13.


Esther n'était plus que l'ombre d'elle même. Ses parents savaient tout sur l'accident qu'elle avait provoqué, elle avait vu son violeur d'ancien petit ami mourir sous ses yeux par leur faute, et avait bien failli mourir avec eux dans la pièce précédente. Elle se retrouvait maintenant enfermée dans une pièce avec le père de la petite fille dont elle avait provoqué le décès et celui de sa mère, ainsi qu'avec le meilleur ami de l'homme que ses parents avaient laissé mourir.

La situation était malsaine, pesante.

Élisabeth Bizier ne parlait plus, ne bougeait plus. Ses yeux fixaient le bout de ses chaussures et sa respiration était saccadée. Charles ne pouvait détacher son regard des bras ensanglantés de la dernière équipe qui venait d'arriver, sa main crispée autour de celle de sa femme.

Adam et Jean-Michel avaient voulu apporter de l'aide aux nouveaux arrivants, mais effrayés et encore sous le coup de la douleur, aucun d'eux ne se laissa approcher. Alors les deux hommes se contentèrent de les observer, gênés devant leurs souffrances visibles.

Les deux hauts-parleurs de la salle se mirent à crier en même temps, d'un cri inhumain, crissant, puissant, qui transperça les tympans de ses huit victimes. Puis le cri se transforma en un rire profond, clair, fort. Diabolique. Le rire d'une femme mauvaise.

Lorsqu'il s'arrêta enfin, les détenus se regardèrent, puis regardèrent le plafond au dessus d'eux, d'où provenait maintenant un étrange bruit mécanique, comme celui d'un rouage se mettant en marche.

Et la voix féminine résonna dans la salle lugubre.

"Je suis plus que ravie de vous voir tous ici. Vous avez réussi à me surprendre par votre courage. Mes félicitations, vous voici à l'heure du jugement dernier. Mais avant de commencer notre dernier jeu, laisser moi faire les présentations.
Tout d'abord, nous avons Esther Bizier, responsable de la mort de la femme et de la fille de Jean-Michel Letellier, ici présent. Nous avons ensuite Élisabeth Bizier, responsable de la mort de Lucas Droux, le violeur d'Esther, qui l'a conduit à s'enfuir précipitamment, provoquant l'accident des femmes Letellier. Il était le meilleur ami d'Adam Laguerre, lui même neveu de Jean-Michel.
Nous avons ensuite Charles Bizier, homme détruit par le viol de sa fille, qui a décidé de soulager une partie de sa rage en virant de son entreprise trois de ses employés soupçonnés de vol : Cécile Cheval, Mickaël Pasquier et Rémi André. Voici donc l'homme qui vous a renvoyé sans ménagement, vous conduisant à être pour certains, quittés par leur femme et pour d'autres, à hypothéquer leur maison.
Et juste pour la précision, ce n'est pas son entreprise qui vous a payé ce week-end. C'est moi. "

- MAIS QUI ÊTES-VOUS ?! hurla soudainement Mickaël, d'une voix dénuée de toute testostérone.

Mais le haut-parleur reprit son discours sans se préoccuper de lui.

" Maintenant que vous êtes tous réunis, vous, les huit participants volontairement involontaires de mon jeu, liés par une succession d'événements malheureux, nous allons faire une dernière partie tous ensemble. Mais avant ça, vous avez trois minutes et pas une seconde de plus pour vous enfermer dans les cercueils se trouvant dans la salle. À très vite. "

Dès la fin de son discours, le bruit assourdissant au dessus de leurs têtes s'amplifia et le plafond se mit soudain à descendre. Entièrement.

Élisabeth poussa un cri de frayeur et son mari l'entraîna précipitement vers les deux cercueils les plus proches. Ils en ôtèrent les couvercles et ils s'y allongèrent avant de le refermer sur eux. Les couvercles se vérouillèrent de l'intérieur et les cercueils se mirent à s'enfoncer dans le sol.

Tous les autres participants comprirent alors que c'était le moyen de s'échapper, et imitèrent le couple Bizier.

Les cercueils disparurent dans le sol un à un, tandis que le plafond continuait sa descente mortelle, jusqu'à ce qu'il entre en contact avec le carrelage.

Après plusieurs interminables minutes enfermés dans des boîtes trop étroites et laissant peu d'air passer, les huit joueurs sentirent leurs cercueils se remettre en mouvement. Avec l'affreuse sensation de faire une chute libre, ils se stoppèrent soudain, et s'accrochèrent comme ils le purent lorsque leur boîte se redressa, les plaçant en position debout.

Un bruit sourd, puis le silence. Et brusquement, les couvercles se déverrouillèrent et tombèrent sur le sol. Devant chaque cercueil, un révolver, pointé sur la poitrine de tous les participants. Et un peu plus loin, au milieu de la salle décorée de huit cercueils debouts placés en cercle, immobile, droit comme un i, un homme.

Des bottines de motard noires, un jean proche du corps de la même teinte et une veste en cuir aussi sombre que brillante sous les spots de lumière, il semblait fixer Adam. Une manette avec un interrupteur rouge se trouvait dans sa main gauche.
Et soudain, de sous sa capuche en tissu épais aussi noir que le reste de ses vêtements, l'homme leva le menton et plongea son regard noir et profond dans ceux d'Adam.

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