Chapitre XII : L'après-guerre
Je quittai la rivière Potomac et rejoignis les routes. J'étais blessée et obligée d'utiliser mon bras gauche pour tirer, ce qui était assez rare. Je ne pouvais pas me rendre à l'hôpital : maintenant que le shield était démantelée, tous ces agents allaient être arrêtés. J'en étais certaine. Je ne pouvais en aucun cas me faire prendre. Donc pas d'hôpital, ni rien d'officiel. J'avais bien une idée pour me faire soigner, mais avant tout je devais trouver un moyen de m'y rendre. Arrivée aux abords de la route, je remarquai que la circulation était dense : beaucoup de voitures tentaient de circuler malgré celles, nombreuses d'ailleurs, qui s'étaient arrêtées pour admirer le spectacle que je venais de quitter. Personne ne fit d'ailleurs attention à moi, trempée et blessée, ce qui me permit de voler aisément une voiture.
Mon idée était risquée, mais c'était pour le moment la seule que j'avais et je n'avais pas le temps d'en trouver une autre au vue du sang qui coulait le long de mon bras. Je traversai donc de nouveau le Potomac, en voiture cette fois-ci et via un pont. J'arrivai à ma destination une vingtaine de minutes plus tard : la banlieue résidentielle de Bethesda. Il ne me restait plus qu'à trouver la maison qui m'intéressait et, n'étant jamais venue dans ce coin, cela risquait d'être périlleux. Je ne pouvais pas demander mon chemin à un passant : il risquerait de voir ma blessure et de se mettre en danger. Il ne me restait plus qu'à explorer le quartier. Il me fallut pas moins de 10 minutes pour arriver devant une énième maison typiquement américaine : avec son gazon vert et bien coupée, son perron où un rocking-chair était installée. Il y avait même un petit drapeau américain, c'était le stéréotype parfait du petit soldat. Le visage de Steve apparurent dans mon esprit, mais je la rejetai rapidement et sortis de la voiture, mon arme rangée dans son étui. Je fis du plus vite que je pus pour traverser la rue et toquer à la porte. Un homme, un peu plus grand que moi, aux traits fins et aux cheveux bruns soyeux, vint m'ouvrir quelques secondes plus tard.
-Kate ? présuma-t-il d'une voix abasourdie.
-Salut Sean, répondis-je un peu gênée par la situation.
Voilà que la seule personne capable de m'aider était la seule relation sérieuse que j'avais eu en amour : Sean Hastings, mon amour de lycée que je n'avais d'ailleurs pas vu depuis au moins 7 ans. Je n'eus pas le temps de lui expliquer la situation qu'il s'exclama d'une voix horrifiée :
-Oh mon dieu, mais tu es blessée. Rentre !
Je le remerciai d'un sourire et ne me fis pas prier pour accéder au hall de sa maison. J'entendis la porte se refermer derrière moi et Sean me contourna pour mieux me voir.
-Excuse-moi Sean, commençais-je embarrassée, mais je ne savais vraiment pas à qui je pouvais demander de l'aide. Tu es la seule personne à qui j'ai pensée.
-Non ne t'excuses pas Kate, tu as bien fait. Viens.
Je le suivis alors et nous nous retrouvions dans la salle de bain en un rien de temps. Je m'installai instinctivement sur la cuvette des toilettes tandis qu'il ramenait une chaise pour lui et qu'il sortait tout son attirail de chirurgien.
-Raconte-moi ce qu'il s'est passé, demanda-t-il tandis qu'il m'aida à retirer ma veste et qu'il découpait mon t-shirt pour avoir plus de facilité.
-Je ne veux pas t'attirer des problèmes en te révélant la vérité.
-Tu débarques chez moi, alors que je n'ai plus de tes nouvelles depuis... des années. Tu débarques avec une blessure et tu ne veux pas m'en dire plus ? Kate, je te demande de le faire, s'il te plait.
Accéder à sa requête aurait été risqué. Mais il était en train de me soigner, ne lui devais-je pas au moins la vérité ? Bien sûr que si. Avec ma main valide, je pris un objet dans ma poche gauche et lui montrai. C'était mon insigne d'agent du Shield de niveau 6.
-Je suis une agent de shield. De terrain plus précisément. Tu as sûrement vu les informations n'est-ce pas ? (Il hocha la tête). Et bien j'étais là-bas, en train de me battre.
-Te battre ? Tu sais à part nous montrer les images du bâtiment qui s'écroulent, on n'a pas eu trop d'informations.
-Le shield a été infiltré par une organisation secrète appelée Hydra et cela depuis le début. Il y avait un projet auquel il tenait et ils ont fait passer Captain America pour un traître. Finalement, Captain est revenu aujourd'hui avec des alliés et a dévoilé le masque d'Hydra. C'est une organisation extrêmement dangereuse Sean. S'il apprenait que je suis venue ici, tu risquerais gros.
-Oui mais le shield va les traquer non ? me questionna-t-il.
-Le shield est fini.
Un silence s'installa entre nous pendant secondes alors qu'il commençait à inspecter ma blessure.
-La balle n'est pas ressortie. Il faut que je la retire sinon...
-... Sinon il pourrait y avoir des infections, terminais-je à sa place.
-Cela risque de faire mal, m'alerta-t-il.
-Ne t'en fais pas, j'ai connu bien pire.
Il s'attela donc à sa tâche, ouvrit un peu plus la plaie pour pouvoir dégager la balle qui se trouvait dans mon corps. Je ressentais bien évidemment la douleur et j'avais envie de crier. Mais une force intérieure m'en empêcha et tout ce que j'avais ressenti ces derniers jours furent évacués par des larmes silencieuses. Sans le shield. Sans Fury, Clint, Steve ou même Natasha, qui suis-je maintenant ? Qu'allais-je bien pouvoir devenir ? Et si les gens d'Hydra découvraient ce que j'étais réellement ? Un agent de niveau 8, ou plus, pouvait lire mon dossier et découvrir des choses sur moi. Et Dieu seul sait combien d'agents d'Hydra étaient assez accrédités pour accéder à ce genre d'information. Il me fallait donc fuir quelques semaines, peut-être même quelques mois, jusqu'au jour où il y aura une nouvelle stabilité. Où allais-je aller ? Qu'allais-je faire ? Qui pouvais-je contacter pour une quelconque aide ? Je devais peut-être me résoudre à me dire que désormais, j'étais seule. La voix de Sean me retira de mes pensées, il m'informa qu'il avait fini. Je n'avais même pas senti le désinfectants et encore moins les points de suture.
-Merci, dis-je alors que je tentai de renfiler ma veste.
Mais il me stoppa d'un geste net.
-Tu n'es pas en état de partir, certifia-t-il d'une voix autoritaire.
-Je n'ai pas d'autre choix Sean. Je te serai éternernellement reconnaissante pour ce que tu as fait aujourd'hui.
-Reste, me pria-t-il avec une voix plus douce. Juste une nuit. Tu ne peux pas partir, pas dans ton état, tu as besoin de repos et personne ne te trouvera ici.
-J'ai volé une voiture que j'ai laissée devant chez toi.
-Je m'en occuperai ne t'en fais pas, mais reste.
J'étais désormais debout et lui aussi. Mon regard se plongea dans le sien et je ne discernai rien de méchant. Il était sincère et cela malgré notre passé, malgré ce que je lui avais fait. J'aurai pu refuser, j'aurai pu lui dire non, mais il avait raison. De plus, quelque chose en moi me poussait à rester. J'acceptai donc sa proposition, espérant n'avoir aucun regret par la suite.
-Écoute, tu vas aller te reposer dans ma chambre pendant que je m'occupe de cette histoire de voiture d'accord ?
J'hôchai doucement de la tête et le suivis de nouveau. Je m'installai ensuite dans le lit, périlleusement, car chaque geste me faisait mal. Sean quitta la maison quelques minutes plus tard, mais difficilement. Il ne voulait pas me laisser seul, probablement car il avait trop peur que je disparaisse... Encore une fois. Mais je lui promis de ne pas le faire et il disparût. La journée fût épuisante et je m'endormis très facilement. Lorsque je me réveillai, l'horloge de la chambre indiquait 19 h 59. J'avais dormi presque trois heures. J'entendais des bruits au rez-de-chaussée. Mes instincts reprirent le dessus et j'attrapai le pistolet que j'avais déposé sur la table de chevet avant de m'endormir. Je sortis ensuite discrètement dans les couloirs et descendit furtivement les escaliers, tenant toujours l'arme dans ma main valide. Je me laissai guider par les bruits qui me menèrent directement à la cuisine. Sean était en train de cuisiner et sursauta en me voyant, armée. Je baissai mon arme, tracassé par ce que j'infligeai à mon sauveur.
-Je suis désolée Sean... Une habitude.
-Ce n'est pas grave, je comprends. Tu as subi un choc, il te faudra quelques jours pour t'en remettre.
-Plusieurs semaines plutôt, chuchotai-je pour moi-même.
-J'espère que tu as faim.
-Je suis affamée ! m'exclamai-je avec un peu plus de vie.
Sean se mit à sourire et m'invita à me mettre à table.
-Ça sent bon, lançai-je alors pour entamer la conversation. Je ne me souvenais pas que tu étais doué en cuisine. À vrai dire je me souviens du jour où tu as laissé cramer le seul plat que tu avais tenté de me faire.
Je me mis à rire à l'évocation de ce souvenir et le jeune homme se joignit à moi.
-Tu sais, quand on vit seul, on apprend deux trois petites choses. Et je me suis découvert une passion pour la cuisine.
-Voyez-vous ça, fis-je toute étonnée alors qu'il déposait une assiette devant moi.
-Gigot d'agneau avec sa purée de carotte et d'aubergines, déclara-t-il avec une voix de serveur des grands restaurants.
Je souriais toujours et le remerciai. Il s'installa ensuite devant moi et on se mit à manger dans le calme. Mais il ne me fallut qu'une minute pour le rompre.
-Mais...commençai-je abasourdi.
-Quoi ? S'exclama-t-il inquiet. C'est trop salé ?
-Non... C'est... Délicieux ! Tu as développé d'autres talents cachés depuis...
Je m'arrêtai alors, j'aurais du mieux tourner ma phrase ou plutôt l'arrêter avant.
-Depuis que tu es partie ? murmura-t-il accablé par une douleur vieille de sept ans.
-De toutes les erreurs que j'ai pu faire, c'est celle que je regrette le plus. Je sais qu'il te sera difficile de me pardonner un jour et je ne pense pas pouvoir me pardonner d'ailleurs.
-Tu es partie du jour au lendemain Kate. Sans aucune explication.
-Je n'avais pas de bonnes raisons pour partir. J'avais besoin de tout changer dans ma vie et je savais que jamais je n'aurai pu te rendre heureux Sean. Pas au vue de tout ce que j'ai découvert ces dernières années. Je pense que je t'ai même peut-être sauvé d'une relation catastrophique.
-Tu ne peux pas savoir ce que l'on aurait pu devenir. Tu ne nous as pas laissé cette chance.
-Nous n'étions que des adolescents Sean, tu avais toute ta vie devant toi pour trouver quelqu'un.
-Tu n'as pas songé que la seule personne que je voulais à tes côtés c'était toi ? Toi malgré tous tes secrets, malgré le fait que tu étais incapable de me dire "Je t'aime", ainsi que ton entêtement, ton envie de toujours avoir le dernier mot, de ton esprit rationnel et ta façon de te refermer sur toi-même ? Tu ne m'as pas dit pourquoi tu étais partie, mais je l'ai toujours su. Tu es incapable d'ouvrir ton coeur. Mais j'aurai pu l'accepter. J'aurai pu t'aider. Mais tu es partie, j'ai eu du mal à m'en remettre, mais maintenant c'est du passé. Tu auras toujours une place importante dans mon coeur Kate, mais le passé est le passé alors n'en parlons plus.
Je l'avais regardé durant tout son monologue et je ne l'avais pas coupé. Autrefois je l'aurais fait, je ne l'aurais pas laissé me dire toutes ces choses. Je ne l'aurais pas me laisser m'atteindre. Mais tout avait changé. J'avais mûri et j'avais décidé de laisser les gens s'exprimer au lieu de les attaquer.
-Comment va John ? me demanda-t-il plus calmement. J'ai pensé lui rendre visite des centaines de fois, mais je n'ai pas trop le temps.
Mentionner mon grand-père n'était pas une bonne chose. Quand Fury l'avait évoqué, je m'étais mise sur mes gardes. Mais avec Sean, c'était différent. Sean l'avait connu, ils avaient d'ailleurs été tous les deux très proches. Il entrait dans la sphère privée de ma vie. Alors, au lieu de m'énerver ou même de lui répondre, je craquai et lâchai ma fourchette, cachant mon visage de mes deux mains. Ce qui provoqua d'ailleurs une douleur dans mon bras droit. De grosses larmes tombèrent alors. Moi qui n'avais pas pleuré depuis des années, voilà que je pleurai deux fois le même jour. Cet endroit, censée m'aider à me reposer, ne faisait que raviver des souvenirs douloureux en moi et me rendait plus...humaine.
-Excuse moi un instant, dis-je en me levant et en quittant la pièce.
J'atterris dans le salon, dans l'intention de me calmer avant de revenir à table. Mais Sean ne me laissa pas de répit et je l'entendis arriver dans mon dos.
-Je suis désolée, affirma-t-il d'une voix des plus sincères.
-Je sais... Je sais que tu as toujours beaucoup apprécié John, dis-je difficilement entre deux sanglots.
Je sentis sa main sur mon épaule gauche et petit à petit nous nous retrouvions face à face. Il ne fallut pas longtemps pour que je me retrouve dans ses bras. Une minute, peut-être deux, s'était écoulée lorsque je reculai de quelques pas. Mes pleurs s'étaient calmés. Je m'avançai vers la cuisine, mais il reprit la parole.
-Kate... Comment m'as-tu trouvé ?
C'était bien la question que j'espérais qu'il ne me pose pas. Je me retournai avec un air coupable.
-Je ne suis pas sûre que tu veuilles le savoir.
-Kate... insista-t-il.
-Nous n'avons qu'à dire que j'ai juste gardé un oeil sur toi quand j'étais au shield ? Oui disons cela et retournons manger, qu'en penses-tu ?
Il s'approcha et je commençai à me retourner, mais ses mains se posèrent rapidement sur mes joues tout comme ses lèvres sur les miennes. J'aurai dû l'arrêter, le repousser, le gifler. Je n'y arrivais pas. Je lui rendis même son baiser.
Je ne pensais qu'à une chose : j'étais dans de beaux draps.
[Bonjour à tous ! Tout d'abord, j'espère que vous avez apprécié ce chapitre. Ensuite j'ai décidé de dédicacer chaque nouveau chapitre à un lecteur différent à chaque fois. Voilà, bonne journée à vous et encore une fois : n'hésitez pas à me donner vos avis :) ]
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