4› tu dis des choses avec ta bouche

8 DÉCEMBRE


- Hey.

- Oh. Salut.

- ...

- Je savais que tu reviendrais.

- Ah oui ? Je suis si prévisible que ça ?

- Non, c'est pas toi, c'est moi. Je suis trop irrésistible, tu ne pouvais pas ne pas revenir.

- Oh, pardon, c'est vrai. J'avais oublié.

- Tu es pardonnée.

- ...

- ...

- Est-ce que tu as mon...

- Ton manteau ?

- Oui. Mon manteau.

- Oui, je l'ai ! Juste là, au fond de mon sac. Tiens. Tout beau, tout propre, tout sec ; ne me remercie pas. Il y a juste l'odeur qui n'est pas top, mais je t'assure que ça va.

- Merci. Mais - ah ! c'est quoi cette odeur ? Il pue carrément, mon dieu !

- Oui, il pue, c'est horrible.

- ...

- ...

- ...

- Tu veux un chewing-gum ?

- Non merci.

- Mais ils sont à la banane, tu veux pas goûter ?

- Qui achète des chewing-gums à la banane de nos jours ?

- Moi, au moins. Regarde comme ils sont... Jaunes. Ça te tente pas, t'es sûre ?

- Je t'assure que ça va.

- Mais...

- Bon OK ! File-moi un chewing-gum à la banane et on en parle plus.

- Ah, enfin.

- ...

- ...

- C'est vraiment dégueulasse. Tu en manges combien par jour ?

- C'est la première fois que j'en achète.

- Ah.

- ...

- Mais alors... Pourquoi tu as acheté des chewing-gums à la banane ?

- J'attendais que tu me poses la question.

- Tu es vraiment dingue.

- Comme tu l'as dit, personne n'achète de chewing-gums à la banane. Ils étaient moitié prix et je n'avais jamais goûté. Voilà la petite histoire.

- Très intéressant. 

- Ouais.

- ...

-...

- Parle.

- Pourquoi ?

- Je n'aime pas les blancs.

- Tu es raciste.

- Oh, ferme-la.

- Pourquoi tu n'aimes pas les blancs ?

- Je sais pas, c'est gênant.

- J'adore les blancs. J'adore gêner les gens. Et ça marche hyper bien avec toi. Un petit clin d'œil et je ressens ton trouble.

- Tu ne m'as jamais fait de clin d'œil. Alors ferme-la.

- Mais si je la ferme, il y aura un blanc, et comme tu n'aimes pas les blancs, tu me redemanderas de parler. Tu te contredis beaucoup, la fille charmante et chiante avec les mots.

- ...

- Merci ! J'adore ce moment où le silence suffit à confirmer que j'ai raison. Tu ressens cette vague de puissance qui s'abat sur moi ? Attention, recule, tu vas te faire éclabousser, et ton manteau va encore se...

- Mais oh, tu m'énerves ! Ferme-la une bonne fois pour toute.

- ...

- ...

- ...

- Et voilà que tu as décidé de vraiment la fermer.

- ...

- Arrête avec ce sourire mesquin.

- ...

- D'accord, je vais prendre sur moi, relancer la conversation et arrêter de me plaindre de tes... attitudes.

- ...

- Tu t'appelles comment ? D'habitude, c'est le premier truc qu'on sait sur une personne, mais là... Non, vraiment, j'ai aucune idée du prénom que pourrait porter un énergumène comme toi.

- Le prénom ça ne veut rien dire.

- Quoique, je parierais sur un prénom avec pleins de voyelles, hyper Tumblr, un qu'on entend jamais avec une signification stylée et pas du tout surfaite derrière.

- Alors c'est ça que je t'évoque ?

- Plus ou moins, oui.

- Eh bien figure-toi que tu as tout faux.

- Me dis pas que tu t'appelles Mathieu ou Lucas.

- Peut-être. Devine.

- Hors de question. Dis-moi.

- Euh... Non.

- Allez !

- ...

- Dis-moi !

- Je jubile, là.

- Tu m'énerves.

- C'est frustrant, non ?

- Arrête de te foutre de moi !

- J'adore me faire désirer. Et ça arrive tellement souvent...

- Bien, ne me dis-pas. Je t'appellerai le taré philosophe et suicidaire et ça ira très bien.

- ...

- ...

- Zach.

- Zach ?

- Oui, Zach.

- Tu t'appelles Zach ?

- Je m'appelle Zach.

- C'est pas très Tumblr ni extrêmement stylé et il n'y a qu'une voyelle. Une signification particulière ?

- Sanglier, je crois. Je suis pas sûr.

- Ah.

- Ouais. Déçue ?

- Non, c'est cool. Au moins, tu n'es pas cliché. Et moi, je m'app...

- Non, tais-toi !

- Quoi ?

- Ne me dis pas.

- Mais j'allais juste dire que je m'appelais...  

- Non, non ! Chut ! Je veux pas savoir ton nom !

- Oh, tu ne veux pas savoir comment je m'appelle ? Encore un truc de taré philosophe et suicidaire j'imagine...

- Promets-moi que tu ne me le diras pas tant que je ne t'y aies pas autorisée.

- Oui, Robert, je te le promets. Et je vais te chercher un café aussi pendant que t'y es ?

- J'aime l'idée de ne pas savoir ton prénom. Comme ça, tu restes un mystère et je peux t'imaginer avec le prénom que je veux. Gertrude, Claude, Pascaline... Tous ces prénoms qui t'iraient tellement bien.

- Très drôle. Mais c'est pas toi qui a dit il y a genre deux minutes que les prénoms ne voulaient rien dire ?

- Si. Mais là, c'est différent. Je ne veux pas t'associer à ton prénom.

- Pourquoi pas ?

- C'est moins cool.

- Superbe justification.

- Je sais.

- ...

- ...

- Je m'appelle Ana !

- Non !

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