32 - Le serpent dans l'herbe
Les jours suivants me permirent de retrouver un semblant de normalité et s'écoulèrent à une vitesse folle. La perte de la forêt m'avait laissé un grand vide mais les rumeurs disaient que la verdure renaissait déjà de ses cendres. Pour le reste, le temps saurait faire son œuvre.
Je braquai mes yeux en direction de Vixe qui se tenait debout au centre de l'arène, mains levées devant lui.
— Prêt ? demandai-je en me mettant en position.
— Quand tu veux. De toute façon, on sait tous les deux que t'as aucune chance, ma pauvre.
Son visage pétillait de malice. Il ne m'en fallait pas plus ; sans attendre je lançai un premier coup. Vixe esquiva avec l'avantage de l'anticipation et nous tournâmes en cercle l'un autour de l'autre, concentrés et attentifs.
Nous frappâmes simultanément.
Un œil extérieur aurait noté que nos affrontements ne connaissaient plus la même hésitation qu'au début. Du temps et des drames étaient passés...
Je lui assénai une série d'attaques qu'il encaissa avec ses coudes, ses bras et son flanc. Au moment où je tentai une prise, Vixe pivota sur ses pieds et le coup qu'il envoya m'atteignit à l'épaule.
— Pas terrible, je trouve, pour l'élève du Bras de Fal, commenta-t-il avec une moue faussement déçue.
— Tais-toi, idiot.
Je chassai sur le côté et ripostai par un jeu de jambes rapide qu'Émïoka avait mis des jours à m'apprendre. Un coup de pied de balayage déséquilibra mon ami et il chuta lourdement sur le dos.
— C'est beau l'amitié, non ? lançai-je en me replaçant.
Il étouffa un rire en roulant sur le côté. Ses pieds s'ancrèrent sur le sol et il se repositionna sur ses jambes repliées avec un rictus qui m'indiquait que, pour l'heure, notre amitié était mise entre parenthèses.
Quand il avança d'un bond, je me déportai d'un mouvement circulaire et lui envoyai mon poing dans une technique de boxe typiquement humaine. Seth appréciait ce côté non conventionnel et m'avait appris à en jouer, ne serait-ce que pour l'effet de surprise. Vixe dévia mon bras presque trop tard du plat de la main mais parvint à me repousser en arrière. Le sable couleur terre de sienne s'envola autour de nous. Je vis entre les grains de poussière son genou jaillir vers mes côtes et un réflexe inscrit dans mon corps me fit bloquer le coup avec mes avant-bras.
C'est alors qu'il fondit vers ma jambe droite et me décolla de terre avec tant de force que je poussai un cri et basculai au-dessus de son dos. Mes yeux se fermèrent à l'impact et j'entendis mes dents s'entrechoquer. Lorsque je voulus m'enfuir, ses bras me ceinturèrent et il me précipita de nouveau la tête dans le sable. S'ensuivit une lutte brutale et acharnée au sol dont je ne parvins pas à ressortir, emprisonnée dans une solide clé de jambe.
J'étouffai un juron.
— Dommage, tu as juste eu une hésitation, Kaly, observa platement Hildegarde qui avait assisté à notre duel en silence. Tes attaques étaient fluides et maîtrisées mais Vixe sait comment tu fonctionnes depuis le temps. Je pense qu'à ce stade vous feriez de meilleurs partenaires de combat que des adversaires.
Vixe me proposa sa main de bon cœur et nous rîmes de connivence. Il tapota mon dos et me décocha un clin d'œil :
— On repart pour un tour ?
Quand nous retournâmes, pantelants, près de nos affaires à la fin d'une longue session de combats au corps-à-corps, quelques têtes se tournèrent sur notre passage. C'était devenu une habitude depuis Himalaye. Malve avait autorisé mon retour à l'arène à la seule condition qu'un paladin de notre équipe me chaperonne – une tâche qui avait pour l'essentiel incombé à Kreg et Hildegarde. Dans un endroit où l'on manipulait tant d'armes, avait-elle suggéré, un accident était si vite arrivé...
Vixe et moi avions croisé notre capitaine qui se rendait à l'office au moment où nous étions entrés dans l'arène. En m'apercevant, Seth s'était contenté de me glisser un sourire sobre. Son lieutenant, toujours à ses côtés comme une ombre fidèle, ne nous avait jamais accordé un moment seuls depuis notre discussion aux falaises. Ce n'était sans doute pas correct de ma part de le penser mais son absence creusait comme un vide en moi...
Vixe n'avait pas posé plus de questions sur nous deux, ce qui me convenait tout à fait. Nous n'avions pas non plus rediscuté des Faucons ; il s'était contenté de me faire rire et de me gaver de gâteaux, et nous avions joué aux cartes avec Hildegarde dans nos chambres pour pallier nos soirées manquées à la taverne.
En épongeant mon visage, je contemplai la technique aérienne d'un paladin qui combattait brillamment son adversaire au bâton. Sa cuirasse frappée d'une rosace à fleurons scintillait sous le dôme de verre et j'eus tout à coup l'impression d'être passée à côté de quelque chose. Quelque chose d'important. Je fronçai les sourcils et revis soudain Jagga. Jagga à la fête, Jagga ainsi que ses étranges paroles.
« Rehad », avait-il dit.
La tragique conclusion du soir d'Himalaye ne m'avait pas laissé de répit pour me permettre d'y repenser et je me sentis alors troublée par le nom qu'il avait prononcé et dont la sonorité transportait mon cœur....
Rehad.
— C'est dommage que tu sois là depuis peu de temps, Vixe, murmurai-je pensivement.
— Pourquoi ?
— Tu ne dois pas savoir grand-chose de Jagga.
— À part qu'il vient de l'archipel forgeron et qu'il est un génie en matière de confection d'armures, non.
Mon ami s'était pris d'intérêt pour les tireurs qui s'exerçaient à l'atelier d'arbalète. Je me rapprochai insensiblement de lui.
— Il m'a parlé de quelqu'un. Un certain « Rehad ». Il a dit que... que j'étais son portrait craché.
— Et tu aimerais savoir qui c'est, devina-t-il en se tournant vers moi.
Mon sourire se fit conspirateur.
— Tu m'accompagnes ?
— Oulah ! Je sais pas trop, Kaly. Le soleil va se coucher et c'est un peu risqué de traîner dehors vu la situation, hésita-t-il, puis son regard craintif balaya l'espace autour de nous. Et si Vive-Lame apprend que je t'ai aidée à faire le mur...
— Et comment pourrait-il l'apprendre ? À l'heure qu'il est, Seth est probablement en train d'assister à sa trentième réunion de la semaine. Il n'y a pas de raison que qui que ce soit l'apprenne et nous quittons le territoire demain à l'aube pour la Source sait combien de temps ! (Je me penchai vers lui.) Si je veux des réponses, c'est maintenant ou jamais. On fera attention, personne ne me reconnaîtra. Alors ?
Vixe agita la tête d'un côté puis de l'autre, ferma les yeux, les rouvrit et poussa un grognement.
— Alors ? Alors toi, tu as une mauvaise influence sur moi, maugréa-t-il. Mais je suis bien obligé de te suivre maintenant que tu m'en as parlé.
— Parfait. Retrouve-moi dehors devant le restaurant où on a mangé l'autre jour. Reska m'a sans doute collé des calomnieurs sur le dos, il vaut mieux que je m'esquive par la fenêtre de ma chambre.
Mon ami écarquilla les yeux et ses lèvres s'arrondirent comme s'il s'apprêtait à pousser un juron. Je m'éclipsai avant qu'il eût l'esprit de changer d'avis et fis un signe de main à Hildegarde qui sautait à la corde à quelques pas de nous.
Je m'empressai de rejoindre ma chambre pendant que Vixe quittait l'arène avec un temps de retard, probablement occupé à me maudire. Une fois ma porte refermée, je rassemblai mes cheveux dans une natte bien serrée, puis je passai une veste à capuche et enjambai ma fenêtre qui donnait sur le portail avec accès à la ville.
S'il affichait une mine hautement accusatrice, Vixe m'attendait néanmoins à notre point de rendez-vous. Mon sourire d'excuse fit naître un petit pli complice au coin de sa lèvre. Je saisis son bras au vol et nous nous mêlâmes aux passants pendant que les derniers vendeurs rempaquetaient leurs marchandises.
La boutique du nain, surmontée d'un écriteau vacillant « Chez Jagga » avait déjà ses volets clos. Vixe prit bien soin de se racler la gorge mais je tambourinai à la porte d'entrée sans plus de cérémonie.
— C'est fermé ! nous parvint une voix rêche depuis l'intérieur, qui m'encouragea seulement à réitérer mon geste. Fermé, j'vous dis ! Rev'nez d'main, bande de salopards !
Je frappai de plus belle. Il y eut de copieuses insultes marmonnées derrière le battant vieilli et Jagga jura une énième fois quand il me reconnut sur le seuil. Contre toute attente, il saisit mon poignet pour m'attirer à l'intérieur. La porte se ferma derrière Vixe qui avait tout juste eu le temps de se faufiler derrière nous.
— Qu'est-ce qu'tu fais là, toi ? rouspéta le nain en m'inspectant, le sourcil contrarié. Les gens, y causent ! Y fait pas bon pour mes affaires d'être vu avec la fille d'la traîtresse.
— Il ne ferait surtout pas bon pour vos affaires que je parle de vos messes-basses à mon capitaine, rétorquai-je crânement.
C'était de la pure intimidation, j'ignorais s'il pouvait s'en rendre compte. Parler de cette rencontre m'aurait obligée à mentionner que j'étais sortie en douce. Du reste, rien de ce que Jagga m'avait dit pour le moment ne justifiait une intervention de l'Ordre.
— Vous m'avez donné un nom l'autre soir. Rehad. Je veux savoir qui c'est, attaquai-je en dressant le menton.
Jagga renifla et recula en s'essuyant la lèvre. Il marcha jusqu'à une petite table et se servit dans une tasse un liquide fumant aux senteurs aigres.
— Ah ouais ? fit-il. P'tet bien. M'en souviens pas. Sûr que j'tais éméché...
— À d'autres ! Vous n'étiez pas différent d'aujourd'hui. Pourquoi jouer à ce jeu ? Je suis sûre que vous vous attendiez à ce que je revienne ici après ce que vous m'avez raconté.
— Vu le bazar que t'as foutu d'vant tout l'monde, j'aurais misé gros qu'l'Ordre aurait cloîtré sa p'tite sorcière.
— Visiblement vous avez eu tort.
Ce qui était un mensonge grossier. Un silence se fit. La lumière du couchant faiblissait à travers les croisées ogivales et seules deux chandelles posées de part et d'autre de la boutique éclairaient nos trois visages. Le regard énigmatique de Jagga passa sur Vixe qui se tenait timidement les mains dans le dos.
— Il est fiable, déclarai-je avant d'entendre la moindre question.
— Muet comme une tombe, approuva ce dernier avec un sourire qui tenait plus de la grimace.
Jagga haussa les épaules et lampa sa boisson.
— C'tte histoire prenait bien trop d'temps, grommela-t-il dans sa barbe humide. J'avais une dette. J'aime pas les dettes. Fin d'l'histoire.
— Quelle dette ?
— Pas tes affaires.
— Et vous allez me dire que ce Rehad ne fait pas partie de mes affaires ? sifflai-je, irritée.
— Nan, ça s'rait bien couillon d'ma part. Si t'veux vraiment savoir... Rehad est l'veuf de Tartoth.
Le nain remplit de nouveau sa tasse en m'observant entre ses cils. Je m'étais figée, la bouche entrouverte. Le veuf de Tartoth ? Le veuf de... ma mère ?
Alors Rehad était-il mon père ?
Mon cœur s'activa ; au fond, l'espoir de le connaître n'avait jamais disparu. Tout le monde évoquait Tartoth tandis que mon paternel était resté dans l'ombre. Et pour la première fois, j'entendais parler de lui !
— Il est... vivant ?
— Aussi vivant qu'mes roubignoles, faut croire.
— Alors où est-il ?! le pressai-je. Comment le connaissez-vous ? Pourquoi ne cherche-t-il pas à me voir ?
— Ça, j'peux pas te l'dire. Rehad est pas trop aimé des gens. Un peu c'mme ta mère. Un peu c'mme toi.
Je me tus quelques instants, écrasée par les prunelles sombres de Jagga. Puis je demandai, tendue au possible :
— Est-il un... un... Faucon aussi ?
Les lèvres humides du nain se tassèrent et son expression se fit distante.
— Répondez-moi ! m'énervai-je.
— Ma p'tite sorcière, t'en sais déjà trop. Y'a rien qui changera ça.
C'était un oui ; je le lisais dans ses yeux enfoncés, je le lisais sur son visage raviné et suintant. C'était un oui.
Je sortis rageusement de sa bâtisse et courus presque à travers la ville, Vixe sur mes talons. La tristesse des derniers jours avait définitivement laissé place à de la haine. De la haine envers ces Faucons Obscurs, envers cette figure nouvellement apparue, cette figure paternelle tant espérée et qui m'avait trahie à peine en avais-je entendu parler ! Arrivée aux dortoirs, je déverrouillai la porte de ma chambre, les mains tremblantes.
— Kaly, dit prudemment Vixe en approchant.
— Non, non, non.
Une fois entrée, je pris des vêtements dans mon armoire et les fourrai furieusement dans mon sac de voyage.
— Ferme la porte !
Mon ami s'exécuta. Alors enfin, je m'exclamai :
— Vixe ! Tu te rends compte ? Mon père est vivant. Il est vivant et il m'a fait du mal !
— Rien ne dit qu'il a causé l'incendie...
— Mais les Faucons sont mauvais ! Nous nous sommes trompés à formuler des hypothèses sur des gens qui étaient nos ennemis. Tu ne comprends pas ?
— Alors quoi, on abandonne tout ? Qu'est-ce que tu fais des parchemins ? Des flèches sur les créatures de magie noire ?
— Tu as bien vu ce qui s'est passé ! Ils nous ont leurrés. Mon propre père m'a leurrée, je n'y crois pas ! C'était un piège ! Tout cela était un piège. Je suppose, ajoutai-je abruptement. Je ne comprends pas, Vixe, je ne comprends plus. Je ne sais pas ce qu'ils veulent, après tous les éléments que j'avais rassemblés !
Les mains de Vixe saisirent fermement mes épaules.
— Kaly, calme-toi. Réfléchis. Calme-toi.
Il avait raison ; je perdais tous mes moyens. Je pris une grande respiration.
— J'ai plusieurs choses à te demander. Déjà, tu en as parlé à quelqu'un d'autre ? De tout ce dont on a discuté toi et moi ?
Puisque je répondis négativement, il hocha la tête avec un air pénétré.
— Et est-ce que tu crois que Malve doutait de ta loyauté ?
— Quoi ? Quel rapport ça... ?
— Juste, réfléchis.
— Je n'en sais rien, je ne pense pas ! Je... Nos relations ont toujours été tendues. Et moi plus le temps passait, et plus je me faisais des films sur elle... En revenant de la taverne, je l'ai surprise toute seule qui sortait des sous-sols... Je ne crois pas qu'elle m'ait vue. Ou je n'en sais rien, écoute ! lâchai-je, à bout de nerfs.
— Et quand est arrivée la lettre de menace ?
— Tu... Deux jours après, répondis-je sans chercher à comprendre.
Vixe riva ses prunelles noires et emplies d'intelligence dans les miennes. J'eus soudain l'impression que mon cœur battit au ralenti.
— Que cherches-tu à insinuer ? chuchotai-je.
— Que tu t'es fait complètement manipuler.
— C'est n'importe quoi, Vixe, ils ont trouvé les coupables ! Nos théories te sont montées à la tête !
Mon ami se massa les sourcils avec un air aussi rompu qu'impatient.
— Kaly, en fait, ce n'est pas une insinuation. Je te dis que les Faucons ne sont pas derrière ça.
— Quoi ? Comment peux-tu... ?
Je me raidis, la bouche ouverte. La conversation prenait une tournure qui ne me plaisait pas.
— Vixe ?
Seconde après seconde, le poids dans ma gorge continuait de boursoufler et j'eus l'impression de ne plus avoir assez d'air. Quand il leva finalement ses yeux sombres sur mon visage – ces mêmes yeux qui m'avaient tant de fois communiqué leur joie, qui avait tant égayé mes jours –, ma respiration se coupa pour de bon.
— Vixe, qui es-tu ?
Ma voix était chevrotante, craintive, suppliante ; presque celle d'une enfant. Ses lèvres s'écartèrent en un sourire estampé de tristesse. Pourquoi avait-il renoncé à ses plaisanteries ? Pourquoi gardait-il ce silence entre nous ?
Quand il n'y eut plus d'autre chemin, mon esprit fut forcé de tomber à genoux devant la vérité. Et de la contempler dans toute son horreur.
Trahison. Traître.
— Non...
Épouvantée, je me levai et bondis farouchement de l'autre côté de mon lit.
— Kaly, je suis toujours le même, annonça-t-il en écartant les mains.
— Arrête ! criai-je alors que la douleur meurtrissait ma poitrine. Comment as-tu pu me faire ça ?!
— Je ne t'ai rien fait, nous ne sommes pas mauvais.
— Ah non ? Tu as détruit la forêt ! Tu as contribué à cet acte !
Mon hurlement se brisa dans un sanglot. Des larmes de colère, de désespoir, de répulsion m'aveuglèrent.
— Je viens de te le dire, ce n'était pas nous, c'est ce que Malve veut te faire croire ! À toi et à tout le monde. C'était son œuvre ! Sa propre œuvre !
— Ils ont retrouvé les coupables, espèce de menteur, crachai-je.
— Sais-tu seulement ce que l'on peut faire avec la magie noire ?
— La...
Je me pétrifiai. D'un coup, je me ruai vers l'entrée mais Vixe sauta à son tour par-dessus mon lit et m'immobilisa contre la porte sans la moindre trace d'amusement.
— Kaly, écoute-moi ! dit-il en essayant de me maîtriser. Je ne sais pas quelles preuves en plus t'apporter mais réfléchis. Je t'en prie, réfléchis. Enfin, cet incendie était l'occasion parfaite ! Malve est une grande stratège mais elle t'a sous-estimée. Elle n'avait pas prévu que tes pouvoirs gagneraient tant d'ampleur aussi vite comme elle n'avait pas prévu que tu irais mener ton enquête sur l'Ordre. Mais elle voyait bien que tu remettais des choses en question ! Alors c'était le meilleur moyen de te ranger dans son camp, de faire naître en toi une haine envers son ennemi ; le meilleur moyen de te détruire, en montant la ville contre toi par la même occasion ! Ne comprends-tu pas la cruauté de son stratagème ?
— Tais-toi, Vixe, pleurai-je de plus belle.
— Les archives t'ont donné la réponse : elle a fait un coup d'état ! Malve est une usurpatrice ! Et tu as toutes les cartes en main pour douter d'elle sauf que, ça, elle ne le sait pas ! Tu es forte, Kaly, et tu n'es pas comme les autres. Tu n'es pas influençable alors je t'en prie, remets les événements à leur...
— C'est pour ça que tu es devenu ami avec moi ? l'interrompis-je d'une voix blanche. À cause de mon identité ?
Son visage se décomposa et il plissa les sourcils en me relâchant.
— Non. Tu étais ma binôme... Je... Je ne savais pas que tu étais la Sang-Premier quand on s'est rencontrés. Je te promets que je ne le savais pas. Comment j'aurais pu... ?
— Tu étais mon ami, Vixe ! Tu dis que je ne suis pas influençable mais c'est toi-même qui m'as menée sur toutes ces pistes. Je n'y serais jamais parvenue seule et tu le sais bien ! C'est toi qui es derrière tout ça ! C'est toi qui m'as manipulée !
Manipulée sans scrupules. La gifle partit toute seule. Je vis ma main suspendue dans les airs, rougie par le coup, et les yeux de mon compagnon perdre en vitalité.
— Sors. Tout de suite.
Ma voix tranchait comme la lame d'un sabre.
— Sors ou je te dénonce ! hurlai-je.
Ma poitrine sembla voler en éclats et je repris mon souffle, le goût du sang de ma lèvre mordue mêlé à celui de ma salive. Les bras ballants, Vixe me lança un regard où je crus lire de la dévastation – ô, mensongère comme tout son personnage ! Monstre. Traître. Avant de partir, il se retourna.
— Rehad est à ta recherche. Si jamais... tu changes d'avis, souffla-t-il du bout des lèvres.
Il quitta ensuite ma chambre, refermant doucement la porte derrière lui. Aussitôt, mes jambes lâchèrent et je m'effondrai contre le mur dans le silence épais, trempée de larmes. Comment pouvait-il me laisser ainsi ? De quel droit m'infligeait-il ce dilemme ?
Vixe avait toujours pris soin de suggérer l'innocuité des Faucons. À de si nombreuses reprises, il avait parlé de l'Ordre en utilisant des formules impersonnelles... et en insistant sur les archives.
Vixe était un imposteur. Vixe était un traître.
Un traître.
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Merci à celles qui me lisent !
Dans la continuité de mes essais sur l'IA et pour me faire pardonner ce chapitre cruel, voici des images de mon petit Vixe !
La bulle de dialogue étant ma superbe invention pour cacher l'oreille pointue de Kaly (n'en demandons pas trop à l'IA... ) A votre avis, de qui parlent-ils ? :D
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