Le deuxième cours de Creighton

Wanda marche à pas vifs dans les couloirs du Palais d'Argent, alors que le soleil ne s'est pas encore levé, que la lune trône toujours en maîtresse dans le soleil, au moment où Adaline déjoue le piège de Caedmon et le suit jusqu'au fleuve. Elle est prête, vêtue d'une armure discrète. Une tenue des plus simples, tout en noir et en cuir, mais pas n'importe lequel. Une matière qui la protégerait de la plus acérée des lames. Elle ne porte aucune arme. Elle aurait dû. Sur son chemin, elle avance vite et heurte de plein fouet une épaule dure. En relevant la tête, une excuse sur le bout de la langue, elle rencontre les yeux malicieux de Dante. Elle cherche à contenir un juron, mais son ton trahit son agacement :

— Bon sang, par tous les dieux, que faites-vous à cette heure dans mes couloirs ? 

Dante lui sourit pour seule réponse. Elle s'assure que ses menottes enserrent ses poignets. Avec elles, il ne peut utiliser la magie, rassembler sa force ou sortir du Palais d'Argent. Il est réduit à l'état d'un être fébrile et pourtant, il fait tout son possible pour le cacher. 

— Ces couloirs ne vous appartiennent qu'à moitié, Princesse. Ils seraient tout à vous si la couronne de votre père trônait sur votre jolie tête. Pour l'instant, vous n'êtes officiellement que la gardienne de ces lieux. 

La grimace irritée sur son visage vaut tous les mots acerbes qui fusent dans son esprit et il glousse, diverti par sa réaction.

— Allons, Princesse, vous n'êtes pas au courant du fonctionnement de la vie à la Citadelle Blanche de Fedgarth ?

L'endroit infâme où Mabel a érigé son empire, une citadelle imprenable piégée entre deux cols monstrueux de montagne. 

— Nous vivons la nuit, là-bas. Je ne me suis pas habituée à votre rythme. 

— Vous êtes certain que cette règle s'applique à tout le peuple de Fedgarth ?

Il ne saisit pas tout de suite le sous-entendu, et elle rajoute donc :

— Cela ne m'étonne pas que vous viviez la nuit, puisque c'est à ce moment-là que votre rôle commençait, que Mabel se servait de vous. Votre utilité s'achève à l'aube, n'est-ce pas ? 

Une vibration de haine le fait trembler de la tête aux pieds. Wanda s'en délecte. Elle n'aime pas torturer ainsi ses prisonniers, ou peu importe qui sont ses ennemis, mais elle voue une haine sans pareille pour cet homme-là. Imbu de lui-même, sans talent véritable, la catin de Mabel qui a obtenu tous ses privilèges grâce à ses va-et-vient dans son lit. Il est méprisable à ses yeux, bien plus que l'Impératrice de la Nuit, et elle n'y peut rien. Dès qu'elle le voit, elle ressent un besoin indomptable de le rabaisser au statut qu'il possède réellement, à ce qu'il est dans le fond. Un être vain et futile. Aithan la réprimanderait, lui qui insiste tant pour qu'elle fasse ami-ami avec Dante Stein. Elle n'y arrive pas. Impossible. Il lui donne trop envie de vomir. 

— Je ne faisais que me balader, Princesse. Pas la peine de vous montrer aussi vile avec moi.

Il lui crache presque au visage.

— Cela ne vous plaît pas ? Mes paroles vous offensent ? Je ne prononcerai plus ce genre d'insultes si vous parvenez à définir votre rôle auprès de Mabel d'une autre manière. Allez-y. Qui étiez-vous pour elle, pour Fedgarth avant votre capture ? Je vous écoute.

Dante entrelace ses doigts, un sourire sarcastique sur les lèvres. Il se retient de jurer. Sa maîtrise de lui s'effrite, mais ne cède pas. Il inspire profondément et tente plusieurs pas vers elle. Wanda recule d'abord, mais perd vite patience. Elle lui décoche un coup, qui se destinait à l'éloigner, mais qu'il esquive avec aisance. Il lui retourne l'amabilité et les voilà à se disputer à coups de poing dans un couloir quelconque du Palais d'Argent. Elle réussit rapidement à le neutraliser et il se retrouve par terre, le visage plaqué contre la pierre chaude. Elle n'a même pas utilisé sa magie. Inutile. 

— J'adore quand vous faites preuve de sévérité à mon égard, Princesse.

Il fait en sorte que son ton sonne lubrique. Elle souffle bruyamment de lassitude et le relâche en le relevant. Wanda ne formule plus une seule remarque et il n'ose plus interrompre le silence pesant entre eux. Elle agrippe une de ses menottes et le tire derrière elle jusqu'à la chambre qu'Aithan lui a attribuée. Les gardes s'inclinent à son passage. À chacun d'eux, elle ordonne une surveillance accrue de Dante Stein et l'interdiction de le laisser ainsi vagabonder dans ses couloirs. Il marchait avec détermination et vers ses appartements privés. Certains au Palais d'Argent savent qu'elle s'absente ce matin pour rejoindre Yezajia. Sûrement a-t-il perçu la nouvelle et a-t-il voulu fouiner. Pourquoi faire ? Elle l'ignore et compte le découvrir. 

Pour l'instant, elle le pousse violemment dans sa chambre attitrée et engendre une onde bleuté autour de ses menottes. Dante ne bronche pas et elle profite de sa docilité pour altérer ses autorisations à sa guise. Elle le cantonne à cette partie-là de l'étage et le prévient qu'il tombera dans une profonde inconscience s'il décide de s'aventurer au-delà. Au diable la gentillesse d'Aithan ! Si elle n'obtient pas d'informations de sa part, tant pis ! Elle ne s'abaissera pas à lui baiser les pieds pour qu'il réponde à ses questions. Avant qu'elle n'ait pu le quitter pour de bon, il déclare :

— Je sais que vous partez pour Yezajia. Je venais vous demander une entrevue, à votre retour. J'avais choisi de me confier à vous... Ce n'est plus mon désir à présent. Dites s'il vous plaît, et je considérerais de redemander cette entrevue.  

Elle le toise par-dessous ses cils et soupire derechef en se détournant de lui.

— Même pas en rêve, Dante. Je ne jouerai pas à ce jeu. 

Il ricane et elle sort de cette chambre étouffante. Wanda fait un saut aux cuisines, comme prévu, pour récupérer un fruit à grignoter et elle se transporte à Yezajia au travers d'un portail. Elle attend que la sonnerie retentisse, en avance, et reste dans la forêt un moment, appréciant le vent sifflotant à ses oreilles. Puis, les élèves se dirigent vers la salle des repas et les cours s'apprêtent à débuter ; par conséquent, elle monte au dernier étage, sa salle de cours. Cette pièce ressemble en tout point à un grenier d'un ancien manoir, mais elle n'a fait aucun commentaire à sa découverte et n'en fera aucun. Elle sait que Steros essaie de la contrôler, et elle use de moyens divers et variés pour cela. Sans se rendre compte que cela n'aboutira à rien avec la Princesse d'Aerador. 

Les élèves arrivent les uns après les autres. Elle entend des murmures pressés et colériques de deux d'entre eux. Seth et Peirth, si elle a bien retenu leurs prénoms. Elle perçoit également la mention d'Adaline Nox et celle-ci manquera d'ailleurs à l'appel. Les jeunes hommes regardent d'yeux méfiants Caedmon Delarosa. Une ombre plane dans la pièce. Elle ne relève pas, mais veille à ce qu'aucun débordement n'ait lieu dans son cours. Manon, aux cheveux de flammes, réagit en particulier à cette atmosphère. Wanda connaît désormais sa spécialité. Elle doit étouffer sous cette charge émotive puissante. Pour l'aider un peu, elle commence son cours, s'appropriant ainsi l'attention de tous.

— L'on m'a suggéré de nommer cette spécialité... Sentinelle. J'estime que ce nom est ridicule et inapproprié, mais la directrice en a été ravie, donc c'est décidé. Sur vos emplois du temps, ce nom-là apparaîtra bientôt. Il s'agit-là d'une simple formalité. 

Ils acquiescent. Elle se l'était imaginé, ce détail les intéresse peu. Place au véritable cours, donc.

— Pour aujourd'hui, nous nous focaliserons sur les boucliers. Les tests ont montré que vos boucliers sont...faibles, voire inexistants. Il faut les renforcer. Mettez-vous par paire et attaquez-vous mutuellement. Je précise que le but n'est pas de vous blesser. Allez-y doucement. Et essayez de vous mettre avec quelqu'un de votre niveau. 

— Nous sommes tous des dix, rétorque Peirth.

— Cela ne signifie pas que vous avez en niveau égal. Delarosa, par exemple, vous anéantira en quelques mouvements avec ses arts mystiques et pourrait neutraliser Manon...mais celle-ci pourra tout aussi bien transformer ses émotions et en faire un pantin. Vos spécialités vous apportent des forces différentes. Ces forces prennent parfois plus de temps que les autres pour opérer. Voilà pourquoi il est primordial de perfectionner sa magie défensive. Si vous pouvez vous défendre, vous serez en mesure d'attaquer à votre rythme. Si vous avez besoin d'effectuer plusieurs gestes pour lancer un sortilège, si vous avez besoin de formuler un enchantement...vous en serez incapable dans le cas où votre adversaire vous tue en premier. Vous comprenez ?

Ils hochent tous de la tête. 

— Bien. Au travail. Manon, je serai votre paire. Delarosa, savez-vous où est Adaline Nox ? J'ai entendu sa réputation à Yezajia. Elle ne manque aucun cours, paraît-il.

Il hausse les épaules, un air de défi sur le visage. Manon gronde, en retrait, mais n'intervient pas. La jeune rousse et Wanda ont toutes deux conscience du mensonge qu'il s'apprête à raconter :

— Je crois qu'elle est tombée malade cette nuit. Elle a pris froid.

— Sale menteur ! 

Le chuchotement agressif de Peirth ne passe pas inaperçu. Delarosa fait volte-face, prêt à se défendre. Ou plutôt à contre-attaquer. Seth contient son ami en le tirant en arrière.

— Pas de cela dans mon cours. Sentinelle est peut-être une terrible plaisanterie, mais vous y êtes contraints, autant que moi. Faisons en sorte que ces cours ne riment pas avec angoisse et ressentiment. Bon sang, vous êtes tous élèves de la même école, un peu de retenue, je vous prie !

Son timbre sec les apaise en un instant. Ils se souviennent tous en même temps de qui est leur professeure. Ils servent tous cette femme. La future souveraine de leur royaume, le rempart contre la tyrannie de Mabel. Elle a vécu sur les champs de bataille et les camps d'entraînement. Elle a souffert mille fois plus qu'eux. S'est brisée chaque membre des centaines de fois, a failli mourir encore et encore. Ce ne sont pas une bande de jeunes qui briseront sa ténacité. Caedmon conclut ce début d'altercation en changeant de sujet :

— Au fait, êtes-vous ici en tant que Princesse ou Générale des armées ?

— Ni l'un, ni l'autre. Je vous rappelle que je suis élève dans cette école, moi aussi, et la directrice m'a invitée à partager mon long entraînement avec vous. Cela fait de moi...une sorte de mentor. Prenez-le comme tel. Manon.

La jeune Sorcière s'approche de Wanda et les deux ouvrent le bal en servant d'exemple. C'est Manon qui lui envoie des sorts en première et la Princesse les pare sans difficulté. Cela permet également aux autres de voir les dizaines et dizaines de boucliers possibles, à utiliser selon les situations. Ensuite, elles échangent leur rôle. Elle a l'impression de se retrouver avec le Dahlia Noir, à l'aube de leur relation tumultueuse, après l'avoir hissée hors de la rue et l'avoir conviée à son Palais d'Argent où elles se sont battues. L'une pour analyser ses compétences, l'autre pour se décharger des flots déchaînés en elle. Une amitié était née ainsi. La rousse peine à se protéger, mais elle n'abandonne pas, ne se plaint pas et endure les assauts avec acharnement. Elle est décidée à s'améliorer. Pour sûr, elle ne déteste pas ces heures obligatoires, plutôt heureuse d'enfin avoir une spécialité qui l'autorise à se défouler. 

Les autres assistent à leurs échanges une poignée de minutes, avant de se ranger et de s'aligner par deux, face à face. Caedmon confirme l'affirmation de la Princesse. Il est bien plus puissant que Kinai. Avec ses arts mystiques, son professeur lui a enseigné à se défendre autant qu'à attaquer, et cette magie puise énormément dans ses ressources. Il a appris à ignorer les signes de fatigue et à chercher son énergie la plus profonde pour la modeler à sa volonté. Son ami rouspète régulièrement que le duel n'est pas juste. Contrairement à Seth et Peirth dont les pouvoirs s'égalisent en quelque sorte. 

Tout se déroulait à merveille, jusqu'à ce que la porte s'ouvre avec fracas.

Nox déboule en furie. Wanda amorce un geste dans sa direction pour la saluer, mais la jeune femme ne lui adresse pas une once d'intérêt, concentrée sur Caedmon.

— Espèce de sale ordure ! Sale monstre ! Tu vas me le payer !

Autant d'injures et de cris qu'elle lui balance au visage tout en comblant l'espace entre eux en deux secondes. Il n'a pas le temps de comprendre ce qu'il lui arrive, ni de se préserver de sa furie. Elle lui fonce droit dessus et se met aussitôt à abattre ses poings sur sa sale tête de pervers, sur son torse répugnant. Elle le déteste. Elle le déteste ! Adaline s'est réveillée quasiment nue. Elle sait pourquoi. Elle sait à cause de qui. Elle est écœurée. Elle a pleuré en le constatant. Et une fois le choc passé, elle a couru ici. Elle le frappe de toutes ses forces et il s'efforce de bloquer ses coups. Caedmon lui empoigne les bras et s'exclame pour surpasser sa voix criarde :

— Calme-toi, Nox ! 

— Va en Enfer !

Il s'était attendu à un retour amer et colérique, mais pas à... Il ne pourrait même pas décrire ce qu'elle ressent, ce qu'elle renvoie. On dirait qu'elle est prête à le tuer. Pour de vrai. Pour de bon. De toute évidence, il a franchi la limite. La jeter dans un fleuve, pourquoi pas ? Mais la dévêtir. Elle ne le supporte pas. Elle ne supporte pas de visualiser ses mains dégoûtantes sur son corps. Que lui a-t-il fait ? Pourquoi ne s'est-elle pas réveillée ? Elle n'ose pas imaginer. Non, elle n'ose pas. Oh bon sang, elle est à deux doigts de pleurer à nouveau. Pour s'en empêcher, elle le cogne avec plus d'ardeur encore. Elle sent les mains de Peirth sur ses épaules et les mots tempérés de Seth, mais elle les ignore et continue de frapper, de frapper, jusqu'à ce qu'il la repousse avec brutalité. Elle se rattrape de justesse, trébuchant sur le bois. 

— Cela suffit, déclare Wanda. Que vous a-t-il fait pour recevoir votre...?

Pour la première fois de sa vie, Adaline n'écoute pas la femme qu'elle admire le plus au monde et elle se rue derechef sur son ordure de co-délégué. Caedmon se défend tant bien que mal, avec ses bras et avec son argument principal :

— Si tu étais vraiment intelligente, Nox, tu te serais aperçue que je t'ai soignée, espèce d'idiote ! Comment étais-je...?

Il ne termine pas, car elle l'envoie valser dans la salle, en explosant de rage. Il s'effondre contre le mur. Wanda décide de s'interposer, mais, Adaline se dégage de sa prise et fuse sur lui, à l'image d'un aigle royal sur sa proie. Il se redresse à la seconde où elle gifle douloureusement sa joue. Celle-ci se colore d'un rouge écarlate. C'en est trop pour lui, il s'écrie :

— Non seulement je t'ai soignée, et je n'y étais pas du tout obligé après les graves accusations de cette nuit, mais, en plus, je t'ai déjà sauvée la vie auparavant. C'est moi, Nox ! C'est moi qui t'aies tiré des griffes des Orcs ! Sans moi, tu serais morte à l'heure actuelle ! 

— Oh, et je te dois la vie ! C'est cela, oui ! Je dois me taire et me laisser aller à ta cruauté, parce que j'ai une dette envers toi ? Tu sais quoi, Caedmon ? Ta dette, tu peux...

Il la coupe net en renversant les rôles. Caedmon la propulse brusquement contre le mur et toute la pièce en tremble. Il la maintient là, une main sous son menton, tout contre elle, torse contre poitrine.

— Oui, Nox, oui, tu me dois la vie. Je t'ai dit de réfléchir. Si tes accusations sont réelles, sont fondées, pourquoi t'aurais-je sauvée ? Pourquoi t'aurais-je soignée ce matin ?

— Je m'interroge, figure-toi.

Elle gronde. Si bas qu'il l'entend à peine.

— Parce que tu me fais pitié. Tout chez toi m'inspire de la pitié. Tu cours dans tous les sens sans véritable but, tu te démènes à désigner un coupable qui n'existe que dans tes fantaisies, tu es prête à gâcher mon existence ici et toute ma réputation pour avoir l'impression de vivre. Parce que, la vérité, Nox, c'est que tu es morte cette nuit-là quand les Orcs t'ont capturée. Tu es morte quand les premières explosions ont retenti dans le château. Tu ne t'es jamais remise de la bataille. Et tu ne t'en remettras jamais si tu continues à t'agiter.

Il se penche à son oreille pour qu'aucun autre n'écoute.

— Tu es vide de sens, Nox, et tu cherches l'aventure pour te donner une excuse pour aller de l'avant, pour ne pas flancher et t'écrouler.

Elle verse une larme de haine. Seulement, quelqu'un d'autre s'occupe de lui. Elle espérait que Wanda le jetterait hors de cette salle, mais celle-ci se tient à l'écart, perplexe de toute cette situation troublante. C'est Manon qui saisit l'épaule de Caedmon, le tourne vers elle et lui enfonce son poing dans le visage. Il vacille et se retient au mur, plus loin. Il la dévisage, outré. La jeune rousse hausse les sourcils. Quoi ? semble-t-elle lui dire.

— Soutien féminin. Je ne comprends pas cette histoire entre vous, je ne comprends pas comment cela a pu s'envenimer à ce point, et je ne veux pas le savoir. J'ai ressenti ses émotions et crois-moi, cette aversion-là, elle provient forcément de quelque part. Je ne veux pas savoir non plus ce que tu lui as fait pour provoquer cette émotion, mais voilà...soutien féminin. 

Adaline n'aurait jamais présagé que cette fille prendrait sa défense, surtout pas contre son unique ami dans toute cette école. Cependant, Caedmon n'a pas l'air de lui en tenir rigueur. En fait, il n'est pas étonné du tout de ces éclats de colère et ne s'offusque pas de ces coups. Il souhaite tourner la page. Nox, au contraire, est blessée. Bien plus que par les brûlures du fleuve. Les mots qu'il a chuchotés... Ce secret qu'elle-même ne s'avouait pas. Elle titube et croise les regards désolés de ses amis. Même la silencieuse Dyna fait un pas vers elle. Aucun d'entre eux ne s'était rendu compte de ses véritables sentiments quant aux suites de la bataille. 

Elle ne leur a pas confessé son altercation violente avec les Orcs, ni comment Delarosa les a enserrés dans ses cercles dorés jusqu'à les faire imploser, les uns après les autres. Elle a été couverte de leur sang putride et il l'a forcée à se lever pour qu'ils s'échappent ensemble de Yezajia. Ils ont entraperçu au loin les ondes de choc de la Princesse, ce qui a persuadé Adaline de partir, maintenant que la bataille était sous contrôle. Ils se sont glissés dans la cachette secrète, prévu en cas d'urgence de ce genre. Elle n'a pas saisi pourquoi il agissait avec une telle prévenance avec elle, la guidant dans le noir.

— Tu connais l'existence de ces tunnels ? a-t-elle susurré, dépitée.

— De la même façon que toi, je suppose. Steros et les professeurs ne sont pas discrets à ce sujet. 

Ils ont marché un temps dans les ténèbres, et tout à coup, elle n'a plus détecté sa présence. Il s'est éclipsé elle ne savait où, pour faire elle ne savait quoi. Adaline a toujours soupçonné qu'il a rejoint le château et a combattu bien plus longtemps dans la bataille...mais dans quel camp ? Wanda ne punira évidemment ni la jeune femme en colère, ni Manon, pour leur violence. Elle ne lui interdira pas de quitter son cours, parce qu'elle ne tolère pas l'attention suffocante de ses amis sur elle. Après tout, la Princesse connaît très bien ces émotions. Elle les éprouve tous les jours.

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