Chapitre 6

Comme l'aurait parié Louis, Armance rentra dans son bureau furieuse en lançant que le duel pour le banquet des Trois Hélios n'était pas une arène pour régler ses comptes et que puiser dans les arbres des élèves quand on était en train de perdre était puéril, inconscient, dangereux et surtout interdit par le règlement.

Puis elle se rendit compte que Julius n'était pas là.

— Robin est parti le cherchait, expliqua Louis.

Entendant cela, Armance afficha une mine dubitative mais se contenta d'aller s'assoir à son bureau pour remplir des papiers.

— Je peux y aller ? demanda le capitaine.

Mais il n'eut pas de réponse. Pas même un regard noir lui intimant de ne pas bouger. C'était un peu vexant.

Alors comme il n'avait rien d'autre à faire, Louis observa Armance travailler. Etrangement, elle était semblable et différente sur bien des points à la jeune fille dont il était tomber amoureux des années plus tôt.

Semblable car elle avait gardé ses valeurs, son esprit vif et aiguisé ainsi qu'un soupçon d'audace qui lui avait toujours permis d'aller au bout de ses objectifs.

Différente car elle avait grandi, mûri. Dans son regard se lisait une certaine désillusion qu'on acquiert avec le temps car il nous a blessé, car les gens nous ont blessé. Dans le cas d'Armance s'était encore plus précis et dans ses yeux Louis lisait une trahison dont il était le seul coupable.

Nous voulant pas penser à cela, Louis se concentra plutôt sur les ressemblances qu'elle tenait de la jeune fille qu'il avait rencontré des années plus tôt. Il y avait en effet chez Armance le même côté frondeur que la fillette qui leur avait jeté à la figure leur quatre vérités en les rencontrant. Mais il apparaissait aussi un côté plus vulnérable qu'ils n'avaient découvert que lors de leur seconde rencontre avec la jeune fille.

Cela s'était passé à l'école de danse. A l'époque, tous les mois, les garçons avaient un cours de danse obligatoire pour améliorer leur posture et leur coordination. C'était évidement trop peu pour que ces cours améliorent quoique ce soit mais c'était le seul horaire qui avait été accordé étant donné que prétendants et apprentis causés souvent du grabuge pendant ces expéditions. C'était d'ailleurs à cause de cela que les cours de danse avaient été supprimé du cursus scolaire de l'Elite. Certainement pour le bonheur de tous d'ailleurs.

En tous cas, Louis se rappelait avoir détesté ces cours de danse car si pour une question de décence, les garçons avaient interdiction de flâner devant les salles d'entrainement des filles. L'inverse n'était pas vrai. Enfin... Il y avait bien quelque professeur qui leur disait qu'elles avaient mieux à faire mais c'était leur école, leur territoire et les garçons étaient des intrus qui méritaient finalement toute leur attention.

Cela n'embêtait pas les apprentis qui demandaient régulièrement et vainement en été s'ils ne pouvaient pas s'entrainé torse nu. Cependant pour les prétendants, cette attention était une source d'angoisse car ils ressentaient toutes les moqueries que portaient sur eux ces regards experts.

Cherchant à les ignorer, Louis passait faire les exercices yeux fermés, malgré les difficultés que cela pouvait parfois lui causer. Ils avaient cependant ouvert les yeux comme des soucoupes quand un jour Julius avait lancer sur le ton de la conversation :

— Ça ne serait pas Armance ?

Etrangement, alors même qu'elle aurait dû être un détail de leur chasse à la foudre fantôme, Armance surnommé la fille interdite étant vu qu'elle n'aurait pas dû se trouvait dans l'Elite, avait souvent été le sujet de leurs conversations. Au début, Louis n'y avait pas fait très attention. C'était une remarque en passant, l'un d'eux qui l'évoque avant de changer de sujet, rien qui ne semble finalement important. Seulement, deux semaines plus tôt, Julius était revenu avec cette nouvelle à la fois merveilleuse et horrible : la fille interdite s'appelait Armance. C'était à la fois merveilleux et horrible car à ce moment-là, Louis s'était rendu compte de quelque chose : la jeune fille les intéressait vraiment. Si cela n'avait concerné que ses camarades, la gravité aurait été moindre mais à son grand désarroi, lui aussi s'intéressait à elle et voulait savoir qui elle était. Ce qui était injuste étant donné qu'elle les avait humiliés.

Aussi, le garçon feignit-il l'indifférence. A l'inverse, Robin se mit sur la pointe des pieds pour la chercher et lança :

— La fille interdite, tu veux dire !

— Je crois que tu la cherches trop haut ! marmonna Louis en refermant les yeux.

Son commentaire passa inaperçu car au même moment, Julius déclara :

— Peut-être que nous pourrions arrêter de l'appeler ainsi maintenant qu'on connait son nom.

— Non, quelqu'un t'a juste dit qu'il s'agissait potentiellement d'elle mais on a aucune preuve qu'Armance est bien son prénom ! avait rétorqué Robin. Ah, je la vois !

— En plus, ce n'est pas comme si on comptait devenir amis avec elle ! avait répliqué Louis. Moi, je ne la vois pas.

— Normal, tu fermes les yeux, avait commenté Julius sur le ton qui indiquait qu'il trouvait le comportement de son camarade puéril.

— Non, ils sont juste plissés car j'ai le soleil dans les yeux.

C'était un bien piètre mensonge mais Julius ne fit aucune remarque à la place, il finit par lancer :

— Ah ! Je te l'avais dit. C'est le pré-Elitien Léopold Boisdoré, il ne lui parlerait pas si ce n'était pas sa sœur.

Entendant cela, Louis ouvrit les yeux pour voir ce qu'il se passait. En effet, derrière les vitres de la salle de danse, la fille interdite se disputait avec un pré-Elitien qui fâché la saisit violement par le bras pour l'éloigner des regards indiscrets. Alors, poussé par une main invisible, Louis fit un pas en avant. Cela attira l'attention de ses amis qui arrêtèrent leur dispute autour de cette ridicule histoire de prénom mais surtout cela attira l'attention de la professeure de danse qui dans un claquement de langue demanda :

— Vous comptez aller quelque part M Serra ?

La jeune femme n'avait même pas la vingtaine mais son regard était celui de ceux qui prennent très au sérieux leur travail et attende la même chose des autres.

— Mademoiselle, je crois que je me suis fait une entorse ! répondit Louis en se laissant légèrement tombé sur Julius, ce qui crispa ce dernier. Je peux aller à l'infirmerie avec l'aide de mes amis.

Il avait ensuite tenté de passer de passer le bras autour des épaules de Robin avant d'y renoncer pour se contenter de s'appuyer sur son avant-bras.

Devant certainement se dire que refuser apporterait encore plus de trouble dans son cours, la professeure accepta de les laisser sortir. Une fois hors de la vue de la professeure, Louis arrêta de jouer les blesser pour activement chercher Armance. Ce ne fut pas très difficile. Même si Léopold Boidorés avait entrainé sa sœur dans une pièce vide, sa voix bien qu'il tente de murmurer portait :

— Tu as réussi à m'éviter pendant toutes les vacances mais c'est fini ! Je sais que tu as volé le gant signeur que j'avais confié à Anna pour rentrer dans l'Elite.

— Tu n'avais pas lui donner ! avait marmonner la jeune fille.

L'ignorant, son frère continua :

— Heureusement que c'est Arthur qui t'a trouvé, il a réussir à convaincre tout le monde que tu me cherchais. (Il y eu un silence rompu par le jeune homme qui se remis à crier) Tu imagine la peine des parents si on avait appris que tu étais dans la forêt de l'Elite ? A ton avis, qu'aurais penser les gens ?

— Je voulais juste voire comment c'était ! protesta sa sœur. Je n'aime pas la danse ! Je m'épanouirais beaucoup mieux dans ton école ! Tu es un pré-Elitien réputé, tu ne pourrais pas trouvé un moyen pour qu'on fasse une exception !

— Tu sais combien de mes camarades ont une petite sœur ? (La question devait avoir surpris Armance car elle ne répondit pas). Plus que je ne serais jamais comptée mais elles ne sont pas des petites pestes pourries gâtées !

Sur ce, il était parti furieux sans voir Robin, Julius et Louis mal cachés dans un placard à balais. A l'inverse, en sortant de la pièce, Armance avait lancé dans le vide :

— Vous êtes content ? Tout ce que je savais sur vous, c'est en entendant mon frère parlait avec ses amis que je l'ai appris et j'ai utilisé un gant qui signe son nom pour rentrer dans l'Elite. Je ne suis pas la gamine indépendante qui sait tout sur l'Elite que je prétends être, tout cela n'est qu'artifice et je suis une lâche !

Alors Robin s'était douloureusement extirpé du placard pour se planter devant elle et lancer :

— J'ai aidé mes cousins à monter Julius et Louis l'un contre l'autre pour être apprécié par les apprentis, je suis aussi un lâche.

Julius avait suivi en disant :

— Je veux être courageux mais j'étais prêt à me cacher dans l'Elite pour ne pas être virer, je suis aussi un lâche.

Il avait ensuite tourné la tête vers Louis et Robin et Armance en avait fait de même mais le jeune orphelin n'était pas prêt à un tel aveu de faiblesse. Cependant, il était capable de faire un pas en avant et annonça donc à Armance :

— Tu es peut-être plus de t'introduire dans l'Elite mais nous si. Ça te dit qu'on te fasse visiter autre chose que la forêt ? En plus, on connait un endroit super secret.

Voilà comment débuté cinq année d'amitié. Malheureusement, Louis malgré lui avait aussi réussi à y mettre fin.

Sortant de ses pensées, le capitaine demanda à Armance :

— Pourquoi as-tu arrêté d'être amie avec Julius et Robin en prétendant que tu croyais qu'ils étaient mes complices.

La phrase était quelque peu alambiquée et faisait référence à un évènement assez ancien, Louis allait donc la reformuler mais avant qu'il en ait le temps, Armance toujours concentré sur ce qu'elle faisait, répondit :

— Parce que je le pensais vraiment.

— A d'autres ! Tu es bien plus intelligente que cela ! Tu connais bien mieux nos amis que cela !

Cette fois-ci, la jeune femme redressa la tête et répondit avec sincérité :

— Car c'était plus facile !

Louis ne voyait pas en quoi perdre trois amis étaient plus facile que d'en larguer un. Comme si elle lisait dans son esprit Armance reprit :

— Comment j'aurais pu être leur amie en faisant comme si de rien n'était, sans leur dire ce que tu avais fait ?

— Tu aurais pu leur dire alors !

— Mais ils t'en auraient aussi voulu, votre amitié aurait été irréparable et tu aurais continué à t'isoler.

Entendant cela, Louis se figea et l'ignorant Armance continua :

— Je n'avais plus trop le temps de les voir alors je me suis dit que ce n'était pas grave. J'ai surtout repensé à comment tu m'avais menti les yeux dans les yeux en disant que tu étais innocent et je me suis alors dit que si quelqu'un pouvait t'aider à ne pas t'enfoncer, ça ne pouvait être que Julius ou Robin. J'ai été hypocrite ! Je t'ai abandonné mais je ne pouvais pas les voir en faire de même !

Soudainement, Louis comprit que s'il avait perdu Armance pour toujours, elle n'avait jamais cessé de l'aimer.

— Tu peux partir maintenant, lui dit-elle d'une voix tendue qui laissait entendre qu'elle retenait ses larmes.

Alors, Louis s'exécuta mais avant d'être tout à fait sortit de la pièce, il déclara :

— Je sais que cela ne réparera rien mais pardon. Tu méritais d'avoir au près de toi une bien meilleure personne !

Comme seule réponse, Armance dans un sourire triste lança :

— Lâche, va !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top