Bearden

Arthurias respira l'air. Une bonne bouffée qui faillit l'étouffer. La transpiration et le métal chaud combiné dans l'atmosphère ,insoutenable.

La principale suspecte , Nessa . Elle se gratta les cheveux d'un air perplexe.

— Je me suis pas baigné depuis au moins une semaine, mais c'est pas grave, je suis habitué.

—Mais pas nous. parla Elyse en pressant le pas vers la forêt en pinçant son nez.

Arthurias observe Elyse s’éloigner avec une moue de dégoût, ses pas rapides soulevant un léger nuage de poussière. Ses bottes s’enfonçaient dans le sol craquelé, révélant l'absence de pluie depuis des semaines. Nessa haussa un sourcil, visiblement agacée par le comportement de la jeune femme.

— Franchement, on est en pleine chasse aux indices, et tout ce qui te préoccupe, c'est l'odeur ? fit-elle en croisant les bras.

Elyse se retourna brièvement, son nez toujours pincé, et lança un regard glacial.

— L'hygiène, c'est la base de la dignité. Et si on doit se cacher, ton… parfum va nous trahir à un kilomètre.

Arthur soupira, son épée lourde battant contre sa hanche alors qu'il avançait.

— C'est bon, ça suffit. On a des choses plus importantes à gérer. Le camp de Bearden n'est pas loin. Vous voulez que leurs premières impressions soient une dispute ?

Le ton de sa voix imposa un silence immédiat. Nessa fit claquer sa langue, mais elle suivit sans ajouter un mot. Elyse, bien qu’irritée, garda ses pensées pour elle-même.

Ils entrèrent dans la forêt, l’ombre des pins offrant un répit bienvenu contre la chaleur étouffante. Les oiseaux avaient cessé de chanter, leurs gazouillis auraient apporté du mysticisme à des arbres géants qui semblaient s'étendre sur des kilomètres dans le ciel.

Bearden fut aperçu de loin à l'orée de la forêt. De grandes tours. Des surveillances? Peut-être. Les murs l'entourant , construits de parpaing pour leur économie. Le tout sur le pic de la falaise . Les pierres se fondaient parfaitement dans la roche grise de cette ville fortifiée. Un édifice constitué d'une immense arche laissait couler la rivière en son centre. Richement orné par des gravures d'ancien temps. Des flèches pointues. Des rosaces et des arcs brisés. Les bas-reliefs relatant les histoires de la renaissance draconique.

Posant leurs pieds aux portes de la ville, un garde avec un collier d'écaille les toisait avec insistance.

Nessa sussurra a Gen.

—On fait quoi?

—Souffle sur lui.

Nessa souffla. Le garde eut une expression de dégoût. Il posa une étiquette sur sa tête. Le signe d'un dragon. La classe. Enfin, quoi qu'un peu stupide. Tous passèrent le test et Arthurias et Elyse reçurent eux aussi le dessin sur le front.

Ils déambulèrent. Des regards malsains se posaient sur eux. En fait, certains cachent leurs enfants. Tout le monde portait ces petits colliers avec plus ou moins d'écailles dessus. La curiosité mal placée de Nessa revit le jour.

—Ça veut dire quoi, les écailles?

Gen la prit à partie et lui chuchota:

—Surtout n'utilise pas tes pouvoirs. Le nombre d'écaille veut dire le nombre de Nés-Dragons tués. Il y a des villages comme ça . On est dans les Outland.

Nessa articule ses pensées maladroitement. « Qu'est-ce que je fiche ici? » « Ils veulent me tuer. » L'œil nouveau qu'elle reçut de la situation la faisait trembler. De savoir que dans cette ville on tue les gens comme elle , ça n'est pas normal.

Elle essaya de se concentrer sur les toitures en pentes bleues des maisons d'un style floral. Les cours ouvertes baignées de lumière. Les portails rouges . Les maisons de bois et les toits en tuiles sombres. Le tout ,densément regroupé, laissa à peine l'espace à la nature légère composée de petits arbres de germer.

Des personnes sortirent de l'arche géante. Masques noirs couvrant leur front et leurs yeux avec des pupilles draconiennes jaunes. Des cheveux longs et ondulés. Cape noire à motifs d'œil mystique cerné par des branchages comme des racines s'extirpant. Leurs colliers , ornés d'au moins une dizaine pour chacun d'eux. Leurs épées longues et bâtardes étaient droites et ornées de motifs ensanglantés.

Un vrombissement sourd résonna. Nessa toucha ses oreilles pour voir si le problème venait de là. Une figure passa. À toute vitesse dans un nuage de feu. Elle bouscula l'une des figures noires et brula ses vêtements.

Les membres de son groupe se mirent à frapper de leurs épées,effleurant à peine son corps . Elle jouait avec eux et retomba sur le sol. Libérant un dôme de feu , elle les brûla au visage et découvrit leurs vêtements. Maintenant à moitié nus, ils fuirent devant la figure féminine, une rousse au kimono noir qui se propulsait avec les flammes de ses bras.

Elle fit un signe de paix à Nessa . Souriante. Elle pencha la tête. Nessa, surprise, lui salua d'un geste de la main, mais Arthurias la rabaissa.

—On ne sait pas ce que veut cette fille et encore moins les soldats déguisés.

La fille s'envola en bombardant des flammes de ses mains, se dirigeant vers les bâtiments les plus décrépits.

Arthurias , sentit la tension dans l'air grimper et se décida à partir vers l'endroit qu'il connaissait le mieux. L'antiquaire de son amie.

En ouvrant la porte ,l'odeur de poussière prit leurs nez. Un simple logis et une table s'y trouvaient. Ainsi que quelques babioles,quelques vieilleries auxquels le temps avait donné des effets indésirables.

— Oh le vieux. Baissa-t-il dans les tons graves.

Un homme se glissa dans une chaise roulante propulsée par vapeur.

—Vieux camarades de combat, on n'est pas sorti de l'auberge si tu viens me rendre visite une fois tous les dix ans. lâcha-t-il d'une voix tremblante mais rugueuse avec un encens rance dans ses mouvements. 

Arthurias fit claquer sa langue et vint à sa rencontre. Lui offrant une accolade rudimentaire avant de lui décrire la situation.

— Oh, mais les filles peuvent prendre un bain , bien entendu. Indiqua-t-il les douches communes.

Elyse s'excita et faillit trébucher en sautillant tandis que Nessa baissa la tête en prenant deux serviettes pour elles.

Les garçons restèrent en retrait avec Arthurias.

—Alors du coup, qu'est-ce qui se passe avec ses hommes en  noir ? Avant, c'était un lieu de culte pour les larmes humaines. Mais là, ça a l'air hors de contrôle.

—Ce sont les sbires. Ils ont pris le contrôle de la ville il y a cinq ans, je crois. En fait, un jour, les habitants ont commencé à les vénérer . Tu connais leurs politiques , un peu…

—Xénophobe. reprit Arthur en s'accoudant.

—Oui ,voilà , les larmes humaines se sont alliées à eux , et depuis, l'arche est devenue leur QG. Apparemment, ils sont délocalisés un peu partout.

Pendant ce temps, les deux filles se préparaient à la douche. Elles enlevèrent leurs vêtements et entrèrent dans la salle. Nessa prit la première place, suivie de près par Elyse.

—Tu sais que t'es pas obligé de me coller ?

Ricana Nessa en la détaillant sous tous ses atouts.

—C'est mon devoir envers mon père de ne pas te laisser sans surveillance.

— Détends-toi.

Nessa , visa l'oreille d'Elyse en la claquant de son majeur.

—Qu'est-ce que tu peux être puéril ! Je n'engagerai pas de dispute entre toi et moi , c'est strictement professionnel. dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine en forme de poire.

Elyse fronça les sourcils et retourna à sa toilette. C'est à ce moment qu'elle remarqua , d'un œil en coin sur son cou, un collier, un petit pendentif noir en forme de tréfle.

— À quoi ça te sert, cette camelote ?

—Ça. Elle prit le collier dans ses doigts et l'admira, le soleil tapa sur la partie noire projetant un prisme arc-en-ciel sur le sol de la salle de bain. C'est mon trèfle porte-bonheur, il symbolise la chance et le travail dur pour ses efforts.

—Ben, débarrasse-toi de ça, parce que tu fais pas beaucoup d'efforts . la charria-t-elle en lui jetant quelques gouttes d'eau.

La bouche de Nessa s'ouvrit ,laissant apparaitre ses dents. Elle se saisit d'un seau d'eau et le balança sur la tête d'Elyse en riant. Celle-ci lui rendit coup pour coup et lui envoya en plus le sceau dans la tête ,qu'elle évita. Les deux se mirent à se courir l'une après l'autre comme des gamines , se cachant derrière un poteau central pour empêcher l'autre de l'attaquer. Elyse sauta sur Nessa, mais elle fit un pas de coté et la fille du chef se vautra dans l'eau stagnante de la pièce.

—Sors de là, tu risques d'attraper une maladie. dit Nessa en se penchant pour l'aider. Une fois debout, elle tourna le regard.

—Ne touche jamais au trèfle.

Elyse se redressa avec difficulté, l'eau dégoulinant de son corps. Elle épongea son visage d'un revers de la main et se secoua comme un chien mouillé, jetant un regard noir à Nessa.

— T’es vraiment un enfant dans ta tête, tu sais ça ? dit-elle en essuyant son torse. Mais son ton, bien que dur, cachait une pointe de gêne. Elle ne savait pas vraiment comment gérer des moments de légèreté, comme si cela brisait la distance qu’elle tentait de maintenir entre elle et l'autre.

Elyse se munît d'une serviette et la passa sur les pieds de Nessa, gardant un contact sur ses yeux et essuyant proprement la boue qui s'était encastrée dans ses pieds.

Nessa se toucha la nuque , observant la lumière filtrée des barreaux, alors qu'elle savait ce qui était bon et mauvais dans ce monde, pourquoi pas elle-même récupérer sa sœur.

Le bruit de la pluie tambourinante , rythme ses pensées.

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