40.2 - Qui nous sommes
— Ah, qu'est-ce que j'ai ri !
Les tribunes du théâtre en plein air se vidaient ; alors que l'essentiel du public avait déserté la place, les artistes rangeaient leurs costumes, fiers de leur performance. Le jour avait baissé et des rubans mauves se déployaient dans le ciel crépusculaire.
Les visages d'Hildegarde et Kreg exprimaient une joie repue.
— On devrait sortir ailleurs qu'à la taverne des fois, décida le guerrier. Je pensais pas qu'on pouvait se taper des barres comme ça au théâtre. La seule pièce que j'ai vue, c'était pour faire plaisir à une fille pour un rencard et je me suis ennuyé à mourir.
— La bibliothécaire ? devinai-je.
— Toi, lança-t-il en m'envoyant une chiquenaude sur la tête, tu es un peu trop observatrice pour ton bien !
Plus tôt, alors que nous musardions dans les allées de la ville, les employés du théâtre avaient soldé leurs derniers tickets à tue-tête. Kreg et Hildegarde m'avaient tirée bon gré mal gré jusqu'à la pièce, une comédie à propos d'une jeune femme gauche et timide, amoureuse de son nouveau voisin. Pour conquérir le bellâtre, elle avait recours à un livre magique qui promettait des conseils de séduction. La malheureuse passait par toutes sortes de situations rocambolesques et qui avaient fait hurler le public de rire. Si je ne m'étais pas prêtée au jeu, cette histoire avait au moins eu le mérite de me divertir.
Deux jours étaient passés depuis mon réveil. Hildegarde ne me quittait pas d'une semelle et nos journées n'étaient que jeux et flâneries. Mes contacts avec Seth, qui m'évitait comme la peste, avaient été rares et laconiques.
— Je sais pas vous mais pendant toute la pièce, j'ai eu l'impression d'un déjà vu avec le personnage de Ciceron. Maintenant je sais qui il me rappelle... Notre cher bouffon !
— Vixe ? s'étonna Hildegarde avant de partir d'un grand rire. Oh oui, maintenant que tu le dis ! Ses petites manières et ses manigances qui tombent à l'eau. C'est Vixe, le chapeau à plumes en moins !
Mon sourire, déjà fragile, s'effaça de mon visage. Je fis mine de m'intéresser aux globes de lumière pâle qui s'éclairaient sur notre passage. L'évocation de Vixe me mettait mal à l'aise.
Un courant d'air charria une odeur de friture et Kreg, dont le ventre n'avait cessé de gargouiller toute l'après-midi, s'éclipsa en direction du kiosque d'un marchand ambulant.
Hildegarde et moi restâmes seules. Au bout d'un long moment, elle se décida à prendre la parole :
— Tu as l'air de toujours en vouloir à Vixe. Ça fait longtemps que je ne t'ai pas entendue prononcer son nom.
— Je ne sais pas... C'est compliqué.
— Tu veux en parler ?
Je me frottai les bras. Des personnes âgées jouaient aux boules sous un pavillon à la lueur d'un lampadaire ; on entendit le bruit sourd d'un nouveau lancer sur le sol.
— C'est simplement que... j'étais tellement persuadée qu'on était amis, expliquai-je du mieux que je pus, regrettant de ne pouvoir me confier davantage. Il a été mon complice tellement de fois, je lui ai tout raconté quand lui a... On va dire qu'il a tu beaucoup de secrets. Il m'a même menti sur certains points.
Hildegarde regarda pensivement le dos de Kreg qui prenait les commandes avec une gaieté insouciante. Sa figure de guerrière était empreinte de son flegme habituel.
— Et puis, poursuivis-je, je me demande si ma réelle identité – que je sois la fille de Tartoth, j'entends – n'a pas gâché notre relation. Je ne peux pas m'empêcher de penser que, peut-être, il me fréquente par intérêt...
Cette fois, elle fronça les sourcils.
— Il t'a vraiment menti ou c'est une supposition de ta part ?
— Non. Il m'a menti.
Autour de nous, les marchands commençaient à fermer boutique. Un couple de jeunes personnes baissa une grille avant de s'en aller bras dessus bras dessous, enlacés amoureusement. Hildegarde réfléchit.
— Vixe t'adore. Il a tout le temps envie de te parler, de partager avec toi ses découvertes – même, entre nous, dépourvues d'intérêt. Depuis le début, il est collé à tes basques, et ça n'a rien à voir avec le Cristal ou la Bansidhe ou... tu sais qui, dit-elle sans oser prononcer le nom de Tartoth. Je ne sais pas à quel sujet il t'a menti, ni pourquoi, et je ne demande pas à le savoir si ce ne sont pas mes affaires, mais ça m'étonnerait qu'il joue un rôle. Au contraire, j'ai rarement vu quelqu'un d'aussi frontal. Même au point où ça en devient perturbant parfois...
Ma poitrine se réchauffa. Plus sûrement que la rancœur, c'était le manque qui me dévorait.
— Difficile de ne pas s'attacher à lui, hein ? dis-je doucement.
— Ça m'embête de l'admettre mais oui. Cet imbécile est doué pour se faire aimer.
Ses lèvres s'étirèrent dans un rapide sourire.
— Tu devrais lui parler en rentrant, me conseilla-t-elle tout en posant sur moi son regard de platine. Vous étiez comme les deux doigts de la main. Je suis certaine qu'il s'excusera et que tout rentrera dans l'ordre.
Mon regard quitta le tournoi de boules, longea l'allée encadrée de maisons de pierre, dépassa les derniers toits qu'effaçait l'obscurité tombante, et je songeai à la vie qu'il y avait derrière ces murs de confort. Ou plutôt l'absence de vie. La cicatrice toute fraîche à mon front me démangea.
— Est-ce que tu te souviens du jour de chasse avant qu'on parte pour Sintu ? Quand il a fait remarquer que les flèches sur le cadavre du chien noir avaient l'air de flèches des Faucons ? Depuis ce qui s'est passé à l'avant-poste, j'y repense tout le temps...
— Kaly, c'est indéniable qu'Azelor nous a aidés et je lui en suis reconnaissante. Vraiment. Il m'a offert la distraction dont j'avais besoin quand je me battais contre la chimère. Mais les preuves ne vont pas dans son sens. Chaque jour, il y a des créatures marquées par eux qui sèment la terreur ! À moins que quelqu'un s'amuse à leur faire porter le chapeau, je ne peux pas avaler son discours. Et de toute manière, les Faucons sont opposés à la Bansidhe. Leur but est de fragmenter le Cristal de Fal. C'est une hérésie !
Ses arguments étaient tout à fait justes et justifiés. Je sentais que l'escouade était chamboulée par la rencontre pacifique, même brève, entre nos deux camps. Du reste – et aucun d'eux ne l'admettrait jamais –, ce secours avait blessé leur égo.
Azelor.
Allait-il tenir compte de l'avertissement de Seth ? En vérité, je gardais honteusement en moi l'envie secrète de le revoir. Il m'avait sauvé la vie, il nous avait sauvé la vie, et je ne l'avais même pas remercié. Ses paroles avaient suggéré que derrière tout ceci, quelque part, Rehad se tenait à l'affût de nos mouvements. Malgré moi, je souhaitais associer un visage à ce nom – Rehad –, comme un visage à Tartoth.
Kreg revint vers nous avec un plateau généreux de beignets et de brochettes et Hildegarde, devinant que l'humeur n'y était plus, proposa d'écourter notre sortie. Une fois rentrés, je me retirai aux bains avec le poids d'une grande lassitude.
Il était tard ; seul un groupe de quatre amies barbotaient dans l'eau. Elles continuèrent de bavarder sans me prêter attention. Des bougies éternelles baignaient les murs de mosaïque d'une clarté orange. Sur les bancs en carrelage, des paniers d'oseille proposaient des savons neufs. Les nuées de vapeurs sentaient bon le jasmin et ce qui se rapprochait d'une odeur de fleur d'oranger. Je défis ma serviette et m'assis au bord du troisième bassin. Mes orteils tressaillirent quand ils entrèrent au contact de l'eau et la surface trouble miroita mon visage pâli par l'anxiété et à l'air hagard.
Je ne m'étais pas encore rendue aux bains. Je n'avais pas osé. Depuis mon réveil, je m'étais contentée de me laver à la vasque.
Il y eut un grand éclat de rire, puis les femmes baissèrent le ton et chuchotèrent dans mon dos. Je cessai de réfléchir et entrai dans l'eau.
C'est surprenant ce qu'un rituel qu'on a opéré toute sa vie peut se transformer en épreuve. Je serrai mes poings, luttai contre la tétanie qui monta en moi comme un souffle de geyser. J'inspirai et soufflai, et m'obligeai à répéter le même exercice jusqu'à ce que mes épaules mouillées cessassent de trembler.
Les vapeurs chaudes léchaient les dernières éraflures sur ma peau. Les paupières fermées, je revoyais la figure cauchemardesque d'Harragan, son corps rudoyé en juste retour des choses. Je revoyais Seth, épée en main, aussi beau et féroce qu'un dieu pourfendeur, Reska et Émïoka pareils à des nuées de ténèbres. Et je revoyais la mine stupéfaite de cet homme pressant son aisselle rougie, mis face à la mort.
Mes deux jours d'introspection ne m'avaient pas permis de mettre le doigt sur ce qui me bouleversait tant. Mais désormais, lavée de mes peurs, je compris : je ne ressentais pas de remords. Pas cette fois. Ces gens étaient sans foi ni loi, ils avaient passé leur vie à semer la souffrance. Et si je répugnais toujours d'en venir à de telles fins, j'acceptais désormais une des lois de ce monde : celle de tuer pour survivre, pour protéger ceux que nous aimions.
En revenant vers la chambre que je partageais avec Hildegarde, je m'arrêtai devant celle de Seth. Sans plus d'hésitation, je toquai fermement du dos des phalanges. Il était peut-être sorti mais j'avais besoin de tenter ma chance ; c'en était assez de jouer aux disparus.
Il y eut un instant de flottement. Long. Le sang tambourinait toujours dans mes tempes quand la porte s'ouvrit sur mon capitaine, une cigarette grésillant à la bouche. Son visage était l'expression même de la stupeur.
— Kaly...
— Est-ce qu'on peut parler ?
Il cilla, les traits ravinés par l'inquiétude, puis il recula pour me céder le passage.
Quoi qu'il n'eût rien exigé, on lui avait attribué un logement plus spacieux et mieux entretenu que le mien. Le mobilier y était néanmoins réduit à un strict nécessaire qu'il avait à peine touché. Son sac était éventré sur un pouf avec ses rares vêtements, et son épée reposait contre une armoire massive dans son baudrier de cuir. Entre les deux fenêtres de la chambre, le lit large était habillé d'une courtepointe rabattue. Un globe de verre allumé plongeait la pièce dans une douce pénombre.
Les lieux sentaient l'ataraxie à plein nez, ce qui n'était guère surprenant si l'on considérait le cendrier où s'entassaient un nombre conséquent de mégots.
Une fois la porte refermée, je m'avançai et effleurai la paume calleuse de sa main.
— Je ne veux pas que tu m'évites. Pas après ce qui s'est passé.
Son visage était témoin de son dilemme. Finalement, il recula et me contourna pour aller s'appuyer à la commode. La braise de sa cigarette rougeoya quand il tira une bouffée de fumée et il se massa laborieusement le front.
— C'est difficile de faire autrement, lâcha-t-il après un silence.
— Pourquoi ?
Il releva la tête et son expression se durcit.
— Tu sais pourquoi.
— Peut-être. Je veux t'entendre le dire.
À ces mots, son regard vacilla ; mon insistance le troublait. Il fronça les sourcils, secoua la tête.
— J'ai vu l'expression sur ton visage quand je me suis occupé de lui... D'Harragan. Tu as eu peur de moi.
— Tu n'es pas le seul à avoir tué, répondis-je. Les autres l'ont fait aussi. Je l'ai fait.
— Mais j'ai pris du plaisir à prolonger ce moment.
— Qui d'autre n'en aurait pas ressenti après tout ce qu'il t'a fait subir ?
Je sentis que mes paroles l'avaient profondément ébranlé. Seth détourna les yeux et rejeta sa fumée en contemplant le rideau tiré de la fenêtre.
— Ce n'est pas ce que tu penses, dit-il.
— Alors c'est peut-être moi qui ne suis pas celle que tu imagines, soutins-je en haussant les épaules. Moi aussi, je voulais lui faire payer, du fond du cœur. Et c'est vrai que ce n'était pas facile à voir. Mais je suis soulagée maintenant, tellement soulagée...
C'est affreux mais j'étais satisfaite, oui, que cet homme eût quitté ce monde avec un peu de souffrance. La gentillesse ne faisait pas non plus de moi une sainte. Seth me considérait d'un air craintif. Je m'approchai de lui avec précaution. Au fond, je sentais qu'il avait eu besoin de ça. En tuant Harragan, il avait en quelque sorte affronté son passé ; peut-être qu'il était temps, aujourd'hui, de tourner la page.
— Tu as eu raison de le faire. Je le pense. Merci d'avoir été là, d'avoir sauvé ma vie.
— Tu n'as pas à me remercier...
L'ambre de ses yeux brilla d'une tendresse mitigée. Il caressa ma joue et, poussant un soupir, laissa retomber sa main.
— Tout ce désastre était de ma faute.
— Non, protestai-je. Combien de fois faudra-t-il te répéter que tu n'y étais pour rien ?
— Tu sais que c'est à cause de moi s'il t'a fait du mal. Et... par les tréfonds de la Source, Kaly ! Tu n'as pas vu de mes yeux l'état dans lequel il t'a mise !
— Harragan était quelqu'un de mauvais. Tu n'es pas responsable de la nature des uns et des autres. Et si on doit chercher un coupable, c'est peut-être moi la plus fautive. J'ai voulu donner notre seul bouton d'anima à Mao. Toi, tu n'étais pas d'accord, puis tu as cédé pour moi, parce que je te l'avais demandé, que tu ne voulais pas me décevoir.
— On ne devrait jamais regretter de venir en aide à ceux qui en ont besoin, contesta-t-il d'une voix ténue. Surtout quand il s'agit d'un enfant...
Un silence se forma entre nous. Je voulais le croire mais, en toute honnêteté, je ne savais plus où se situait ma justice.
Seth écrasa sa cigarette dans le cendrier et contracta la mâchoire avant de reprendre :
— Ce n'est pas qu'Harragan. Nous deux, c'est la pire idée qui soit. Ma position de capitaine d'Asraell fait que j'ai des ennemis, certains que je ne soupçonne même pas. Et tu es la Sang-Premier, tu es déjà une cible à toi toute seule. Je suis idiot de ne pas y avoir pensé mais ce genre de situation pourrait se reproduire.
— Et alors ?
— Alors, je refuse que notre relation te mette en danger ! s'exclama-t-il, perdant patience.
— Est-ce que c'est comme ça que tu veux vivre ta vie ? répliquai-je calmement. Dans la peur de ce qui pourrait être ? Sans jamais essayer ?
Il entrouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se ravisa. Je savais qu'il était terrifié à l'idée de perdre quelqu'un d'autre, après que la mort eut tant été présente dans sa vie, après avoir emporté Émaël, sa mère et son ami, Micah. Mais Seth devait cesser son repentir, il avait droit lui aussi de connaître le bonheur. Il était temps que quelqu'un le lui fasse savoir.
Ses épaules se soulevaient par intermittence, son corps était toujours contracté. Je passai une main sur son avant-bras et la remontai doucement jusqu'au bord de sa clavicule.
— Éloigne-moi de toi, Seth, et je reviendrai dix fois à la charge. Et je me fiche que nous n'ayons pas le droit. Je me fiche des autres. Moi, je n'ai pas peur d'être avec toi.
Il se redressa pour me dominer de toute sa hauteur. Les feux de la lampe intensifiaient le cuivre de sa peau et soulignaient par un jeu d'ombres la splendeur de sa physionomie. Quand il baissa sur moi son regard d'or liquide, mon cœur se mit à taper furieusement. Aucun foyer de forge ne parviendrait jamais à reproduire cet éclat.
— Je veux être avec toi, ajoutai-je dans un souffle.
— Comment te faire changer d'avis ? demanda-t-il en secouant la tête.
— N'essaie même pas. C'est impossible.
Il observa attentivement mon visage et son pouce vint effleurer mes lèvres. Je n'osais plus faire un geste, de crainte qu'il se dérobe.
— Tu es bien sûre que c'est ce que tu veux ? murmura-t-il.
— Oui. Oui, j'en suis sûre. Mille fois oui.
Je sentis, aussi sûrement que si je les avais gravés dans sa chair, que ces mots avaient percé ses défenses. Quand je plongeai dans ses yeux, ses prunelles posées sur moi avaient une ombre sauvage. Il déposa un baiser sous ma mâchoire et un autre sur ma joue pendant que sa main descendait dans mon dos. Son souffle brûlant sur ma peau me fit frissonner.
— Alors ? chuchotai-je.
— Alors ? demanda-t-il contre ma tempe.
— Qu'est-ce que tu vas faire ?
Il plongea ses iris d'une nouvelle nuance de doré dans mon regard, et ses doigts firent pression dans le creux de mes reins. Je me cambrai et laissai échapper un soupir en m'accrochant à ses bras. Il vint embrasser le coin fendu de ma lèvre avec lenteur, puis déclina dans mon cou où sa langue caressa ma peau. Il laissait sa marque sur chaque parcelle de moi qu'Harragan avait touchée. Il avait besoin de me sentir en sécurité, de me sentir à lui. J'aurais pu pleurer de retrouver enfin le réconfort de son étreinte.
Quand sa main se logea derrière ma nuque pour basculer ma tête en arrière, une nouvelle salve de frissons me parcourut.
— Je vais te faire l'amour, Kaly, et je compte bien prendre tout mon temps.
Mes organes se liquéfièrent et je crus perdre la tête. Je glissai instinctivement mes doigts sur son ventre ferme. Je le voulais aussi, je voulais qu'il m'embrasse, qu'il me prenne tout entière. Je voulais tout lui donner ce soir. Peu importait l'issue, peu importait que l'avenir demeurât incertain. Car pour le moment, nous nous faisions oublier toute la noirceur du monde.
Alors seulement il attira mon visage à lui et ses lèvres s'emparèrent des miennes ; nos énergies s'entremêlèrent dans une telle explosion de saveurs que je ne pus me retenir de gémir contre sa bouche. Seth me serra contre lui, et son baiser s'intensifia, agitant l'anima entre nous, alors qu'il me gardait toujours précieusement, avide, tantôt caressant, tantôt happant mes lèvres.
Impatiente, je l'aidai à retirer sa chemise pour explorer davantage son torse nu. Son corps était une sculpture façonnée par les anges, il était Tentation et ses cicatrices roulèrent sous mes phalanges empressées. Mon capitaine fit à son tour glisser de mes épaules les bretelles de ma robe, et l'étoffe fluide retomba à mes pieds dans un chuchotement, me laissant entièrement découverte face à lui.
Je frémis quand il posa ses yeux dorés sur mon corps et que ses mains vinrent en conquérir les reliefs. Il me toucha, doucement, m'empoigna, brutalement, m'embrassa ; et il effleura, retraça les contours de ses désirs avec une curiosité passionnée.
Mes doigts descendirent sous sa ceinture où des muscles fermes plongeaient, que je rêvais de toucher et de voir. Sa peau était aussi chaude que le sable d'une plage d'été. Je m'attaquai aux boutons et lacets de son pantalon, et un tremblement le parcourut lorsqu'il en fut libéré.
Il m'allongea sur le lit et s'étendit au-dessus de moi. Nous nous contemplions, le souffle court. Mes cheveux s'étalaient sur les draps comme une nappe de crépuscule. Seth s'immobilisa et ses yeux brillèrent.
— Grande Dana, chuchota-t-il, que tu es belle...
Je murmurai son nom et nouai mes bras autour de son cou. Il poussa un son rauque, m'embrassa et sa main descendit le long de ma hanche.
À force d'épreuves et d'entraînements, Seth connaissait mon corps. Il le parcourait avec dextérité, épargnant mes blessures, tandis que sa bouche savante, lorsqu'elle se détachait de la mienne, me soumettait à ses pressions sensuelles. Et je l'étreignais en retour, le découvrais au toucher, le goûtais de mes lèvres.
Il n'y avait plus de Cristal, plus de temps ; il n'y avait plus que nous, que la rencontre désireuse de nos peaux, que nos baisers scellant le plaisir ; plus que nos animas fusionnant dans la nuit, dans un concerto de soupirs et de souffles erratiques.
--------------------------
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Il me tardait de vous le faire découvrir... ou redécouvrir, c'est selon ^^
Également, je souhaitais partager une image de notre cher Seth générée par le miracle de l'IA dans le chaos de l'avant-poste (qui est à mon sens la représentation parfaite du personnage) :
Comme d'habitude, n'hésitez pas à voter et à me faire part de vos impressions ! Et merci à celles et ceux qui font vivre cette histoire en prenant le temps de me lire :D
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top