Je souriais comme un enfant devant un paquet de bonbon suite à ma méchante réplique .

-Les sangsues sont difficiles à décoller donc tu ne me feras pas changer d'avis Yann. On y va, ordonnait-elle.
Elle se dirigeait déjà en direction de la sortie. Je n'allais pas la suivre, elle se prenait pour qui. Je compris assez rapidement qu'elle n'allait pas lâcher l'affaire.

-Je ne viendrais pas, hurlais je.

-Pourquoi aurais tu peur ?

Je la suivis, elle avait gagné. Je n'aimais pas être traité de froussard. On s'installa dans la cafétaria de notre entreprise. Elle se mit à raconter sa vie sans que je lui demande. Elle ne regardait pas dans ma direction mais quand elle parlait ses yeux vagabondaient dans toute la salle.

-J'ai pris beaucoup de temps à me décider à quitter ma ville natale. J'avais peur de venir m'installer dans une autre ville, un autre monde. Pourtant j'aime cette ville, Paris, c'est si beau, s'exclamait-elle.

-Pourquoi cela ?

-J'ai commis une chose affreuse. Une chose que je ne me serais jamais cru capable de faire. J'ai encore du mal à me pardonner alors je ne savais pas si je pourrais avancer.

-Que veux-tu dire par là ?

-On va jouer à un jeu. Je pose une question tu y réponds puis c'est à ton tour.

Ses yeux me défiaient.

-Non. Je ne joue pas à ce genre de jeu.

-Arrête de jouer les rabats joies. On a bien encore une heure à passer ensemble.

-Ok, alors ma première question est pourquoi t'habilles-tu en rose ?

-Pour cacher le noir qu'il y a en moi. Pourquoi es-tu aussi froid et mal poli ?

Elle avait les larmes aux yeux en disant qu'il y avait du noir en elle.

-La vie ne m'a pas fait de cadeau alors je n'ai pas l'intention d'en faire aux autres.

-Tu parles d'une excuse, se moquait-elle.

-Je ne t'ai pas demandé de juger. Que s'est-il passé de grave dans ta vie ? Je pense que tu n'es pas au niveau de ce qui m'est arrivé.

-Qu'est-ce que tu en sais, chacun cache sa peine comme il peut. On met tous des masques et des costumes pour cacher ce que l'on récent vraiment. Moi je mets mon costume rose pour lutter contre le monde, toi tu portes ton masque de colère et de méchanceté. Tu n'es personne pour me juger.

-Tu n'as pas répondu à ma question, soulignais je.

Elle semblait bouder, ses yeux verts m'évitaient.

-Je ne réponds pas si je veux, c'est mon jeu après tout.

Etant donné qu'elle avait les larmes aux yeux et que je commençais à me sentir coupable, je n'insistais pas, même je me montrais gentil pour une fois. Je ne pensais pas que j'aurais réussi à la toucher autant. Elle m'apparaissait insensible à la méchanceté. Je m'étais trompée sur son compte.

-Alors pose moi une question, proposais je doucement.

-Très bien qu'est-il arrivé dans ta vie alors ?

-Ma fiancée est morte dans un accident de voiture. Elle est morte pour me rejoindre. Je ne m'en remets pas, j'ai l'impression qu'elle me hante. Je ne peux pas sourire sans elle, je ne peux pas être heureux après ce qu'il lui est arrivé.

-Ne joue pas les faibles. Il y a bien pire dans la vie, tranchait-elle tout à coup, elle était devenu méchante.

-Ah oui comme quoi ? Je voudrais bien savoir !

-Comme moi en tuant quelqu'un.

-C'est ce que tu as fait ?

-Oui. J'ai tué parce que j'ai des pulsions. Je suis noire de l'intérieur.

-C'est une blague ?