10. La bataille de Terranie - dernière partie
L'aube commençait à poindre à travers les lourdes masses de fumée qui planaient au dessus de la capitale. Les bombes à plasma et les ogives cinétiques avaient traversé les hautes tours de duracier et fracassé le sol avant d'exploser dans une chaleur dévorante. L'air lui même s'était embrasé et des larmes de verre avaient ruisselé tandis qu'un ouragan de feu s'abattait sur les rues.
La cité de la paix était morte, se consumant dans le brasier de la guerre.
Le quartier du palais présidentiel avait été particulièrement bombardé, mais l'ultime projectile qui s'était abattu sur les décombres n'avait pas été tiré par les pirates: il s'agissait du vaisseau de bataille frappé à mort par nos pouvoirs combinés, dommage collatéral d'un affrontement qui le dépassait largement.
L'immense carcasse s'était écrasée au sol et les poutres tordues de sa superstructure émergeaient des ruines tel un squelette de métal. Mais le crash n'avait pas interrompu mon combat avec les apôtres, bien au contraire.
Un impact formidable souleva un nuage d'étincelles et de cendres alors qu'un coups terrible me jetait à terre.
Cette fois, je ne parvins pas à me redresser. La puissance du fragment de Nihilithe ne faiblissait pas; elle se faisait simplement plus lointaine à chaque blessure, jusqu'à devenir inaccessible. Des marques rougeoyantes cinglaient mon corps là où les lames des apôtres m'avaient frappé.
Je levais la tête, cherchant du regard ceux qui m'avaient vaincu.
Insensible à la terrible chaleur du brasier, Phobos se dressait tel une statue vivante auréolée d'or. Quant à Hadès, il s'était perché au sommet d'une poutre arrachée au vaisseau de bataille. Sa faux semblait transpercer jusqu'aux flammes, répandant son aura tranchante et malsaine. Deux faces d'une même pièces...
J'avais lutté en vain. Mes années d'effort et de pénible ascension n'avaient mené qu'à cette chute finale. Piepie avait détruit ma flotte; les apôtres venaient maintenant me détruire moi et je n'avais pas le pouvoir de les en empêcher.
-Il est temps, prononça silencieusement Hadès.
Défiant la gravité, l'ombre se mit à descendre vers moi. Apparue dans sa main, une grosse lanterne de fer noir couverte de silhouettes torturées se balançait doucement. Des parois de verre enfermaient une lueur verte qui pulsait doucement.
Je pouvais sentir l'aura de l'objet, froide et sombre. Était-ce cela la prison dont parlait l'apôtre des ténèbres, un artefact capable de contenir l'essence même des inquisiteurs?
Hadès se posa devant moi. La lanterne s'ouvrit et je ne luttais même pas contre son pouvoir. Je me battais depuis très longtemps, bien trop longtemps. Les guerres, complots et massacres, les trahisons et les tyrans... Il était temps que ça cesse. Que je puisse enfin me reposer.
Une onde d'énergie invisible balaya silencieusement la capitale, éteignant les incendies à des centaine de kilomètres à la ronde comme on souffle une bougie.
Les flammes qui crépitaient, dévoraient et rugissaient se turent en un instant, plongeant dans le silence.
Doucement, Hadès referma la lanterne. Désormais, Phobos et lui étaient seuls.
-C'est terminé, lâcha Phobos. Appollyon est vaincu.
Au loin, l'aube colorait le ciel du même rouge que la pierre qui gisait là où je me tenais encore quelques instants plus tôt. Hadès la ramassa et la leva devant lui, comme pour mieux l'observer.
Une flamme verte embrasa le fragment d'anima, le réduisant en une poussière carmin qui s'évapora dans la brise.
Certains pouvoirs ne devaient tout simplement pas exister.
-Rien n'est terminé, lâcha-t-il en silence. Mais la fin... Approche.
Un instant plus tard, les deux apôtres avaient disparu sans laisser de trace. Au loin, les ruines d'un bâtiment s'effondrèrent sous leur propre poids, alors qu'une aube rouge baignait les ruines de la capitale dévastée.
Au delà du ciel, les vaisseaux de ferrailleurs arpentaient l'orbite pour recueillir les survivants et renflouer les milliards de débris. La terrible flotte de Piepie était partie, se fondant dans l'hyperespace comme un animal blessé.
La bataille de Terranie était terminée.
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