?

- Tu as vu ma silhouette ? Je suis tout sauf un bodybuilder. J'ai juste pas peur. Et avec la confiance, tu peux tout faire, crois-moi.

- Je n'ai pas la confiance, je fais comment ?

- Tu y réfléchies longuement et si ça ne suffit pas, tu demandes l'aide de quelqu'un.

- ...

- ...

- Je n'ai pas besoin d'aide.

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