Chapitre 11 : Libre... ou presque
La semaine passe bizarrement très lentement, nous sommes le vingt-deux juillet. Je pense que c'est le fais d'avoir passé quatre jours en isolement, complètement seule, sans pouvoir avancer dans ma mission qui a rendu le temps si long. Durant ces quelques jours, je n'ai pu que parler avec les gardiens qui me ramenaient mon repas, et encore, je ne pense pas qu'on puisse appeler ça des discutions. Je n'ai d'ailleurs pas vu la gardienne PANNOLI et je n'ai aussi pas pu être en contacte avec Ruby ou avec ma sœur, j'étais isolée. Tout ça à cause de cette Amanda. Elle à prétendu que j'avais trafiqué sa limonade et c'est pour cette raison qu'elle avait fait une réaction allergique. En soit, c'est complètement vrai, mais personne n'a de preuve. La directrice a quand même préféré m'éloigner un peu des autres détenues. C'était affreux, encore plus que ce que j'avais imaginé en entendant d'autres prisonnières en parler. Les hurlements ne s'arrêtaient jamais mais le pire était l'odeur infecte qu'il y avait.
Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Sari, heureusement pour moi, c'est hier soir que je suis revenue dans la prison commune, je peux lui souhaiter mes meilleurs vœux pour son nouvel âge dès le matin. C'est d'ailleurs ce que je m'apprête à faire en la voyant venir prendre place en face de moi au réfectoire.
— Joyeux anniversaire Blondie !
Elle semble surprise mais finit tout de même par me remercier.
— Comment tu sais que c'est aujourd'hui ?
— Je sais tout moi, as-tu oublié ?
Je rigole légèrement et elle décide de ne pas insister. Très vite on se remet à parler dans la bonne ambiance, cette journée promet d'être agréable. De plus ; maintenant je n'ai plus à distribuer du jus frais à ces femmes ingrates et je peux respirer l'air pur de l'extérieur en sortant dans le jardin. C'est là-bas que je me rends accompagnée de la petite blonde. Elle s'installe sur le banc au milieu de la piste de course et continue la lecture d'un roman à l'eau de rose tandis que moi, je commence à courir ; je dois dégourdir mes jambes. Cela me fait tellement de bien, j'ai l'impression de revivre. Mais ce n'est que de courte durée, car au loin, j'aperçois, un gardien venir chercher Sari. C'est le moment. J'espère que tout va bien se passer. Je pique un sprint jusqu'à elle, et nous entrons à l'intérieur ensemble, je sens son appréhension, elle ne sait pas ce qui lui arrive, surtout ce qui l'attend.
Nous marchons jusqu'à la salle de visite. Je me place devant la vitre tandis que Sari fait le tour pour passer de l'autre côté. Quand elle voit la personne qui est venue lui rendre visite, elle se fige complètement, puis, immédiatement elle se retourne vers moi et me lance un regard interrogateur. Je hausse les épaules et lui fait un petit sourire.
Je croise les doigts pour que tout se passe bien.
Mon amie de prison reprend possession de son corps et avance jusqu'à sa visiteuse. Elles se font face, elles s'observent, et enfin elles réalisent. Elles réalisent à quel point elles sont malheureuses l'une sans l'autre, et dès cet instant elles se jettent dans les bras de l'autre. Je suis si fière de moi.
Une heure plus tard, Blondie vient me rejoindre dans le dortoir. Sans m'adresser la parole elle s'installe sur mon matelas. Je la laisse faire attendant de voir ce qu'elle va faire et dire plus précisément.
— Je suis partagée entre l'envie de te frapper et de te faire un câlin pour te remercier.
Elle rit fort et je l'imite.
— Un conseil ; ne fais ni l'un ni l'autre, un simple merci me suffit amplement.
— Alors, merci beaucoup Shadow, tu es clairement la meilleure.
J'explose de rire, okay, elle sait me parler. Je pose une main sur son épaule et lui fait un sourire sincère. Ensuite je lui demande de me raconter un peu comment ça s'est passé avec Lettie. Apparemment elles ont bien discuté, elles sont prête à remettre les conteurs à zéro et à repartir sur de bonnes bases. Lettie a pardonné Sari et ça, c'est génial.
On passe le restant de la journée ensemble, et quand le soir arrive, je n'ai même pas la force d'annoncer ma sortie à mes acolytes. Je suis bien trop heureuse de retrouver le calme, et puis, je serais plus en forme demain comme ça, non ?
Le réveil est plus violant que d'habitude, je sens quelqu'un me secouer avec force. Arraché de mon sommeil aussi férocement je me redresse prête à étrangler mon agresseur, mais quand je découvre le visage de celui-ci, je suis forcée de me contenir.
— Rejoins-moi immédiatement dans le local d'entretien.
J'obéis, à contre cœur et me dirige vers le placard à balais, deux minutes après son départ. Quand j'entre dans la petite pièce, elle m'attrape par les épaules et me plaque contre un mur. Elle me parle tout près de l'oreille droit, dans un murmure agressif.
— Pourquoi nous as tu pas avertie de ton retour ?
— Tout doux ma belle, tu n'as pas besoin d'être collée à moi pour me poser tes questions. Rigole-je, mais elle, elle ne réagit pas. Soufflant un bon coup je reprends la parole. Je comptais le faire, pas besoin de m'agresser pour ça.
— Si tu as un comportement aussi peu professionnel, on ne pourra pas te faire confiance, tu comprends ?
Je lève les yeux au plafond, je sais qu'elle ne voit pas mon geste, il fait très sombre dans la petite pièce. Sans prévenir, profitant de l'obscurité, je l'attrape par les hanches et d'un seul mouvement je la plaque contre le mur où elle me retenait il y a seulement quelques secondes. Je prends une position similaire à la sienne, ma bouche est à proximitée de son oreille droit tandis que mes mains font pression au niveau de son bassin.
— Vous allez devoir faire avec alors, je n'ai d'ordre à recevoir de personne.
Ma voix est tranchante, personne ne peut me dire ce que je dois faire et ça, même si elle est super canon ou bien l'une des meilleures informaticienne de la planète.
— Ne fais pas des choses que tu peux regretter Shadow.
— Je ne regrette jamais rien ma belle.
À mon réveille, j'envoie un rapide texto à ma sœur pour qu'elle me fasse le point sur les événements de cette semaine via mon oreillette. Pendant que je déjeune, je l'écoute me raconter qu'il n'y a pas de réels changement mais d'après elle, Ruby est en colère contre moi, sans déconner. Sari me rejoint alors que ma sœur m'annonce qu'elle doit me laisser pour aller travailler. Timing parfait !
Dans l'après-midi, je reçois de la visite. Quand je remarque que ce n'est personne d'autre que la grande Ruby je ne peux m'empêcher de souffler de lassitude. Manquait plus qu'elle tiens. Je m'installe tranquillement face à elle, mis à part son regard assassin rien ne pourrait me confirmer que cette femme est en colère contre moi. Après quelques reproches, elle m'annonce qu'elle a réussi à négocier pour me faire sortir demain. Je suis si surprise que pour une fois je ne trouve rien à dire.
Le soir arrive assez rapidement, il faut que j'annonce la nouvelle à ma petite protégée. Je ne sais pas comment m'y prendre, je peux évidement pas lui dire comment j'ai fait pour pouvoir sortir si rapidement de ce trou.
Finalement je la croise à l'entrée du dortoir, je l'attrape alors pas le bras et la traîne jusque dans le jardin. Elle ne se débat pas sachant que ça ne sert à rien. On s'assoit sous un arbre près de la piste de course, ici nous sommes loin des oreilles trop curieux. J'attends tout de même quelques secondes pour être sûre que personne ne nous a suivit, pendant ce temps, Sari me lance un regard interrogateur.
— Je ne sais pas trop comment te dire ça, mais je sors demain. Je sais que je vais te manquer, mais c'est comme ça.
Elle semble surprise mais rigole à ma seconde remarque, ensuite elle reprend un air sérieux et me questionne.
— Comment ça se fait ?
— Malheureusement, je ne peux pas vraiment te donner d'explications.
Je pense qu'elle est habituée à tout se mystère autour de moi car elle hoche simplement la tête, pourtant, je jurerai avoir vu une vague de tristesse traverser ses yeux ambre. Je passe alors un bras autour de ses épaules en lui affirmant que si elle est contente de mon départ elle ne doit pas trop se réjouir non plus car on ne se débarrasse pas si facilement de moi, ce qui a le don de la faire rire et donc d'apaiser l'atmosphère. Nous restons dans cette position durant de longues minutes avant de se relever pour rejoindre nos lit respectif. Juste avant de sortir de notre cachette je lui fait un petit bisou sur la joue, elle ne réagit pas immédiatement ce qui me fait sourire.
— Hé ! Qui t'a autorisé à faire ça ?
La petite tape qui accompagne sa remarque me font rire de bon cœur.
— Je n'ai d'autorisation à prendre de personne jeune demoiselle !
Le lendemain matin je suis surexcitée. Je veux partir de là.
C'est la gardienne PANNOLI qui vient me voir à mon réveiller pour officialiser la nouvelle. Elle me demande de bien récupérer toutes mes affaires et de rendre tout ce qui appartient à la prison. Ma sortie est prévue pour midi. Mon impatiente est si grande que je ne tiens plus sur place, je suis obligée de sortir courir pour canaliser toute cette énergie. Mais une idée bien plus intéressante traverse mon esprit dès le premier tour. Je me dirige vers le bâtiment annexe. Rapidement je me retrouve devant le salon de coiffure.
J'entre, il n'y a personne à part Bernadette. Excellent. Je lui d'écrit ce que je veux et la laisse faire. C'est évidement ce moment que choisit Amanda pour venir me voir. Au début, elle ne fait rien d'autre que de m'observer.
— Je suis si heureuse que tu partes, je n'aurais plus à supporter ta gueule de connasse.
— Voyons, ne sois pas si vulgaire Amanda, tu risques de briser mon cœur !
Il n'en faut pas plus pour que sa colère explose et qu'elle attrape le premier objet qui lui passe par la main pour m'attaquer avec. Il se trouve que c'est un ciseau qu'elle a posé sous mon cou. Malheureusement pour elle, il y a des gardiens partout et que le plus proche se trouve à l'entrer du salon de coiffure. En un rien de temps elle est immobilisée et envoyée en isolation. C'est le plus beau jour de ma vie, clairement.
L'heure de ma sortie arrive très vite, je dis une dernière fois au revoir à Sari et je laisse la gardienne PANNOLI m'accompagner jusqu'à la sortie où deux hommes en costumes noirs m'attendent. Durant le trajet qui se passe majoritairement en avion nous parlons très peu. Pour ma part je profite d'avoir retrouvé la liberté, et je suppose que les autres n'ont pas grand chose à me raconter. Nous arrivons bien vite à Lyon. Rapidement, je suis prise en charge par deux autres hommes qui m'emmène dans un petit appartement où Ruby et ma sœur m'attendent. J'ai un petit pincement au cœur quand je remarque qu'il manque une personne, mais j'ignore cette douleur. Elle ne fait plus partie de ma vie, il faut que je m'habitue à cette idée, aussi compliqué soit elle.
Ruby me souhaite la bienvenue et elle m'apprends que nous nous verrons ce soir, jusqu'à là, elle me laisse du temps pour m'installer. Je suppose qu'elle veut qu'on profite tous d'avoir un peu de calme avant la tempête qui s'annonce. Tout en prenant mes repère dans cet espace de vie, je discute avec ma sœur. En réalité nous n'avons pas beaucoup de choses à ce dire, je ne suis pas une grande bavarde avec elle, je préfère garder ma salive pour draguer les inconnus. Mais ce que j'adore chez elle, c'est sa cuisine. Elle m'a concoctée un plat digne des plus grands empereurs du monde.
Je chevauche ma jolie moto ajustant correctement mon casque. J'ai tellement mangé que je dois faire une petite balade de digestion. Rapidement je démarre, trop impatiente de retrouver des sensations que je n'ai pas pu ressentir ces derniers temps. Le ronronnement du moteur me hérisse les poils, c'est tellement bon. Arrivant sur l'autoroute j'accélère, le vent me fouette fort alors je me baisse un peu pour ne faire plus qu'un avec mon gros bébé. Accélérant un peu plus je dépasse la limitation de vitesse, cela aussi m'avait marqué. J'ai l'impression d'être totalement libre, rien ne peut m'arrêter. L'engin sous moi tremble, et ces tremblements se répercutent dans tout mon corps, nous sommes un ensemble. Je roule encore de longues minutes avant d'arriver à destination.
Garant ma moto et enlevant mon casque je peux respirer l'air frais. Je me trouve près d'un lac loin de la ville. Il n'y a personne ici, à une époque ce lac était entretenu de façon régulière et beaucoup de citadins venaient se promener dans ce lieu, mais avec le temps, il a était abandonné. Moi je n'ai jamais cessé de venir, c'est le lieu idéal pour se reposer et faire le plein d'oxygène pure.
J'y emmenais souvent Amélia, maintenant j'y viendrai seule. Cette constatation me fait mal au cœur. Tout était un cinéma pour elle, elle n'a jamais apprécié être avec moi. Je laisse mes pensées pour me diriger vers un arbre où je m'adosse contre le tronc, face à l'eau. Je reste assise un bon moment, les yeux fermés, luttant contre les souvenirs. Je pourrai ouvrir la musique et calmer mon esprit, mais je préfère écouter le son de la liberté. Entre le chant des oiseaux à souhait, la brise qui caresse la végétation et les insectes en pleine activité, je me sens libre.
J'aime Amélie comme je n'ai aimé personne. Je n'avais qu'elle est ma sœur, mais je me suis lamentablement trompée sur son compte. Elle est comme toutes les autres à l'exception près que c'est une bonne actrice. En réalité je ne sais pas vraiment quoi penser de cette histoire, m'a-t-elle écrit la vérité dans cette lettre ? Je suis confuse, ça ne lui ressemble pourtant pas. Je ne sais plus qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui ne l'est pas. Le pire dans tout ça, c'est que je n'ai pas de temps à perdre pour la retrouver et lui demander des explications plus claires. Je dois me consacrer totalement à ma nouvelle mission, celle qui m'a permise de retrouver la liberté. Mais ça ne va pas être simple, c'est peut-être même la chose la plus compliquée que j'ai et j'aurai à faire de ma vie. Démasquer une organisation entière dans un temps si court, avec en poche seulement quelques hypothèses. Et pour la toute première fois je vais faire équipe avec le camp opposé, qui plus est avec une totale inconnue.
La brise caresse ma peau, le soleil réchauffe mon corps et mon esprit est complètement perdu dans mes pensées. Mais, malgré tout ce mauvais dans ma tête je me sens sereine, je me sens bien, comme je ne me suis pas sentie depuis plusieurs semaines. Ce bien-être m'enveloppe et je n'ai plus du tout conscience de ce qui se passe autour de moi, je suis dans une bulle, détachée du monde, loin de la Terre. C'est pour cette raison que je n'entends pas les pas de la personne qui s'approche de moi, je n'ai même pas conscience qu'elle est là. Je le remarque seulement quant elle pose une main sur mon épaule et que ma bulle explose en milliers de petits fragments.
— Jolie moto.
Je relève les yeux dans sa direction et remarque le sourire qui illumine son visage, qu'est-ce qu'elle fout là, celle-là ? Je jette un rapide coup d'œil au alentour pour remarquer qu'elle a garé sa voiture à côté de mon gros bébé.
— Merci, pas mal ta caisse. Je lui réponds du tac au tac.
Elle rit puis s'assoit à mes côtés. Pourquoi les gens se sentent obligés de gâcher ces moments de calme que je me réserve ? Je sens la colère monter en moi, je reste tout de même correcte dans mes mots.
— Je pensais être libre, tu me surveillais ?
— Je dois bien admettre que j'ai gardé un œil sur toi, sait-on jamais. Même si je te fais assez confiance, je ne voudrai pas qu'une criminelle de ton rang disparaisse !
— Ha ha ha. C'est très drôle. Pourtant tu as bien vu que je ne comptais pas fuir, je suis simplement venu faire le plein d'énergie.
— J'ai à peine tourné le dos que tu étais déjà lancée à la vitesse de la lumière sur ta moto !
Je me détends enfin, elle n'a pas tord, moi même j'aurai douté de mes propres intentions. Voyant que je suis plus détendue, elle m'affirme qu'elle décide de rester là, mais qu'elle ne parlera pas de travail. Nous passons alors un bon quart d'heure dans le silence, assise l'une à côté de l'autre à profiter du calme tant qu'on le peut encore.
— Au faite, tes cheveux son magnifique comme ça !
Je souris et passe mes doigts entre mes cheveux bleus électriques.
Hey ! Merci de votre lecture ! J'espère que vous avez aimé ! D'ailleurs je prends toutes les critiques ^^
À votre avis que va t il se passer pour la suite ? Des suggestions à me faire ?
Moi je vous dis à la prochaine et jusqu'à là, prenez soin de vous !
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