Nul ne peut se transporter à l'intérieur des murs fièrement dressés d'Adamante, l'ancienne cité aujourd'hui à moitié en ruines d'Aerador, qui servait jadis de capitale au royaume, au tout début de son existence. Les premiers régents avaient jugé intéressants pour leurs défenses et particulièrement habiles de leur part de s'installer ici, en plein cœur des Sommets Rocheux, une demi-douzaine de pics de montagnes isolées. L'hiver est rude au nord ; les tempêtes s'enchaînent, les éboulements font partie du quotidien, les flocons de neige ne cessent de ruisseler sur les habitations pour les ensevelir. Seuls les natifs, ceux qui connaissent ces terres mieux qu'eux-mêmes, se risquent à vivre là-bas. Ou bien, les malheureux qui atterrissent aux avant-postes. Wanda Creighton sait combien il est éreintant et tragique de travailler dans ces murailles de roches et de tourmentes. C'est pourquoi, au contraire de ses ancêtres et de ses parents, elle a instauré le service sur base de volontariat, avec un roulement obligatoire tous les cinq ans. Aithan et le Conseil ont refusé avec aplomb sa proposition de loi. En plus, elle a eu l'audace, l'effronterie même, d'ouvrir ce débat quelques mois seulement après le début de sa souveraineté. Elle n'était pas encore Générale qu'elle se mêlait déjà des affaires de l'armée. Ils craignaient qu'aucun homme, ni femme n'accepte de s'enrôler là-bas et de souffrir du froid, de l'ennui, du déneigement régulier, du combat sans répit contre les tornades glaciales. Or, contre toute attente, des soldats par dizaines se présentent chaque année pour remplir des postes libres, y compris des réservistes. Cela a surpris tous les haut-fonctionnaires du Palais d'Argent, mais pas la Princesse qui a vu dans leur dévotion tout leur amour pour ces terres, leur détermination à faire de cet endroit un havre de paix délivré de Mabel. Et ce, par tous les moyens, ce qui inclue garder des fortifications gelées au milieu de nulle part, contre les innombrables tentatives d'invasions de Fedgarth. Sans oublier que ces militaires sont nourris, logés et grassement payés. De quoi convaincre n'importe qui d'endurer toutes ces calamités. 

Le Dahlia Noir apparaît au pied de Kambel, l'un des Sommets Rocheux. Là, dans la montagne s'est creusé un immense réseau de tunnels, un véritable palais chauffé et protégé par des centaines de sortilèges, notamment une protection d'invisibilité. Si Wanda ne lui avait pas expliqué comment se frayer un chemin dans la neige et les rochers tranchants, elle se serait tuée ou blessée à tourner en rond sans espoir de dénicher la bonne voie. Elle suit donc une ribambelle de marquages, d'une branche d'arbre coupée éternellement vivante dans ce sol périlleux à une pile de cailloux qui demeureront en état malgré toutes les conditions climatiques des environs. Des indices auxquels les gens d'Aerador, les initiés, peuvent se fier. 

Bien sûr, elle est vêtue en conséquence. Tout en vêtements fourrés, un bas qui lui moule parfaitement les cuisses afin de faciliter son avancée, un lourd manteau à capuche blanche, des bottes qui font deux fois la taille de ses pieds et tous ses couteaux, ses poignards et ses épées qu'elle a caché un peu partout sur elle. Dahlia s'est toujours montré plus intriguée par les lames que par la magie. Depuis que la Princesse l'a tirée des bas-fonds de la capitale, elle n'a jamais utilisé un seul sort. En revanche, elle a impressionné tout le Palais d'Argent et s'est bâti une réputation aiguisée à souhait, grâce à sa furtivité. Personne ne comprend comment elle peut se déplacer et même respirer sans être entendu. Wanda ne se laisse plus surprendre, mais elle cherche également à percer à jour ce mystère. 

Dahlia parvient jusqu'en haut d'un dénivelé inquiétant, à tel point qu'elle en aurait le vertige rien qu'à songer à en tenter la montée. Par chance, elle n'a pas prévu de s'y aventurer. Plus d'indices, cela signifie qu'elle est arrivée à destination. Se faufilant vers un recoin sombre, elle identifie une entrée secrète menant à une grotte, dissimulée de loin comme de près. À moins de posséder un œil d'aigre, aucun angle atteignable par une créature terrestre ne permettrait d'apercevoir ce passage. Bien heureuse d'enfin se mettre dans un semblant de chaud, elle secoue ses bottes pour en ôter la neige, et dégage son capuchon. Tout à coup, plusieurs pointes acérées se glissent sous son cou. Elle n'attend pas que les soldats ne réclament son identité et marmonne :

— Vous respirez plus fort qu'une bande de trolls en colère. Dahlia. Le Dahlia Noir. La Générale vous a prévenus de mon arrivée, je suppose.

Les lames s'abaissent et les soldats se confondent en excuses bredouillées. Elle fait mine d'être vraiment contrariée en levant les yeux, ce qui coupe net à leurs bégaiements. L'un d'eux suggère aussitôt de l'escorter à leur Chef de Secteur. En d'autres termes, le pauvre homme en charge de cet avant-poste. Qui n'est autre que Rune Wyvern. Dahlia le connaît bien, sans réellement le connaître. Elle sait des tas de choses à son sujet et a patiemment étudié son cas en apprenant qu'il se marierait tôt ou tard avec Wanda. Et puisqu'elle doit sa vie à cette femme, elle n'a pas hésité à fouiller dans son passé et son présent pour en extirper des points d'ombre...qu'elle n'a pas trouvés. Cela la rassure autant que cela la perturbe. N'importe qui détient des secrets. Si elle n'a pas fait émerger les siens, cela veut dire qu'il les enterre très bien. 

La grotte se transforme en tunnels longs, interminables, de plus en plus chauds et illuminés par des torches éternels dont les flammes crépitent au rythme de ses pas. Dahlia déteste le froid et elle a grimacé à la pensée de se retrouver ici, mais elle ne renoncerait à aucune mission donnée par sa Générale. Elle se jetterait dans un volcan du sud en éruption pour elle. Le souterrain débouche sur de vastes salles sculptées dans la montagne, hautes et spacieuses, recouvertes de tapisseries et de tapis pour donner une illusion de maison, de chez-soi, et non d'être emprisonnés à l'écart de tout dans un environnement cruel et douloureux. 

Le garde lui transmet la direction à emprunter, s'incline et disparaît, non sans un regard curieux sur elle. Tout le monde a entendu parler du Dahlia Noir, peu l'ont véritablement croisé et sont en mesure de la décrire. Contrairement à elle qui serait capable de reconnaître en grand nombre de visages, puisqu'elle a investigué sur la plupart des personnes qui ont un jour été de près ou de loin sur son chemin. Elle ne salue pas ce soldat qui retourne à son poste, ni aucun autre. Quelques hommes sont avachis sur de longs fauteuils à faire la sieste, les pieds surélevés sur la table où deux femmes armées jouent sur un plateau de bois à un jeu qui lui est inconnu ; deux discutent devant l'âtre d'un foyer, d'autres marchent sans but, afin de se dégourdir les jambes. Cela ne fait pas de doute que ces militaires se reposent et flânent avant leur prochain tour de garde ou avant de sortir dehors pour remplir leur devoir de sentinelles et d'éclaireurs. Elle se fond dans le décor et beaucoup ne se rendent pas compte de son passage. Ses pas ne résonnent pas, sa respiration non plus, et ses habits ne produisent pas le moindre son de frottement.  

Arrivée là où le garde lui a dit de se rendre, Dahlia s'arrête net sur le pas d'une porte ouverte. Une arche qui donne sur une salle plus étroite en largeur et en longueur, différente des autres. Ici, deux feux réchauffent l'espace, de part et d'autre, et des bougies au plafond rocheux éclairent tout sous leur lueur ardente. 

Elle distingue dos à elle, planté devant l'une des deux foyers, un homme de stature imposante, le buste large, les épaules carrées, un lion à la crinière blonde, enveloppé dans des tissus épais et étouffants qui rendent sa carrure d'autant plus intimidante. Elle croirait observer les guerriers de glace, ces êtres légendaires qui disait-on constituaient un peuple à part entière dans ces montagnes. Les légendes romantisent leur existence, par des parties de chasse, des combats sanguinaires et des histoires d'amour épiques, mais ce ne sont rien de plus que des histoires inventées. 

— Votre Seigneurie...

Rune fait tout son possible pour se maîtriser, mais, malgré lui, il sursaute. Un léger tressautement des épaules qui arrache un rictus satisfait au Dahlia Noir. Bien évidemment, il n'avait pas perçu son approche. Il pivote et elle effectue une maigre pirouette de respect. Il lui rend un hochement de tête en lançant un papier au feu.

— Je lisais justement la missive de ma cousine. Elle a mentionné votre arrivée et je constate que mes gardes l'ont su avant moi, puisqu'ils vous ont octroyé l'accès aux souterrains. Sauf si vous avez pénétré en ces lieux par un moyen bien à vous.

— Je dispose de ressources que vous ne soupçonneriez pas, mais je ne peux pas me transporter à l'intérieur d'Adamante, ni traverser un tout petit tunnel gardé par une dizaine d'hommes. Ils ont sûrement reçu une missive en même temps que vous.

— Oui, sûrement. Je vous souhaite la bienvenue à l'avant-poste d'Adamante, Dahlia Noir. Je me réjouis d'accueillir ici l'une des espionnes les plus réputées du royaume. Je ne vous ai jamais rencontré, me semble-t-il, bien que, si j'en écoute les affirmations de ma cousine, vous avez été de nombreuses fois sur ma route. 

Elle ne rougit pas, ni ne cille et déclare sur un ton nonchalant :

— Votre cousine me paie pour m'assurer de la sécurité du royaume. En tant que fiancé et futur Roi d'Aerador, j'ai vérifié que vous soyez un parti convenable pour elle.

Un rictus charmeur s'étale sur son visage au teint chaud.

— Et quelle opinion vous êtes-vous faite de moi, si je puis le demander ?

Dahlia Noir ne répond pas tout de suite et manque de grogner en se répétant rageusement que sa mission ne concerne pas des bavardages inutiles. Elle compte bien rentrer dans la semaine. Néanmoins, elle sait combien ces idiots de nobles peuvent avoir la langue bien pendue et aiment raconter des sottises, entretenir des conversations badines et futiles. Il ne déroge pas à la règle.

— Vous êtes un imbécile, imbu de lui-même, qui ralentirait Wanda dans ses prises de décision et qui ne lui arrive pas à la cheville. Mais, ces lacunes sont justifiées par votre enfance. Vous avez été habitué par vos parents à vous la couler douce, à tout obtenir en un caprice et à ne jamais vous excuser pour quoi que ce soit. Un enfant pourri gâté qui ne méritait franchement pas de se marier à une Princesse, que ce soit le sang ou la noblesse qui vous relient à elle. Seulement, il est aussi vrai que, après l'annonce de vos fiançailles, vous vous êtes engagé dans l'armée et vous avez renié tous vos plaisirs d'autrefois, l'alcool, les jeux et même les femmes... Du moins, en apparence, pour ces dernières. Vous êtes discrets et vous faites signer des contrats à vos partenaires pour qu'elles se taisent. Wanda est d'accord, puisque votre mariage ne serait en aucun cas un mariage d'amour. À ce propos, j'ai surpris une discussion entre l'un de vos soldats et vous-même sur cette thématique-ci. Vos relations sans lendemain ne vous dérangent pas, mais vous ne seriez pas enthousiaste à savoir votre fiancée dans les bras d'un autre homme. En toute honnêteté, vous avez perdu le peu de sympathie restante de ma part à ce moment-là. Je pourrais lister une flopée de défauts dans ce genre, mais je vais m'abstenir. Ce serait trop long et j'ai une mission à accomplir. Quoi qu'il en soit, sur le plan militaire, vous êtes irréprochable et avez gagné toutes vos batailles, même si, au sud, vous n'avez pas affronté de batailles notoires. Il est important de souligner, pour conclure, qu'à votre arrivée dans le nord, vous avez repoussé les éclaireurs de Mabel, ainsi que balancer dans une tempête quelques traîtres. Ce qui est remarquable, compte tenu que votre prédécesseur ici était tellement habitué à sa vie monotone dans ces tunnels qu'il ne remarquait plus les loups dans sa tanière... Maintenant, si vous le voulez bien, parlons de ma mission. 

Le sourire de Rune s'est figé, tout comme l'intégralité de ses muscles contractés sous la tension, ses dents serrés faisant ressortir l'angle saillant de sa mâchoire. Il encaisse les coups tant bien que mal, rechignant à ce qu'une autre personne que Wanda ait déterré autant de détails sur ses petits mystères. Il s'est effectivement mis d'accord avec sa cousine pour profiter tous deux de la jeunesse qui leur est offerte. Les femmes du sud, en particulier, toutes en rondeurs délicates, les cheveux noirs et hirsutes, de splendides créatures des steppes désertiques, il peut rarement leur résister. Or, le ton du Dahlia Noir ne lui plaît pas. Elle semble insinuer que sa couche ne reste jamais chaude longtemps. Mais, il se contente le plus souvent de baisers timides et des caresses courtoises. Un rien de sensuel, pour garder la flamme en lui, les tortillements de son estomac. 

Il en était terriblement gêné à une époque et rejetait les femmes qui se penchaient un peu trop sur lui. Il avait douze ans, le jour où il a éconduit la première fille qui a eu le malheur de se penser apte à séduire un sang royal. Il ne s'agit donc pas d'une histoire de fiançailles, mais de respect tendre envers les vertus de ces dames. Après l'annonce de leur union prochaine, dans plusieurs mois, des années ou jamais, Wanda lui a ordonné de passer dans sa chambre un soir. L'embarras l'embrasait, alors qu'il se préparait à l'implorer d'y réfléchir à deux fois avant de se donner à lui, avant le mariage. Elle lui a ri au nez, et c'est là qu'ils ont eu leur grande conversation sur l'absence totale d'exclusivité dans leur contrat relationnel. Il en a surtout tiré avantage pour se distraire plutôt que pour courir les jupons. 

Rune se redresse avec orgueil et s'avance à son bureau en bois massif, piégé entre les deux feux. Le Dahlia Noir n'a pas bougé d'un pouce, prostrée dans un coin de la salle, appuyée avec indifférence contre la pierre. Pour la forme, il étire un sourire bienséant, mais sa voix tranche l'air avec une virulence à peine contenue :

— Je vois que vous ne me tenez pas en haute estime. Moi de même, si cela peut vous rassurer. J'ai ouï dire que vous bénéficiez de la compassion de son Altesse sans raison valable et qu'elle vous maintenait dans sa garde rapprochée par simple pitié pour la mendiante que vous étiez à une époque relativement récente. Vous n'usez pas de magie, dit-on, et vous devez votre réputation à vos oreilles traînantes. Autrement dit, vous ne seriez qu'une colporteuse de niveau supérieur, voilà tout. Une femme qui devrait travailler dans les tavernes mal famées à vendre ses informations aux plus curieux, au lieu de servir la plus illustre entité de ce royaume. Pour être honnête avec vous, singe-t-il d'une voix dure, je ne comprends pas ce que Wanda vous trouve. Vous m'avez jugé sans connaître, prouvant ainsi que vous ne réalisez votre travail qu'à moitié. Vous me pardonnerez par conséquent si je vous rends la pareille. Je suis au courant du genre de missions que vous remplissez pour Wanda. Soit vous rapportez les secrets des uns et des autres dans le but évident de gâcher des vies et vous vous accrochez à ce point à votre objectif que vous en devez aveugle à ce qui importe vraiment ou non. Dans le cas contraire, vous sauriez que mes relations s'arrêtent à ma porte et que je n'ai jamais couché avec aucune femme, ce serait affreusement offensant de ma part en étant fiancé et je haïs par-dessus tout les petites pestes qui essaient de détruire mon amitié avec Wanda, pour diverses raisons. Soit vous êtes occupée par des tueries. Encore et encore. Elle vous envoie ci et là, et vous lui ramenez des têtes coupées. En conclusion, vous êtes autant une fouineuse qu'une mercenaire sans foi, ni loi. Enfin, que dis-je ! Bien entendu, vous êtes sujette à une foi et une loi, qui portent toutes deux le nom de Wanda. Vous ne jurez que par elle, car vous avez nettement conscience que vous n'existeriez pas sans elle. Vous seriez devenue une esclave ou un cadavre sans son intervention et chaque jour de votre vie, vous vous rappelez que vous ne valez rien. 

Il ponctue sa tirade en abaissant sa tête, une sorte de courbette sarcastique, comme un de ces élèves d'école qui vient d'achever une thèse détaillée sur son sujet de cours. Les yeux sombres du Dahlia Noir ne renvoient absolument aucune émotion. Rune s'étonne à la détailler pendant ce bref silence. Sa peau brune, ses tresses, ses lèvres pulpeuses, ses courbes généreuses couvertes par ces habits hivernaux. Il ne manque pas les lames qui pendent à leurs sangles. Elle ne réagit pas, simplement parce qu'elle ne souhaite pas créer un incident diplomatique. Il a raison, elle donnerait sa vie pour payer sa dette envers Wanda et elle ne la trahira pas en égorgeant son fiancé. 

— Ma mission donc...

Rune savoure sa voix calme, la voix qu'ont les femmes dociles et mielleuses qui recherchent des faveurs. L'on pourrait dire qu'il a remporté cette manche contre elle, mais il n'est pas aussi stupide qu'elle le prétend. Il ne se berce pas d'illusions sur la soumission doucereuse qu'elle reflète ; elle n'a pour objectif que de ravaler son envie de meurtre. Il a lamentablement perdu. Perdu une occasion en or de se faire une amie en le Dahlia Noir et il le regrette déjà avec amertume. Il aurait probablement dû restreindre son ego et courber l'échine devant elle. Et puis, il n'ose pas imaginer le rire moqueur de Wanda si elle apprenait leur altercation.

— Je suis navré, ma chère, mais j'ignore tout de votre mission. Explicitez-la. Ma cousine n'a pas pris le temps de l'écrire dans sa missive.

Les revoilà aux timbres polis et sereins. Elle l'imite à la perfection en se rapprochant lentement de son bureau.

— Nous avons été avertis par une source anonyme que des traîtres prolifèrent dans ces avant-postes, au point de menacer de générer une rébellion. Je suis sûre que vous auriez des pistes et des noms pour moi... Wanda en est convaincue. Fournissez-les-moi, je recueille des preuves, j'exécute et je repars d'ici au plus vite. Le but n'étant pas de traquer les traîtres jusqu'aux derniers, mais tranchons les têtes pensantes et vous verrez quelques fuyards prendre leurs jambes à leur cou et démissionner soudainement. 

Il acquiesce. Rune en a délogé un certain nombre et il a perçu ces rumeurs, en effet. Il n'évoque pas ses suspicions au Dahlia Noir afin qu'elle n'en fasse pas le rapport à Wanda. Il préfère prétexter une ignorance un peu naïve, plutôt que de démontrer la consistance et l'étendue de son orgueil masculin à cause duquel il a choisi de chasser seul ces traîtres, et non de partager ses soupçons en premier avec sa cousine, refusant que l'on apporte des renforts. Ceux-ci sont arrivés avant qu'il ne les exige, en la personne forte charmante de cette espionne sans pitié. Il en soupire discrètement et se plonge dans ses réflexions, attrapant un bout de papier. À la lueur des bougies, il commence à écrire des noms et elle se plie par-dessus le candélabre pour lire en même temps. Le début de leur collaboration forcée.