Chapitre 4 : Nouveautés
Nous sommes lundi et je vais enfin avoir ma tâche ! C'est pas vraiment que j'aime travailler pour les autres mais là, je commence vraiment à m'ennuyer. Durant les six jours qui vient de passer je n'ai pas fait grand chose, si ce n'est que m'entraîner et discuter à deux reprises avec ma sœur. Qui, par ailleurs, m'a informé qu'elle n'a toujours pas trouvé la moindre trace de ma copine. Pour être sûre je lui ai demandé si elle a bien vérifié toutes les listes des nouvelles détenues de toutes les prisons et visionné les enregistrements vidéos des aéroports, des gares, des ports, elle m'a affirmé que oui, mais qu'elle n'y apparaissait pas. C'est comme si elle avait disparu, ou que quelqu'un l'avait kidnappé. En parlant de disparition, j'ai l'impression que Sari et la gardienne PANNOLI ont, elles aussi disparues car je ne les ai pas du tout vu en presque une semaine !
Un vieux gardien, le plus vieux de la prison du moins, viens me prévenir le matin à huit heures cinquante que je dois me rendre dans le bureau de l'un des psychologues, que je n'ai pas retenu le nom, pour qu'il puisse m'expliquer ce en quoi consiste mon travail. Finalement, quand j'arrive devant la porte du bureau indiqué, j'apprends que c'est une psychologue qui m'a été assigné et pas un. J'entre sans vraiment frapper contre le bois.
— Pour qui vous prenez vous ? On ne vous a jamais appris à toquer avant d'entrer ?
Je l'ignore complètement pour faire une rapide analyse de la petite pièce. Je suis assez déçue car il n'y a pas grand chose, une simple horloge, un bureau, une chaise pour la détenue et une bibliothèque qui recouvre le mur derrière la psy. La moitié des étagères sont recouverts de livres psychiatriques et l'autre moitié de dossiers. L'observation terminé, je m'assois pour examiner la femme qui se trouve face à moi. Sa beauté, c'est peut-être son charme, me clou sur place. Ce n'est pas possible ! J'ai l'impression que toutes les femmes qui travaillent ici sont des réincarnations de Vénus. Ses cheveux sont courts, d'un brun chocolat, j'ai subitement envie de les renifler pour connaître leur odeur mais je me retiens, je ne voudrai pas risquer de la perdre. De nombreux tatouages colorés sont visibles sur ses bras et sur son cou, c'est un contraste plutôt agréable à voir avec sa peau légèrement bronzée. Ses yeux que je fixe à travers les vitres de ses lunettes sont azur. Elle porte un tailleur qui lui va à merveille mettant en valeur sa taille fine.
— C'est pas comme si je vous avez trouvée à poile, je lui fais mon plus beau sourire pervers, nous sommes dans votre bureau de travail ; à la limite, vous seriez avec une autre détenue et dans ce cas je serai sortie !
Elle marmonne des phrases incompréhensibles avant de poser un dossier sur la table.
— Sasha...
— Shadow !
Elle me regarde agacée que je lui coupe ainsi la parole.
— Shadow vous allez vous occuper du rangement dans la bibliothèque. Vous gagnerez, de cette façon quelques points que vous pourrez utiliser dans la boutique. Une détenue vous attend déjà là-bas, tentez d'être plus polie et de faire votre boulot correctement. On se revoit se soir pour un compte-rendu.
Je me rends en vitesse au première étage, devant mon nouveau lieu de travail j'aperçois une tête blonde. Moi qui pensais à elle il y a de ça quelques minutes, quelle belle coïncidence.
— Salut blondie ! Qu'est-ce que tu fais à attendre devant la porte comme ça ?
Elle sursaute à l'entente de ma voix, pourtant pour une fois je n'ai rien dis de méchant !
— Euh... j'attends quelqu'un. Une fille qui doit commencer son travail dans la bibliothèque.
— Ah mais c'est parfait ça, blondie qui va être mon boss ! Je vais pouvoir en apprendre plus sur toi et trouver ainsi la meilleure façon de te torturer !
Je rigole et lui demande quand est-ce qu'on commence. Elle n'a pas l'air aussi emballé que moi, ma joie vient d'ailleurs du fait que je ne vais pas devoir sociabiliser avec une détenue lambda ! Je veux bien faire des efforts pour me fondre dans la masse mais faut pas pousser mémé dans les orties non plus ! Au bout de plusieurs secondes d'attente elle entre dans la grande pièce me demandant de la suivre, c'est ce que je fais sans contester. Elle me fait visiter, me montrant le coin imagination, sciences, littérature classique et ancienne, les magasines et toutes les autres catégories. Je remarque alors que c'est clairement l'un des meilleurs endroits de la prison, dommage pour moi, je ne suis pas très fan de livre. Ensuite elle m'explique avec application comment ranger les livres par rapport au côte qu'ils ont. Les explications durent toute la matinée et on décide de prendre une pause pour manger au alentour de midi. Je profite de ce moment pour essayer d'en apprendre plus sur elle.
— Quel âge as-tu Sari ? Parce-que je ne t'en donnerai pas plus de vingt !
— J'ai dix-neuf ans.
— Mais... Que fais-tu en prison à cet âge ? Pourquoi gâcher ta vie de la sorte ?
Elle me lance un regard assez mal comme pour me faire comprendre que je ne suis pas la mieux placée pour lui faire la leçon.
— Okay, okay, tu ne veux pas en parler, j'ai compris. Moi qui essayais d'être gentille !
Le reste du repas se passe dans le silence, enfin si l'on ignore le bruit que font les autres filles. Je vois bien dans les yeux de Sari qu'elle regrette un peu de ne pas avoir été plus bavarde pour profiter de ma gentillesse, d'ailleurs elle tente de relancer une nouvelle discussion mais elle abandonne l'idée à peine la bouche ouverte.
Une bonne partie de l'après-midi je le passe à ranger les livres qui sont rendu par les prisonnière. C'est fou comme je me suis levée du bon pied aujourd'hui, je suis serviable comme jamais ! À la fin de ma journée je retourne dans le bureau de la psy, où j'entre cette fois-ci après avoir frappé un coup. On commence à faire un bilan de mon ressentie puis, une dizaine de minutes plus tard, Sari nous rejoint afin de faire un bilan total. Il s'emblerait que ma journée soit une réussite, puisque c'est validé, je vais bosser dans la bibliothèque.
J'ai un service à demander à ma sœur c'est pourquoi j'attends depuis plus de quinze minutes devant les cabinets téléphonique. Un peu avant l'heure du diné, c'est enfin l'heure des appels.
"Heyo p'tite sœur, j'ai un service à te demander !
— Oui ?
Sa voix est étrange, mais je n'y fais pas attention dans un premier temps.
— Peux-tu faire des recherches sur une certaine Sari, c'est une détenue.
— Ok, je te fais ça, dès que j'ai assez d'éléments je te ferai un bilan.
— Merci ! Ael tout vas bien ? Tu semble bizarre, tu n'as même pas essayé de savoir pourquoi je voulais des infos sur une détenue.
Un long silence s'installe entre nous que je finis par briser en lui rappelant que je ne peux pas parler autant que je veux.
— C'est Amélia...
— Tu l'as retrouvée ? Elle ne va pas bien ? Qu'est-ce que tu attends pour raconter !?
— Pas au téléphone, je viens te rendre visite dès que je finis ma journée."
Et elle raccroche sans me laisser le temps de rajouter quoique ce soit.
Pendant l'heure du diné, je ne fais attention à rien, ni au bruit, ni à blondie qui s'est assise de son plein gré en face de moi. Je suis dans une phase de réflexion intense, qu'est-il arrivé à ma copine ? J'ai peur d'apprendre la vérité, dans tous les cas elle sera mauvaise, qu'elle ait des problèmes ou qu'elle ait crée les problèmes. Finalement je ne touche pratiquement pas à ma nourriture et sors immédiatement dans le jardin pour rejoindre la piste de course.
Je cours, vite. Je suis énervée, beaucoup. Je doit courir pour me calmer. Libre, je serai allée faire un tour sur les toits, mais là, je ne peux pas, je suis prisonnière, je n'ai pas le contrôle, je ne peux pas faire ce que je veux. La cage se ressert, je m'étouffe, il me faut de l'air, de l'air de la liberté. À dix-sept heures je rentre à l'intérieur, ma sœur ne devrais pas tarder. Je fais les cents pas près de la salle intermédiaire attendant que quelqu'un vient me chercher.
— Vendredi, après t'avoir parlé j'ai eu une idée. Je me suis rappelée de ce lieu, celui où tu emmenais ta copine.
— Un des lieux le plus sécurisé sur cette planète, pour nous du moins.
Elle hoche la tête pour confirmer mes mots.
— Exact, et ça, Amélia le savait très bien. J'ai regardé les enregistrements vidéo... J'ai bien fait car le matin même elle s'y était rendue. Elle avait l'air très tendu, comme si elle avait peur qu'on la repère. J'ai alors attendu jusqu'à hier pour m'y rendre, elle a laissé une lettre. Avant que tu demande, oui, j'ai essayé de la suivre grâce aux vidéos surveillance, mais elle connais presque aussi bien les zones sans caméra que toi, elle a disparu trop rapidement pour que je puisse formuler des hypothèses sur sa cachette.
Je n'arrive pas à contenir mon impatience, j'ai besoin de savoir.
— Que contient la lettre ?
Elle prend quelques secondes pour me répondre, comme pour se donner de la force.
— Mot pour mot, elle a écrit : "Ael prévient Sasha que...
— Détenues, c'est la fin de l'heure des visites ! Dépêchez-vous de vous lever et de vous mettre en file indienne !
Ce n'est pas possible ! Je dois savoir ! Je presse ma sœur pour qu'elle ne perde pas de temps et qu'elle me dise l'essentiel.
— Ael, vite, parle !
— Détenue vous aussi !
Ma petite sœur n'a pas le temps de parler que le gardien se plante à côté de moi. J'aurais du m'en douter qu'il n'allais pas nous laisser deux minutes de plus, c'est le pire gardien de la prison.
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