Chapitre 15 : Sexe Fort

Jeanne Jacobson eut fini son explication au moment où l'on vint toquer à la porte de la commissaire. Un homme squelettique tenait une montagne de dossier entre ses bras minces. Par instinct, Jeanne eut envie de le soulager de ce poids et de lui prendre la pile, qui manquait de le faire basculer à chaque seconde.

D'un coup de menton, Katharina lui dit d'entrer et, en dodelinant durant de longues secondes, il arriva au bureau et déposa dans un lourd soupir le tas important. Elle le remercia d'un gracile sourire, qui fit frémir le jeune homme aux cheveux auburn. Elle était si belle, tous les hommes du commissariat se pavanaient devant elle. Sans grand succès.

Il y avait de cela deux ans, elle avait embrassé sa petite copine devant son lieu de travail. Histoire d'expliquer à ses collègues, que leur dragouille la laissait - et la laisserait - de marbre. Comme l'avait prédit la jeune femme, la rumeur avait rapidement circulée et les remarques avaient plues.

Elle leur avait laissé une journée, une seule, durant laquelle les commentaires et les allusions à sa sexualité avaient inondés les locaux du petit commissariat. Puis le lendemain, elle était arrivée à son travail pour la toute première fois avec une robe d'été légère. C'était la première fois qu'elle osait ainsi jouer de sa féminité.

[TW propos choquants]

Un premier collègue l'avait sifflée. Comme ça, droit dans les yeux. Avant de murmurer un si tu goûtais ma queue, tu changerais d'avis. Sans hésiter, elle avait saisi l'homme par le col et l'avait plaqué contre un mur. Katharina était déjà grande avec son mètre soixante-douze, mais elle était en plus grandie par ses talons de douze centimètres, qui firent que le lieutenant Hoffmann, du haut de son mètre soixante-cinq, n'avait jamais été perché aussi haut.

[Fin TW]

— Répète, avait-elle sommé.

Le rondouillard de policier respirait difficilement. Son ego endormi par la peur, avait supplié la policière de le relâcher. Ce qu'elle avait fait sur-le-champ. Rouge, penaud, le lieutenant s'était enfui sans demander son reste. Ses collègues, témoins de la scène, avaient détourné les yeux, et par la suite, plus personne n'osa lui manquer de respect. Désormais, elle était crainte.

Quelques mois après, elle fut nommée commissaire. L'admirable et respectable commissaire Ackermann.

— Bien, souffla Katharina, lorsque la porte fut refermée et son collègue maigrichon reparti.

Jeanne était accrochée à ses lèvres, elle espérait tellement de cet entretien.

— Je ne peux rien vous garantir, mais nous allons commencer les recherches dès ce soir. Le temps de prévoir des plans et de prévenir mes collègues.

Un cri de gorge échappa à madame Jacobson. Le soulagement était tel, que les larmes gagnaient déjà ses joues.

— Je vous promets que l'on fera tout notre possible pour retrouver vos enfants, poursuivit Katharina en anglais.

La fin de l'entretien sonna. Elle se releva et replaça une mèche de cheveux qui avait glissée derrière son oreille. Les deux parents suivirent le mouvement et se relevèrent synchroniquement pour la rejoindre sur le pas de la porte, qu'elle avait déjà ouverte. La commissaire tendit sa main et ce fut Jeanne qui la saisit en premier.

Sa poigne était forte et sa peau douce, le mélange plut à madame Jacobson. Georges saisit à son tour sa main et il fut surpris par sa force. Ses bras découverts laissaient percevoir un biceps bien taillé, mais toujours féminin. Monsieur Mills inclina la tête et suivit Jeanne qui se dirigeait déjà vers la sortie.

Ils avaient convenu de se rappeler le soir même, lorsque le dispositif aurait été mis en place. En attendant, ils pouvaient continuer de distribuer des affichettes aux passants et les scotcher sur les poteaux.

Plus tard dans la soirée, tandis que Jeanne et Georges dînaient au restaurant de leur hôtel, le téléphone sonna dans le sac à main de madame Jacobson. Sans finir de mâcher sa bouchée, elle se jeta sur son sac et l'ouvrit d'une main, avant d'en sortir l'ustensile hurleur.

— Allô ? décrocha-t-elle, la bouche pleine.

Georges observait la mine concentrée de la mère de Paul. Ses sourcils étaient si froncés, que l'on aurait dit deux chenilles poilues qui tentaient de se bécoter.

— Très bien, conclut-elle, en allemand.

Jeanne raccrocha et posa son smartphone sur la nappe en coton. Sans relever le regard, elle saisit la fourchette et enfourna une nouvelle bouchée de raviolis à la viande de bœuf dans sa bouche. Monsieur Mills la laissa terminer avant de la questionner.

— Le commissaire et son équipe ont commencé les recherches ? s'enquit-il.

Madame Jacobson saisit son verre de vin et avala la substance. Elle dégusta au passage, la saveur sur son palet. La chaleur descendit directement dans son ventre et lui procura un sentiment de bien-être.

— Oui, l'opération va durer trois jours, dit-elle, maussade.

Georges sentit que quelque chose la contrariait. Jeanne attrapa la bouteille de vin rouge et la versa généreusement dans son verre. La bouteille dans sa main droite fut rapidement remplacée par le pied du verre en cristal. Elle pencha la tête en arrière et sous les yeux stupéfaits de Georges Mills, avala d'une traite le contenu.

Monsieur Mills la fixait avec de grands yeux. La bouche grande ouverte, il attendit qu'elle se ressaisisse pour lui expliquer.

Après un long silence, Jeanne lâcha :

— Nos fils sont recherchés pour meurtre au Danemark.

Georges manqua de s'étouffer. Heureusement pour lui et pour la robe de madame Jacobson, il ne buvait du vin qu'en début de repas.

— Comment ça ? demanda-t-il.

Jeanne posa ses deux coudes sur la table et posa sa tête devenue trop lourde sur ses deux paumes.

— Ils ont tapé leurs noms sur des sites spéciaux qui sont reliés à plusieurs hôpitaux et d'autres commissariats, pour savoir si une de ces institutions n'avait pas croisé leur chemin.

Elle prit une seconde pour respirer.

— Elle a scanné les photos et a découvert les affiches de recherche au Danemark. Ils n'avaient pas leurs noms... enfin jusqu'à tout à l'heure. Interpole va peut-être bientôt être mêlé à cette histoire.

Georges Mills grattait nerveusement son menton à l'aide de son index.

— Qu'a-t-elle dit ? Elle nous croit complices ?

Madame Jacobson frissonna en entendant Georges usait de ce nouveau vocabulaire carcéral.

— Non. Elle m'a simplement dit que si nous avions des nouvelles, nous devions en informer la police désormais. Que les cacher serait stupide et qu'il devait y avoir un malentendu.

— Mais ils vont quand même les chercher à Francfort ? Et puis, que feraient-ils au Danemark ? Sommes-nous bien sûr que ce soient eux ?

— Nous le saurons bien assez tôt. Nous avons rendez-vous demain dans la matinée au poste, pour attester les portraits robots. Mais je crois que ce n'est qu'une excuse pour pouvoir nous interroger.

— Devons-nous vraiment y aller ?

— Il faut montrer patte blanche et puis ce sont les seuls qui pourront ramener nos fils vivants. Peut être menottés, mais bien vivants.

La mine de Jeanne était triste, ses traits tirés par la fatigue et l'inquiétude. L'alcool n'ayant pas aidé, de la sueur perlait sur son front et ses yeux étaient rouges.

— Nous devrions aller nous reposer, la journée a été longue et éprouvante.

Elle hocha la tête et se dirigea vers la sortie. Elle emprunta l'ascenseur jusqu'à son étage, pour ensuite rejoindre sa chambre. Jeanne était suivie de près par monsieur Mills. Il soutenait sa taille pour ne pas qu'elle s'écroule au sol, sa démarche était irrégulière et boitillante.

Elle eut besoin d'aide pour ouvrir la porte. Il s'exécuta et alors que ses jambes cédaient à la fatigue et à l'alcool, il la rattrapa de justesse. Tout son poids était reparti sur les aisselles que maintenait à bout de bras, Georges. Dans une contraction des biceps et des triceps, il la ramena vers lui et la souleva.

Il fit un, puis deux, puis trois pas avant de la déposer habillée sur le lit. Il ferma à clé sa chambre et rejoignit la sienne par la porte communicante, la laissant ouverte pour la nuit. Il se prépara pour aller au lit et se glissa sous les draps. La respiration de Jeanne résonnait dans les deux chambres, le ronflement était grave et régulier. Bercé, il finit par s'endormir à son tour.

Lorsque Jeanne Jacobson refit surface ce matin-là, elle fut d'abord surprise de sa position. Puis elle réalisa qu'elle était encore habillée. Petit à petit, des souvenirs d'abord confus, puis clairs, lui revinrent en mémoire. La honte la gagna alors et elle remarqua la porte restée ouverte entre sa chambre et celle de monsieur Mills. L'embarras doubla de place dans son estomac.

Georges Mills n'était pas homme à s'épancher, à boire trop ou à perdre le contrôle. Tandis qu'elle, avait abusé telle une adolescente perturbée par ses émois, de la substance apaisante, si éphémère. Elle se leva précipitamment et fila sous la douche, attrapant au passage des vêtements propres.

Jeanne eut envie de sauter sur la porte pour la fermer, mais elle ne voulait pas se faire remarquer plus encore. Alors elle s'enferma à double tour dans la salle d'eau et profita longuement d'une douche bien chaude qui détendit ses muscles contractés.

Monsieur Mills entendit les pas de Jeanne se presser avant de claquer la porte, il sourit. Il s'imagina à sa place et se fit la réflexion qu'il aurait pu agir ainsi. Son sommeil avait été lourd, mais très agité. L'information tournait en boucle dans sa tête : son fils, accusé de meurtre ? Comment se fait-ce ? Après plusieurs minutes, un parfum de fraise vint se loger dans le nez de Georges. Jeanne était enfin sortie de la douche.

— Bien dormi ? questionna-t-elle en apparaissant sur le seuil de la porte.

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