huit mois après leur premier baiser

Elle quitte sa table de travail. Elle se retrouve face à un miroir. Elle avait oublié qu'il en avait mis un là pour les dernières retouches. Autrement dit, pour pouvoir se recoiffer parfaitement une dernière fois avant de quitter son salon pour l'extérieur. 

Son regard se fixe dans les yeux émeraude qui lui font face. Et puis elle le laisse trainer. Ses cheveux étaient attachés en un semblant de chignon légèrement défait, n'ayant pas pris le temps de vraiment les coiffer. Sur son cou s'étalait une marque en train de s'effacer, reste de leur nuit quelques jours plus tôt alors qu'il était revenu euphorique d'une victoire. Si elle avait râlé sur le moment, la voir en cet instant provoquait une agréable sensation en elle. Parce qu'elle lui rappelait qu'il l'aimait, elle et pas une autre. Elle lui rappelait qu'il la désirait beaucoup trop malgré tout. 

La chemise qu'elle portait était un peu grande, elle flottait dedans. Mais elle sentait son odeur de lessive et elle était bien trop agréable au toucher. Elle descendait jusque sur le haut de ses cuisses les recouvrant légèrement. Ses iris continuent de trainer. 

Ses jambes étaient nues, aucun tissu ne venait les recouvrir. Elle s'attarde sur les traces bleutées et rougies laissées par endroits. Elle reste figée. Les marques sont présentes sur sa jambe abimée, vieilles et récentes se mêlent dans un camaïeu de bleu, rouge et violet de diverses intensités. Elle les effleure doucement.

La porte s'ouvre et elle entend le sifflement qui retentit immédiatement dans son appartement. Elle ferme son ordinateur sur lequel elle était en train de taper son rapport depuis le matin.

─ Je peux savoir pourquoi tu t'amuses à marquer mes cuisses comme ça d'un seul coup ? 

La réponse n'était pas tombée immédiatement. Elle avait fait face à un regard malicieux et des lèvres semi-moqueuses. Celles qu'elle détestait autant qu'elle pouvait les aimer. 

─ Enfin tu t'en aperçois. 

Elle se met à bouder. La réponse ne lui allait pas. Le corps se laisse tomber à côté d'elle sur le canapé. 

─ Ton rapport avance ? 

Elle hoche doucement la tête. Elle se sent être hissée sur ses genoux. Quelque chose clochait mais elle n'arrivait pas à mettre la main dessus. 

─ Je suis un peu trop habillé non ? 

Secret glissé dans le creux de son oreille avant qu'un petit rire s'élève. Elle ne le comprend pas dans un premier temps. Et puis des mains glacées sont déposées sur ses cuisses nues, lui arrachant un cri. En face, la malice est présente, elle le détestait à toujours avoir les mains ou les pieds aussi froids. 

Les doigts trainent sur sa peau, remontant jusqu'à ses hanches. Brise froide sur sa peau chaude alors qu'il n'avait certainement pas mis de gants encore une fois. Elle frissonne, essayant de le repousser alors que cela semble surtout l'amuser.. Il l'éloigne un peu, finissant par enlever ses mains gelées de sa peau et plongeant un air désormais sérieux mais toujours aussi amoureux dans le sien. 

─ Ça fait longtemps que je le fais tu sais. 

Son cœur loupe un battement. 

─ Je sais que tu m'avais interdit pour pas qu'on te fasse de remarques, mais là ça comptait pas. Tu regardais jamais et c'était toujours caché donc... Personne aurait su. 

Elle l'observe avec son regard plein d'incertitudes et qui papillonne un peu. Ses yeux verts tombent sur sa cuisse. Nue. Libre. Pas cachée. Et sur ses vêtements à lui. Son corps enveloppé. C'était différent. Différent de l'ordinaire. Différent de leur routine. Normalement c'était lui qui avait les jambes semi-nues et elle celles recouvertes. 

─ J'arrêterai si tu veux, maintenant que tu daignes lui accorder un regard. Surtout que tu voudras peut-être les montrer à d'autres qui sait...

Elle reste une seconde choquée par ses mots. Non, elle ne pouvait pas. La bouche vient se déposer sur le bout de son nez, lui arrachant un rire comme seul lui savait le faire. Parce qu'il arrivait toujours à la dérider. Elle décide de changer de sujet. 

─ De toute façon que je t'interdise ou non ne semble jamais t'arrêter.
─ Dit-elle. Je te rappelle que tu es celle qui a lancé les hostilités. J'étais déjà en retard, tout le monde l'a vu et m'a charrié.

Elle reste silencieuse. En effet, il n'avait pas vraiment tord. 

─ Mes amis aussi se sont moqués je te signale, ils n'ont parlé que de ça toute la journée l'autre jour.
─ Bon, c'est pas le tout. Mais on ferait pas un goûter ? J'ai trop envie d'un chocolat pour me réchauffer. 

 Quelques minutes plus tard, ils sont installés dans le canapé, lui sous un énorme plaid, elle comme avant, en train de siroter leur chocolat chaud. 

─ On regarde un dessin-animé ?

Un sourire amusé se peint sur son visage.

─ J'ai un rapport à finir.
─ Ca sera comme une petite pause. Et puis ça fait super longtemps qu'on doit regarder Rebelle avec une belle rousse comme toi. Ou bien Wall-E parce qu'avec ta future thèse tu vas sauver le monde pour qu'il ne devienne pas comme il est dedans, Madame la future docteur. 
─ Demain, faut vraiment que j'avance. En plus, tu les as déjà tous vus au moins cinq fois.
─ Oui, mais pas avec toi. Regarde au moins Drôles d'oiseaux sur une ligne à haute tension avec moi.

Devant ses yeux suppliants, elle cède pour le très court métrage. Elle ne peut s'empêcher de prétendre qu'il valait vraiment coup. Après tout, il était vrai que les oiseaux étaient mignons et marrants, quoi qu'un peu ridicules. 

Lorsqu'elle quitte son rapport une heure et demi plus tard, elle va pour le rejoindre et finir ce magnifique dessin-animé qu'est Là-Haut, puisque c'était sur celui-là qu'il avait finalement jeté son dévolu, avant qu'ils ne commencent à préparer leur repas. Elle ne peut s'empêcher de soupirer quand elle le découvre endormi dans le canapé, bien emmitouflé dans sa couverture. 

L'arrière de sa main glisse sur sa joue pour le réveiller. Il entrouvre ses yeux verts et semble perdu pendant quelques secondes, lui arrachant un sourire attendri. Et puis son visage s'éclaire quand ses iris accrochent les siens. 

─ Coucou princesse charmante. Je suis un peu trop fatigué, j'ai même pas vu le Dabou.

Elle ne peut s'empêcher de rire devant sa déception. Quel grand enfant par moment.

─ Très bien, après ta petite sieste, tu vas m'aider, j'ai le dessin animé parfait pour toi. 
─ C'est vrai ?
─ Oui, ça s'appelle Ratatouille et tu vas y jouer le rôle de Linguini sous mes ordres.
─ Ahah, très drôle. Ok petit rat tout mignon. Je peux quand même avoir un bisou de ma princesse pour me réveiller ?

oui, je suis une grande fan des pixar  ❤

j'espère que ça vous plait toujours. normalement, il reste exactement 3-4 chap (en fonction...) + épilogue !