Les prémices de la fin

Wanda Creighton ouvre un portail à Yezajia, avec un regard entendu pour Caedmon. Il déglutit, mais acquiesce et disparaît derrière une Adaline inconsciente de leur discussion. Elle lui a tout révélé, pour qu'il puisse ensuite partager cette vérité avec la jeune déléguée. Elle espère que tout se passera bien pour eux. Le blond était livide, plus blanc que les Vampires, après les six petites phrases qui changeront leur vie à tous les deux, qu'il devra répéter à Nox au risque de réduire à néants l'existence de cette fille. La Princesse sait combien elle compte pour lui et c'est pourquoi elle l'a choisi. Il trouvera les bons mots pour l'apaiser et pour l'aider à surmonter la pente infernale.

En attendant, elle ouvre un second portail pour le Palais d'Argent et lance un dernier regard au Roi Soran qui lui adresse un clin d'oeil complice. La voilà alliée avec le monarque des Vampires. Elle quitte le Havre Brumeux et dès que ses bottes touchent les dalles de sa salle de conseil, elle fait signe à des gardes, habitués de ses apparitions surprises, d'aller quérir les conseillers. Elle se tourne vers Dante qui dresse des mains innocentes en l'air, faisant mine de s'asseoir dans un coin pour ne pas la déranger, et vers Dahlia.

— Je crois que tu devrais rejoindre Yezajia, déclare Wanda. Oui, c'était une erreur de les laisser seuls. Steros n'a pas encore franchi de limites, mais...je ne sais pas, j'ai une mauvaise intuition.

— À tes ordres. 

Cependant, Wanda n'a pas le temps de rouvrir un portail, car les battants de la salle s'ouvrent en toute hâte, laissant apparaître un Aithan à bout de souffle, affolé par elle ne sait quoi. Quelque chose qui lui déplaira fortement, pour sûr.  

— Wanda, c'est une catastrophe ! Mais, où étais-tu passée ? 

— Dis-moi tout, je me prépare au pire.

Son ton las, presque railleur, est balayé par Aithan d'un revers de main, indiquant à la Princesse de montrer tout le sérieux possible. Son visage se forge alors du gris sombre de l'acier, tandis que Dahlia se flanque à son côté, ayant déjà oublié Yezajia et les deux délégués. Dante se redresse sur le tabouret qu'il a choisi, tout aussi perplexe et intéressé que Wanda. 

— Mabel attaque. Non, elle n'attaque pas, que dis-je ! Elle fait la guerre. Les montagnes... Le nord... Tu dois y aller au plus vite ou il ne restera plus rien. Elle te prend tout. Les terres, les avant-postes, ils tombent tous entre ses mains. Cela fait plus de deux heures qu'elle a lancé son assaut. Deux heures que je te cherche partout ! J'ai même appelé des spécialistes en localisation et ils ne te trouvaient nulle part. Nous avons craint que Mabel t'ait enlevée. 

Elle ne répond rien et se contente de fuser à côté de lui, par-delà les battants de la salle. Les gardes s'écartent à son passage, puis à celui du Dahlia Noir. Aithan leur emboîte le pas en bredouillant des indications, tout ce que leurs éclaireurs, espions et soldats ont pu rapporter au Palais d'Argent. Une catastrophe en effet. Dante les suit en retrait. Il réfléchit à tout cela. Cette attaque ne l'étonne pas, et elle n'étonnera pas Wanda. Il lui en a parlé, le jour même où ils ont conclu leur marché, avant ou après avoir dénoncé les infiltrés de Mabel dans ce château. Il a mis un point d'honneur de l'avertir du coup de maître principal de l'Impératrice de la Nuit ; il n'a jamais su en quoi il consisterait, ni quels étaient les plans exacts de cette immonde Sorcière, mais il a toujours été convaincu qu'elle frapperait d'un coup, un coup fort, un coup qui ébranlerait les fondations d'Aerador pour sonner le glas de ce royaume. La Générale arrive promptement à l'armurerie et ni une, ni deux, elle s'habille pour la bataille sans ôter le cuir de sa tenue moulante, ajoutant seulement des couches protectrices au-dessus, et sa fidèle épée. Dahlia n'avait apporté trop d'armes pour rendre visite aux Vampires, afin de ne pas les offenser. Elle s'approvisionne donc, en accrochant des dizaines de couteaux de lancer, de poignards et de lames en tout genre à ses multiples sangles. Seuls les dieux peuvent dire comment elle se déplace sans un bruit avec tout ce fer sur elle.

— Mabel a fini de jouer avec toi, Wanda. Montre-lui qui est la souveraine d'Aerador et ce que cela implique de menacer ton royaume. Affronte-la enfin. Tu t'es préparée toute ta vie à cela, tu peux le faire, j'ai confiance en toi.

— Suggérez-vous qu'elle se batte au corps à corps avec Mabel, en face à face ? s'étrangle Dahlia. Hors de question ! Elle reprend les montagnes du nord, éjecte les troupes impériales et revient ici, saine et sauve.

Pourtant, le regard de Wanda par-dessus son épaule détrompe les affirmations de son ombre. Le Dahlia Noir en est tellement abasourdie qu'elle manque de lâcher une lame. Dante se raidit de haut en bas et marmonne en refreinant sa frustration :

— Ce n'est pas parce que Mabel cherche à asséner le coup fatal que tu dois essayer de la battre à ce jeu. 

— C'est toi qui m'as prévenu de la fin inévitable de cette guerre, toi qui m'as conforté dans mon idée initiale. Que je serais forcée tôt ou tard de la confronter, sans troupe entre nous, sans champ de bataille. Juste nous deux, pour mettre un point final à cette guerre.

Dahlia montre les dents, à l'image des chiens enragés, prête à sauter sur Dante pour ce qu'il a effectivement déclaré. Toutefois, il se met à agiter ses bras dans les airs, comme pour chasser une brume d'agacement.

— Non, Wanda, je n'ai jamais dit que tu devrais foncer tête baissée dans son piège. J'ai en revanche insisté sur le fait que la guerre ne se gagnera pas si l'une de vous ne tue pas l'autre. Mais pas maintenant, pas aujourd'hui, pas alors qu'elle n'attend que cela. C'est évidemment une provocation éhontée, pour t'acculer, te jeter au pied du mur et te pousser à engager la dernière partie de votre jeu...que tu ne remporteras pas si tu y vas dans cet état d'esprit. Tu réagis sous l'impulsion du moment. Au diable les montagnes du nord. Vas-y, tente de combattre, mais ne risque pas ta vie inutilement. Reviens au Palais d'Argent et fomentons tous ensemble un plan qui fonctionnerait, pas un plan né d'un élan spontané de ta part. Tu cours à ta perte, et je refuse d'autoriser cela ! 

Son éclat résonne contre les murs des catacombes. Dahlia a cessé de se mouvoir, poings serrés sur le manche d'un poignard. Aithan le dévisage un instant, avant de hocher la tête avec une vigoureuse approbation, tandis que Wanda a haussé un sourcil...et un rictus amusé. Pourquoi serait-elle amusée ? Dante contient un grondement colérique, quand elle réplique sur un ton chantant :

— Je suis ravie d'entendre votre inquiétude à mon sujet et je vous remercie tous de me seconder par ces temps pénibles. Tu peux te détendre, Dante Stein, je compte faire exactement ce que vous voulez tous que je fasse. J'ai en effet sous-entendu que j'irai combattre Mabel en face à face, mais je n'ai pas dit que je le ferai dès à présent, sous l'impulsion. Je ne suis pas stupide ou naïve.

— Et puis, tu as un plan. N'est-ce pas ? 

Le Dahlia Noir fait référence à ses paroles au Roi Soran, sa promesse qui a répandue un froid glacial chez les Vampires tant elle respirait la confiance. Aithan paraît soudain très intrigué par cette information lâchée au hasard, et commence à la questionner. Elle ne dévoile presque jamais rien de ce qui traverse son esprit futé et il n'est pas rare qu'il découvre ses projets en même temps que les autres, ce qui vexe profondément son ego de vieil homme qui a veillé sur cette enfant depuis la mort de ses parents. Néanmoins, il n'a pas le loisir de bredouiller grand-chose, puisque Wanda a déjà ouvert un portail.

— Je viens.

— Non, Dante.

Mais, elle n'a pas d'arguments. N'est-il ni un guerrier, ni un soldat ? Bien sûr qu'il l'est, en quelque sorte. Mabel lui a enseigné les bases et il s'est instruit en regardant les troupes impériales s'entraîner. Qui plus est, sa spécialité lui offre une couverture formidable. Peu sont capables de le toucher. Il empoisonne avant. Et de toute façon, il s'est déjà plaqué contre son dos, une main posée délicatement sur sa hanche. Il effleure son poignet du bout de son doigt. Une caresse qui transmet autant d'encouragements que d'excuses ; désolé de ne pas avoir fourni plus de renseignements pour vaincre Mabel, désolé pour cette vie que tu dois mener, courage pour les heures et les jours à venir, ne plie pas, ne te brise pas. Elle entend tous ces mots et à son oreille, il susurre :

 — Elle ne l'emportera pas. Tu sais pourquoi ? Parce que tu es le roc qui résiste au tsunami, l'arbre qui tient bon face à l'orage, le feu qui brûle éternellement. Tu as survécu toutes ces années. Tu t'es battue si jeune et tu continues, sans te plaindre, sans réclamer d'aide. Tu es la femme la plus impressionnante que je n'ai rencontrée et Mabel peut aller se faire voir, elle et ses décennies d'expérience. Elle n'a pas ton cœur pour voir clair dans l'obscurité, elle n'a pas ta sagesse pour déjouer le sort. Elle se bat pour le pouvoir, pour les terres, pour se rapprocher de ses rêves de conquête. Toi, tu te bats pour ton peuple, tu aimes et tu la vaincras parce que, contrairement à elle, tu n'es pas aveuglée par tes ambitions.

Tu ne refuserais aucun sacrifice, tu t'offrirais vivante ou morte pour la cause de la justice... Mabel non. Et c'est cela qui effraie brutalement Dante. Il ne termine pas, mais ils savent tous les deux quels mots demeurent en suspens. Il a peur. Un mélange parfait d'anxiété viscérale à l'idée de perdre la seule personne en ce monde qui se pencherait sur son cas, qui ferait en sorte de l'aider au lieu de le réduire à l'esclavage, la seule qui le sauverait de son passé à Fedgarth ; et une panique profonde à la pensée terrible qu'elle puisse mourir. Elle n'est pas immortelle. Il vivra sûrement plus longtemps qu'elle, avec le sang de Fae qui coule dans ses veines, et il est prêt à parier que, des deux, c'est lui qui l'enterrera et non l'inverse. Ce qui le glace sur place et lui donne une violente sueur froide. Au fond de lui, il devine déjà comment se terminera la guerre et il ne veut pas. Il ne veut pas.

Seulement, Wanda est préparée à tous les sacrifices. Elle serre une fois sa main et fait volte-face, vers son portail, vers la bataille. Dahlia sur les talons. Aithan leur hurle bonne chance, avant que Dante ne les suive à son tour. Ils atterrissent les uns après les autres à différents antres d'avant-postes. La Générale recherche des soldats, recherche le combat. Des démons, des êtres de fumées opaques et noirâtres, se sont infiltrés ci et là. À chacun de leur passage, elle tire son épée et avec sa cheffe des espions, elles se faufilent jusqu'à des Capitaines, des Colonels, quiconque qui possède des étoiles et un blason sur leur armure, pour distribuer ses ordres et empêcher le désordre de s'abattre sur les montagnes. 

Pour certains, elle se draine de son énergie vitale pour créer des portails entre les avant-postes et les camps d'entraînement, n'importe où plutôt qu'ici, commandant un repli immédiat. Elle n'est pas stupide ou naïve, non. Elle a appris à baisser les bras, se retirer et contre-attaquer. Inutile de forcer sa domination des montagnes du nord. Inutile, vain et inespéré. Les soldats rechignent, affirment pouvoir reprendre la terre, mais elle aboie ses directives et ils finissent tous par se courber à ses décisions. Dante l'assiste de son mieux. L'imbécile qu'il est n'a pas songé à prendre une arme dans l'armurerie, alors il en emprunte une à un cadavre de démon. Un glaive large à double lames. Il s'en sert en majorité pour bloquer des assauts, le temps de souffler son poison. 

En arrivant à Reqezia, ils comprennent enfin pourquoi Mabel a grignoté autant de terrain. Ils rencontrent un groupe d'hommes blessés qui, les premiers en trois avant-postes, les informent de ce qu'il se trame dans les montagnes du nord. Des avalanches. Des avalanches par dizaines qui ont tout balayé sur leur passage, ce qui inclue les villages nomades, les habitants isolés, mais aussi les postes de surveillance à la frontière, tout au long des pics rocheux. Des centaines ont déjà péri, emportés par l'omnipotente neige. Les éclaireurs, ceux qui ont survécus, ont avertis les gardes qui se sont empressés de relayer l'information et de fil en aiguille, voilà comment détourner toute l'attention des soldats, comment s'immiscer dans les tunnels pendant que la concentration est ailleurs.

Les avalanches ont généré des réactions en chaîne dans tous les monts rocheux...débordant également sur les cités et les villages au pied de ces montagnes. Wanda fait un rapide calcul dans sa tête, combien de ses gens vivent dans toute cette région, et elle est saisie d'un vertige. Dahlia la maintient debout, tandis que Dante achève les blessés. Ils étaient mourants et n'auraient pu être guéris à temps, agonisant dans leur propre sang. Il a soufflé une fois et a lu la gratitude dans leurs yeux fatigués. L'ombre se maîtrise assez bien, mais un mot illumine son front plissé de crainte : Adamante. La Princesse se rappelle brusquement de son cousin qu'elle a laissé quelques heures auparavant regagner son avant-poste. Mais, Reqezia peut être sauvée. Tiraillée, elle peut compter sur l'intervention déterminée de l'empoisonneur pour la tirer de son dilemme :

— Nous irons auprès de ton cousin dans une minute. Mabel a commis une erreur en envoyant les démons. Je sais mieux que quiconque comment les éliminer.

Et il expire. Un souffle virulent qui prend rapidement de l'ampleur jusqu'à devenir un raz de marée qui chamboule tout sur son passage. Une marée verdâtre qui se diffuse dans chaque tunnel, chaque tournant, et massacre les démons un à un. De là où elles sont, Wanda et Dahlia entendent distinctement les cadavres froids de ces créatures tombés et souillés le sol de l'avant-poste. Un Capitaine déboule dans la seconde et se fige à la vue de l'empoisonneur. D'autres soldats arrivent à leur tour, une main devant la bouche et le nez pour se préserver, mais ils voient leur Générale et son ombre respirer sans peine et se redresse donc, jetant des regards troublés à Dante Stein. 

— Une missive vient de me parvenir, votre Altesse, déclare le Capitaine. Adamante requiert notre aide. 

— Reqezia répondra.

Elle pivote vers l'empoisonneur et lui adresse un hochement de tête qu'il interprète sans mal. Néanmoins, elle précise son ordre à haute voix :

— Tu restes là, tu sécurises l'avant-poste. Dahlia, avec moi. 

S'ils peuvent sauver deux, trois, ou un seul, avant-postes, ils le feront. Sans plus de cérémonie, elle ouvre un portail au prix d'un grand effort et permet aux soldats rassemblés de Reqezia de voyager jusqu'à Adamante. Elle s'est trop téléportée, et elle a fait passer trop de monde entre ces différents lieux. Dante aperçoit sa grimace d'épuisement au moment où elle disparaît au loin. Cependant, il s'efforce de ne pas y penser et accourt dans les tunnels en quête de survivants et surtout de mages pour les blessés. Il organise des points de soin, ci et là, sous la montagne, là où des hommes à terre ont perdu des membres, ou des femmes s'étouffent dans leur sang. Personne ne questionne ses propositions appuyées, qu'il essaie d'adoucir mais qui sont en réalité des ordres nets et précis, et il se rend compte de pourquoi bien plus tard, quand une jeune guérisseuse lui pointera une fleur épineuse dorée à son torse, l'emblème de Wanda Creighton. Elle a dû le placer là par magie, avant de partir. Une assurance que nul ne le contestera. 

Dans les tunnels d'Adamante, le chaos est maître. Tous les feux sont soit éteints, soit vacillants et Wanda les rallume et les stabilise pour tenter d'y voir clairement. Les démons en profitent pour attaquer par derrière, mais ils ignorent qui a débarqué dans les parages, et à quel point elles sont prêtes à les ramener elles-mêmes en enfer s'il le faut. 

Elles abattent le plus grand nombre de démons et même sans le poison de Dante, elles se débrouillent très bien. Il s'avère, et Wanda le constate avec horreur, que ces viles créatures ne se sont pas forcément focalisés sur le bain de sang et les tueries. Elles ont semé leur lot de cadavres, bien évidemment, mais moins qu'aux autres avant-postes, et cela ne la rassure pas du tout. Cela signifie que ces choses sont venues là pour accomplir un tout autre objectif, et elle ne doute pas qu'il ait un lien avec un certain Rune Wyvern. 

Elles redoublent d'ardeur pour le retrouver et prêtent main-forte à un grand nombre de soldats, mais aucun n'a entraperçu l'ombre de Rune Wyvern depuis le début de l'assaut. Ils ont tous exigé ses ordres, son aide, sa présence, mais il ne s'est pas battu avec eux. Pas un n'insinue que leur chef de secteur a déserté. Au contraire. Ils inventent tous des excuses pour son absence qui lacèrent les entrailles de Dahlia et produisent un effet destructeur. Elle a beau de ne détenir de magie, les démons chutent les uns après les autres sous ses nombreuses lames. Elle les empoisonne tous, inspirée par Dante, et elle continue d'interroger les hommes de l'avant-poste, elle insiste jusqu'à ce que l'espoir s'amenuise et qu'elle envisage sérieusement un malheur.

Par conséquent, elles se séparent pour combler plus d'espace. 

Dahlia fonce sous la montagne, se remémorant le chemin de tête. Elle atteint vivement les appartements privés de Rune et fait face à l'horreur. Tout est sens dessus dessous, les parchemins déchirés, le mobilier rongé, les tapisseries ravagées. Des meubles ont été renversés, brisés, et elle imagine aisément le guerrier se débattre bec et ongles pour se délivrer de leurs sales griffes. Elle perçoit des traces de sang près de la porte arrière qui débouche sur un escalier en colimaçon. Elle grimpe et grimpe à toute vitesse et devine la trajectoire des démons qui ont pourchassé sauvagement leur proie. Parfois, elle voit des perles écarlates et court plus vite. Et puis, elle entre en collision avec un autre corps. Wanda. Elles se jaugent un instant et parviennent à la même conclusion. 

— Ils ont enlevé Rune. 

— J'ai des comptes à régler avec lui, grogne Dahlia. Des aveux à faire. Et quelques dizaines de bouteille à picoler. Alors, retrouvons-le. 

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