10 La bataille de Terranie - quatrième partie

Une dernière aube se levait sur la capitale Terranienne. Sa lumière dorée embrasait le ciel et la cime des immeubles, venant jouer sur le verre d'alcool que tenait le président. Une main posée sur la rambarde de la terrasse, Terrane observait la ville qu'il avait bâtit et protégé toutes ces années.

Il prit une petite gorgée, laissant le gout imprégner son palais avant d'avaler.


-Tu viens me reprocher mon discours j'imagine? demanda-t-il après quelques instants.


J'avançais pour me placer à côté de lui. La vue depuis les hauteurs du palais présidentiel avait de quoi donner le vertige.


-Il est trop tard pour les reproches, lâchais-je. Et bien trop tôt pour un verre.

-À époque désespérée mesures désespérées mon ami, déclara sentencieusement Terrane avant de boire une nouvelle gorgée du liquide.


Un silence s'installa entre nous alors que nos pensées s'éloignaient. Je repensais à ce monde qui avaient vu mes débuts dans la politique et à tout ce qui s'était passé depuis. Une longue route qui nous menait à ce jour, à cet instant. À l'impitoyable bataille qui allait se livrer et aux destructions qu'elle sèmerait.


-On pourrait se rendre sans combat, lança Terrane en se tournant vers moi. Négocier ou...

-Piepie n'acceptera aucune reddition, ni aucune négociation, le coupais-je. C'est un chien enragé. Il n'est pas venu piller mais détruire.


Je marquais une pause.


-Si on échoue à l'arrêter...

-N'échouons pas alors.


Je hochais simplement la tête.


-Je vais rester ici, annonça Terrane en fixant l'horizon.

-Épargne moi la scène du président héroïque refusant de quitter son palais assiégé, répliquais-je. Ton peuple a besoin de toi en vie, plus que jamais.

-Tu te trompe.


Il reprit une longue gorgée, ne laissant qu'un mince filet d'alcool tapisser le fond de son verre.


-Rester n'a rien d'un acte courageux, au contraire. Terranie était mon rêve; j'ai bâtit sans guerre, un monde utopique, libre et prospère. Je n'aurais pas la force de le refaire. 


Il étendit la main et laissa son verre basculer silencieusement dans le vide.

Dans le ciel de Terranie, des milliers de transporteurs transpercèrent soudain les nuages.


Piquant vers le spatioport principal, une centaine de vaisseau atterrit de façon synchronisée. Les soutes s'ouvrirent et les soldats qu'ils transportaient débarquèrent rapidement. Ils portaient des tenues de combat mais étaient coiffés de bérets bleus, plus adaptés à une mission humanitaire au contact de civils que les casques intégraux à visière opaque, froids et inhumains. Les hommes se dirigèrent vers leurs objectifs respectifs au trot, guidé par leurs officiers. 


Le général Scrubs débarqua juste après cette première vague, entouré d'une escouade de commandos casqués. Tout en se dirigeant vers le QG de crise installé dans la tour de contrôle, l'officier tourna la tête vers les grillages barbelés qui bloquaient l'accès aux pistes. Des milliers de civils se pressaient déjà de l'autre côté. Des thrawniens prenaient déjà position, un soldat tous les trois mètres.

Pour le moment la panique semblait contenue et cette précaution apparaissait superflue. Mais quand la menace se ferait plus pressante et que les civils se jetteraient à l'assaut des clôtures, il faudrait bien plus que quelques fils de fer pour contenir la foule.


Les plus important responsables de l'ordre public Terranien se trouvaient rassemblés dans la même pièce; les chefs de la police, des pompiers et de la garde fondatrice. Tous se tournèrent vers le général quand il pénétra dans la salle de crise mais aucun ne fit mine de saluer; Scrubs les balaya sévèrement du regard.


-Bonjour messieurs, lança-t-il. Suite à la proclamation de la loi martiale, vous en répondez désormais directement à l'amiral Verla et moi même afin de procéder à l'évacuation. Mettons nous au travail. Qui dirige l'installation?

-C'est moi, indiqua un homme en costume beige en s'avançant. Je suis le directeur Cl...

-De combien de mes soldats vous avez besoin pour sécuriser les lieux et assurer le filtrage? le coupa Scrubs.


La question sembla plonger le directeur dans l'embarras.


-Je dois en discuter avec mon chef de la sécurité, mais il est... Hum... Porté manquant.


Scrubs plissa les yeux.


-Vous voulez dire qu'il n'est pas à son poste?

-On ne parvient pas à le joindre.


Le général se tourna vers les gradés en uniforme.


-Combien de vos effectifs sont dans ce cas?

-Difficile à dire, répondit prudemment un policier.

-Entre le quart et le tiers, indiqua un de ses collègues. Certains ont qu'on a pu joindre ont dit vouloir s'occuper d'évacuer leur famille avant de rejoindre leur poste.

-Pareil chez nous, ajouta un pompier.


Scrubs serra le poing.


-Établissez des points d'évacuation d'urgence sur les sites qui peuvent permettre les atterrissage et dirigez y les familles de vos effectifs, ordonna-t-il. Je veux qu'ils soient tous embarqués dans les deux heures.


Le commandant de la garde fondatrice s'avança. Son uniforme bleu et or était bardé de médailles.


-Général, je vous rappelle respectueusement que le président Terrane a interdit qu'on sélectionne les personnes à évacuer en priorité, asséna-t-il fermement. 

-Avec tout mon respect, j'en ai rien à foutre, répliqua Scrubs. J'ai besoin de tout vos hommes sur le terrain, et on ne les aura que s'ils savent que leurs familles sont en sûreté. Indiquez également que tout fonctionnaire qui refusera de rejoindre son poste sera arrêté.

-Sur quelle base légale...? se rebiffa l'officier.

-La loi martiale.


L'homme sembla une seconde déstabilisé par cette réponse sèche.


-Général, on apprécie tous votre aide, mais vous n'êtes pas sur une de vos planètes, finit-il par lâcher. Vous êtes sur Terranie, il y a des règles et des droits qui...

-Jusqu'à la fin de cette évacuation, les seules règles sont celles de l'amiral Verla et de moi même, et vos seuls droits sont d'obéir à nos ordres. Si ça vous pose un problème, dégagez d'ici et rédigez un rapport de protestation.


Le commandant serra les poings.


-Vous dépassez les bornes général, je vais en référer directement au président! cracha-t-il.

-Faites donc ça, répliqua Scrubs avant d'activer son communicateur. Soldats, escortez le commandant hors d'ici qu'il appelle qui il veut pendant que nous sauvons sa planète.


Deux thrawniens en armes pénétrèrent aussitôt dans la salle. L'officier blêmit puis les suivit de mauvaise grâce sous l'œil choqué de ses collègues.


-Quelqu'un d'autre souhaite encore discuter les ordres? demanda Scrubs. Très bien, alors au boulot.


Tandis que la réunion reprenait, le commandant fut amené dans un bureau à l'étage inférieur. Il activa aussitôt son système de com.


-C'est fait grand amiral, m'annonça-t-il. Mais cette mascarade était-elle vraiment nécessaire?

-Plus que nécessaire, indiquais-je. Il fallait faire une démonstration avec le plus haut gradé de l'armée terranienne pour s'assurer que les autres responsables obéiront aux ordres sans poser de question, une chose qui n'est pas dans votre culture. Envoyez votre bras droit se charger de la réunion, un transport vous attend pour rejoindre le pilonne principal du bouclier planétaire. Le cent-onzième régiment des forces impériale est déjà en train d'y atterrir mais vous et vos gardes connaissez mieux le terrain. Vous serez en charge de commander la défense de la zone.


L'officier acquiesça à contre-cœur.


-Je ne comprend pas pourquoi vous voulez envoyer tant de forces là-bas alors qu'elles devraient servir à l'évacuation.

-C'est ce qu'espère Piepie. Mais réfléchissez commandant; le bouclier est la meilleure défense de la planète, et la SOB ne dispose pas de missiles interplanétaires à portée pour le détruire. Leur meilleure chance de le neutraliser avant la bataille est d'infiltrer une petite unité d'assaut. Pour un maximum d'effet et empêcher toute réparation elle frappera juste avant la bataille.

-Nous serons prêts à les recevoir, lâcha le commandant avant de saluer, les doigts tendus touchant la tempe. Je me met en route.


Il rejoignit discrètement un de mes transports sur le tarmac. Sous contrôle étroit de mes soldats, des milliers de civils et leurs maigres possessions étaient déjà en train d'embarquer. Dès qu'un transport décollait, un autre venait le remplacer.


Le cœur lourd, le commandant contempla cette exode. La défense planétaire était l'une des attribution de sa charge, et pourtant il avait l'impression d'avoir échoué avant même le début des combats.


-Maudits pirates, cracha-t-il alors que son vaisseau décollait.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top