Chapitre 5

Je pensais que Blake était surprotecteur, mais j'ignorai encore que malgré son air indifférent et distant, Kad était pire.

Son regard avait emprisonné le mien. Quelques temps plus tôt, cette idée ne me gênait pas, même si j'étais couverte et que mes yeux pouvaient trahir mon identité. Désormais, ainsi à découvert et sans pouvoir me cacher derrière une couverture d'enfant, je me sentais vulnérable. Il ne pouvait rien contre moi, mis à part me tuer, mais j'avais instauré une barrière infranchissable entre moi et le monde extérieur. Je voyais dans son regard l'énigme que je représentais pour lui, un jeune adolescent à l'air frêle qui a failli mourir des dizaines de fois, sachant pourtant cuisiner, se soigner seul, recoudre une plaie, plus ou moins manier un couteau, se débrouiller au corps à corps, et tuer un homme. Le pire, c'était bien cela.

Il ne soupire et ne souffle pas pour montrer son agacement. Il ne dévie pas les yeux, ne desserre pas sa mâchoire ni ses poings. Malgré les hommes plus âgés, grands et lourds que lui, il possède une aura qui impose le respect et la crainte. C'est un peu la sensation que j'ai eu avec Reese. Néanmoins, je n'ai jamais eu cette sensation avec Kad, peut-être parce que je me sentais protégée derrière la couche de vêtement que je portais. Mais maintenant, je la ressens bien, ce qui ne m'aide pas du tout.

Il s'approche tranquillement, frottant son point gauche comme s'il le démange, et s'arrête à un mètre de moi seulement. Assez proche pour que je décide de me détourner et regarder droit devant moi, l'ignorant complètement.

« Tu vas porter ton plateau avec tes dents peut-être ?»

Ah, certes. Nous sommes très loin de l'autre imbécile qui me susurre un « Tu auras besoin d'un peu d'aide avec ton plateau.». Bizarrement, je préfère encore la violence de Kad que ces vipères qui agissent dans l'ombre.

« Peut-être, je réponds simplement.»

Cette fois-ci, il soupire. Je ne le regarde toujours pas, jouant à la plus maligne mais je vois déjà les problèmes arriver. Il s'approche un peu plus, se tenant tout près de moi désormais.

« Donne moi tes béquilles, ordonne-t-il.»

« Quoi ?»

« Donne moi tes putains de béquilles, répète-t-il.»

« Non ! je m'exclame sans voir où il veut en venir.»

« Je ne le répéterai pas une troisième fois, me menace-t-il.»

« Jamais deux sans trois, comme on dit, je le provoque en regardant le bout de la file d'attente.»

Soudainement, je suis secouée violemment et j'entends des claquements au sol. Je perds l'équilibre puis vole dans les airs. Un hoquet de surprise m'échappe tandis que mes ongles s'accroche à la première chose de stable. C'est-à-dire, le t-shirt de  Kad qui est, en ce moment même, entrain de me porter. Je me sens soudainement honteuse et mal à l'aise. Il y a trop de partie de mon corps en contact avec les siennes, uniquement couvertes de tissus léger. Le contact humain semble être devenu une abomination à mes yeux, mon corps crispé ne trompe personne. J'ai développé une crainte, tellement je tenais à ma couverture et tellement on m'a raconté à quel point l'Homme pouvait être ignoble.

Il me dépose finalement sur une chaise éloignée de mes béquilles. Quand je regarde le trou dans la fil d'attente se remplir, trou qui était ma place, je rouspète. Tout ça pour ça... Rester debout de longues minutes à attendre, devoir supporter les regards et remarques désobligeantes. Je déteste Kad Reagan.

Ce dernier revient subitement, déposant une plateau brusquement sur ma table. Je n'avais même pas remarqué son absence, mais une chose est sûre, peu de temps s'est écoulé et vu la queue qui est toujours aussi longue et lente à avancer, il ne l'a certainement pas rempli lui-même. J'observe les aliments longuement, sans comprendre son comportement, puis lève les yeux vers lui. Il pose sur la table mes deux béquilles qui étaient encore derrière moi il y a quelques minutes, juste après qu'il ait déposé mon plateau même. Mais quand est-ce qu'il s'est levé ?!

« Mange.»

Je plisse les yeux dans sa direction. Je me tais et m'empare de ma fourchette pour tripoter ce qui repose dans mon assiette quand je suspends soudainement mon geste. Pourquoi je reste silencieuse ? J'ai encore l'impression de lui cacher quelque chose et il se comporte comme si j'étais encore un enfant. Je repose mon couvert et croise les bras tout en relevant la tête vers lui.

« Comment puis-je avoir la certitude que ce qu'on sert ici ne va pas me tuer d'ici un mois ?»

Il hausse un sourcil, se demandant sûrement si j'étais sérieuse ou pas. Au moins, il vient d'apprendre la raison pour laquelle je ne mangeais jamais ce que lui mangeais.

« Mange et on le saura d'ici un mois. Tu peux aussi ne rien manger et crever de faim d'ici une semaine.»

« Je peux aussi cuisiner moi-même, je réplique.»

« Ça ne change rien, les aliments ne viennent pas de chez toi.»

Je me tais. Il n'a pas tort sur ce point, et commence malheureusement à me connaitre un peu plus. Je regarde de nouveau mon plateau, prenant de nouveau ma fourchette.

« Je peux savoir ce que c'est au moins ?»

Kad me regarde étrangement, comme si ma question était trop bizarre. Au moins, il ne me regarde pas comme si j'étais stupide.

« Du riz. Tu n'en as jamais mangé ?»

Je secoue négativement la tête.

« Je connais sans jamais avoir goûté. Je sais pourtant qu'il n'y a pas de rizières dans un désert, j'ajoute avec suspicion. »

« C'est parce qu'il est importé. Il ne vient pas de nous, dit-il alors que je hausse un sourcil, Tous les aliments que tu manges ne viennent pas forcément de nous.»

Je grimace.

« Comment vous pouvez être confiants au point de manger quelque chose dont vous ignorez la conception ?»

Il hausse les épaules puis s'adosse en croisant les bras.

« Le monde a toujours fonctionné ainsi, et on a bien survécu jusque là. »

« Oui, jusque là, je marmonne.»

Il ne relève pas, se contentant d'observer la salle, ou du moins de la surveiller. Il semble constamment à l'affût même dans un endroit où il est supposé être chez lui. Vivre comme ça ne me donne pas du tout envie. Je commence donc à manger.

« Où est Blake ?»

La fourchette est de nouveau suspendue durant deux petites secondes, avant de reprendre son ascension vers la petite montagne de riz. Ces deux petites secondes qui ont marqué mon hésitation n'ont pas échappé à Kad.

« Où est-il ? répète-t-il plus lentement et d'un air plus menaçant. »

« Ne me regarde pas comme ça. C'est mon frère et malgré nos différents, je ne lui ferais pas de mal, du moins pas physiquement, On s'est... juste un peu... pris la tête. »

Kad détourne le regard en soupirant, sûrement lassé par nos gamineries.

« T'as voulu jouer à la femme responsable et indépendante alors que tu ne peux pas faire un mètre sans béquilles ?»

« Je suis une femme responsable et indépendante ! je me défends. »

« C'est pour ça que j'ai du te sauver une bonne dizaine de fois et que sans moi, tu serais morte.»

Je souffle, agacée du fait qu'il n'a pas tort, encore une fois. J'évite de me comporter en enfant et continue de manger en lui posant des questions. Il semble plus sympathique qu'une semaine plus tôt, je vais pas gêner pour en profiter.

« Tu vas le tuer ?»

Il se frotte les yeux, comme moralement épuisé.

« Tant qu'il n'a rien fait, non.»

Je fronce les sourcils. J'espère avoir mal entendu.

« Rien fait ? Si c'était le cas, tu ne serais pas intervenu. »

À son tour de froncer les sourcils avant de regarder la file d'attente derrière mon dos.

« Tu parles de l'autre, soupire-t-il.»

« Tu pensais que je parlais de qui ? demandé-je perturbée, Blake ? dis-je en riant bêtement. »

J'espère dire une bêtise et pour une fois, qu'il se moque de moi en m'insultant. À mon plus grand malheur, son visage reste grave et sérieux. Pas la moindre trace d'humour sur son visage aux traits fins.

« Tu ne feras jamais de mal à Blake, dis-je en reprenant mon sérieux. »

Ça ne sonne pas comme une affirmation. C'est surtout une menace que je lui fais.

« Tu n'es pas en position de dire quoi que ce soit, dit-il durement, Au moment où ton frère a décidé de nous rejoindre, il savait qu'il pouvait se faire tuer à n'importe quel moment pour trahison, mensonge ou une information capitale qu'il aurait volontairement caché. Chaque fait et geste est surveillé, et s'il va à l'encontre de nos principes, soit il est tué, soit il recevra un châtiment pire que la mort.»

J'écarquille les yeux au fur et à mesure, à cause de l'atrocité de ses paroles.

« Tu t'entends parler ? je souffle.»

« Parfaitement. Tu comprendras un jour et tu nous remercieras de pas t'avoir laissé entre les mains de l'autre camp. Là bas, ce qu'on fait c'est un jeu d'enfant.»

Je baisse les yeux sur mon assiette vide, ses paroles tournant sans cesse dans ma tête. À quoi je devrais m'attendre après tout ? Avec tout ce que j'ai vu, je ne devrais plus être étonnée. Blake avait raison. Je ne suis peut-être pas prête à sortir.

« Non, je ne vais pas le tuer, reprend Kad, Même s'il t'a approché, j'ai besoin de l'autorisation de Reese pour m'en occuper. Une fois que je l'aurais, une petite séance en tête à tête ne lui fera pas de mal.»

Je ne cherche pas à en savoir plus, sachant qu'il reparlait de nouveau de l'autre homme à qui je ne préfère pas penser. Je baisse les yeux sur mon plateau, le terminant en silence et sans me plaindre du goût pas très satisfaisant. Au bout d'un moment, lorsque je m'attaque à mon yaourt, je sens un regard posé sur moi. En fait, j'en sens depuis que je suis entrée dans la pièce, mais celui-là n'est pas n'importe lequel.

Je relève de nouveau la tête vers la seule personne qui occupe la table avec moi, et croise ses prunelles glacées. Jusque là il observait les environs sans vraiment faire attention à moi. Maintenant, je suis pleinement le centre de son attention.

Je ne commence pas à poser de questions. Je me contente de le fixer également, entrainant un duel de regard sans but. Pourtant, même s'il n'a aucun but, je me sens mal à l'aise sous son regard perçant. On dirait presque qu'il vient de se rendre compte d'un truc. Ou plutôt qu'il cherche à m'analyser avec son regard. Je l'ignore. Son visage est tellement fermé que je n'arrive pas à deviner ce qu'il a en tête.

Au bout d'un moment, je penche la tête, me posant sérieusement des questions.

« Qu'est-ce que tu es entrain de faire ?»

Il comprend de lui-même ma question. Il comprend que ça n'a pas de rapport avec le fait qu'il me fixe, mais que son changement de comportement est étrange. Une semaine plus tôt, il refusait de me parler et encore moins de me voir. Maintenant, il était assis à ma table, me regardant, me parlant. Il m'a même porté et secourue d'un imbécile.

« J'ai eu le temps de réfléchir.»

Je hausse un sourcil, ayant très envie de le charrier. Cependant, je me force à me comporter comme la jeune femme que je suis et non pas une enfant.

« Réfléchir à quoi ? demandé-je.»

Il se laisse tomber contre le dossier de sa chaise, croisant les bras contre son torse musclé.

« Reese m'a laissé le choix. Puisque je suis celui qui t'a ramené, qui t'a aidé durant tout ce temps, j'ai le droit de choisir entre continuer à jouer à l'ange gardien ou laisser ce rôle à ton cher frère.»

Je jette mon yaourt dans mon assiette et ma cuillère sur le plateau, abasourdie. C'est pour ça que Reese avait dit que c'était provisoire ?

« Pourquoi ne pas me laisser à mon frère ?! je m'exclame, C'est le dernier membre de ma famille, on est lié par le sang. Il n'y a pas plus sûr que lui.»

« Il ne pourra pas te protéger, il contre.»

« Il n'est pas faible et semble bien entraîné, je persiste.»

« Sur ce point là, je ne te contredis pas.»

« Alors pourquoi ?»

Il garde le silence et me regarde comme si la réponse était évidente. Pourtant, je n'arrive pas à la deviner.

« Il t'a sûrement parlé du fait qu'il ne peut pas sortir d'ici, j'affirme en hochant la tête, Il t'a dit pourquoi ?»

Je secoue négativement la tête.

« Il a dit qu'il m'expliquera plus tard.»

« Je vais m'en occuper alors. Ton frère est là depuis  deux ans, deux ans et demi, peu importe. C'est moi qui l'ai trouvé.»

« Trouvé ? je fronce les sourcils.»

Il se lève, prend mon plateau et s'éloigne sans me laisser le temps de protester. Il revient quelques minutes plus tard, me donne mes béquilles et m'entraîne vers la sortie. Je mets du temps à m'habituer puis prends un rythme normal dans les couloirs. Il avance, dépassant les couloirs bruyants pour un endroit plus calme et où il y avait peu d'hommes. Il continue de parler en marchant.

« Je m'en souviens. C'était il y a trois ans, en fait. Il errait dans les villes alentours, affamé, assoiffé et en très mauvais état. Il avait l'air de ne pas avoir mangé depuis très longtemps et peinait à marcher sur ses deux jambes. Par pitié, j'ai accepté de l'entraîner jusqu'ici.»

« Comme pour moi, je murmure, perdue dans ma réflexion.»

« Comme pour le gamin, il affirme, Je l'ai ramené ici et au bout de deux mois, les hommes lui faisaient peu à peu confiance.»

« Si peu de temps ? m'exclamé-je.»

Il me lance un regard noir, signe que je dois me taire et le laisser finir. Curieuse d'écouter la suite, j'obéis.

« Durant cinq ou six mois, la base a été plusieurs fois attaquée alors que jusque là, tout était très calme. On ignorait l'origine, et des ennemis entraient pas des souterrains censés être secrets. Ça ne voulait dire qu'une chose.»

« Des traitres ? je souffle.»

« Exact. Ou plutôt, un traître, comme tout le monde le pensait.»

Ses poings se serrent inconsciemment, tandis qu'il s'enfonce dans un couloir vide de personnes qui m'est plus familier. On se rapproche de ma chambre.

« Blake était le premier soupçonné. Il venait d'arriver et n'avait pas encore fait ses preuves. Il s'absentait souvent, il allait toujours à l'extérieur dès que l'occasion se présentait. Il n'était jamais là durant les batailles. Tout soupçon a disparu au moment où l'un de nos hommes l'a découvert lors d'une attaque, pendant que tout le monde était sur le champ de bataille, caché et tremblant dans un coin reculé de la base. Ton frère a fini par nous révéler qu'à chaque combat, il fuyait le plus loin possible.»

« Quoi ?! je m'écrie, Sérieusement ?»

« Ouais, du moins, c'est ce que tout le monde croyait et croit encore aujourd'hui. Reese est plus méfiant.»

Il me lance un coup d'œil, comme pour m'évaluer.

« Quoi ? Continue ! je le presse.»

Il s'arrête et se tourne complètement vers moi. La distance entre nous est maigre et je dois lever la tête pour le regarder dans les yeux. Il devient plus menaçant, ses yeux me lançant des avertissements. Je comprends mieux ce qu'il essaie de faire. Il prend une position de force, me regardant de haut pour me faire peur, et je dois malheureusement avouer qu'il y arrive. C'est qu'il doit être habitué.

« Tu veux gagner ma confiance ?»

Je fronce les sourcils.

« Pourquoi tu me demandes ça ?»

« Tu veux que je te fasse confiance, oui ou non ? Tu pense le mériter ?»

Le silence plane. Je commence à ressentir la crainte. Il va sûrement me demander de faire quelque chose pour lui. Quelque chose qu'il m'est impossible de faire, et je parie que ça a un rapport avec Blake.

J'hésite, pesant le pour et le contre. Il me demande s'il peut me faire confiance, mais présentement, c'est moi qui me demande si je peux lui accorder la mienne. C'est une question qui est revenue tellement de fois, mais je n'ai, jusqu'à présent, pas été déçue. Je lui ai confié ma vie inconsciemment, autant poursuivre sur cette lancée.

Après avoir analysé ses prunelles à la recherche d'une quelconque information qui pourrait m'aider, je pince mes lèvres entre elles.

« Oui, déclaré-je avec toute la détermination que j'ai.»

Il hoche la tête, satisfait.

« Bien, car si tu la trahis en révélant ces informations, je ne pourrais pas te tuer, il laisse sa phrase en suspend puis me tourne le dos, reprenant sa marche, Mais je pourrais te faire pire.»

Un frisson violent me parcourt. Son côté plus sombre me surprendra toujours.

Je déglutis,le suivant en instaurant une certaine distance. Pure mesure de sécurité. Il semble de nouveau normal, cet aura sombre s'étant évaporée. Pour le moment.

« Reese, se méfiant de Blake et profitant de cette information, décida de... l'enfermer, en quelque sorte, dans la base. Ton frère n'a plus le droit de sortir d'ici pour aller dans les villes alentours, ou dans le désert. Il a le droit d'aller dehors, mais il y a une certaine limite qu'il n'a pas le droit de dépasser.»

« Et il n'a pas protesté ?»

« Si, bien sûr que si, mais il sait aussi que Reese est intransigeant. Il est au courant que ce n'est pas pour son bien que le chef a pris cette décision, mais parce qu'il se méfie de lui.»

« Ça fait deux ans et demi, maintenant.»

C'est injuste pour lui. Pour une erreur qui date de deux ans, il se retrouve avec l'interdiction de s'éloigner de la base, tout ça à cause d'un doute.

« Le chef dit qu'en deux ans et demi, il ne s'est rien passé, et qu'il est fort possible que tout recommence s'il le relâche, tout comme il peut ne rien se passer, mais il préfère ne prendre aucun risque.»

« C'est un prisonnier dans ce cas, m'indigné-je.»

Il hausse un sourcil dans ma direction.

« T'en connais des prisonniers qui vivent aussi bien et qui ont accès aux armes ?»

« Je n'en connais pas tout court, je grommelle.»

Il s'arrête et je me rends compte qu'on est devant ma chambre. Sans ma permission, il ouvre la porte, entrant sans mon autorisation encore une fois, et la referme une fois que je suis à l'intérieur.

« Surtout fais comme chez toi, dis-je ironiquement.»

Il va dans la salle de bain en m'ignorant, regarde à l'intérieur, puis vérifie chaque coin de la pièce.

« Qu'est-ce que tu fais ? demandé-je, épuisée par tout ce que je viens d'apprendre.»

Encore une fois, il m'ignore. Quand il finit, je suis assise sur mon lit, les béquilles posées contre ma table de chevet.

« Il n'y a pas de micro, ni caméra.»

« Pourquoi il y en aurait ?»

Il lâche un rire jaune, se moquant de moi, puis pose son épaule contre l'encadrement de la fenêtre.

« Tu es tellement naïve.»

Je lève les yeux au ciel sans lui retourner un autre "compliment".

« J'ai une question à te poser.»

« Tu poses trop de questions, dit-il nonchalamment en regardant par la vitre le vent se mêler aux grains de sable.»

« Tu penses aussi que Blake est un traître ? le questionné-je tout de même.»

J'attire son attention avec cette question. Il semble troublé un court moment, avant de reprendre sa contemplation.

« C'est moi qui l'ai amené jusque là, commence-t-il, Je l'ai plus côtoyé que Reese, je le connais mieux que lui. Ton frère est un gars bien, mais il a également ses secrets.»

Il fouille sans la poche arrière de son pantalon avant d'en tirer un paquet de cigarette. Avant que je ne puisse protester, il ouvre la fenêtre et allume le cylindre blanc. Malgré cette précaution, je respire le moins possible.

« Il nous avait dit qu'il était parti de chez lui peu de temps avant que je le retrouve. Si c'était vrai, ça voudrait dire qu'il aurait quitté sa famille il y a trois ans.»

Ma bouche s'entrouvre seule au fur et à mesure que le puzzle se forme dans ma tête.

« Or, il nous a quitté il y a quatre ans..., je souffle.»

« C'est ça, approuve-t-il, accoudé sur le rebord.»

« Mais qu'a-t-il fait pendant un an ? Où était-il ?»

Je suis abasourdie. Blake a donc bel et bien menti sur son parcours. J'espérais sincèrement qu'il n'ait pas fait quelque chose de mal.

« C'est la question qu'on se pose, en ce moment. Reese le sait, et il n'est pas du genre à facilement laisser tomber.»

« J'irai parler à Blake, déclaré-je, déterminée à connaître la vérité.»

« Hors de question. C'est une affaire entre nous.»

« Mais c'est mon frère ! je m'exclame.»

« Si tu t'en mêles, les problèmes se retourneront contre toi et tu ne vas rien changer à la décision de Reese. Tu ne vas qu'empirer les choses.»

« Je ne peux pas le laisser se faire tuer.»

L'émotion se faire entendre dans ma voix, et j'ai horreur de ça. J'ai l'impression de passer pour une faible, encore une fois.

« Il ne mourra pas, si ça peut te rassurer. Tu peux me faire confiance.»

J'écarquille les yeux, pas sûre d'avoir bien entendu. Il disait au réfectoire qu'il n'hésiterais pas à le tuer, et maintenant, il change d'avis ? Je n'arrive plus à le suivre, décidément.

Il s'approche rapidement de la porte sans attendre que je parle, refermant la fenêtre en vitesse. Il ouvre la porte, sans m'adresser un mot de plus, et j'ai tout juste le temps de l'appeler. Cependant, il ne se retourne pas, et après que la porte se ferme, elle ne s'ouvre plus avant un long moment sur son visage familier.

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Salut toi !

Je ne vais pas trop m'attarder car j'ai du travail, malheureusement, mais voici le chapitre 5 ! Tu voulais une longue conversation entre Kad et Erin ? Te voilà servi ! Il y a plus d'informations qu'autre chose, en particulier sur le mystérieux frère d'Erin. Que faisait-il durant toute une année ? Je me pose la question.

Les publications se font n'importe comment, je l'approuve, mais je suis encore occupée, donc j'essaie de faire de mon mieux. On attaque une partie intéressante ! Tiens toi prêt pour la suite et essaie de bien suivre.

À bientôt ! ;)

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