K. Le destin de l'Empire - dix neuvième partie
Nina Septime avait approuvé une bonne partie des systèmes de protection des appartements privés de l'empereur, mais elle n'y était jamais venue jusqu'à aujourd'hui. Les œuvres d'art et le marbre aux fins motifs dorés la laissaient froide. Elle accordait du prix au confort, pas au luxe; et pourtant elle pouvait apprécier la vue.
La tour du palais était si haute qu'on pouvait voir les étoiles et l'anneau des docks orbitaux de Nirauran même en plein jour. Son regard plongea vers le bas, rencontrant la mer de nuages sombres qui recouvrait la surface du monde-capitale. D'ici elle dominait la tempête, la planète et ses habitants. Tant de mensonges, de sacrifices et de sang pour arriver là-haut... Tellement de regrets et de remords étouffés en chemin.
Prise d'une curiosité morbide, elle se demanda combien de temps il lui faudrait pour s'écraser si elle tombait de la terrasse.
-J'éprouve une forme de respect pour vous, finit-elle par déclarer. C'est d'ailleurs la raison de cette entrevue.
Elle se tourna vers la femme entre deux âges à qui elle parlait. Celle-ci portait une robe de prix, et malgré sa mine défaite et les menottes qui emprisonnaient ses poignets son maintien restait celui d'une personne habituée à diriger. Deux droïdes de combat la toisaient, prêts à la maîtriser au moindre signe d'hostilité.
-Qu'attendez vous de moi? demanda-t-elle, consciente d'être sur le fil du rasoir.
La directrice semblait distraite. Elle ne semblait rien vouloir ajouter, mais son interlocutrice attendit patiemment qu'elle brise le silence.
-Le nettoyage, finit par lâcher la directrice. C'est ce qui vous a trahie Calixte.
Nina Septime sourit sans joie.
-Vous avez réussi à faire effacer les preuves de votre implication dans l'assassinat du régent, mais pas les nettoyeurs. C'est eux qui nous ont mené à vous.
-Quoi que vous croyez, je n'ai jamais...
-Ne vous fatiguez pas à nier, Calixte. Votre sort est déjà scellé de toute façon.
Un silence de mort tomba entre les deux femmes. La directrice admira le sang froid de son interlocutrice; elle ne cillait pas. Ne s'effondrait pas.
-C'était un travail remarquable, reprit-elle. La façon dont vous avez bâti votre réseau d'influence autour de votre mari... J'avoue vous avoir grandement sous estimé, vous et votre ambition. Vous êtes comme une araignée laissant sa toile faire le travail.
-Dites moi ce que vous voulez, Nina.
La directrice la fixa, indéchiffrable. Peu de gens osaient l'appeler par son prénom au cours des dernières années, aucun depuis la disparition de l'empereur. Mais la femme avec qui elle discutait n'avait plus grand chose à craindre.
-Ce que je voulais pour l'Empire est mort avec Varig Atorias. Vous avez réduit mes plans à néant Calixte, peu de gens peuvent s'en vanter.
-Vous êtes toute-puissante, répliqua amèrement son interlocutrice. De mon point de vue, la personne responsable de l'attentat contre le régent vous a rendu un grand service.
-C'est sans doute ce que pense la plupart des gens, oui. C'est là toute l'intelligence de votre plan d'ailleurs. J'imagine que c'est en me désignant comme la responsable de votre crime que vous avez convaincu tant de fidèles citoyens impériaux à participer à votre nouvelle conspiration.
La directrice agita la tête.
-Je sais tout de vos plans, Calixte Vao. Avez vous vraiment cru que votre rébellion pourrait m'échapper? Je sais exactement comment cette journée va se dérouler. À l'heure ou nous parlons votre mari et ses hommes ont dû s'emparer du centre de contrôle de la défense du palais. Et s'ils veulent avoir une chance de m'atteindre durant mon discours ils vont devoir s'emparer de la zone de détention sous peu.
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