Dans le village , aux structures aux toits incurvés et des murs revêtus de panneaux en bois.

La montagne de muscles bousculait les passants qui daignait s'approcher de lui, sans même un regard vers eux
La petite fille, placée derrière , se frayait un chemin le plus facilement possible. Certains paysans patibulaires prêtent respect aux Nés-Dragons en costard blanc par leurs trois doigts du milieu sur leur front en révérence.

—Tss.

L'homme ne parlait à aucun moment. Depuis le début du voyage, la petite fille , habituée à son mutisme ,ne lui en tenait guère compte.

De lourdes pièces de métal rabibocher, se construisaient autour d'arbres fanés pour la plupart. Une douce mélodie d'un guitariste embaume l'air d'un ton joyeux, ce qui eut pour conséquence d'énerver l'homme à la fourrure sur le dos. Les bâtiments sont à plusieurs étages, certains semblant construits sur pilotis ou plateformes, flottant légèrement au-dessus du sol.

Un monsieur affublé d'une toge et d'un chapeau de l'église draconique lui tendit une coupe ,une coupe de sang.

Il cracha dedans avant de pousser le vieil homme qui s'écrasa au sol.

—Vous êtes contre les Nés-Dragons. Chasser le . Les appels à l'aide du monsieur rabougrie rameutèrent des forces de la milice Eternatienne. Chacun d'eux portait à sa ceinture , un Spellcaster de longue portée.

—C'est plutôt vous que je n'aime pas. Grince -t-il des dents.

Les soldats de la milice formèrent un cercle autour de lui et le chef brandit son arme en face de lui et sermonna:

—À genoux , ou nous n'hésiterons pas à faire feu .

La petite fille s'accrocha à sa cape , tentant de se cacher derrière sa forte présence.

—Moi? À genoux? Il jubila ,bougeant ses doigts dans tous les sens comme s'il était titillé de l'intérieur, et arracha la cape sur ses épaules.

Les soldats retinrent leur souffle ,certains tremblèrent dans leurs uniformes bleu d'officier. Le tatouage sur son cou, rouge et luisant. Un dragon  à trois têtes, l'Hydre. Le symbole de Drakalyss.

—Feu ! commandait l'adjudant en hurlant.

Des flammes jaillirent des Spellcaster ,engloutissant dans une marée infernale le Né-Dragon . Celui-ci , en proie à la suffocation ,se balafra le torse , laissant des marques de griffures et encore plus de cicatrices qu'on ne pouvait déjà y compter.

La jeune fille, elle, s'écarta du spectacle. Hyperventilant à la vue de son compagnon de route en danger.

Les Spellcasters, vidés de tout leur sang de dragon ,se bloquèrent. Incapable de tirer plus de feu que la maigre fiole le leur permettait.

L'homme à la crinière sauvage émergea du chaos de feu , sans aucune blessure ,quelques mèches de feu flottant dans ses cheveux qui lui arrivent au bas du dos.

Les soldats reculèrent d’un pas, déconcertés. La chaleur qui émanait de l’homme était suffocante, et son regard semblait brûler d’une lueur malveillante. Ses griffures sur le torse n’avaient pas pour but de le blesser ; elles avaient réveillé quelque chose d’ancien et de puissant en lui. Les marques sur sa peau rougeoyaient maintenant comme des braises.

— Vous appelez ça une attaque ? murmura-t-il avec un sourire carnassier. Pathétique.

Sa voix grondait comme un volcan en éruption. L’air autour de lui semblait crépiter, chargé d’une énergie destructrice. D’un geste vif, il abattit son poing sur le sol. Une onde de choc embrasée se propagea dans toutes les directions, renversant les soldats les plus proches et brûlant tout sur son passage. Les bâtiments de métal rouillé tremblèrent sous l’impact.

La petite fille trébucha, se réfugiant derrière un tonneau pour éviter les flammes et les débris volants. Son regard était figé sur lui, mais elle n'osait ni crier ni bouger.

L'adjudant de la milice, le visage noirci par la fumée, se releva avec difficulté. Il dégaina son épée, une lame gravée d'une phrase :« Celui qui périt par cette lame trouvera le repos éternel », réservée aux situations désespérées. D’un geste tremblant, il la pointa vers le Né-Dragon.

— Par l’autorité de Sparcus et de l’Église draconique, je te condamne à mort, serviteur de Drakalyss !

L’homme à la crinière sauvage éclata de rire, un rire rauque qui semblait résonner dans toute la ville.

— Par Sparcus, hein ? Ce vieux serpent qui règne depuis trop longtemps… Vous croyez vraiment qu’il peut arrêter ce qui vient ?

—N'insulte pas notre roi. L'adjudant se jeta sur lui ,abattant son épée inlassablement sans le toucher. Il s'amusa même à le faire trébucher d'un croche-pied.

Mais il redoubla d'efforts,tiraillant son adversaire de coups d'estoc qu'il avait appris à l'académie , de ses efforts , de ses grades , de son éternelle insatisfaction de ne pas être né dans le bon corps avec la bonne génétique. Tout cela lui perçait le crâne , engrainant dans son esprit l'incompétence de son espèce. Comment les humains ont-ils exterminé les dragons ? Pourquoi n'était t-il pas Né-Dragon ?

Son bras fatigué, la sueur dégoulinant de son front tachait son uniforme, et les cinq épées sur son plastron ne lui donnaient que de l'indignité envers son statut. Il s'effondra ,le regard vide.

Le tatoué prit l'épée dans sa main. Lisant ses gravures , il en rit. Il la lâcha par terre ,le bruit d'un tintement métallique résonnant. 

Il écrasa son pied de toutes ses forces sur la tête de l'adjudant qui s'enfonce dans le sol brisé autour du point d'impact.

Il se frotta les mains comme pour se dire que le boulot était fini.

Un homme à l'armure légère en laiton et métal débarqua avec un cube d'énergie bleu dans une de ses mains gantées de griffes en fer.

—Dégagez ,dégagez.

Les soldats s'exécutèrent et il lance l'arme sur le sol.

—Flashbang!

Une explosion électrique dévasta la zone , créant une onde de choc qui repoussa la jeune fille en arrière près des passants qui prenaient des photos de ce moment spectaculaire.

En effet , l'utilisation d'une arme aussi sophistiquée que le flashbang était rare et coûteuse.

L'explosion laissa un trou béant et saignant sur la côte de l'Hydre qui paniqua et posa sa main dans son côté effacé . Son regard chercha de l'aide autour avant qu'il ne se retourne vers l'homme qui lui lança l'objet. Et le plus drôle dans tout ça? C'est qu'il lui a souri.

Ses os se reformèrent, sa peau recouvrait les muscles qui s'assemblaient fibre par fibre et ne restait plus qu'une cicatrice.

—Chien de Drakalyss , quel type de monstre es-tu?

Il garda la bouche ferme et leva son menton.

—Je m'appelle Dryass.

—Capitaine , abattez-le ,s'il vous plaît .

—C'est bon ,c'est bon.

Balaya l'intéressé d'un geste de la main.

Il planta ses griffes mécaniques dans son cou et ses yeux devinrent ceux d'un prédateur.

Il cracha une flamme que Dryass évita avant de l'attraper par la bouche et de le fracasser sur le sol.  Le capitaine griffa Dryass au visage et le frappa du pied dans le torse.

De l'acide sortit de la bouche de Dryass et s'écrasa directement sur le bras mécanique du capitaine, faisant fondre une partie des griffes métalliques. Le capitaine recula, sa main fumante et dégoulinante de métal fondu, mais son regard restait résolument fixé sur Dryass.

— Tu es coriace, murmura le capitaine avec une grimace. Mais chaque monstre a ses limites.

Dryass ne répondit pas. Ses yeux flamboyaient d’une rage contenue, mais son souffle était plus lourd. L'onde de choc électrique et la blessure infligée par le flashbang avaient ralenti sa régénération, et il peinait à cacher sa fatigue. Pourtant, son sourire s’élargit.

— Si tu crois que je vais tomber face à un jouet mécanique, tu me sous-estimes.

Les passants, qui jusque-là observaient la scène avec fascination, commencèrent à fuir, criant à l’apocalypse. La petite fille, toujours à moitié cachée derrière un tonneau, observait Dryass avec des yeux écarquillés. Ce qu’elle voyait dépassait tout ce qu’elle avait imaginé. C'était un dieu de la destruction incarné.

Le capitaine ne perd pas de temps. Il activa un mécanisme sur son autre bras, déployant un bouclier d’énergie luminescent. Il chargea à travers Dryass, son bouclier absorbant l’intensité de ses coups. Une fois à portée, il tente de frapper Dryass avec la partie restante de sa griffe, mais ce dernier esquiva, utilisant son agilité surprenante pour un homme de sa stature.

Dryass riposta d’un coup de griffe dans le flanc du capitaine, perforant son armure légère. L’impact projeta le capitaine en arrière, mais il se redressa immédiatement, crachant du sang et avec un sourire plein de défi.

— Impressionnant, reconnut le capitaine, essuyant le coin de sa bouche. Mais il en faudra plus pour me briser.

La petite fille détourna les yeux un instant et aperçut un groupe d’individus vêtus de longues capes sombres, observant la scène depuis les ombres. L’un d’eux, une femme à l’air déterminé, murmura à son voisin :

— Dryass est hors de contrôle. Il est temps d’intervenir avant que cette ville ne devienne un champ de cendres.

Le voisin hocha la tête et sortit une sphère cristalline d’un violet éclatant. En la tenant haut, il récita une incantation rapide. Une lueur surnaturelle envahit la zone, interrompant le duel entre Dryass et le capitaine.

Dryass se retourna, le regard noir.

— Qui ose interrompre ?! rugit-il, ses flammes diminuant légèrement.

La femme sortit de l’ombre, son capuchon tombant pour révéler un visage marqué par des cicatrices.

— Dryass, fils de l’Hydre. Retourne à Drakalyss, ou subis le châtiment de l'AND.

Le visage de Dryass se tord de frustration et de rage. Mais il savait reconnaître une menace sérieuse. Serrant les dents, il lança un dernier regard meurtrier au capitaine avant de se retourner.

— Ce n’est que partie remise, grogna-t-il.