Epilogue
six ans après leur premier baiser
Les jambes de Rose s'activaient plus que rapidement sur le macadam. Autour d'elle, les cris résonnaient. Son regard s'attarde sur ce qui l'entoure. Elle voit les drapeaux brandis dans toutes les directions. Les différentes couleurs se mêlent et elle trouve ça beau. Parce qu'autour de cette route cernée de barrières, des français, des suédois, des norvégiens, des anglais, des américains, des kenyans, des marocains, des japonais criaient alors qu'elle passait. Sa prothèse bat le pavé à un rythme régulier tandis que son souffle devient de plus en plus archaïque.
Les larmes inondent son visage aussitôt la ligne d'arrivée franchie. Elle garde les mains levées pendant quelques secondes et puis vient les poser sur son visage ne réalisant pas pleinement ce qu'il venait de se passer. Et puis bien rapidement ses yeux émeraude parcourent la foule. Ils se fixent dans ceux qu'elle sait embués un peu plus clairs. Et elle meurt d'envie d'aller plonger dans ses bras. Mais avant elle se précipite dans ceux de son entraineur qui l'attendait.
─ On l'a fait. On l'a fait.
Elle se sent être soulevée du sol quelques secondes alors qu'elle se pend à son cou. Elle lui devait tellement. Elle s'en éloigne pour aller féliciter ses concurrentes et recevoir les leurs. Elle les connaissait bien après des dizaines de compétitions contre elles chaque année depuis quelques saisons. La natation était rapidement revenue, le vélo puis la course à pieds n'avaient pas trainé. Et elles n'étaient pas des dizaines à souffrir du même mal qu'elle et à pratiquer le triathlon. Ca s'était pourtant imposé comme une évidence petit à petit. La natation était redevenue sa passion. En courant elle pouvait accompagner son petit-ami dans ses sorties. Et ses camarades de promotion s'étaient fait une joie de lui apprendre le vélo. Mais c'était grâce à celui dans les bras de qui elle était glissée quelques secondes plus tôt qu'elle avait appris à maitriser les trois disciplines ensemble et qu'elle s'était envolée vers les sommets. Il était la seconde rencontre qui avait bouleversé sa vie.
Une fois la dernière adversaire proche ayant franchi la ligne, elle se précipite vers lui, le premier à avoir changé son existence. Elle se jette dans ses bras chacun d'un côté de leurs barrières. Ceux-ci se referment immédiatement sur elle. La foule semble disparaître alors qu'il devient pendant quelques secondes le centre de son monde. Une bulle se forme autour d'eux que rien ne semble pouvoir briser.
─ T'es la meilleure. T'es la meilleure Rose. Je t'aime. T'es la meilleure....
Les mots tournent en boucle dans son oreille comme s'il ne savait plus rien dire d'autre. Les doigts se posent sur son visage, les pouces essuient brièvement ses larmes. Elle discerne l'immense joie et fierté qui règne dans son regard. Et puis il fond sur ses lèvres, les capturant un court instant.
Lorsqu'il s'éloigne la réalité la reprend. Il y a la foule, les cris, les regards doux posés sur elle, ceux impressionnés de l'avoir si près d'eux. Elle se dirige vers sa famille, ses amis, glisse tour à tour dans les étreintes de chacun, reçoit les douces félicitations. Elle lit la grande fierté dans les regards brillant de larmes de son père, sa mère et sa petite sœur.
Les gouttes salées dévalent son visage alors que l'hymne national retentit. Son cœur se gonfle de fierté. C'était la première fois qu'elle gagnait. Et certainement la plus belle. Les larmes tracent des sillons sur ses joues alors qu'elles roulent doucement. Elle interrompt régulièrement son chant par ses sanglots.
Queen in the North 😍👑 🏊♀️🚴♀️🏃♀️ #sooooooproud #paralympicchampion #mameufestplusfortequelatienne
à Lillehammer, Norvège.
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rosieeee ❤❤❤
─ Montre la une nouvelle fois.
Les doigts se saisissent de la médaille qu'elle retire de son cou. Et elle est heureuse de ne plus sentir le métal froid sur sa peau nue après que lui ait trouvé qu'elle devait continuer de la porter pour leur premier moment à deux depuis son retour. Et il fallait avouer que l'idée de s'en détacher lui déplaisait tellement qu'elle ne s'était pas vraiment faite prier.
Les yeux verts la détaillent. Elle réalise enfin, maintenant qu'elle est rentrée chez eux, dans cette maison dans laquelle ils ont investie ensemble. Le métal doré n'avait pas quitté son cou depuis qu'il y avait été accroché.
─ Docteur en histoire du moyen-âge allemand, responsable d'un des plus gros chantiers de fouilles archéologique du pays, championne paralympique, c'est quoi la suite ? Transformation totale en ce robot que tu es même si tu prétends être une petite humaine toute gentille pour prendre le contrôle sur notre monde ?
Elle rit de sa remarque.
─ C'est l'unique chose que tu proposes ?
Leurs doigts s'entremêlent alors qu'il lui sourit.
─ Non, j'ai plein d'autres idées sympathiques à te soumettre.
─ Vas-y et je jugerai ensuite pour choisir celle qui me plaira le plus.
─ Très bien, je commence alors.
Les lèvres viennent doucement se poser sur les siennes. Et puis s'éloignent. Elle les sent qui glissent sur sa joue, dans son cou, sur son épaule. Elles effleurent sa poitrine et continuent de descendre. Elles s'arrêtent sur son ventre où elles se posent à plusieurs reprises.
─ Moi j'aimerai bien quelque chose. Ici.
Son cœur loupe plusieurs battements. Elle n'était pas sure de vouloir comprendre. Parce qu'elle avait toujours évité le sujet quand il essayait de le mettre sur le tapis et ils n'en avaient donc jamais parlé. Et c'était peut-être sa plus grande peur, qu'il lui dise qu'il ne voulait pas d'enfant avec elle. Parce qu'elle avait autant peur d'être une mauvaise mère à cause de sa jambe qu'elle désirait l'être. Et après des années sans en parler, elle s'était faite à l'idée que ce n'était pas ce qu'il voulait.
─ Ah ouais, et qu'est-ce que tu voudrais ?
─ Une petite créature mi-Robocop, mi-Frankenstein sur laquelle on pourrait veiller.
Le silence se fait alors qu'elle ne sait absolument pas quoi répondre, terrifiée à l'idée de ne pas pouvoir gérer.
─ Enfin, si tu veux aussi. On est pas obligé tu sais.
Elle lit la panique qui s'installe dans les yeux verts alors qu'il revient lui faire face.
─ Mais tu pleures, mais non. Mais je savais que c'était une mauvaise idée et que t'en voulais pas. Je suis désolé, j'aurai pas dû. On fait comme si j'avais jamais proposé. Mais après des années à te voir t'occuper de Jan plusieurs fois par mois, j'ai peut-être commencé à un peu trop rêver.
Elle le fait taire en venant l'embrasser. Et puis elle hoche vivement la tête.
─ Oui comme oui tu veux pas, ou comme oui t'es d'accord ?
─ Oui comme oui je suis d'accord. Je croyais juste que tu voudrais pas vu que...
─ Quelle idée loufoque. Je te connaissais depuis cinq minutes que je savais déjà que t'avais un don avec les enfants.
huit mois après sa victoire
─ Je ne sais pas qui est cette nana sur l'affiche au centre de cette pièce, mais elle est grave canon.
La rousse envoie son coude dans les côtes de celui qui se tient à côté d'elle lui arrachant une légère plainte.
─ Frappe encore une fois le futur père de ton enfant et je t'abandonne à ton sort, petite personne au coude pointu.
Elle lève les yeux au ciel avant que leurs rires ne s'élèvent. Elle détaille le blond qui l'accompagne, un beau costume sur les épaules et un nœud papillon assorti à sa robe autour du cou. Ce soir, ils sortaient avec tout un tas d'autres sportifs et personnes connues dans le pays. Ce n'était pas la première fois qu'elle l'accompagnait dans ce genre de soirées, mais c'était la première fois qu'elle pouvait y aller avec son nom aussi connu que le sien. Et avec sa robe bleue avec quelques broderies dorées et sa prothèse finement travaillée et aux mêmes couleurs, elle se trouvait magnifique. Elle ne s'était jamais trouvée aussi belle que ce soir. Et à voir l'éclat dans ses yeux dès qu'il posait ceux-ci sur elle, il avait le même avis.
─ Bavez pas trop messieurs, ce corps de rêve est déjà pris, il fallait être plus réactif. Il s'agit de celui de ma fiancée et de la future maman de cette petite chose présente dans ce beau ventre arrondi que vous voyez. C'est également valable pour vous madame, je vous ai vue lorgner sur ses courbes parfaites.
Elle se sent rougir quand les regards fixés quelques secondes plus tôt sur l'affiche se tournent vers elle suite à la remarque de son compagnon. Et tout d'un coup, elle trouve que la robe qu'il a choisie était peut-être un peu trop décolletée en dévoilant peut-être un peu trop. Le blond qui lui servait d'amant semblait bien moins gêné par la situation. Il resplendissait et son sourire amusé et malicieux égayait l'espace. Elle oublie rapidement la longueur de sa robe et sa forme alors que les présentations se font et que des discussions s'enclenchent.
Elle attend qu'ils soient de nouveau à deux pour réaborder le sujet.
─ Possessif chéri ?
─ Non, j'ai juste encore un peu de mal à me faire à l'idée que le monde entier peut voir le corps de ma fiancée parce la fille que j'ai rencontrée il y a des années et qui a mis plus de trois mois à me montrer sa jambe pose désormais pour une pub de sous-vêtements.
─ C'est vrai que j'aurai peut-être dû t'en parler avant...
─ Non, tu fais ce que tu veux de ton corps tant que les autres ne peuvent y toucher que du regard.
Et elle lève les yeux au ciel à cette remarque, puis ne peut s'empêcher de pouffer. Si celui qui partageait ses nuits n'était pas particulièrement jaloux, il était devenu particulièrement protecteur depuis qu'elle lui avait annoncé être enceinte. Cet imbécile avait commencé par lui demander si c'était bien de lui en réponse à cette nouvelle comme si c'était impossible qu'un mini-lui se trouve dans son ventre. Une fois qu'il avait bien compris que c'était le cas, il s'était exclamé J'ai réussi ! en levant les bras en direction du ciel, avant de se jeter sur son ventre qu'il avait recouvert de baisers. Ca s'était terminé par lui boudant de ne rien sentir et se plaignant que le bébé se cachait et ne voulait pas se montrer, avant qu'il lui demande de l'épouser sur un coup de tête, improvisant la bague avec un trombone sous le coup de la vive émotion qui le transperçait.
Et depuis, il n'était pas possessif mais pot-de-colle à souhait et avait tendance à sortir un peu trop facilement les crocs pour tout et rien. Elle avait donc hâte de voir les scènes coquasses qu'allaient pouvoir engendrer cette publicité au cours des prochains mois.
Ses yeux verts se dirigent vers l'affiche et lorsqu'elle la regarde une nouvelle fois, elle se demande où elle avait eu le courage de le faire. Et puis elle trouve son maquillage parfait, les lumières l'éclairant bien placées.
─ Je suis belle dessus, non ?
─ Il n'y a que toi qui a un jour douté de ça. Tu es magnifique dessus, et tu es magnifique ce soir.
─ Tu sais, c'est pas pour plaire aux hommes que je l'ai fait.
─ Je sais. Et tu as eu raison de le faire.
Rose avait pris beaucoup de décisions difficiles ces dernières années. Elle avait accepté de se montrer au blond, de se mettre en couple avec lui. Elle avait dévoilé son secret à ses amis, avait travaillé pour obtenir son diplôme et avait passé des heures à hésiter devant son armoire sur les habits qu'elle pouvait porter lors de son entretien d'embauche. Elle avait aussi repris le sport, avait fait le choix de faire de la compétition, s'était entrainé pour des grandes compétitions sans certitude sur l'endroit où elle arriverait. Elle avait dévoilé ses sentiments à celui qui comptait tant pour elle, avait trouvé le courage de faire face au jugement sa belle-famille pour la première fois. Et puis elle avait accepté de porter son enfant, et enfin, par une belle soirée d'automne de devenir sa femme. Mais tout ça, c'étaient des décisions importantes pour elle et surtout pour elle. Des décisions qui impactaient son quotidien et celui de son cercle le plus proche.
Prendre cette photo, c'était peut-être la décision qui avait été la plus difficile à prendre parce que ça signifiait se montrer au monde entier. Mais c'était certainement la décision la plus importante et nécessaire de sa vie. Parce qu'elle était la photo qu'elle aurait aimé voir quand elle était une adolescente au cœur brisé par les remarques. Quand elle était cette jeune fille qui se cachait.
Et quand elle sent la main se poser sur son ventre arrondi et les lèvres effleurer sa joue tandis qu'elle s'observe une nouvelle fois, elle est fière. Fière de sa beauté, fière de ses victoires, fière de son couple, fière de sa famille en devenir, et par dessus tout, fière de l'impact que cette photo allait avoir pour toutes les personnes comme elle.
F I N
j'espère que cette histoire vous aura plu. hésitez pas à me faire un retour, ça aide toujours pour mes prochaines histoires.
à bientôt pour de nouvelles histoires.
bonnes fêtes de fin d'année :)
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