Chapitre 31

L'acre goût de la panique, c'est ce qui avait englouti Poudlard dès les premières heures du matin. Elle s'était propagée comme la peste, dévorant tour à tour chaque maison, chaque élève, chaque professeur.

Les tableaux n'arrêtaient pas d'hurler, comme si la mort elle-même était coincée entre les murs de l'école. Et plus Cassiopée les entendait, plus elle ressentait cette pression dans tout son être.

Que s'était-il passé?

C'est la question qui hantait son esprit depuis qu'elle avait quitté l'infirmerie. A vrai dire, c'était la question qui hantait chacune des personnes présentes.

Comment en pleine nuit, un élève de Poufsouffle avait pu être retrouvé mort, à l'orée même de la forêt? Pourquoi? Comment?

Qui?

La douleur de son épaule, Sirius contre elle, ses lèvres, tout ça lui paraissait si lointain.

Elle avait passé la journée à errer dans les couloirs, à la recherche d'éventuel élèves hors de leurs dortoirs. Enfin, ça, c'est ce que Dumbledore avait ordonné à tout les préfets. Avant qu'elle quitte la pièce, il l'avait retenu. Elle avait d'abord pensé que Sirius s'était fait pincé en regagnant son dortoir, et qu'elle allait devoir attester la véracité de son alibi.

Cependant il n'en fut rien.

A la place, le directeur la pria de faire attention. Et même si il n'exprima pas clairement le fond de sa pensée, cela apparut clairement dans l'esprit de Cassiopée.

Son sang et son statut de préfète venait de lui coller une cible dans le dos. Bien qu'elle en ait toujours eu conscience, elle ressentit bien plus fortement le poids de ce qu'elle représentait dans une situation pareille.

C'est la gorge serrée et les genoux flageolant qu'elle avait fini par retrouver sa maison. Tous les élèves avaient été confiné dans leur maison respective, les repas avaient été apporté directement dans la salle commune, et des aurors patrouillaient dans l'ensemble du château en renfort.

La bile qui s'était installée dans sa gorge a l'annonce du crime ne l'avait pas quitté. Non. Cet événement venait de la replonger dans l'autre sinistre événement qui s'était produit quelques mois plus tôt. La mort de la petite Serdaigle à laquelle elle n'avait rien pu faire.

Sa journée avait été hanté par le fantôme de cette fillette, étendue, en sang, contre elle. Elle se remémorait parfaitement son visage, l'expression de terreur et de douleur qui l'avait accompagné durant ses dernières minutes.

- Cass' ? T'es avec moi?

La préfète tourna la tête vers son amie, assise à quelques centimètres d'elle, un livre posé sur ses genoux. Elle lui adressa un grognement, la priant de continuer.

- Tu sais combien de temps on va rester coincé ici?

Ofelia n'était pas d'une patience extraordinaire, comme la plupart des Serpentards qui avaient passé leur journée a pester.

- Je sais pas, murmura Cassie en se frottant les tempes. Ils doivent s'assurer qu'il n'y plus de danger.

- J'espère qu'ils vont se dépêcher. Ça me donne de l'urticaire de rester coincée ici, grogna la brune en se frottant le cou.

Cassiopée la fixa pendant plusieurs secondes, se demandant si elle prenait la mesure de ce qui venait de se passer. Mais après tout, Ofelia était de sang-pur, et de surcroît à Serpentard.

Elle n'était pas et ne serait jamais une cible.

Son regard balaya la salle commune.

Seul les plus jeunes semblaient apeurés. Et la brune savait parfaitement pourquoi. Les plus âgées avaient bien conscience de ce que cachait ce meurtre. Et que leur sang, mêlé au vert de leur maison représentait une immunité, un bouclier flottant sur chacun d'eux.

Et celui qui semblait l'avoir parfaitement intégré, c'était Rosier. Assis dans l'un des grands fauteuils vert, près de la vitre les séparant du lac noir, il la toisait, savourant la sensation de puissance qu'il tirait des mains tremblantes de la née-moldue.

Elle se mordit violemment la lèvre, et se releva.

- Je vais monter voir ce qu'il se passe.

- Tu peux faire un stop aux cuisines? J'ai envie de sucre.

Elle acquiesça et quitta le plus rapidement possible la pièce. Ce ne fut qu'une fois dans le couloir qu'elle pu respirer correctement.

Plus que jamais, Cassiopée était la souris jetée dans la fosse au serpent.

Elle inspecta un long moment les couloirs, croisant par moment les aurors que le ministère avait envoyé pour protéger le château. Elle en reconnu même certain, d'anciens élèves de Poudlard de quelques années de plus qu'elle. Son insigne de préfète lui permit de se déplacer sans trop de mal dans l'école.

Sans réellement avoir d'autre but que s'éloigner de Serpentard, elle arpenta les couloirs jusqu'à l'aile Ouest, la plus proche de la forêt interdite. Là où avait été trouvé le Poufsouffle. Rien n'avait encore fuité sur son identité, elle était gardée comme un précieux secret. Peut être pour ne pas créer de vent de panique.

Tout était calme, comme si une dizaine d'heures plus tôt n'avait pas été commis l'irréparable. Cette pensée glaça le sang de la sorcière.

Elle n'avait aucun lien affectif avec les élèves de cette maison, pourtant elle redoutait avec une force démesurée de connaître le nom de la victime. Peut être que ce coup-ci ce serait une personne qu'elle avait côtoyé en classe, peut être un joueur de quidditch ou même un rat de bibliothèque avec qui elle avait passé des heures a la bibliothèque à travailler en silence.

Le jour commençait à sérieusement décliner quand elle aperçut du mouvement à l'entrée de la forêt. Une ombre se déplaçant furtivement entre les arbres, puis s'évanouissant près d'un arbre trônant dans le parc.

Une nouvelle fois son sang se glaça. Les élèves étaient confinés. Personne n'avait le droit de quitter l'établissement. Encore moins près de cette satanée forêt interdite.

Il n'y avait que trop peu de chance que ce soit simplement un élève qui fasse le mur. Pourtant poussé par un besoin irrépressible de protéger cette école et ses amis, elle dévala les escaliers, baguette en main, et couru jusqu'à l'emplacement où elle avait vu pour la dernière fois du mouvement.

Plus rien.

Elle tourna lentement sur elle-même, la peur à la gorge, mais aussi une étrange sensation parcourant ses veines.

Et elle vu de nouveau du mouvement, à une vingtaine de mètre. Près du saule cogneur. Ce fut bref, à peine une seconde, pourtant elle jura avoir vu quelqu'un disparaître dans les entrailles de l'arbre.

Sans avoir aucun plan, ni personne pour la couvrir, poussée par l'instinct, la peur de voir d'autres drames, et une témérité sans borne elle se jeta sur l'arbre, évitant avec difficulté les coups de l'arbre.

Plus jamais elle ne serait passive face aux attaques de quiconque. Que ce soit les Serpentard, ou cet enfoiré de Voldemort.

- Immobulus!

Le sort paralysa le saule cogneur, l'une de ses puissantes branches ne s'arrêtant qu'à une trentaine de centimètres du visage de la sorcière.

Elle inspira, remerciant sa réactivité.

Il était trop tard pour allé chercher de l'aide. Avant qu'elle trouve un professeur ou un auror, l'individu aurait disparu, alors elle s'avança vers le tronc de l'arbre. Et c'est là qu'elle aperçut un trou, assez grand pour qu'un homme s'y faufile.

Plus jamais passive, c'est ce qu'elle se répéta en se laissant glisser dans le trou.

La Serpentard se réceptionna bruyamment et pesta intérieurement, se couvrant le nez pour éviter d'inhaler la poussière et la terre que sa réception sur les fesses souleva. Il faisait sombre, presque noir, alors elle utilisa sa baguette pour éclairer son environnement. Un tunnel. C'était un tunnel. Un tunnel assez profond pour qu'elle ne puisse pas en voir le bout.

Des racines transperçaient les murs de terre à certaines endroits, des toiles d'araignées tombaient du plafond, et elle vit même un rat courir entre ses pieds avant de s'enfuir dans le tunnel.

- Reste calme, se murmura t-elle.

Sa baguette toujours braquée, elle avança précautionneusement, s'enfonçant toujours un peu plus dans les entrailles de l'arbre. Qui avait bien pu creuser une chose pareille? Dumbledore était-il au courant? Et jusqu'où cette chose allait?

L'idée que la sortie de ce tunnel puisse se trouver en plein centre de la forêt interdite ne la fit pas rebrousser chemin. Il était trop tard pour ça.

Elle était dans le tunnel depuis plusieurs minutes quand elle entendit un grognement étouffé. Elle resserra son étreinte sur sa baguette.

Et soudain, l'horreur de la situation éclata dans son esprit.

Et si c'était la même personne? Et si le meurtrier du Poufsouffle n'était autre que le meurtrier de la Serdaigle?

Et si elle venait de se lancer à la poursuite d'un loup-garou?

Un frisson parcourut tout son corps. Quelle jour était-on? Elle n'arrivait plus à ce souvenir de la date de la pleine lune. Des dizaines de pensées assaillirent son esprit. Puis ses recherches lui revinrent en tête, une transformation pouvait être forcée par un sort. Que ce soit la pleine lune ou non, il était possible qu'un loup-garou se tienne derrière la porte qu'elle entr'apercevait au bout du tunnel.

L'odeur putride de la gueule du monstre lui revint en tête, accompagné du sang qui avait maculé ses mains, et elle retint un haut le cœur.

Un nouveau grognement résonna derrière la porte, la figeant totalement.

Elle en était certaine maintenant.

Un loup-garou se tenait derrière cette porte.

La peur qu'un élève se trouve avec lui, à sa merci, la fit avancer. Elle avait déjà vu une personne mourir sous les crocs de cette bête. Elle n'en verrait pas une deuxième. Hors de question.

Cassiopée s'apprêtait à pousser la porte en bois, quand une main se plaqua contre sa bouche avant de la forcer à reculer. Déséquilibrée, elle trébucha en arrière et donna un coup de tête dans le nez de son assaillant qui craqua dans un bruit sinistre.

- Tu te fous de ma gueule, grogna la personne, la maintenant contre elle.

- Sirius, murmura Cassiopée en se tournant, les mains légèrement tremblante.

C'était bien le Gryffondor qui la tenait par les épaules. Ses cheveux bruns lui retombaient sur le visage, et le sang coulait de son nez. Dans un geste guidé par la peur, mais aussi le soulagement de le voir là, elle encadra son visage de ses mains pour le rapprocher d'elle. Quand il fut assez près pour que son souffle l'effleure, elle tenta de mettre des mots sur ce qu'elle venait de découvrir.

- Je... Il y a...

- T'aurais jamais du venir, souffla t-il en passant sa main sur la joue de la brune. T'as le chic pour te mettre dans de beau draps Gray.

Il frotta son nez étalant un peu plus de sang sur son visage.

- Il faut que tu t'en ailles, murmura t-il.

Elle secoua la tête.

- Je te laisse pas seul, je crois que c'est le même. Et si c'était lui qui avait...

Sa voix s'effondra, et le cœur de Sirius dégringola dans sa poitrine. Elle avait compris. Elle avait compris qu'un loup-garou se tenait juste derrière cette porte. Mais elle n'avait aucune idée de qui il était réellement.

- Il faut qu'on fasse quelque chose, je veux pas revivre ça, je veux pas voir quelqu'un d'autre mourrir, il faut que...

Elle n'avait pas encore compris que derrière cette porte se trouvait Remus.

- Écoute moi, la coupa t-il, il faut que tu sortes d'ici. Je t'expliquerai tout, je te le jure, mais il faut que tu sortes.

- Mais...

- Je t'en supplie. Sors de là. C'est dangereux, il faut que tu partes.

- Je te laisse pas seule, répondit-elle.

Sirius grogna dans sa barbe, serrant et desserrant ses poings, cherchant un moyen de protéger la sorcière sans révéler le secret de son ami.

Un nouveau grognement, bien plus fort et sauvage secoua les tunnels, puis se fut au tour de la porte de trembler.

Il vit les gonds sauter, et fit un pas en avant pour se mettre entre la porte et la sorcière.

- Il faut que tu sortes de là, Cassiopée, maintenant! Remus est trop fort cette nuit, la porte ne va pas...

Et la porte vola en éclat. Révélant un loup-garou enragé, un cerf et un rat.

- Merde! hurla Sirius.

Il recula doucement, faisant ainsi reculer Cassiopée, un bras tendu vers elle. Il ne quitta pas des yeux ses amis, pourtant c'est à la Serpentard qu'il s'adressa.

- Je vais m'occuper de ça, mais il faut que tu me promettes de sortir et de ne parler de ça à personne. Personne.

- Sirius, souffla t-elle d'une voix à peine audible.

- Promets-le moi.

Elle n'avait plus d'autre choix que de lui faire confiance. Il avait dit que... Elle n'arrivait pas à faire les liens, son esprit était assailli par trop de chose. L'adrénaline qui coulait dans ses veines l'empêchait de faire toute connexion logique.

- Ok, murmura t-elle tout de même.

Sirius du juger sa réponse suffisante, et en l'espace d'une seconde le garçon qu'elle aimait se transforma en grand chien.

- Oh mon dieu, murmura t-elle en reculant.

Coucou aux courageux/courageuses qui sont encore là malgré mes longues pauses, mes pertes d'inspirations, et mes absences prolongés. Et merci aussi. Si j'arrive à reprendre cette histoire après des pauses de plusieurs semaines/mois c'est en partie grâce à vous, vos commentaires me motivent à continuer et à écrire!

Alors merci pour les likes et les petits commentaires, vous ne pouvez pas imaginer comme ils me font plaisir. Merci merci merci.

J'espère pouvoir lire toutes vos impressions, théories et avis sur ce chapitre dans les commentaires.

On se retrouve vite (je croise les doigts), prenez soin de vous ❤️

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