D. Ragnarok - seconde partie
Aussitôt à portée les vaisseaux déchaînèrent leur armement longue distance. L'espace séparant les belligérants s'emplit de lasers, de missiles et de projectiles.
La flotte de la Légion déversait d'innombrables escadrons de drones derrière elle; ces appareils légers s'efforçant d'intercepter une partie des tirs au prix de pertes effrayantes. La flotte croisée faisait de même en protégeant son avant-garde derrière un écran de chasseurs et de méchas.
Des explosions fleurirent le long de la ligne de front alors que des vaisseaux de ligne sombraient dans des boules de feu, frappés à mort. La bataille continuait sa route vers l'étoile, abandonnant les épaves dans son sillage.
Des centaines de vaisseaux croisés s'étaient avancés et menaient une lutte féroce pour atteindre l'ennemi sous un déluge de feu. Chasseurs, drones et méchas livraient leur propre bataille, manœuvrant agilement entre les frappes de l'artillerie lourde. Chaque vague décimée était remplacée par de nouvelles escadrilles qui montaient à l'assaut, cherchant la faiblesse de la cuirasse adverse pour s'y engouffrer comme une lame.
Après plus d'une heure d'un combat acharné, les deux camps avaient souffert des pertes significatives sans céder de terrain. Les morts et les vaisseaux perdus importaient peu aux apôtres; ils seraient remplacées après la bataille. Le vainqueur disposerait des innombrables épaves semées dans le sillage de la bataille pour bâtir l'armada qui imposerait définitivement sa domination à Andromeda.
Phobos observait les statistiques avec préoccupation. Le duel d'artillerie n'était pas décisif; aucune des deux force ne prenait clairement l'avantage.
Les destructeurs de la Légion faisaient un carnage, mais la flotte plus nombreuse des croisés pouvait assurer une rotation constante en première ligne, retirant les vaisseaux endommagés vers l'arrière. Face à eux, le mur d'acier de la Légion s'effritait lentement au lieu de s'effondrer.
-Seigneur, signala l'amiral Dantos, un vétéran qu'il avait anobli lui-même. Il y a des incohérences dans la signature énergétique de la machine infernale des hérétiques.
-Parle, invita Phobos.
-Leur propulsion n'est qu'à 30% de ses capacités, poursuivit l'officier. Nous pensions qu'il s'agissait d'un dysfonctionnement, mais les derniers relevés analysés suggèrent qu'ils brident volontairement leur vitesse.
Phobos fixa l'holocarte de bataille, perplexe. La mégastructure était horriblement lente, et même le vaisseau moins rapide n'aurait eu aucun mal à suivre leur pleine vitesse. Alors pourquoi ralentir délibérément leur manoeuvre?
-Si l'ennemi passe à vitesse maximale, nous estimons qu'ils arriveront à portée de l'étoile avant trois heures, ajouta l'officier.
Ils devaient intensifier la pression, chercher le coup décisif. Tant pis pour les pertes.
-Engagez nos réserves et dites aux amiraux d'avancer pour combattre l'ennemi au corps à corps, ordonna Phobos. Déployez nos forces d'élites. On doit briser leurs lignes.
Bien sûr, cet ordre allait précipiter la bataille dans une phase plus sanglante encore. Les duels d'artillerie étaient moins meurtriers que les éperonnages, vagues d'abordages et les canonnades à bout portant qu'il venait d'ordonner.
Qu'importe. Il fallait en finir avant que le brise-soleil n'arrive à portée de l'étoile. Le destin de l'univers en dépendait.
Phobos observa avec détachement la flotte croisée se ruer à l'assaut, rendant coup pour coup. Les pertes grimpèrent en flèche, mais celles de l'ennemi aussi. Et ils avaient la supériorité numérique...
Une alarme gémit soudain alors que des vaisseaux ennemis jaillissaient soudain de l'hyperespace sur une trajectoire d'interception.
Des milliers. Des dizaines de milliers même... Impossible. Toutes les forces de la TTC étaient engagées ici, personne dans l'univers ne disposait d'une telle armada, pas même le pirate Piepie ou les Chevaliers du Cygnes. Alors comment?!
Pris au dépourvu mais loin d'être paralysé, Phobos cria ses ordres alors que les nouveaux venus plongeaient dans la mêlée.
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