10. La bataille de Terranie - seizième partie

Terranie brûlait.


Les tirs du bombardement orbital transperçaient les cieux et embrasaient l'horizon, faisant vibrer l'air nocturne de rugissements titanesques. Sur des milliers de kilomètres les forêts de la planète étaient devenues un gigantesque brasier ne laissant qu'un champ de dévastation dans son sillage. De la cendre tombait doucement, comme de la neige.

Pourtant les défenseurs se battaient encore dans ce paysage d'apocalypse, tentant de repousser les forces de débarquement des pirates. Les derniers bastions seraient bientôt débordés et envahis, s'ils n'étaient pas anéantis par les feux du ciel avant.


La colline sur laquelle je m'étais téléporté était à l'écart des combats. Je les voyais se dérouler au loin, illuminant le ciel chargé d'un nuage de fumée si dense qu'il masquait les lueurs de la bataille qui se déroulait en orbite. Seul le bombardement transperçait cette masse sombre, des éclairs qui s'abattaient pour semer la mort et la destruction. Tout autour de la colline les arbres calcinés se dressaient comme autant de carcasses torturées, illuminées par les lueurs mouvantes des feux qui dévoraient la planète.


Je n'aurais pas dû être ici. Ma téléportation visait le vaisseau amiral de Piepie, mais quelque chose m'avait attiré de force sur la planète.

Ou plutôt quelqu'un.


À quelques pas de moi, une silhouette encapuchonnée se dressait, observant la symphonie de la guerre qui se jouait au loin.


-M'amener ici était un tour de force, lâchais-je. Pas très malin mais impressionnant. Je ne pensais pas que Piepie disposait de laquais capables de telles prouesses.


La bague à mon poing se mit à rougeoyer, de même que mes yeux. Je devais l'abattre vite, puis frapper son maître.

Mais l'autre se retourna vers moi et ôta son capuchon, révélant un visage familier.


-Vous... lâchais-je dans un souffle.


Hadès braquait sur moi deux yeux verts, qui semblaient briller d'une lueur surnaturelle. J'avais face à moi un apôtre de la TTC, un des hommes les plus puissants d'Andromeda, si on pouvait encore parler d'humain.


-Vous savez qui je suis, répliqua mon interlocuteur sans bouger les lèvres. Et vous me craignez. C'est un bon point de départ pour notre discussion.

-Une discussion? demandais-je avec prudence.


Tenter de fuir ne donnerait rien, il me ramènerait ici comme il venait de le faire. Pourtant il ne faisait pas mine d'attaquer. Étrange; habituellement, la TTC ne s'embarrassait pas de diplomatie. Elle imposait sa force.


-Andromeda est en danger, déclara Hadès. Des forces qui vous dépassent sont à l'oeuvre et je ne les arrête pas, notre univers sera condamné.


Au loin une gigantesque explosion embrasa le ciel.


-Vous ne parlez pas de Piepie, n'est ce pas? déduisis-je.

-Non, en effet. La Tearkasten et ses armées dominent déjà Andromeda; votre guerre n'est tout au plus qu'un divertissement pour nous. En aucun cas une menace.


L'apôtre leva les yeux vers le ciel qui pleurait des cendres. Ses paroles glissaient dans mon esprit dans une forme de télépathie instinctive.


-Je reconnais son oeuvre ici, lâcha-t-il. Vous entendez sa voix n'est-ce pas?

-La voix de qui? demandais-je, confus.

-Celle du destructeur des mondes, Appollyon.


Le discours d'un fanatique religieux persuadé de la venue de la fin des temps ne devait pas forcément être très rationnel, mais j'avais la frustrante impression de ne pas comprendre grand chose à ce qui se jouait ici.

Hadès venait de m'empêchait de frapper directement Piepie, le coup décisif qui mettrait fin à notre guerre. Plus grave, s'il était là, il devait savoir pour le fragment de Nihilithe, la source de mes pouvoirs. Alors pourquoi parlait-il de l'Inquisiteur au lieu d'attaquer?


-Appollyon est mort. Je l'ai tué, répliquais-je.

-Vous l'avez vaincu c'est vrai, admit Hadès. Mais un Inquisiteur ne meurt jamais; son essence passe au guerrier l'ayant abattu et le guide vers sa renaissance. Chaque défaite les rend plus forts, et plus dangereux. Je suis venu empêcher Appollyon de renaître une nouvelle fois et de porter l'apocalypse à travers cet univers. M'aiderez vous à emprisonner son âme, Thrawn, ou a-t-il déjà fait de vous son pantin?

-Je ne suis le pantin de personne.


Je jaugeais l'apôtre en silence. Il semblait sincèrement persuadé par son propre discours. Peut-être même croyait-il réellement que j'étais l'incarnation d'Appollyon. Mais au moins une chose m'échappait encore.


-Appollyon servait vos dieux, lâchais-je enfin. Et vous prétendez vous opposer à eux?

-Les Inquisiteurs nous ont offert les pouvoirs des dieux pour régner sur cet univers, mais maintenant ils veulent le détruire, détruire tout ce que nous avons bâtit, lâcha-t-il. Ray et ses légions d'acier sont déjà sous leur influence, et Pei Mei Ao est sur vos traces pour reprendre l'âme d'Appollyon. Je ne peux pas le laisser faire; Phobos est moi allons arrêter cette menace. 

-Comment?

-En emprisonnant les Inquisiteurs, pour toujours. Nous avons créé la prison et deux sont déjà entre nos mains; abandonnez vos pouvoirs, et laissez moi enfermer Appollyon avec eux. Le salut d'Andromeda est à ce prix.


Il tendit la main. Je fermais un instant les yeux, puis je levais le bras vers Hadès. Un groupe de vaisseaux passa au dessus de nous, poursuivant un chasseur qui fut mortellement frappé en plein vol avant de s'écraser au loin. 


Une fine épée rouge s'était matérialisée dans ma main, dirigée vers la gorge de l'apôtre.


-Pendant un bref moment, j'ai faillit vous croire, lâchais-je en rouvrant les yeux. Mais maintenant j'ai compris; votre secte va bientôt se déchirer et vous cherchez un moyen de prendre l'avantage sur vos anciens frères d'arme. Vous voulez le fragment du Nihilithe, et si vous ne me l'avez pas pris de force, c'est que vous avez peur de ses pouvoirs. J'ai déjà abattu un Inquisiteur; je vous détruirais aussi. Ensuite j'anéantirais Piepie. Si la TTC est déjà si proche de se déchirer, votre mort provoquera une guerre civile; alors Andromeda se libérera de votre domination. J'y veillerais.

-C'est ce que vous promet Appollyon? répliqua Hadès, sans bouger. Ce futur n'arrivera jamais, Thrawn. Vous n'avez aucune chance, abandonnez.

-L'ère de votre domination est passée, maintenant c'est notre tour!


Je frappais, mais une lame s'interposa soudain entre moi et ma cible, déviant le coup mortel avec une force inhumaine. Je reculais d'un bond, évitant une frappe plongeante qui creusa une profonde tranchée incandescente dans le sol calciné.

Hadès n'avait pas bougé, mais un autre personnage se dressait désormais entre nous. Caparaçonné dans une armure bleu et or, Phobos rayonnait d'une aura brûlante. La lame de son épée était baignée de flammes, et son visage produisait une lueur dorée qui semblait transformer les cendres qui tombaient du ciel en paillettes d'or.


-C'est trop tard, il est déjà sous le contrôle d'Appollyon, professa-t-il en se mettant en garde.

-Qu'il en soit ainsi alors.


Hadès fit quelques pas sur le côté, sortant de l'ombre cuirassé de l'apôtre de lumière. Il tenait maintenant une longue faux qui vibrait d'une énergie silencieuse et coupante.

Deux apôtres, voilà qui était un défis de taille. Mais j'étais convaincu d'une chose: s'ils étaient sûrs de gagner, ils auraient directement lancé les hostilités.


-Vous ne pouvez fuir ni vaincre Thrawn, indiqua-t-il, toujours sans parler. Abandonnez.

-Abandonner? répliquais-je avec un sourire féroce. J'ai toujours restreint mes pouvoirs par peur d'attirer votre attention, mais maintenant je n'ai plus aucune raison de me retenir. C'est vous qui devriez fuir.

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