La rencontre
<<Un amour sincère ne se termine jamais. Il connaît des virgules mais jamais de point. >>
Inconnu
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Je repasse chercher ma moto en forme fantôme. La forme fantôme est un talent qui nous permet de nous rendre invisible, pratique quand il faut chercher une âme en public.
Je repars par le chemin inverse et quand je suis à bonne distance des sorcières, je redeviens visible. Je pousse un soupir de soulagement. Je n'aurais pas supporté d'avoir à toutes les éliminer. Les originels ne doivent pas être mis au courant de mes activités et je crois que la déesse des sorcières ne m'aimerait plus vraiment après ce jour.
Je zigzague à travers des petites ruelles. Je n'ai aucun endroit où aller. Je dois absolument trouver un endroit où loger. Je passe par une rue principale remplit de boutiques de toutes sortes. J'ai envie de me dégourdir les jambes. Je gare ma moto.
Je me suis toujours demandé si le destin existait bel et bien. Si nous étions prédestinés à toujours faire les mêmes erreurs ou si nous étions capables d'évoluer. Les meurtriers peuvent-ils changer? Je crois qu'aucun être ne peut répondre à une telle question. À part les dieux.
Chaque personne est différente, imprévisible. La vie est imprévisible. Comme lui. Le destin l'a peut être mis sur ma route pour me tester. Voilà la question que j'ai en tête quand finalement, après des siècles d'attente, il se tient devant moi avec un corps différent. Je le vois à l'intérieur. Ce garçon que j'ai aimé et qui m'a tué. Je sens mon cœur battre rapidement. Je reste figée sur place à le regarder, à me remémorer nos souvenirs ensemble et le moment où il m'a trahit.
Quand finalement, il me remarque, il ne semble pas me reconnaitre sur le moment, mais quand finalement la mémoire lui revient, son visage se fige d'effroi. Je sens toutes les questions qui se bousculent dans sa tête. Je peux comprendre. J'étais sensée être morte, mais les dieux en ont décidé autrement. Devant ce corps, qui je dois l'admettre n'est pas mal, mais qui rend très mal justice à l'original.
Je risque un sourire. Il semble déstabilisé. Je me retourne et marche d'un pas ferme. Je sens très bien qu'il me suit en quête de réponse. Une décision censée. Je pourrais très facilement me venger et de la pire des manières qui soit, mais je dois mettre les choses au clair avec lui. Je veux lui faire comprendre toute la peine et la douleur que j'ai ressentie. Je veux qu'il se sente coupable, qu'il souffre autant que j'ai souffert.
Finalement, je passe par une ruelle qui finit en cul-de-sac. Un endroit tranquille et sans témoin. Je compte jusqu'à trois et je me retourne pour me retrouver face à mon meurtrier. Ses mains tremblent.
-Kol, dis-je avec la voix la plus calme possible.
Il semble troublé que je l'appelle par son vrai prénom. Il ne doit pas comprendre que je l'ai reconnu dans ce corps.
-Abigail? Dit-il dans un murmure.
-Tu te souviens de mon nom.
-Comment l'oublier.
Il lâche un petit rire nerveux.
-Évidemment, comment peut-on oublier sa première victime? Dis-je d'une voix plus froide.
Il tressaille. Je sens un sourire se dessiner sur mes lèvres.
-Je...Je ne me contrôlais pas...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que mon poing s'enfonce dans son ventre le faisant voler à l'autre bout de la ruelle.
-Navrée, je ne me contrôle pas.
Je souris de toutes mes dents. Il se relève péniblement. Un peu de force brute ne peut pas faire de mal.
-Tu dois regretter ton corps de vampire tout puissant maintenant, dis-je.
-Je sais que tu me détestes, mais je n'ai jamais voulu te faire du mal et je n'ai jamais voulu devenir un vampire.
-Le mal est déjà fait, mon beau.
Si mon regard pouvait tuer, il serait déjà mort.
-Tu sais, je te vois à l'intérieur de ce corps. Le vrai toi, ton âme aussi noire qu'une nuit sans lune.
-Tu vois mon âme? Tu es devenue quoi au juste? Dit-il d'une voix abasourdie.
-Pourquoi ne pas commencer par ce que je ne suis pas?
Il rassemble sont souffle et met les mains sur ses hanches. J'ai peut être frappé un peu trop fort.
-Très bien, jouons. Tu n'es pas un vampire ou une sorcière, ni même un loup. Un démon peut être?
Je grimace. Finalement, Je n'ai pas frappé assez fort.
-Par tous les dieux! Je ne suis pas un démon, ni un ange non plus, dis-je avec dégoût.
Je m'avance pour lui redonner un autre coup, mais il m'arrête avec une question à laquelle je ne m'attendais pas.
-Les anges existent? Dit-il stupéfait.
-Bien sûr qu'ils existent. Des êtres extrêmement pathétiques et dénudés d'émotions ou de libre arbitre. Je ne te conseille pas d'essayer d'en invoquer un, tu finirais brûlé vif.
-Nullement dans mes intentions.
Il réfléchit un moment.
-J'ignore ce que tu es, dit-il en baissant la tête.
Je m'avance vers lui, je pose ma main sur son visage. Je relève tranquillement son visage emprunté et je dépose un baiser sur sa joue. Il semble déstabilisé. Je le regarde droit dans les yeux et dans son regard, je le vois lui et personne d'autre. Le temps semble s'arrêter. Il approche son visage du mien dans l'espoir d'un baiser, mais je m'éloigne et je fais apparaitre mes ailes. Puis, je prends mon envol.
J'ignore la raison de mon comportement, mon corps se souvient trop bien des sensations à son contact. Je ne peux plus l'aimer. Il m'a tué. Comment aimer son meurtrier? Je ne suis pas faible à ce point. J'ai pourchassé des milliers d'âmes, combattu des démons et des anges, entrainé des faucheurs, mais jamais je n'ai baissé ma garde. Jusqu'à ce soir.
Il a vu mes ailes et il sait que je suis en ville. Kol va vouloir me retrouver. Je suis complètement perdue, le revoir m'a affecté plus que je ne le crois.
J'ai besoin d'aide. Je me pose sur un toit et je prends mon téléphone. Je compose le numéro de Joseph. J'entends la sonnerie habituelle. Il répond à la deuxième.
-Meilleur faucheur à l'appareil, bonjour! Dit-il.
-Crétin, j'ai besoin d'aide. Je me sens mal et complètement perdue.
J'essaie tant bien que mal de retenir un sanglot. Je ne pleure jamais. Il semble comprendre le mal dans ma voix.
-Il s'est passé quoi, mon trésor? Dit-il d'une voix grave.
-Je l'ai vu. Lui.
J'ai déjà raconté mon ancienne vie à Jo et il ne m'a jamais jugé. Je ne me confie que rarement et il a toujours su m'écouter. Parfois, il est idiot et insupportable, mais parfois c'est un vrai ami.
-Tu sais, le temps passe, les souvenirs disparaissent, les sentiments changent, les gens nous quittent, mais le cœur n'oublie jamais ma chérie, me dit-il d'une voix douce.
Je ris.
-Tu as pris cela où mon cher?
-Sur Internet, t'en penses quoi?
-Certainement pas ton genre.
Nous rions tous deux.
-Merci, Jo.
-Je suis toujours là, enfin sauf les fins de semaine. Je dors, tu vois.
-Évidemment, tu es tellement occupé.
-Oui surtout depuis que j'ai le double d'âmes à m'occuper. Grâce à toi, dit-il en grognant.
-Ce sont les dieux qui m'ont donné le boulot.
-Tu l'as accepté, poulette.
-Je suis la mieux qualifiée. Je connais le sujet.
-Bien sûr, bon je dois y aller, j'ai une livraison de trois âmes qui m'attend.
-Je te laisse à ton travail et moi, je vais continuer le mien.
Je raccroche et remet mon téléphone dans ma poche. Je me sens mieux.
Le vent fouette mes cheveux. Je me sens prête à continuer ma mission.
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Coucou, Je suis désolée du retard, mais j'étais en vacance! :) :)
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