K. Le destin de l'Empire - seconde partie

Le hangar du Spectre était en pleine effervescence. L'infirmerie ne pouvant accueillir tous les blessés, le docteur Leroy avait installé une zone de soin directement là où ses patients affluaient.


La plupart des survivants souffraient de manque d'oxygène et d'un stress post combat, mais les destructions de vaisseaux avaient engendrées de nombreuses autres blessures: membres arrachés, brûlures chimiques, exposition au vide spatial, shrapels...

Isolé sous un module stérile, le docteur opérait les patients qu'il espérait sauver. Les autres, pas assez touchés ou au contraire trop atteints, gisaient un peu partout. Certains restaient prostrés, alors que d'autres s'agitaient, incapable de tenir en place plus d'une seconde; des mourants murmuraient des plaintes angoissées ou hurlaient de douleur. L'air était saturé de sang et de l'odeur des machines broyées avec leurs équipages.

Celui du Spectre avait une formation aux premiers secours, mais rien ne l'avait préparé à ce déferlement de souffrance et de mort. Aidé des survivants les plus valides, ils tentaient de contenir un océan de détresse.


Encore au sommet de l'échelle du cockpit du Paladin, Varig observait cette scène d'en haut. Il avait déjà vu la guerre et la mort, mais jamais comme cela. Jamais une telle... Débâcle. L'impuissance lui tordait les tripes. Ses muscles se tendaient compulsivement, et ses doigts serraient l'échelle si fort qu'il y imprimait une marque.

Une haine brûlait dans son ventre. Il voulait venger tous ces hommes, toute cette souffrance et ces morts.


Le chevalier descendit d'un bond et se mit à marcher d'un pas décidé vers la passerelle. À son grand étonnement, plusieurs soldats se levèrent et le saluèrent alors qu'il passait devant eux. Un jeune soldat se fendit même d'un "officier sur le pont!" qui ne rencontra pour toute réponse qu'un "ta gueule!" bien plus sonore.

En temps normal, ce genre de réaction aurait été sévèrement punie, mais personne ne sembla s'en formaliser. Surtout pas Varig. Il évita une flaque de sang, pressé de quitter cet enfer.


Une fois qu'il eut franchit le sas il résista à l'envie de matraquer le mur à coups de poings; toute une escouade de commandos en armures et en armes gardait le couloir et ça n'aurait pas donné le bon exemple.


-Qui vous a posté ici? demanda le chevalier d'un ton rogue, surprit qu'ils n'aient pas plutôt été envoyés soigner les survivants.

-L'agent Carlsson, pour empêcher que des pirates déguisés en naufragés ne sabotent le vaisseau, indiqua Red dont il reconnu la voix. Vous savez si on va être déployés au sol monsieur? J'ai entendu dire qu'il y avait toujours des combats en bas.


Varig secoua la tête.


-Non. Nous sommes rappelés sur Nirauran; on va laisser le commandant Frallon et ses hommes se charger de Terranie.


Le chevalier fit mine de s'éloigner vers la passerelle, mais la jeune femme le rattrapa.


-Il nous reste une navette de transport monsieur, lâcha-t-elle. J'aimerais retourner combattre sur la planète avant qu'on ne quitte l'orbite.


Surpris, Varig se tourna vers elle. Sa visière masquait son visage, rendant ses traits indéchiffrables.


-Vous voulez faire quoi?

-Descendre au sol et combattre monsieur, répondit-elle. Mon escouade et pas mal de survivants encore valides seront volontaires aussi.


Le chevalier n'en croyait pas ses oreilles. Sa colère remonta, encore plus forte, nourrie par la frustration de devoir rentrer à la capitale au lieu de combattre.


-Moi aussi j'aimerais descendre et massacrer ces salopards jusqu'au dernier, répliqua Varig avec une colère mal contenue. Mais on a reçu des ordres; notre devoir nous appelle ailleurs, et nous le suivrons. C'est clair sergent?


La jeune femme répondit d'une voix si faible qu'il fut le seul à l'entendre.


-Mon frère est encore là bas.


Elle n'ajouta rien. Varig se traita intérieurement d'imbécile, sa colère douchée aussi sûrement que par un torrent.


Pris dans le feu de la bataille, il avait oublié que Red était Terranienne. Son frère servait parmi les plus hauts gradés de la garde fondatrice, et c'était sa partie natale qui avait été ravagée. La capitale où elle avait fait ses études avant de s'engager dans un centre de recrutement thrawnien. Ce monde qui brûlait était sa patrie, et parmi ses défenseurs se trouvait son frère.

Ce n'était pas une question de colère ou de vengeance. Elle devait y aller, tout simplement. Mais il avait été trop aveuglé par sa propre colère pour s'en rendre compte.


Les soldats les observaient, à quelques pas. Il regretta de ne pas avoir lui aussi un casque pour cacher son expression.


-Laissez deux de vos hommes garder le sas, lâcha-t-il enfin. Je vais informer le capitaine Arius et le commandant Frallon de votre départ pour la planète.


Plus bas, il ajouta.


-Sois prudente.


Pour toute réponse, elle salua poing sur le cœur avant de tourner les talons et de donner ses ordres. Varig la suivit du regard un instant avant de se détourner et de partir pour la passerelle.


C'était dur de la laisser partir, mais chacun allait où il devait, suivant son chemin et son devoir. Même si c'était le cœur lourd...

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