Chapitre 10
Mouche revint avec des bûches plein les bras. Il les déposa devant la cheminée sans me lancer le moindre regard et attisa le feu avec un tisonnier. Tisonnier que j'avais hésité à utiliser comme une arme en attendant son retour. Dans ce monde, je ne faisais plus confiance à personne.
— Tu n'as pas bu, me réprimanda le vieux barbu.
— Qu'est-ce que ça va changer ? soufflai-je. Je vais mourir de toute façon.
— Bois, se contenta-t-il de répliquer. Ça te permettra de tenir le coup encore un peu.
Quand je ne dormais pas, je souffrais d'un affreux mal de crâne, et mon corps me brûlait. Lorsque je somnolais, j'entendais mes parents me parler. Morte de froid, je remontai une couverture sur mes épaules. Mouche vaquait à ses occupations en préparant du poisson, en me broyant des herbes à infuser qui ne m'aidaient pas, en chantonnant... ce dernier détail commençait même à m'énerver. Il n'arrêtait jamais de fredonner, comme si le silence l'effrayait. Mais je ne disais rien. Primo, il portait une lourde épée à la taille qui battait contre ses cuisses à chacun de ses pas. Secundo, je ne pouvais pas me défendre en cas d'attaque.
— Que faites-vous ici, Mouche ? le questionnai-je, tandis qu'une nouvelle nuit tombait sur l'île.
L'obscurité s'épaississait par-delà l'ouverture béante de l'arbre. Grâce aux hautes flammes dans la cheminée, le froid peinait à entrer. Le vieil homme fixait le vide, assis sur un tronc qu'il avait dû traîner jusqu'ici avec beaucoup de mal.
— C'est ma maison, répondit-il sans ciller.
— C'est celle de Peter Pan, ripostai-je.
— Il est mort. Alors maintenant, c'est la mienne. J'y habite depuis quelque temps.
Je ramenai mes genoux sous mon menton en posant ma tête contre mes cuisses. Mes paupières se fermaient toutes seules. La fatigue m'écrasait les épaules, je luttais pour rester éveiller.
— Êtes-vous un pirate, monsieur Mouche ?
— Je l'ai été. Et toi ? Qu'est-ce que tu fiches ici ?
Inutile de mentir, de toute façon je n'avais pas la force d'en tisser un et de m'y tenir.
— J'ai trouvé cet endroit par hasard. Je cherche Peter Pan. Oui je sais... selon vous et à peu près tout le monde, il est mort. Mais je ne le crois pas.
Une soudaine envie de vomir me retourna l'estomac. J'attrapai un seau en bois et déversai les rares portions de poissons que j'avais réussi à avaler ces dernières heures de calvaire. D'un revers de manche, j'essuyai des larmes sur mon visage. Il fallait que je me lave, que je me débarrasse de toute cette transpiration accumulée... mais je ne me sentais pas capable de tenir debout. Mon corps pesait si lourd.
— L'île ne serait pas ce qu'elle est actuellement si Peter Pan vivait toujours, déclara l'homme.
— Vous avez connu le Pays Imaginaire autrement ?
— Oh ça oui. Chaque arbre, chaque brin d'herbe, la plus petite particule de poussière chantaient le nom de Peter Pan à une époque. Tout était bien plus serein. Mais aujourd'hui, les plantes sont devenues mortelles, le sol peut se transformer en sable mouvant à n'importe quel moment, les soleils ne réchauffent plus, ils brûlent, les nuits sont glaciales...
J'appuyai ma tête contre le tronc de l'arbre maison en prenant de lentes respirations. J'avais toujours envie de vomir.
— Et pleine de pirates comme vous, notai-je. Par définition, vous répandez le chaos et la destruction. L'île est simplement devenue le reflet des crapules sans foi ni loi qui l'habitent.
— Tu as peut-être raison. Elle s'adapte, parce qu'elle ne peut plus se nourrir de l'innocence de l'enfant éternel.
Je fermai un instant les paupières et tentai de rassembler mes pensées.
— On m'a dit que l'ombre de Peter Pan était responsable des ténèbres.
— Pas faux. Elle révèle la pire partie de nous-mêmes.
— Mais vous n'êtes pas comme les pirates que j'ai rencontrés. Vous ne cherchez pas à me tuer. Pourquoi ?
— Parce que je n'ai pas besoin de m'en charger, le poison s'en occupe déjà.
Je grimaçai.
— Alors je vais réellement mourir ?
— Tu as dû t'approcher de la mauvaise plante, gamine.
Un hoquet m'échappa. Le dos courbé en avant, le visage triste dévoré par son épaisse barbe, et les yeux baissés, Mouche semblait se ratatiner de seconde en seconde.
— Je suis désolé pour toi. Même si je t'avoue, tu seras toujours mieux ailleurs qu'ici.
Il mit un autre coup de tisonnier dans les braises pour les raviver, puis souffla tout l'air de ses poumons.
— Mais tu as raison, j'ai changé. J'ai vu trop de choses terribles dans ma longue vie pour continuer sur cette voie.
— Vous avez voyagé avec le capitaine Crochet, pas vrai ?
Mouche se redressa brutalement, tous ses sens en alerte. Il tourna la tête dans ma direction, et dans ses yeux illuminés par les flammes, je lus la suspicion.
— Comment tu le sais ? Qui es-tu au juste ?
— Je m'appelle Wendy Darling.
Il se leva d'un bond, son tisonnier toujours à la main.
— En voilà un autre de nom que je n'ai pas entendu depuis des décennies. Non, tu n'es pas elle.
Je dus prendre une minute pour garder pied avec la réalité. Mouche m'observait encore, les yeux plissés, quand je me reconcentrai sur lui.
— Je suis la petite fille de la Wendy Darling qui a aidé Peter Pan à vaincre le capitaine Crochet.
Il s'approcha si près de moi que je sentis son haleine imbibée d'alcool. Du rhum, je dirais. Et ce mec devrait franchement songer à prendre une douche.
— Mais comment tu es arrivée au Pays Imaginaire ? me questionna-t-il en étudiant mon visage sous tous les angles.
Quand il tendit la main pour me toucher, je le repoussai d'un geste vif.
— Grâce aux fées, mentis-je.
— Elles n'existent plus...
— Vous vous trompez.
Il décida enfin de reculer, me permettant de respirer un peu mieux. Mon envie de dégobiller ne passait pas. Tout à coup, Mouche éclata d'un rire sinistre, avant de retourner s'asseoir à sa place initiale.
— Je vais te dire, Wendy Darling, tu aurais dû rester chez toi.
Je tus la raison de ma présence dans ce monde. Il n'avait pas à la connaître.
— Mouche, je ne veux pas mourir, gémis-je.
— Comme tout le monde.
Mon petit frère avait besoin de moi. Je refusais de le laisser plus longtemps au contact de cette fichue ombre !
— Aidez-moi, Mouche. Il n'existe aucun médecin sur l'île ?
Il secoua la tête en signe de négation et entreprit de tailler un morceau de bois avec un couteau. Je fermai les yeux très fort en suppliant intérieurement Clochette de me secourir. Si elle désirait le retour de Peter, elle ne pouvait pas m'abandonner. Ce fut sur cette dernière pensée que je sombrai encore dans le sommeil.
Quand je me réveillai, il faisait jour. Je ne réussis pas à me lever, les forces m'avaient quitté. La lumière des soleils inondait la cabane grâce à des trous percés dans le tronc.
— Mouche ?
Plus aucune trace de lui. Le feu ne brûlait plus dans la cheminée, les cendres paraissaient froides. Alors que je tendais la main en direction d'un bol d'eau fraîche, mes doigts rencontrèrent un morceau de papier. Je peinai à déchiffrer les mots écrits dessus à cause de ma vision trouble.
« Si tu lis ça, c'est que tu es plus coriace que je le pensais. Ta souffrance ne durera plus très longtemps. Merci pour le Crochet, il va me rapporter gros. Que les fées te guident dans l'éternité. Mouche. »
Oh non. Je cherchai l'objet en acier dans mes poches, sans le trouver. Évidemment, puisque ce sale type me l'avait volé. Un sanglot franchit ma bouche, je me recroquevillai sur moi-même en souhaitant mourir rapidement. J'avais si mal.
Et si froid.
Je sombrai dans l'inconscience de nouveau. Cette fois, je n'entendis plus mes parents. J'émergeai avec difficulté d'un sommeil sans rêves. Je n'avais plus la force de bouger, à peine celle de parler.
— Mouche ? murmurai-je avec espoir.
Je l'entendis. Enfin, je crus percevoir sa voix.
— Elle est là-dedans, je vous dis. Je ne l'ai pas touché. Je l'ai même aidé à survivre le plus longtemps possible. Mais à cette heure-là, elle doit être morte. Et je tiens à préciser que je n'y suis pour rien, capitaine Pan.
Pan ? Je devais encore halluciner. Je fixai l'entrée de la cabane en me déconnectant peu à peu de la réalité, jusqu'à ce qu'une lueur dorée envahisse mon champ de vision. Une fée ! Elle déployait sa lumière partout autour de moi, elle... non. Je mis plusieurs secondes à reconnaître celui qui m'avait littéralement abandonné sur cette île de malheur. Il tenait une lampe à huile à hauteur de son visage. Les reflets jaunes et orange ruisselaient sur sa peau hâlée grâce aux flammes dansantes. Ses traits semblaient tout autant sculptés dans la lumière que dans l'ombre, tels deux éléments se battant pour son charme magnétique. Les yeux verts de l'homme se posèrent sur moi, me scrutèrent, s'assombrirent. Je crus percevoir de l'inquiétude, mais je devais sûrement me leurrer. Ce mec n'était pas capable d'en éprouver. Je le détestais de tout mon cœur.
— Va-t'en.
— Si j'avais su que tu étais malade, darling, je ne t'aurais pas laissé partir.
Laissé partir ? Sérieusement, il voyait les choses de cette manière ?
Il s'agenouilla à côté de moi. Dans la foulée, Mouche apparue dans l'encadrement de la porte, les mains liées de lourdes chaînes. Un pirate dont le prénom m'échappait, mais que j'avais déjà aperçu sur le Jolly Roger, le poussa sans scrupule dans la cabane. Pan me caressa la joue du bout des doigts, me forçant à reposer mon attention sur lui.
— Crois-le ou non, Wendy, murmura-t-il pour que les autres ne l'entendent pas, maintenant que tu connais ma véritable identité, tu es plus en sécurité loin de moi.
Je m'en fichais. Je mourrais. Plus rien n'avait d'importance que le regret de ne pas pouvoir aider Mike. Mes parents allaient être anéantis.
— Laissez-nous, ordonna le capitaine. Emmenez cet imbécile sur le navire, je m'occuperais de lui plus tard.
— Eh, mais je lui ai pris le crochet seulement parce que je la pensais clamsée ! Mais lâchez-moi !
Pendant que tout le monde déguerpissait, Pan posa la main à plat par terre. Une étrange lueur verte émana du sol à son contact, et il ferma les yeux.
— Laquelle de vous lui a fait ça ?
Un murmure inaudible venu de nulle part résonna dans la pièce froide. Hallucination ou non, je crus voir les feuilles violettes des fleurs rampantes frissonner contre les murs.
— À qui tu parles ?
Mais ma question ne franchit pas mes lèvres. J'avais envie de dormir. Je clignais plusieurs fois des paupières pour résister à l'attraction des ténèbres. La lumière verte s'éteignit, et le visage de pan se ferma à toute émotion. Pendant quelques secondes, je n'entendis plus rien d'autre que les battements de mon cœur qui résonnaient dans ma tête.
— C'est une blanche des brumes qui t'a empoisonné, m'informa-t-il. Elle vient de me l'avouer. Oh, Darling, je te jure qu'avant de te rencontrer, ma vie était foutrement moins compliquée.
Pan me porta jusqu'au fond de la pièce ronde, et d'un coup de pied, fit exploser la porte d'une armoire. Du moins, crus-je à l'origine qu'il s'agissait d'un meuble. Il s'avérait que ce passage donnait sur un escalier. On s'enfonça sous terre, pris d'assaut par des brises glaciales. Bientôt, une chambre illuminée par les flammèches de centaines de bougies. Un lit trônait dans un coin, surmonté d'un baldaquin en bois et couvert de roses aux teintes surprenantes. Un nuage de poussière s'éleva quand le capitaine me déposa sur le matelas moelleux. Immédiatement, il se mit à la recherche de quelque chose parmi les nombreux bocaux posés sur les étagères. Tous émettaient une lueur douce.
— Mais qu'est-ce que tu fais ? réussis-je à articuler.
— Je te sauve la vie, ma jolie. Ensuite, tu quitteras le Pays Imaginaire en utilisant le crochet, comme tu l'as fait pour venir.
Plusieurs bocaux tombèrent au sol, mais il s'en fichait. Au bout d'un temps interminable, il trouva ce qu'il cherchait et me rejoignit. Je tremblais tellement que mes dents cognaient l'une contre l'autre. Pan m'aida à me redresser, appuya mon dos contre le mur et porta une petite coupelle à mes lèvres.
— Bois si tu veux vivre.
Bien entendu que je désirais rester en vie. Il le fallait pour les enfants de Londres. Alors même si je me méfiais de ce fichu capitaine, j'avalai un liquide épais et poisseux, au léger goût de pastèque. Ma bouche prit feu. Je faillis recracher, mais le pirate me tint fermement le menton. La dernière fois que j'avais éprouvé cela, c'était après avoir mangé un piment, suite à un défi entre amies.
— Ça va aller, Wendy.
Mais je toussais à m'en briser les côtes. Et comment dire que dans mon état, j'avais l'impression qu'on me broyait de l'intérieur. Je n'eus pas l'occasion de répondre, parce que je me rendormis.
« Tu m'entends, chérie ? me soufflait ma mère d'une voix très lointaine. Tu dois ouvrir les yeux. Reviens-nous, d'accord ? Tu me manques. »
Je battis des cils sans comprendre pourquoi ma mère ne se tenait pas à mon chevet. Pourtant, j'avais senti sa main caresser mon front, ses mots effleurer ma conscience. Je me trouvais encore dans le tronc d'arbre aménagé, près de la cheminée. La douce chaleur m'englobait, telle une amie que je n'avais pas vue depuis longtemps. Franchement, je l'appréciais. Je remarquai assez vite que mon corps ne m'élançait plus. Même si je restais fatiguée, je réussis à m'asseoir sans problème. Je pris une grande inspiration, bien que l'odeur de végétation moisie me souleva le cœur.
— Content que tu reviennes à toi. Ça fait trois jours que je t'ai donné l'antidote. J'ai cru, à un moment, qu'il ne fonctionnerait pas.
Je levai la tête en direction de branchages entrelacés qui formaient une sorte de plafond. Suspendu à plusieurs mètres du sol, Pan lisait un livre à la lueur d'un bocal lumineux.
— Comment m'as-tu guérie ?
— Avec de la poussière de fées. Aucun poison ne peut lui résister. Par chance, il m'en restait un peu.
— C'est une chance aussi que tu sois apparu de nulle part quand j'en avais le plus besoin ? grognai-je, méfiante.
Il éclata de rire, avant de se laisser tomber avec une légèreté infinie. Le sol couvert de feuilles mortes le réceptionna en silence. Il me vint l'étrange pensée que dans un combat, son agilité lui donnait un avantage remarquable.
— Remercie plutôt Mouche qui m'a trouvé pour me vendre le crochet, retoqua-t-il avec un sourire insolent. J'ai cru qu'il t'avait tué pour te le prendre. Il m'a raconté qu'il avait rencontré une jeune femme du nom de Wendy, et qu'elle était probablement morte à l'heure où il me parlait. Pour info, personne n'a jamais survécu plus de deux jours à l'empoisonnement d'une blanche des brumes. C'est une grande tige verte de plusieurs mètres de haut, couverte de jolies fleurs, et autour de laquelle tournoient des petites boules dorées. Ça te dit un truc ?
Évidemment. Je n'aurais jamais dû m'approcher de ce machin. À partir de maintenant, plus rien de beau dans ce monde ne parviendrait à me tromper, je me le promis.
Pan me tendit une gourde pleine d'eau. Je ne rechignai pas à l'accepter, la gorge asséchée.
— Comment tu as su que c'était cette plante qui m'avait contaminée ?
— J'en ai retrouvé quelques spores dans tes cheveux.
— Impossible, la tempête les a forcément détruits. Je t'ai vu parler avec les fleurs...
Je lançai quelques coups d'œil à la végétation tranquille autour de nous. Le pirate éclata de rire, non sans avaler plusieurs goulées d'une bouteille remplie d'alcool.
— Tu l'as imaginé, darling. Voilà tout.
— Laisse-moi deviner, tiquai-je, j'ai aussi inventé le fait que tu sois Peter Pan ? Tu vas me dire que le poison m'a rendue timbrée ?
Je le fixai avec défi, comme lui me regardait avec amusement. Il me donnait envie de lui retourner une gifle.
— Oh non. Je suis Peter Pan, tu as raison. Du moins, sa version adulte. On peut donc en conclure qu'il est réellement mort. L'enfant qui ne grandit pas... a grandi. Tu es plutôt perspicace. Jamais, jusqu'à maintenant, quelqu'un ne l'avait découvert. Qu'est-ce qui m'a trahi ?
Je parvins à me détendre, satisfaite de ne pas avoir à me battre avec lui concernant son identité secrète.
— Ton ombre. Ou plutôt, ton absence d'ombre, sur le pont du bateau. C'est aussi de cette manière que j'ai su que ma grand-mère Jeanne disait la vérité à propos de l'existence de ce monde.
— Tu pourras la remercier, dans ce cas, ironisa-t-il.
Ses paroles me brisèrent le cœur. Je me rappelai que je n'avais jamais parlé de Jeanne ou de Wendy avec Pan, parce que je n'en voyais pas la raison.
— Elle est morte, annonçai-je, la poitrine prise dans un étau.
Pan perdit son petit sourire narquois. Le choc imprégna ses traits, et pendant une fraction de seconde, je découvris la définition du mot douleur incrustée sur son visage. Il retrouva bien vite une expression impassible. Sans plus oser me regarder, il grommela :
— C'est ce qui se produit quand on grandit.
Le silence retomba entre nous, lacéré par le deuil qu'on refusait chacun de dévoiler à l'autre. J'essuyai mes larmes rapidement en portant mon attention sur les flammes de la cheminée.
— Ça t'arrivera à toi aussi ?
Parce qu'il était du genre à fuir la réalité, je le pensais sur le point de prétendre qu'il ignorait de quoi je parlais. Au lieu de quoi, il se contenta de bondir dans les airs, d'attraper une branche pendante du plafond et de s'y hisser.
— J'imagine que oui, dans très longtemps. Là où dans ton monde, on vieillit à vue d'œil, ici ça peut prendre plusieurs siècles.
— Depuis quand es-tu un... adulte ?
Il se concentrait sur le bocal lumineux, et j'avais du mal à voir son visage.
— Plusieurs dizaines d'années.
— Et comment ça se fait ?
Il ouvrit la bouche, hésita, mais avoua :
— J'ai cru que la vie était un jeu, darling. Et j'ai perdu.
— À cause de la mort de Clochette, pas vrai ?
Pan redescendit de son perchoir si rapidement qu'un clignement de paupières plus tard, il se trouvait debout devant moi. Je reculai, saisie par sa proximité.
— Je n'ai pas envie d'en parler. Tu devrais encore te reposer, tu en as besoin.
Puis, il tendit la main à plat devant-moi et souffla. Une poussière argentée s'éleva autour de mon visage, et je sombrais de nouveau.
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