6. Le rendez-vous

Je suis resté une soirée avec le fantôme de ma sœur. Elle se croit une conseillère de vie à 14 ans. Je devrais le lui rappeler qu'en réalité ; elle a juste 10 ans d'existence humaine. Je me demande si les spectres ont leur règle. Si quelqu'un meurt en étant dans sa semaine : est-ce qu'elle est pour le reste de l'humanité dans sa semaine ? Je pense que c'est des questions qu'on ne doit pas poser à Dreya. Un esprit ne dort pas, mais si vous ne saviez pas les chats ont des bonnes discussions avec eux. Quand elle m'a vu me préparer plus tôt que tous les jeudis, elle me questionne :

– Est-ce que tu dois rejoindre une personne ?

Je mets mon sac sur mes épaules et j'enfile mes souliers avant de lui répondre :

– Je dois rejoindre Fay pour l'école.

Avoir un échange adulte avec un être de la maturité d'une fille de 14 ans qui ressemble à une fillette de 10 ans avec des cicatrices de sa présence terrestre n'est pas facile. Audrey-Anne croit avoir raison, sans connaitre la réalité de la vie comme chaque adolescent de ce monde. Elle me regarde et d'un air naturel elle m'informe :

– Le sacrifice.

Je reste un moment sans réagir aux propos du revenant, entre la peur et le doute. Elle réalise mon regard interrogateur et mes mains qui tremblent. Elle a continué :

– Les secrets de famille, tu n'es pas le seul à en garder avec moi et tes comprimés. Tu ne sais pas comment toute cette histoire est liée avec nous.

Elle est disparue peu après ses mots finaux. Je n'aperçois que les fantômes et les monstres, c'est suffisant. Je marche tranquillement dans un Cégep désert. Il est 7 h 45, les seules personnes qui sont là sont les élèves qui cherchent une imprimante pour faire imprimer leurs documents dernière minute. Je commande un café en regardant cet endroit attirant pour les années 1980. Les vieilles affiches et les chaises usées par les années d'utilisation ont perdu de leur charme passé. J'observe la femme du troisième âge à la caisse qui travaille ici surement depuis l'ouverture. Elle semble joyeuse de voir une jeune âme ici dans ce lieu d'abandon. Je savoure ce breuvage fumant de la sagesse avec un goût amer sucré avec un nuage de crème. Il y a un stade de vie où on commence à apprécier le café et je crois que je suis rendu là. J'ai placé mon cahier en barrant quelques phrases et mettant des notes pour quand je vais l'arranger au propre. Pendant que je donne mes derniers coups de crayon, une main blanche et fine avec les ongles brisés comme s'ils sont rongés approche de la feuille. Je lève mon regard pour tomber sur une manche trois quarts vert lime qui recouvre à moitié une vilaine cicatrice rose sur cette peau claire. Je monte vers ses cheveux coiffés sur le côté gauche attaché en queue de cheval encore avec les élastiques de papillons bleus. Je finis par me plonger les yeux dans ses yeux saphir. Ses lèvres roses tremblent avant de me demander :

– Pourquoi tu veux savoir des trucs sur moi ?

– Je ne comprends pas. Pourquoi ça te gêne qu'une personne s'intéresse à toi ?

Elle commence à jouer dans ses cheveux que la racine débute à devenir rosée. Elle essaye de parler, mais elle ne fait que marmonner un langage incompréhensible. Je finis par reprendre la situation en mains :

– Je suis désolé, c'est peut-être trop privé.

Elle fit un signe de oui quand elle fait un nuage brillant. Elle joue avec cette énergie magique. C'est comme pour une balle antistress. Le rose diminue de ses cheveux. C'est un miracle que personne ne voit ce qui se passe. Les gens sont vraiment aveugles ou seulement les êtres surnaturels peuvent voir ça. Elle m'affirme :

– Personne ne veut faire de lien avec moi. Quand j'étais sur Unies, les personnes me voyaient avec autant de respect que des animaux de bétail. Sur Unies, les sentiments sont mal vus. En exprimer est un échec sur l'Unique. Les fées, nous sommes une espèce que nos capacités sont liées avec nos émotions plus que la pensée, mais la magie des Derniers Uniques est différente, très scientifique. Mon cristal est ma source de pouvoir de Dernière Unique, s'il est supprimé je ne peux plus l'utiliser. Cette magie réagit à un surnaturel parce qu'elles sont pareilles.

– Celle des sorcières. Ai-je coupé sans trop penser. Je serais rattaché aux sorciers selon toi.

Elle se prend la tête et elle marmonne :

– Je ne sais pas.

Je me suis rapproché d'elle et j'ai continué :

– Mais c'est quoi le problème avec le pouvoir des sorciers ?

Elle a mis ses mains devant son visage et elle essaye de se dissimuler sous la table. Elle répond avec une voix faible et tremblante :

– Ils veulent détruire l'ordre des choses, ils veulent détruire Unies.

Je me lève en ne me rendant pas compte que je suis presque par-dessus la fille ; je persiste avec mes questions. Plus je l'interroge sans une vraie réponse, plus elle se cache sous la table. À un moment, elle s'écrit :

– ASSEZ!

Une onde m'envoie sur le sol et je vois le petit café qui vient de passer sous l'apocalypse. Les chaises et les tables sont renversées, les murs craqués et les vieilles affiches déchirées. J'ai cligné les yeux et je suis assis à la table comme avant que Fay arrive. Mon café est chaud et la tasse est encore pleine. Je regarde ma montre indiquant 8 h 2 et à ce moment je reçois un message texte me disant simplement : « C'était une mauvaise idée ».

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