Le manoir

Adaëlle marchait jusqu'à la maison comme tous les soirs. Elle passait par la petite ruelle qui se trouvait à quelques mètres de son immense école. La rue était tout petites pierres et utilisable seulement pour ceux qui marchaient. De chaque côté de la ruelle se trouvaient de vieux bâtiments à appartements pour ceux qui se trouvaient dans le besoin. Une façon de dire qu'il s'agissait du quartier pauvre de la petite ville campagnarde dans laquelle l'adolescente de 17 ans se trouvait.

Un vent frais se faisait sentir. L'été approchait à grands pas. Et Adaëlle avait hâte. Elle aimait tout de cette saison. Le vent chaud qui faisait voler ses longs cheveux noirs. Le soleil qui venait réchauffer sa peau pâle. L'eau de sa piscine. L'odeur des roses que sa mère faisait pousser chaque année. Les courses effrénées qu'elle faisait avec son chien Puff, un beau bouvier bernois de quatre ans. La cueillette des petits fruits sauvages et des fraises des champs. Des longues balades en voiture. Elle aimait vraiment tout. Mais c'était encore le printemps. Encore quelques jours et l'été allait être présent. Et aussi la fin des classes était dans peu de temps. Il restait environ trois semaines d'école.

La ruelle n'était pas bien longue. Une dizaine de mètres. C'était assez pour faire une petite frousse à l'adolescente. Bien sûr, elle pouvait passer ailleurs pour aller chez elle, mais son père refusait qu'elle passe par le long boulevard qui menait jusqu'à chez elle et la ruelle menait directement devant la maison familiale.

Adaëlle était fille unique. Son père, un fonctionnaire du nom de Henry, qui ne fonctionnait vraiment pas à la maison, passait son temps au travail. La jeune fille le voyait une fois par semaine environ. Mais il ne lui parlait jamais. Du moins, pas directement. Il envoyait souvent sa mère. Henry avait environ 40 ans. Les cheveux poivre et sel, malgré le fait qu'il soit dans la fleur de l'âge, le faisaient paraitre plus vieux et plus sévère. Chose qu'il était, d'ailleurs. À tous les matins, il se levait aux aurores, prenait une douche rapide, se séchait et s'habillait dans la salle de bain et descendait directement à la salle à manger pour se faire un café et lire le journal de la veille. Car il se levait avant le facteur. Il laissait une note à sa femme, lui rappelant de ne pas oublier de repasser sa chemise ou encore qu'elle s'assure qu'Adaëlle portait bien son uniforme pour aller à l'école. Et pour sa fille, il laissait une liste de tâches à accomplir avant qu'il ne soit de retour le soir. Ce qui n'était pas bien difficile, puisqu'il revenait toujours très tard.

C'était ainsi depuis que la jeune fille avait 9 ans. Elle n'avait jamais cherché pourquoi. Il était son père, elle n'avait donc rien à dire. Une fois, elle s'est permis de se rebeller un peu. Pas grand-chose. La seule journée où il était là, elle avait décidé de dormir plus tard. Et il s'était mis dans une rage incroyable. Il avait brisé son aquarium ainsi que sa lampe de chevet et l'avait aussi frappée. Elle avait dix ans à ce moment. Et le visage haineux de son père allait rester gravé à jamais dans sa tête. Il trouva quand même le moyen de se faire pardonner. Il lui avait acheté un nouvel aquarium, le nouveau qui s'éclairait de lui-même. Il lui avait trouvé aussi de nouveaux poissons, car ils étaient tous morts, restés trop longtemps hors de l'eau. Et pour finir, sa chambre au complet fut refaite. Avec les couleurs qu'elle voulait ainsi que tout le matériel qu'elle voulait. Adaëlle aurait pu comprendre qu'en provoquant son père ainsi, il se ferait pardonner en lui faisant des cadeaux. Mais elle avait surtout compris qu'il était dangereux pour sa sécurité et celle de sa mère de le faire. Et il ne le refit pas. Et les seules fois où elle le voyait en colère, c'était contre sa mère. Mais jamais il ne l'avait frappée.

Sa mère s'appelait Jade. Elle était d'une grande beauté. Adaëlle avait hérité de ses longs et bouclés cheveux noirs ainsi que de ses étranges yeux bleus, presque blancs. La femme avait elle aussi dans la quarantaine. Elle était de grandeur moyenne. Ses seuls défauts étaient qu'elle ne savait pas s'affirmer face à son mari et qu'elle reniait totalement sa fille. Si elle pouvait disparaître, probablement que ça l'enchanterait.

Ses deux parents étaient toujours très bien habillés. Sa mère en tailleur et son père, en complet. Tous les jours, même la fin de semaine. Et ils s'étaient appliqués pour que la jeune fille en fasse de même, bien malgré elle. Tout ça, ce n'était pas son genre. Elle avait réussi à les convaincre de la laisser porter les vêtements qu'elle voulait le dimanche. C'était la seule journée où elle pouvait s'habiller comme bon lui semblait. Et la jeune fille n'avait pas mauvais goût. Elle suivait la mode couramment. Sa mère l'avait même déjà félicitée pour son habit. Cette journée-là, elle avait décidé d'enfiler un jean bleu pâle, une camisole blanche avec une veste de laine beige pâle aussi, le tout agrémenté d'un foulard en laine blanc crème et de petites bottes brun-chocolat. Sa mère parlait rarement et si elle le faisait, ce n'était pas pour dire des compliments.

La jeune fille arriva finalement chez elle, après une marche de quelques minutes. Elle fut surprise en arrivant devant la petite entrée d'asphalte de voir la voiture immaculée de son père. Il conduisait une Mercedes-Benz A 45 édition 1. Si son père était là, c'est qu'il avait quelque chose à lui dire. La dernière fois qu'il avait fait ça, il lui avait annoncé qu'il l'inscrivait dans un collège privé et que si elle voulait avoir des privilèges, elle allait devoir travailler pour ça, donc avoir de bonnes notes. Et Adaëlle s'était appliquée, car tous ses bulletins étaient parfaits. Elle excellait dans tous les domaines.

L'adolescente contourna donc la voiture, en se demandant bien ce que son père lui voulait cette fois. Elle entra dans sa modeste maison. Malgré le fait que ses parents étaient riches, ils vivaient dans le quartier le plus pauvre possible. Peut-être qu'ainsi, ils voulaient passer inaperçus aux yeux des autres. Quoique cela ne marchait pas vraiment, vu la voiture sport qui venait se garer tous les soirs dans l'allée double.

Le petit vestibule ne contenait rien d'autre qu'un garde-robe pour y ranger manteaux et souliers. Elle enleva donc ses souliers d'école et plaça son manteau de printemps sur un cintre et ferma les petites portes blanches qui servaient à délimiter la garde-robe du reste de la pièce. Une autre porte blanche la séparait du salon. Elle l'ouvrit donc et vit son père assis sur le sofa, accompagné de deux autres hommes et d'un adolescent qui devait aussi avoir son âge.

Le premier homme était grand, musclé et semblait venir d'un autre monde. Son habillement ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait vu auparavant. Pour haut, il portait une espèce de camisole ajustée, fait d'un cuir rouge. Et pour pantalons, ça ressemblait à de la toile. Ses bottes noires et longues se voulaient elles aussi ajustées et lui arrivaient droit aux genoux et elles s'arrêtaient en leur centre, pour ne pas qu'elles plient quand il marchait. Un lacet d'une matière qu'elle ne reconnaissait pas était attaché au-devant du pantalon afin qu'ils ne tombent pas. Il avait les yeux comme les siens et les cheveux étaient tout en bataille et noirs. Son visage était assez carré et il avait un nez bien défini.

Adaëlle passa à l'autre homme. Lui aussi était très grand. Son père mesurait environ six pieds, lui devait faire au moins quatre pouces de plus que lui. Lui était habillé comme il faut. Il portait une chemise blanche, avec des pantalons de travail noirs. Peut-être travaillait-il avec son père? Elle continua à le détailler.

Il avait aussi les yeux verts. Ses cheveux étaient châtain foncé, qu'il portait aux épaules. Son visage était plus ovale que l'autre homme. Malgré son habit sérieux, il lui donnait l'impression d'être très sympathique.

Elle regarda ensuite le jeune homme. Il ressemblait en tout point au deuxième homme, celui aux yeux verts. Les seules différences étaient qu'il était habillé d'un jean marine et d'un t-shirt blanc sport et que ses cheveux étaient rasés sur les côtés pour laisser une petite longueur sur le dessus afin de pouvoir dire qu'il se coiffait le matin en y appliquant du gel pour cheveux et en les plaçant comme il le souhaitait. Son regard l'attira tout de suite. Il était magnifique. Tout comme le reste. Adaëlle réussit de peine et misère à détourner son regard du garçon avant de jeter un œil interrogateur à son père.

— Bonjour, père, dit-elle, d'une voix douce, mais peu assurée.

Il ne lui répondit pas, lui faisant signe de s'asseoir sur la chaise qui se trouvait à l'opposé de lui-même, soit à côté d'elle. Elle obéit sans dire un mot.

— J'ai à te parler.

Sa voix était très grave. Et cela faisait si longtemps que la jeune fille ne l'avait pas entendue qu'elle sursauta en l'entendant. Elle ne dit toujours rien. C'était ainsi avec lui. S'il voulait parler, il fallait se taire.

Pour la première fois de sa vie, Adaëlle vit que son père cherchait ses mots. Il ne semblait pas savoir comment formuler ce qui allait suivre. Mais il parla tout de même.

— Ce que j'ai à te dire est de la plus haute importance. Demain, aux aurores, tu partiras d'ici.

Elle le regarda, en levant un sourcil.

— Mais, père, j'ai un examen demain. Il est important que je ne le manque pas!

— Ne discute pas, jeune fille. Tu partiras demain, un point c'est tout, tonna-t-il, de sa voix forte.

— Oui, père, dit-elle, d'une petite voix.

Adaëlle ne comprenait pas pourquoi les deux hommes et l'adolescent étaient là. Mais son père ne tarda pas à lui répondre, aussi sec que rapide.

— Ce sont eux qui t'emmèneront. Lui, me dit-il en pointant le premier homme, c'est Alexaël. L'autre, c'est Thïodann et le garçon, c'est Jonarek. Maintenant, je dois partir.

Il se leva et partit, sans même lui laisser le temps de poser de question ou même le temps de penser à l'une d'entre elles. Surtout qu'il avait dit que ça allait être de la plus haute importance. La jeune fille pensait plutôt à une attaque d'ovnis chevauchés par des licornes ailées. Mais non, elle devait seulement partir de nouveau.

Le salon se retrouva soudainement très calme. Lorsqu'elle était arrivée, une sorte de malaise se faisait sentir. Mais quand son père reparti travailler, elle avait disparu.

Le salon n'était pas bien grand. Il n'y avait pas de télévision. Mais il y avait un foyer, la chaise sur laquelle Adaëlle était assise ainsi qu'un énorme sofa qui faisait la moitié de la pièce, couleur crème. Et le bout gauche du sofa, l'opposé de la place occupé quelques minutes plus tôt par son père, servait de méridienne, car il était plus long. Les murs semblaient se perdre aussi, car ils étaient eux-mêmes de couleur crème. À croire que les parents de la jeune fille ne connaissaient que cette couleur.

L'homme qui s'appelait Thïodann prit la parole.

— Bon, je crois qu'il serait peut-être temps que tu ailles faire tes valises. Tu ne reviendras pas ici, alors apportes le maximum de trucs. Et surtout, n'apporte rien d'électronique.

— Ça tombe bien, les seules choses électroniques que j'aie, c'est un ordinateur portable, qui ne m'appartient pas et un réveille-matin, dit la jeune fille, un peu ironique.

Elle se leva donc et partit rejoindre sa chambre à l'étage supérieur. C'était donc sa dernière journée avec sa mère et elle n'irait plus jamais dans cet horrible collège où toutes les filles se moquaient d'elle parce qu'elle était différente et renfermée. À son grand étonnement, l'adolescent l'avait suivie. Elle entra donc dans la seule pièce où elle s'était toujours sentie en sécurité. Les murs étaient peints d'un gris clair et le plafond, en blanc. Elle avait un lit double où se trouvait une couette blanche agrémentée de cercles noirs. Et ses taies d'oreiller portaient le même motif.

Adaëlle ne s'attarda pas vraiment dans sa chambre. Elle ne possédait presque rien. Jonarek, le jeune homme qui accompagnait Thïodann et Alexaël prit la parole.

— Tu sais, bientôt, tu n'auras plus à suivre cette manière de vivre, dit-il.

Il avait une voix magnifique. L'adolescente, qui était dos à lui, se tourna et l'observa. Tout comme Thïodann, il semblait sympathique. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour comprendre qu'elle allait passer beaucoup de temps avec lui et qu'elle allait devoir lui faire confiance.

— Que veux-tu dire? demanda-t-elle.

Elle n'avait jamais eu d'autres manières. Elle vouvoyait ses parents. Elle se levait aux aurores pour faire ses tâches, allait à l'école et en revenant des classes, elle montait directement à sa chambre pour faire le peu de devoirs qu'il lui restait. Car la jeune fille travaillait si rapidement à l'école qu'elle avait le temps de faire ses devoirs. Mais elle s'en laissait pour la maison, pour ne pas que ses parents lui donnent plus de trucs à faire. Même si son père n'était pas souvent là, elle savait que tous ses faits et gestes lui étaient rapportés. Et que c'était lui qui donnait les ordres. Ensuite, elle mangeait et allait directement au lit. Sa mère l'avait autorisée à lire avant de dormir. Souvent, Adaëlle dépassait l'heure donnée pour finir le livre qu'elle lisait. C'était sa routine.

Et les week-ends, elle faisait ce qu'elle, à condition qu'elle ait fait toutes ses tâches aux aurores. Tout cela lui paraissait normal, car elle avait été conditionnée ainsi.

— Je veux dire que tu n'auras plus à agir comme tu le fais maintenant! Tu seras libre!

Adaëlle le regarda, abasourdie. Elle ne savait pas vraiment ce qu'était la liberté. Elle décida de ne rien ajouter, pour ne pas montrer qu'elle n'avait aucune idée de ce que c'était. Elle continua donc d'amasser le peu de vêtements qu'elle avait et les mis dans sa valise noire, qu'elle avait reçue lorsque ses parents avaient décidé qu'ils allaient l'envoyer dans cette école. Au début, elle était seule dans la petite ville, mais ils l'ont vite suivie. Au bout d'une dizaine de minutes, où Jonarek resta debout dans l'entrée de sa chambre à l'observer faire, elle réussit à tout fermer et déposer son bagage, qu'elle avait mis sur le lit pour avoir plus de facilité à le remplir, sur le sol, juste à côté de la porte blanche.

La jeune fille regarda soudainement le garçon.

— Ça veut dire que je n'ai pas à faire semblant de faire des devoirs que j'aie déjà complétés?

Jonarek resta surpris. Il lui avait dit qu'elle serait libre et la première chose qu'elle en disait, c'était ça? Elle devait vraiment être emprisonnée pour penser à ça en premier!

— Oui, c'est ça, dit-il en souriant.

Adaëlle le regarda. En plus d'avoir l'air gentil, il avait un magnifique sourire. Comme le collège où elle allait était pour filles seulement, elle n'avait pas vraiment eu la chance d'observer les garçons de son âge. Et le seul à qui elle ait jamais parlé se trouvait devant elle.

Elle lui sourit donc à son tour. Elle regarda l'heure et se rendit compte que sa mère devait être là.

— Il faut descendre. Ma mère doit faire à souper et elle n'aime pas quand je ne suis pas là pour faire ce qu'elle demande, dit-elle, en le repoussant doucement pour passer et descendre les escaliers.

Jonarek la regarda, étonné. Cette fille allait être tout un phénomène!

Adaëlle se rendit donc dans la cuisine. Elle était vraiment spacieuse. D'un blanc immaculé, les poignées d'argent ressortaient. Et l'îlot de marbre blanc, qui se trouvait au centre de la pièce, venait ajouter une touche de luxe à la pièce. Et sa mère était justement là, en train de commencer les préparatifs pour le repas du soir.

— Comment puis-je vous aider, mère? demanda-t-elle, d'un ton assuré.

Jade se retourna. Son maquillage était toujours aussi parfait, avec la ligne noire juste sur les dessus de la paupière. Son fond de teint était à peine visible et elle avait utilisé un rouge à lèvres de couleur naturelle.

— Je n'aurai pas besoin de toi ce soir. Tu vas souper et aller directement au lit. Demain sera une grosse journée. Compris?

La femme était très autoritaire.

— Oui, mère.

La jeune fille retourna dans le salon. Les deux hommes y étaient encore et discutaient, un verre d'eau à la main. Adaëlle les regarda, surprise.

— Elle vous a laissé boire dans le salon? demanda-t-elle, presque choquée.

Les deux hommes partirent à rire. Ce fut Thïodann qui me répondit.

— Dans quelques jours, tu comprendras pourquoi elle a dit oui! En attendant, viens t'asseoir avec nous, nous avons beaucoup de choses à t'expliquer.

Il lui avait parlé d'un ton calme et doux. Jamais elle n'avait eu droit à ce genre de traitement avant.

— Thïodann, Alexaël, je ne veut rien entendre de ce qui se passe dans vos vies sous cette maison. Vous lui parlerez demain, pas avant. Adaëlle, viens manger, tout de suite.

La jeune fille n'avait même pas eu le temps de s'asseoir que sa mère était intervenue. Elle obéit et alla s'asseoir à table, suivie de Thïodann, Alexaël et de Jonarek. Le repas se passa sans un mot après avoir desservi la table, la jeune fille se dirigea vers sa chambre. Mais sa mère la stoppa.

— Jonarek dormira avec toi ce soir. Son père et Alexaël dormiront dans le salon. Tâchez de ne pas faire de bruit.

Adaëlle regarda sa mère avec de gros yeux. Venait-elle de faire allusion à ça pour de vrai? Celle-ci repartit dans la cuisine, sans laisser la chance à sa fille de digérer ce qu'elle venait de lui dire. Jonarek la regarda à son tour. La figure que faisait la jeune fille était à mourir. Ça paraissait que sa mère ne faisait pas souvent de sous-entendu! Il monta donc avec Adaëlle.

La nuit passa rapidement pour les deux adolescents. Ils s'étaient endormis tout de suite. Comme Adaëlle se levait aux aurores depuis longtemps, elle se réveilla au bon moment. Mais il lui prit beaucoup de temps pour réveiller son compagnon de chambre, qui n'avait vraisemblablement pas l'habitude de se lever aussi tôt.

— Allez, Jonarek, lève-toi. Je n'ai pas envie de me faire punir!

Le jeune homme se leva d'un coup. Comme il n'avait rien apporté pour se changer, il avait dormi habillé comme la veille, lui enlevant la tâche de se changer. Ce qui était aussi le cas d'Adaëlle, puisqu'elle avait tout mis dans sa valise, en oubliant de se garder un pyjama de sorti pour la nuit.­­­­ Ils descendirent à la cuisine où leur petit déjeuner les attendait. Les deux hommes aussi étaient réveillés et les attendaient.

— Ça vous en a pris du temps! plaisanta Alexaël.

— C'est Jonarek, il ne voulait pas se réveiller, se défendit Adaëlle.

— Oh, c'est pas grave, il fait tout le temps ça! Ta mère m'a dit de te dire de faire attention à toi et de bien te tenir.

La jeune fille arqua d'un sourcil. Comme si elle ne se tenait pas toujours bien. Elle n'était néanmoins pas étonnée que sa mère lui ait fait dire ça. C'était pour lui rappeler le pouvoir qu'elle avait sur elle. Lorsque tout le monde eut fini de manger, Thïodann les fit monter dans une voiture familiale.

— Où allons-nous? demanda la jeune fille, quand Alexaël eut terminé de serrer son bagage.

— Chez nous. Nous avons beaucoup de route à faire, je te conseille donc de te reposer. On ne parlera pas durant la route, pour la simple raison que je me déconcentre facilement quand on me parle lorsque je conduis, expliqua Thïodann.

Adaëlle n'ajouta rien. Le trajet dura 13 heures. Le même temps que si elle était allée en Gaspésie. Ils ne firent que trois pauses, dont deux pour manger et un pour se dégourdir les jambes. Et la jeune fille fut agréablement surprise lorsqu'ils firent leur arrêt final. Elle ne prit même pas la peine de laisser le temps à Jonarek de sortir. Devant elle se tenait une espèce de vieux manoirs aux allures de la renaissance. Comme un mini château. Des feuilles de vigne le recouvraient presque entièrement, ne laissant que les fenêtres et les portes libres.

Tout autour, l'herbe était verte et le jardin, qui se trouvait à sa gauche, était très bien entretenu. Il y avait un nombre incalculable de fleurs et des couleurs à en couper le souffle.

— Comment faites-vous pour partir loin de chez vous alors que vous vivez sur une propriété aussi belle que devrait l'être celle de la Reine? demanda Adaëlle, époustouflée.

Jonarek et les deux adultes se mirent à rire. Elle n'était pas souvent sortie de chez elle autre que pour aller à l'école et cela paraissait! Doucement, ils la dirigèrent vers le manoir.

— Jo, montres donc à Adaëlle sa nouvelle maison, veux-tu? demanda Thïodann.

— Oui, papa! Allez, viens, tu vas voir, c'est encore plus beau dehors!

Ainsi, Thïodann était le père du jeune homme. Ça aurait étonné la jeune fille que ça en soit autrement puisqu'ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.

L'adolescent lui montra en premier le salon. Il était immense et les couleurs se trouvaient dans les tons de sables. Plusieurs vieilles peintures étaient accrochées aux murs. Il y avait deux fenêtres faites sur le long. Sur le mur du fond trônait aussi une grosse télévision plasma. La jeune fille se tourna vers Jonarek.

- Pourquoi m'avoir demandé de ne pas apporter d'appareil électronique? demanda-t-elle, curieuse.

- Parce que nous avons tout ici et que tu n'en auras pas besoin dans notre prochaine destination, lui répondit-il en souriant.

Elle haussa des sourcils, signe qu'elle trouvait que c'était quand même une bonne raison. Le jeune homme les dirigea ensuite vers la salle à manger. Celle-ci était spacieuse, immaculée. Et toujours avec le style de renaissance. C'était à couper le souffle.

- Tu sais, toutes les pièces sont comme ça. Mais tu n'as pas encore vu ta chambre! Tu vas adorer, dit Jonarek.

En effet, tout le manoir avait le même style moderne vieillot. Et Adaëlle aimait ça. Et le meilleur fut lorsqu'elle ouvrit la porte de sa chambre. Celle-ci était parsemée de bois. Il y en avait partout. Au milieu de la chambre trônait un lit double baldaquin dans les teintes rouge bourgogne et brun chocolat. Un tapis aux mêmes teintes se trouvait à droite du lit, qui semblait attendre qu'enfin quelqu'un vienne l'utiliser. Sur les deux côtés du lit se trouvaient deux énormes fenêtres qui donnaient sur une forêt immense, aux arbres de cette même grandeur. Il semblait y avoir beaucoup de sapins et de pins, mais on pouvait quelques fois apercevoir le blanc des minces boulots canadiens. Encore une fois, Adaëlle ne savait pas quoi dire. Et elle n'avait pas terminé. Une porte, totalement à gauche de la chambre, donnait sur une salle de bain privée, à la fine pointe de la technologie. Un bain-tourbillon, une douche multifonctions, un plancher de céramique et un lavabo qui s'ouvrait lorsqu'il y avait mouvements à proximité. La jeune fille n'avait jamais vu autant de luxe en une seule pièce. Jonarek s'approcha.

- Alors, ça te plait?

- Et comment? C'est bien la première fois que je vois une salle de bain comme ça!

Il me sourit.

- Prends ton temps pour t'installer, mon père et mon oncle vont t'expliquer après pourquoi tu es ici, lui dit-il, en sortant. Fais gaffe de ne pas te perdre!

La jeune fille lui fit un signe de tête pour lui dire qu'elle avait compris. Son bagage étant déjà dans la chambre, elle repéra tout de suite son meuble de rangement. Tout comme le reste du manoir, il était totalement authentique. Elle ouvrit les deux énormes portes et y plaça le peu de vêtements qu'elle avait.

Une chance que Jonarek lui avait montré le chemin pour aller à sa chambre, car elle se serait probablement perdue vers le chemin du salon. Et quand elle arriva, tout le monde était installé, avec une tasse de café en main, à l'attendre.

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