Chapitre XXXIV : Du sang sur les mains
Steve semblait choqué de l'acte que je venais de commettre. Et moi aussi, dans un certain sens. Je fis tomber mon poing tremblant le long de mon corps et jetais un regard vers l'assemblée qui me dévisageait de stupeur. Il était rare que je perde le contrôle, surtout en public, mais là cela avait été plus fort que moi.
-J'en ai pas fini avec toi, murmurai-je à Steve sans pour autant le regarder.
Mes yeux se posèrent sur chacune des personnes présentes et je remarquais automatiquement que, même s'il y avait des blessés, quelque chose dans leurs yeux, de la terreur peut-être, me fit penser que quelque chose s'était passé.
-Que s'est-il passé ? demandai-je en posant mon regard sur le Faucon.
-Goliath est mort, déclara-t-il sans vraiment croire à ses propres mots.
-Mais... Qui ? balbutiai-je sans le croire moi-même. Qui a pu le faire ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Où étiez-vous bon sang ?
Je discernai alors que certains semblaient perplexes quant à ma dernière question, certains risquaient même un regard vers Captain America qui leur tournait le dos. Mais ils restèrent tous silencieux et seul un grognement me réveilla de ma consternation. Je tournai rapidement la tête vers l'origine du bruit et vis Daredevil, beaucoup plus amoché que les autres. Je m'approchai de lui en quelques pas et mis son bras autour de mon épaule.
-Prenez une grande respiration, ordonnai-je d'une voix quelque peu chaleureuse, je vais t'emmener à l'infirmerie.
Mon interlocuteur hocha doucement de la tête et prit une grande bouffée d'air. La seconde d'après, je le déposai sur l'un des lits de l'infirmerie.
-Merci, me dit-il dans un murmure douloureux.
-Y a pas de quoi, répondis-je avant de me retourner.
Je me rendis près de l'armoire la plus proche et l'ouvris, j'attrapai également un plateau roulant qui se trouvait à mes côtés. Je déposais ensuite tout ce dont j'avais besoin sur ce dernier : désinfectant, spray, pince à épiler, pansements, bandages, alcool, compresses ou encore une paire de ciseaux. Je revenais ensuite près de mon blessé qui avait enlevé son masque.
-Cela risque de piquer, l'avertis-je dans un chuchotement à peine audible pour une personne lambda.
-J'ai connu pire, blagua-t-il avant d'avoir un rictus de douleur.
-Vous devriez éviter de rire, le conseillai-je en laissant un petit rire s'échapper de ma bouche.
J'attrapai la pince à épiler et l'approcher de son visage.
-Vous avez des morceaux de verre sur votre visage, évitez de bouger.
Pour m'affirmer qu'il avait compris, il ne bougea pas et me laissa retirer les minuscules morceaux de verre, après quoi, je déposai un morceau de compresse imbibé d'alcool sur sa joue droite. Je le vis grincer doucement des dents lorsque l'alcool entra en contact avec sa peau blessée.
-Je suis désolée, m'excusai-je alors sincèrement.
-Ce n'est pas de votre faute Katherine, m'assura-t-il en laissant son regard dans le vide.
J'oubliai parfois que Daredevil était en fait aveugle, ce qui le rendait, à mes yeux en tout cas, tellement plus exceptionnel. Se battre avec une telle agilité, sans ne rien voir, n'était-ce pas incroyable ? Cette pensée, que malgré son handicap il arrivait à faire des choses incroyables, ne put que me faire sourire.
-Pourquoi souriez-vous ? me demanda-t-il amusé.
-Comment pouvez-vous savoir que je suis en train de sourire ? m'étonnai-je en souriant un peu plus.
-C'est un peu compliqué à expliquer.
-Je souris parce que j'ai besoin de sourire, lui expliquai-je sur un ton très sérieux. Je souris pour ne pas m'écrouler.
Daredevil, de son vrai nom Matt, acquiesça de la tête sans rien rajouter. Nous restâmes dans le silence quelques minutes, le temps de m'occuper de ses nombreuses plaies.
-Il va vous falloir quelques points de suture, annonçai-je en remarquant une plaie plutôt profonde en haut du dos.
Je me levai et retournai près des armoires afin de me munir d'aiguilles et de fils. Je revins ensuite derrière Daredevil et, alors que je m'apprêtai à commencer une opération que je n'avais pas faite depuis des années, il prit la parole.
-C'était un piège, avoua-t-il embêté.
-Par Stark bien entendu, clamai-je en grinçant des dents.
-Ils ont en premier endormi ceux qui pouvaient nous téléporter, expliqua-t-il avec beaucoup de rancoeur dans sa voix, et Stark a commencé à sortir son petit monologue. Tout ce qu'ils voulaient, c'était parler. Captain America ne l'a pas cru, bien qu'il lui a laissé croire le contraire et, grâce à une poignée de main virile, il a placé un brouilleur d'électron sur sa paume. Ce qui a eu pour effet de désactiver l'armure d'Iron-Man... Pour un certain temps du moins. Captain a alors ouvert les hostilités. Tout s'est passé extrêmement vite et...et avant que l'on ait pu s'en rendre compte, l'un de nous est mort.
-Des super-héros qui tuent des super-héros, grommelai-je, c'est impensable.
-C'est ce qui s'est pourtant passé...
-Comment avez-vous pu vous en sortir et revenir ?
-Grâce à la femme invisible.
-Susan Storm ? questionnai-je avec beaucoup d'étonnement.
-Elle semblait très en colère et a créé un bouclier protecteur autour des Vengeurs secrets en nous disant de partir au plus vite. Je pense que le meurtre de Goliath l'a beaucoup choqué.
J'entrepris enfin de lui faire quelques points de suture, impressionnée par le choix de Susan Storm, et attristée par la mort de Goliath malgré le peu de fois où j'avais pu lui parler. C'était surtout le fait qu'il est été tué par un super-héros qui m'accablait.
-Il faut que tu te reposes, dis-je en terminant. Interdiction de sortir de l'infirmerie sans mon autorisation.
Je me levai et rangeai tout l'attirail, en jetant ce qui m'avait servi. Je sortais ensuite des vêtements d'une des armoires et les déposai au bout du lit de Matt, avant de sortir sans un mot.
-Il va bien ? me demanda le Faucon qui attendait devant la porte.
-Il s'en sortira, assurai-je en fermant la porte derrière moi.
-Et toi ?
-Ai-je l'air d'être blessée ? Si j'ai du sang, je peux t'assurer qu'il ne s'agit pas du mien, mais du sien.
-Je ne parlais pas physiquement Circé.
-Il a intérêt à avoir une bonne excuse, affirmai-je froidement avant de retourner dans ma chambre.
Comme je m'y attendais, Steve était installé sur le lit, le masque de Captain America dans ses mains. Je voyais désormais à quel point il était atterré parce ce qu'il venait de se passer, mais également blessé physiquement par la bataille. Néanmoins, je restais toujours très blessée et fâchée par la décision qu'il avait prise, sans moi qui plus est.
Il leva la tête vers moi et son regard me transperça automatiquement le coeur. Mes poings, auxquels je n'avais pas fait attention, se détendirent alors et j'ouvris l'un des tiroirs de la commode où je m'emparai de la trousse de secours. J'allais m'installer ensuite face à lui, sans pour autant lui adresser la parole. Mes mains se saisirent de la compresse que j'avais imbibée d'alcool, puis je la déposais sur les parties mutilées du visage de Steve. Ce dernier grimaça quelque peu.
-Kate, soupira-t-il après deux minutes de silence.
-Non, l'avertis-je de mon regard le plus glacial.
-Je suis désolé, poursuivit-il cependant.
-Cela change tout, assurai-je avec beaucoup d'ironie dans ma voix.
-Je voulais te protéger...
-Je n'ai pas besoin que quelqu'un me protège ! répliquai-je avant d'ajouter d'une voix aigrie, surtout pas toi.
-Surtout pas moi ? répéta-t-il incrédule.
-Ce n'est pas parce qu'on l'a fait que tu dois devenir le petit ami protecteur. Je ne veux pas de ce genre de relations avec toi, j'espérais que tu l'aurais compris. J'espérais que tu me laisserais prendre les décisions toute seule, je n'ai pas besoin qu'on les prenne à ma place. Tu m'as manqué de respect aujourd'hui en croyant que tu devais jouer ce rôle de prince charmant protecteur. Mais je ne suis pas la princesse en danger, je suis celle qui terrasse le dragon sans avoir besoin d'aide.
-On a toujours besoin d'un peu d'aide Kate...
-Oui peut-être. Clint m'a souvent apporté de l'aide lorsque je le lui ai demandé, mais il n'a jamais dépassé la ligne. Toi au contraire, tu as cru que tu pouvais faire ce que tu voulais, sans te soucier de ce que j'allais penser.
Ma main pressa un peu trop fort la compresse contre l'une des blessures ce qui le fit froncer des sourcils. Je me levai et la jetai dans la poubelle tout en restant le dos tourné.
-Je ne suis pas une enfant, déclarai-je blessée.
-Je sais, m'affirma-t-il. Je sais que je n'aurai pas dû prendre cette décision sans toi. Mais je savais que tu allais venir et... Je ne pouvais pas me résoudre à l'idée que quelqu'un te blesse.
-Pourquoi ? criai-je en me retournant. Je suis forte !
-Parce que je t'aime, déclara-t-il sans avoir écouté ma dernière phrase.
Les mots, les arguments, les pics que je comptais lui lancer, restèrent en travers de ma gorge, comme incapable de sortir après une telle annonce. Ses mots se resserrèrent comme un étau, tout autour de moi, me donnant l'impression de ne plus pouvoir respirer, d'être prisonnière. Ma respiration se faisait beaucoup plus lente et, avant de ne plus pouvoir dire quelque chose ou de ne plus savoir bouger, je repris la parole.
-Cela n'excuse pas tout, lui balançai-je avant de disparaître.
**
Ah que je suis dure avec vous mes chers lecteurs, j'espère que vous me pardonnerez ! ;)
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