F. Chasse - dernière partie

Le gouverneur avait mit à la disposition de Varig une suite luxueuse, réservée aux invités de marque. Étant son officier de sécurité, Red avait reçu une chambre contiguë, plus modeste mais confortable.


Une fois les lieux scannés pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls et non surveillés, le chevalier servit deux verres au bar. La jeune femme s'installa sur un tabouret en face de lui et ils trinquèrent.


-À cette chasse, lâcha-t-elle.

-Et à cette nuit, ajouta Varig en levant son verre.


Il prit une longue gorgée du breuvage bleuté qui répandit une douce chaleur à travers sa gorge. Le chevalier avait soigneusement surveillé ce qu'il buvait au long de la soirée pour rester parfaitement alerte; maintenant il pouvait enfin se détendre.


-Enfin seuls, lâcha-t-il. Le gouverneur est plutôt sympathique et il sait recevoir, mais j'avais hâte de ne plus être au milieu de cette bande de politiciens.

-Ils ne sont pas si terribles quand on sait y faire, releva Red. Et ils veulent tous être dans tes bonnes grâces.

-J'avais remarqué. Le gouverneur voulait carrément m'offrir une propriété sur la planète, et j'ai dû décliner au moins une douzaine d'invitations, des cadeaux... Je me demande bien ce que j'ai fait pour mériter cet accueil.


La jeune femme reposa son verre.


-Ce n'est pas toi, expliqua-t-elle. Mais la présence de ta flotte est vitale pour l'économie Maridun; le chantier spatial crée des emplois et draine beaucoup de ressources vers la colonie, sans compter que notre présence sécurise les vaisseaux marchands du secteur. Bref personne ici n'a intérêt à ce qu'on parte.

-Je n'y avais pas réfléchis, avoua Varig. Maridun offre une base parfaite pour la flotte, je ne vois pas pourquoi on partirait.

-Tu devrais le leur dire, ça les rassurerait, suggéra-t-elle. Mais tu as bien fait de refuser les cadeaux et les invitations; qu'ils ne pensent pas que tu es corruptible.


Le chevalier secoua la tête.


-Tu es beaucoup plus douée que moi pour tout ça, releva-t-il.

-Mon père m'avait préparée à devenir gouverneure, rappela-t-elle. Alors même si je n'ai jamais voulu prendre sa suite, j'ai retenu quelques trucs utiles. On peut dire que c'est de famille.


Varig acquiesça en faisant tourner le contenu de son verre. Fille d'un baron Terranien, Red avait fuguée en s'engageant sous une fausse identité dans l'armée thrawnienne pour échapper au destin que lui avait tracé son père. Avec un certain succès...

Elle avait récemment reprit contact avec lui et avec son frère; les choses se passaient bien mieux qu'elle ne l'aurait cru possible. Après sa disparition, ils avaient fini par croire qu'elle était morte et ça les avait aidé à revoir leurs priorités.


-Et si on parlait d'autre chose que de politique amiral? lâcha-t-elle en posant son verre.

-On n'est plus en service sergent, observa Varig en se prenant au jeu. Je crois qu'on peut laisser tomber le protocole.

-Et les uniformes?


Un long moment plus tard, le chevalier fixait le plafond de la chambre.


Red avait posée sa tête sur son épaule, lovée contre lui sous les draps. Sa main caressait distraitement son torse.


-À quoi tu penses? demanda-t-elle.


Varig ne répondit pas tout de suite.


-À ce domaine que le gouverneur voulait m'offrir, lâcha-t-il finalement. Et à nous. Je me demandais comment ce serait de vivre tous les deux ici, sans se cacher, sans devoir voler des nuits comme celle là. Tu n'y pense jamais toi?


Red resta silencieuse.


-C'est la guerre, finit-elle par lâcher comme une évidence. Et nous sommes des soldats.

-Mais si la guerre s'arrêtait? insista Varig. Et si nous n'avions plus besoin d'être des soldats?


La jeune femme s'éloigna pour le regarder.


-Elle ne s'arrêtera pas, lâcha-t-elle. Jamais. Inutile d'y penser.


Le chevalier sentit qu'elle était sur la défensive. Il aurait pu changer de sujet, mais n'en avait pas envie. Au contraire il avait l'impression de soudain pouvoir crever l'abcès qui empoisonnait leur couple.


-C'est vraiment la guerre le problème? demanda-t-il d'un ton accusateur.

-Qu'est-ce que tu veux dire?

-Oh, tu le sais très bien. À chaque fois que j'essaie de parler d'avenir tu esquive. Dis moi ce qui ne va pas, une bonne fois pour toute!


La jeune femme avait le visage fermé et le fusilla du regard.


-Comme tu veux, lâcha-t-elle. C'est toi le problème!


Le chevalier ne s'attendait pas à cette réponse et il resta silencieux.


-Tu es mon officier supérieur, poursuivit-elle. Notre relation doit rester cachée, ou ça détruira nos carrières. Je pensais qu'on était d'accord là-dessus. Mais tu me propose de t'installer chez toi, et maintenant veux parler d'avenir hors de l'armée? Combien de temps il va se passer avant que tu ne demande encore plus?

-Ce n'est pas...

-Je n'ai pas fini! le coupa-t-elle avec colère. J'ai grandit dans l'ombre de mon père et j'ai dû tout abandonner pour vivre ma vie. J'ai fait du sale boulot difficile et aujourd'hui je commande ma propre escouade; je t'aime beaucoup Varig, mais je ne bousillerais pas ma carrière pour toi. Ces nuits volées comme tu dis, c'est tout ce que j'ai à offrir; si ça ne te convient pas, trouve quelqu'un d'autre.


Abasourdit, le chevalier la regarda ramasser ses affaires. Il voulait répliquer, mais il ne savait pas quoi dire.


-Attend, finit-il par lâcher piteusement.

-Bonne nuit amiral, répliqua-t-elle avant de fermer brutalement la porte de sa chambre.

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