Chapitre 5
"— [...] C'est dingue, cette façon que tu as d'être amoureuse de tous ces Corbeaux.
Orla n'avait pas tort, bien sûr. Mais ce qu'elle ne saisissait pas à propos de Blue et de ses garçons, c'est qu'ils étaient tous amoureux les uns des autres. Elle n'était pas moins obsédée par eux qu'ils ne l'étaient par elle ou les uns avec les autres [...] Blue était parfaitement consciente qu'il était possible d'avoir une amitié qui n'était pas si englobante, qui n'était pas aveuglante, assourdissante, exaspérante, vivifiante. Mais maintenant qu'elle avait goûté à ce genre d'amitié, elle n'en voulait pas d'autre. "
Le Cycle du corbeau de Maggie Stiefvater
A présent, Julius marchait seul dans les couloirs de l'Elite.
En effet, quelques minutes plus tôt, Jean de Courcelle était venu voir Robin pour lui demandé de l'aide par rapport à problème survenu pendant la mission d'apprentis. Après, une seconde d'hésitation et un regard encourageant de son meilleur ami, le géant été parti. Néanmoins, il avait emporté avec lui une bonne partie de la confiance de Julius qui avait de moins en moins envie de se retrouver avec Armance et Louis.
Cela devait se voir car l'abordant au détour d'un couloir, Maitre Magimel lui lança :
— Pour quelqu'un qui vient de gagner un duel, vous avez une triste mine jeune homme !
Agacé que tout le monde fasse comme si le combat s'était bien passé, Julius rétorqua :
— Et cela me vaut d'être convoquer dans le bureau de la directrice ! Je doute que cette récompense ait un jour enthousiasmé quelqu'un !
L'Elitien crut un instant que cette réponse allait suffire à décourager le vieil homme de continuer une quelconque conversation avec lui mais l'ancien directeur le suivit pour soupirer :
— Pensant que vous faisiez des pieds et des mains dans votre scolarité pour faire secrètement entrer cette jeune fille dans l'Elite et que vous la fuyez à présent comme des prétendants ayant commis une bêtise !
— C'est surtout Louis, marmonna Julius.
S'il ne répondit rien à cela, l'ancien directeur lui jeta cependant un regard indiquant qu'il n'était pas dupe. Car en vérité, Armance avait été aussi importante pour Julius et Robin qu'elle ne l'avait été pour Louis. Inversement, si la jeune fille était sortie avec ce dernier, elle avait tenu à eux de façon égale mais en les apprécient chacun d'une manière différente. Cela avait été la même chose pour les garçons entre eux. Julius se souvenait en tous cas que s'il ne partageait pas les mêmes choses avec Robin qu'avec Louis, il aurait été cependant incapable de choisir entre l'un ou l'autre de ses meilleurs amis.
L'Elitien fut sorti de ses pensées quand Maitre Magimel reprit sur le ton de la conversation :
— Malgré votre présence chez les Hidalf, j'avoue constater avec amusement que c'est la première fois que je vous vois des vacances scolaires.
— J'étais présent chez eux pour organiser la sécurité du fils Hidalf pas pour discuter avec toute la maisonnée.
Son ton manquait néanmoins de conviction. A une époque, les Hidalf l'avait accueilli comme un membre de leur famille, un cousin discret qu'on loge volontiers pour les vacances et qui a même sa propre chambre pour se reposer si besoin est. Néanmoins, avec les Estaffes, Julius avait préféré s'éloigné des Hidalf pour les protéger et quand le danger avait disparu, un sentiment de décalage s'était emparé de lui. Peut-être car entre temps, il était devenu Elitien ou que la famille Hidalf s'était agrandi. Peut-être un peu des deux. Julius était devenu un adulte, il n'avait plus besoin qu'Emma et Rigor s'inquiètent pour lui comme cela avait été le cas pendant son adolescence surtout qu'ils devaient à présent s'occuper de leur vraie famille.
Comme s'il lisait dans ses pensées, Magimel reprit :
— Je suis certain qu'ils auraient adoré vous avoir ne serait-ce qu'un soir au diner ! Surtout que la dernière fois que vous êtes venu date un peu.
Quatre ans, précisément. Et même si aucun évènement notable n'était venu gâcher le repas, ce sentiment de décalage s'était encore une fois manifestait. Il avait alors ressenti la même nostalgie que celle qui s'emparer de lui quand il repensait à quel point ses amis et lui étaient proches dans leur scolarité. Cette même nostalgie qui lui disait qu'il valait mieux s'éloigner que de voir quels avaient été les dégâts du temps sur ses relations.
— Je pense que je n'aurais fait que les gêner, finit-il par répondre.
— C'est un avis qui n'appartient qu'à eux, lui répondit l'ancien directeur. Vous devriez arrêter d'essayer de contrôler qui s'approche de vous, vous pourriez être surpris de découvrir que vous avez une famille qui vous aime.
Et sur ce, tournant à un embranchement le vieil homme reparti comme il était venu.
Julius quant à lui continua de marcher plus préoccuper qu'il ne l'était avant. Evidement quand Magimel lui parlait de famille, il ne pensait pas à la vrai famille de Julius qui en soit était détestable mais aux Hidalf. Ce qui était idiot, il ne partageait et ne partagerait sans doute jamais aucun lien de parenté avec eux.
Pourtant, s'il remontait assez loin dans ses souvenirs, il pouvait se rappelait d'après midi passé chez les Jolibois à s'imaginer être le petit frère d'Emma. Etant de cinq ans l'ainée, ce rôle de modèle plaisait aussi beaucoup à la jeune fille. S'il se concentrait assez fort sur ses réminiscences, l'Elitien pouvait même revoir sur le visage de l'adolescente, le même sourire d'orgueil qu'abordait Juliette d'Or quand se croyant loin des oreilles parentales, elle expliquait à ses frère et sœurs toutes les mécaniques qui sous tendait les relations amoureuses. Julius revoyait alors Emma caché au premier pendant une fête lui désigner chaque invité pour lui expliquer quel lien il avait avec les hôtes, quels peurs et espoirs, il nourrissait pour la soirée.
C'était d'ailleurs elle qui après quelques minutes à l'écouter se plaindre avait su lui donner le nom de la fille interdite.
— D'après ce que tu me dis, avait-elle déclaré. Il s'agit d'Armance Boisdoré, elle vient de Soleil, étudie à l'Ecole de danse. Elle est la sœur d'un certain Léopold qui est pré-Elitien dans ton école mais surtout c'est la cousine d'Anna.
— Qui est Anna.
— L'une de mes amies, si tu veux, nous pourrons donc trouver un moyen pour que tu rencontres Armance.
— Pourquoi voudrai-je la rencontrer, à cause d'elle, on a été rabroué.
— De ce que tu m'as dit les reproches qu'on vous a fait été portait sur votre manque de cohésion et finalement vous êtes toujours dans votre école.
Etant donné que c'était la vérité, Julius avait gardé le silence en affectant tout de même une mine vexée alors Emma avait repris :
— Je pense que tu gagnerais à devenir son ami.
Le garçon s'apprêta intervenir mais l'adolescente continua :
— Vous êtes si coinsé dans vos écoles entre vos épreuves, vos ballets, vos entrainements et vos évaluations que vous en oublié parfois qu'il existe une zone en dehors de tout cela où ce n'est pas important. Ne deviens pas ami avec cette fille si tu n'en a pas envie mais garde des amis en dehors de l'école, reste amis avec tes camarades même si ils se sont fait virer. Ne laisse pas l'Elite t'imposer qui tu es car tu es bien plus que cela.
Julius se rappelait alors être rester quelques secondes bouche bée avant que le charme du moment ne soit gâché par Mme Jolibois criant depuis le premier à sa fille de venir dire bonjour à Ernest de Fleurrivage.
A la grimace qu'affecta Emma à ce moment-là, le garçon n'était pas du tout à son goût à la soirée qu'elle risquait de passer à côté de cet Ernest promettait d'être une torture. Elle se leva cependant et s'apprêta à descendre mais lança avant cela à Julius :
— Aussi tombe amoureux !
Le garçon allait encore une fois protester mais elle continua :
— Pas suivant la définition vieillotte des adultes avec l'amour romantique qui doit menait au mariage. Trouve quelqu'un qui te donne envie d'être courageux et l'impression que rien n'est impossible ça !
— Ce n'est pas être amoureux ça ! avait rétorqué le garçon.
Mais dans un sourire énigmatique et un peu triste, la jeune fille avait ajouté :
— Je t'assure qu'il y a beaucoup de façon d'être amoureux mais très peu que la société encourage. Si votre Foudre fantôme est si difficile à attraper, c'est aussi car elle ne saurait se laisser définir par une quelconques histoires romances, à mon avis.
Et elle était partie, Julius était resté un petit moment pour réfléchir et en avait conclu que la jeune fille parlait surtout pour elle car elle ne voulait pas finir avec l'un des prétendant assomment que lui présentait sa mère. Puis, il avait soudainement pensé au fait qu'il aurait en effet aimé revoir Armance mais pas sous le regard d'Emma et de son amie. Il aurait aimé la revoir dans un cadre semblable à leur première rencontre mais où Robin, Louis et lui ne se sentirait pas pris au piège car il était aussi évident que s'il rencontrait Armance ce ne serait pas sans ses camarades.
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