Comme convenu, ils se réunirent à l'aube. Cinq aventuriers posèrent une dernière fois devant les camarades de classe d'Elise.

Les étudiants, amassés comme un banc de poissons, tenaient une vieille caméra obscura à chambre noire. Tout nouveau modèle.

Arthurias serra fort les quatre autres ,Gen restant coincé , le Petit donnant un sourire angélique tandis que Nessa et Elise jouaient des épaules pour prioriser la place.

Un flash survient ainsi qu'un déclic. Sur la photo, tout le monde était normal sauf Nessa, dont les yeux rouges farfadaient le reste du groupe.

— On revient bientôt, ne vous inquiétez pas . déclara Arthurias en gonflant son biceps devant des adolescents émerveillés.

— Bon, on y va, je suis excité de la tournure que vont prendre les évènements . Exprima Gen en gloussant dans sa barbe naissante. Il réajusta sa binocle et fit semblant de ne pas avoir rigolé ; il passa une main sur sa nuque.

Nessa et Elise se disputaient dans un mélange furieux d'arrachage de cheveux et donnaient un air désireux aux camarades toujours présents pour assister à la scène.

Kudo passe au centre pour les stopper.

— Si vous continuez , je vous gronde.

— C'est plutôt moi qui devrait dire ça. Renifla Arthurias en retenant son amusement.

Gen ouvrit la marche , les cinq , ramenant des provisions pour le long voyage, décidèrent d'un lieu d'escale. Ils choisirent Piltup.

Quelques heures de marche dans les bottes leur suffirent pour trouver le village. Sur de gros pilotis,des bâtiments tels des montagnes surplombent le lac. Une statue de poisson trônait dans un cercle de bois et, autour, le quadrillage de maisons modernes aux teintes du soleil se reliait par des ponts. Une grande allée principale se répandait comme le canon d'un Spellcaster,laissant entrer les bateaux d'un endroit encore inconnu.

À l'approche du village de Piltup, le groupe fut frappé par l'atmosphère tranquille et harmonieuse qui contrastait avec leur départ bruyant et chaotique. Les vents marins caressent les eaux calmes du lac, tandis que des bateaux glissaient doucement sous les arches des ponts, transportant marchandises et voyageurs.

— C'est… magnifique, murmura Elise, les yeux brillants d'émerveillement.

— Je ne pensais pas qu'un endroit aussi paisible pouvait exister si près de Namess, ajouta Nessa ,son regard se perdant sur la statue imposante .

— Eh bien, profitez-en, dit Gen avec un soupçon d'impatience dans la voix. Nous ne sommes pas là pour faire du tourisme.

Arthurias éclata de rire et posa une main lourde sur l'épaule de Gen.

— Détends-toi un peu. On a marché des heures, on mérite bien une pause.

Kudo tire la manche de Nessa .

— Nessa… J'ai faim, marmonna-t-il.

Elle soupira et jeta un coup d'œil au village animé. Des étals regorgeant de fruits colorés et de poissons fraîchement pêchés bordaient l'allée principale. Le parfum des épices et du pain chaud flottait dans l'air.

— D'accord, d'accord, on va trouver quelque chose à manger, grogna-t-elle en croisant les bras.

Le groupe se dispersa à travers le marché, explorant les lieux tout en gardant un œil sur leurs provisions. Gen s'attarda devant un forgeron qui polissait des lames incrustées de runes, tandis qu'Elise s'émerveillait devant des bijoux ornés de perles lumineuses. Arthurias négociait bruyamment pour un sac de rations, attirant les regards amusés des marchands.

Nessa, quant à elle, restait alerte. Bien que le village semblait accueillant, quelque chose lui semblait étrange. Ses instincts de Quetzal s'éveillaient, une sensation de tension dans l'air qu'elle ne pouvait ignorer. Alors qu'elle s'approchait d'un étal vide, une silhouette encapuchonnée passa furtivement derrière elle.

— Vous cherchez quelque chose, mademoiselle ? demanda une voix rauque.

Nessa se retourna vivement, son regard perçant rencontrant celui d'un vieil homme au visage ridé, tenant une canne en bois sculptée.

— Pas vraiment, répondit-elle, méfiante.

L'homme inclina la tête, un sourire énigmatique sur les lèvres.

— Vraiment, vous êtes sûr ? Nous avons tout ce que vous voulez ici, l'argent nous manque, vous savez.

— Euh OK,mais ça ne me regarde pas.

L'homme tendit la main pour faire l'aumône.

— Pour les petits orphelins , madame.

— Couvrez-vous. Surgit une voix masculine dans tout le port de Piltup.

Le vieil homme se réfugia sous une table à nappes et se cache. Nessa tenta de l'appeler.

— Monsieur, qu'est-ce qui se passe ?

— Ils arrivent, allez vous barricader quelque part.

Nessa fronça les sourcils , se releva et s'approcha du port. Arthurias et Gen y étaient eux aussi. Quant à Elise , elle se cacha avec Kudo sous une table.

Des hommes à cache-œil et sans tunique se secouaient dans tous les sens pour dissimuler les caisses du village , certainement des vivres, pensa Nessa.

Les flots se remuèrent de vagues à l'arrivée d'un bateau en forme de poisson ,des trompettes mortelles soufflaient un chant terrible alors que des pirates accostent le port.

Un d'eux sauta sur les abords. Il caressa la statue de poisson du centre du village.

— Elle est flambant neuve , vous vous en êtes bien occupé.

Celui qui avait crié à leur arrivée , pointa un Spellcaster sur l'homme à la cote de maille.

— Quoi encore? Se retourna-t-il. La faction des Hurleurs , dit-il en flânant près de lui , décrivant un cercle alors que l'homme tendu ne le lâchait pas de son arme.

— Et alors, tu vas faire quoi ? L'eau contre le feu, ça s'équilibre.

Nessa croisait les bras , Arthurias et Gen se dévisageaient entre eux, ne comprenant pas la scène.

— Mais oui, mais moi, mon pouvoir est infini. finit t-il par dire d'un ton condescendant à la manière dont on parle à un bébé. Toi, tu as besoin de sang pour que ton arme marche, et je pourrais toujours éteindre le feu.

— Assez Le hurleur réaffirmant sa position, des spasmes dans le bras montraient sa peur.

Des dizaines d'autres hommes , armés de pierres , de pioches et autres outils fermiers, l'avaient rejoint , entourant la figure confiante de l'homme près de la statue de poisson.

Il s'essuya le visage et passa des doigts sur ses yeux pour les frotter.

—Il suffit que vous payiez le tribut, il n'y a rien de plus simple.

Un silence pesant s'abattit sur le port. Le chef des pirates, toujours en appui nonchalant contre la statue, semblait savourer la tension. Les habitants, tremblants mais déterminés, resserrent leurs rangs autour de celui qui tenait le Spellcaster.

Nessa observe la scène d'un œil critique. Ses instincts lui criaient d'intervenir, mais quelque chose dans l'attitude du pirate la rendait prudente. Il était trop sûr de lui, comme s'il détenait un atout invisible.

— On ne paiera rien, cracha finalement le meneur des villageois. Ce village ne vous appartient pas !

Le pirate éclata de rire, un rire guttural et moqueur qui fit grincer des dents les habitants.

— Voyez-vous ça ! Des courageux ! déclara-t-il, levant les bras comme pour applaudir. Très bien, si vous insistez pour jouer les héros… Je vais devoir employer les grands moyens.

Il fit un signe de la main, et un autre pirate, plus imposant, sortit un étrange cristal bleu de sa poche. La boule d'énergie à l'intérieur pulsait d'énergie électrique.

Les hurleurs , dans un état de choc, ravalèrent leurs salives et leur donnèrent une bourse pleine de paris de diamants.

— Vous êtes vraiment incorrigibles. La prochaine fois, nous n'hésiterons pas à vous l'envoyer en pleine figure.

Le bateau en forme de poisson s'éloigna du port et les vieillards, femmes et enfants purent enfin pointer le bout de leurs nez. Ils s'amassèrent en groupe autour de l'homme armé qui respire fort.

Il se mit à sangloter ,tenant sa tête entre ses deux mains.

— Je croyais qu'avec le Spellcaster… Je pensais que.

— Toi, Arthurias se fraya un chemin dans la cohorte et le désigna du doigt.

— Très courageux vu la situation. Depuis combien de temps cela dure-t-il?

— Quatre ans, toutes les semaines, ils viennent récolter leur tribut.

— Ce sont des Nés Dragons ?

— Des Shenlong, oui, mais s’ils ont un flashbang,on ne pourra rien faire contre eux.

Elise s'approcha et dit à son père:

—On ne peut pas les laisser faire ça. Pourquoi les chevaliers ne viennent-ils pas aider ?

—Il y a beaucoup de problèmes dans ce royaume et le roi aime bien avoir sa garde personnelle. Je dirais que c'est un manque d'envie de sa part.

Gen lance un énorme tantrum épique:

—J'ai la solution, un plan parfait , qui allie ingénierie et géographie. Si on fait tout bien, dans une semaine, lorsqu'ils reviendront ,on pourra les battre.

— Et comment on va faire ça ? Demanda Nessa

— Avec des fils de pêche. Il accentua ses mots en la pointant du doigt.

— C'est tout ?

—J'ai beaucoup de plans prévus pour beaucoup de situations, fais-moi confiance.

Les citoyens se mirent à écouter avec attention le plan de Gen et s'assurèrent que leurs plans ne tombaient pas à l'eau. Les jours qui suivirent furent d'un dur labeur.