Chapitre 26

La mâchoire serrée, la Serpentard descendit du train, hors d'elle. C'était définitif, elle détestait Sirius Black. Pour qui il se prenait sérieusement?

Elle n'avait pas besoin d'un chevalier servant, elle n'avait pas besoin non plus que quelqu'un la sauve. Elle se sauvait toute seule depuis tellement longtemps que l'idée qu'une personne s'immisce dans cette routine la révulsait. Comme si elle avait besoin de lui.

Elle savait ce qu'elle faisait et elle n'avait pas besoin qu'un Sirius Black se mette en tête de jouer au protecteur, tout ça pour se sentir important. Parce que c'était ça. Il cherchait simplement à se faire mousser. À montrer que lui il pouvait gérer quand elle perdait le contrôle. Et ça, ça la mettait deux fois plus hors d'elle.

Mais comment avait-elle pu oser imaginer que ces vacances se passeraient bien? Elles n'avaient pas encore commencé qu'elles s'annonçaient les pires de sa vie. Et elle pesait ses mots.

Elle était dans un tel état de nerf qu'elle aurait pu se transformer en dragon. Ou pire, en troll.

- Ma mère est là-bas! s'exclama James qui avait assisté à l'embrouille de ses deux amis.

Il avait cherché tout le reste du trajet comment détendre l'atmosphère mais il s'était rapidement résigné en se rendant compte de l'état des deux. Sirius s'était muté dans un silence glacial, alors que la colère de Cassiopée irradiait par chacun de ses pores.

Alors James avait simplement abandonné, et espérait que le fait de sortir de Poudlard les calmeraient suffisamment.

Sa mère se tenait quelques mètres plus loin, vêtue d'un joli tailleur qu'elle ne mettait que pour les grandes occasions. Et apparement revoir son garçon après 4 mois était une grande occasion. Ça avait le don de faire sourire James, il ne l'avouerait jamais, mais ses parents lui manquaient bien plus que ce qu'il pouvait laisser paraître.

- Maman! s'exclama t-il en la serrant dans ses bras.

- Mon grand garçon! Mais tu t'es coiffé en te levant ce matin? Par merlin, James Potter, tu es irrécupérable, la sermonna t-elle en souriant.

Euphémia Potter était une femme d'une cinquantaine d'année, dont le visage témoignait de toute la sagesse et gentillesse dont elle faisait preuve.

- Maman, ronchonna James en s'écartant de sa mère qui tentait désespérément de discipliner ses cheveux.

La femme sourit avant de se tourner vers Sirius, dont les traits se détendirent miraculeusement quand il croisa le regard de sa mère de substitution. Elle le serra à son tour dans ses bras avant de lui murmurer quelque chose à l'oreille. Immédiatement il se tourna. Cassiopée cru un instant qu'il la fixait à elle, mais c'était un groupe de personnes quelques mètres derrière elle qu'il regardait.

Quand elle se tourna à son tour, son sang se glaça.

La famille Black. Regulus, Walburga et Orion Black se tenaient là, les yeux fixés sur Sirius.

Cassiopée avait déjà eu l'occasion de les croiser, après tout ils n'étaient pas du genre à passer inaperçu ici. Tout le monde les connaissait. Regulus n'avait jamais réellement parlé d'eux, mais elle savait qu'ils le terrorisaient. Et elle comprenait pourquoi.

- Sirius, cracha presque Walburga.

Elle était à plusieurs mètres de lui, pourtant elle le sentit se tendre au simple son de sa voix.

Walburga Black fixait son fils aîné avec une telle haine que ça en retourna l'estomac de Cassiopée, visiblement elle n'était pas la seule à avoir des problèmes avec un parent.

- Toujours aussi mal accompagné, grogna t-elle en fixant les Potter.

Son regard passa de James à Euphémia, pour finalement se poser sur Cassiopée, son insigne de préfète de Serpentard toujours visible.

- La sang de bourbe, cracha t-elle.

Elle fixa Cassiopée avec une telle intensité que la jeune sorcière eut l'impression d'étouffer face a autant de haine.

Elle s'avança d'un pas vers elle et lui saisit le poignet avant de murmurer à son oreille.

- Il viendra pour toi, sang de bourbe, et tu n'aura plus que tes yeux pour pleurer.

Au même moment, Cassiopée se sentit tiré violemment en arrière et plaqué derrière un dos massif et musclé qu'elle reconnu rapidement comme celui de Sirius.

- Partez, cracha Sirius.

La mère et le fils se fixèrent de longues secondes en silence jusqu'à ce qu'elle recule et rejoigne le reste de la famille. Sirius garda le visage tourné vers eux jusqu'à ce qu'il ne puisse plus les apercevoir, perdu dans la masse des voyageurs.

C'est seulement à ce moment là que Cassiopée reprit sa respiration. Elle inspira lentement, la phrase de Walburga bloquée dans ses pensées.

C'est une main sur son épaule qui la fit réagir.

Elle se retourna machinalement vers James et murmura.

- C'était quoi ça...

James ne sut quoi répondre, et l'attira seulement contre lui. Il avait été assez près pour entendre ce que la vieille mégère lui avait murmuré. Et maintenant il se retenait de rendre toutes les chocogrenouilles qu'il avait englouti pendant le trajet.

*

Assise en tailleur sur son lit, Cassiopée pliait correctement ses vêtements. Pendant le trajet, personne n'avait osé parler. Sirius s'était à nouveau enfermé dans son mutisme, et bien qu'elle soit folle de colère contre lui, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir de la peine pour lui.

Avait-il seulement connu que cette haine dans sa courte vie?

Si c'était le cas, cela expliquait beaucoup de chose sur lui.

- Toc toc toc, raisonna une voix derrière la porte avant que la tête d'Euphemia apparaisse dans l'entrebâillement de la porte. Je peux entrer?

Cassiopée hocha la tête et tenta un petit sourire.

Euphémia déposa du linge propre sur une commode avant de s'avancer vers la jeune sorcière.

- Comment te sens-tu? demanda t-elle délicatement.

- Ça va, répondit la brune.

Elle s'en voulut immédiatement d'avoir répondu si rapidement, alors qu'il était évident que ce n'était pas le cas. Elle soupira, et détacha l'insigne des Serpentard qui traînait sur sa poitrine.

Elle la caressa doucement avant de reprendre la parole.

- Par moment, murmura t-elle, j'ai peur de devenir comme eux. D'être agressive, violente, mauvaise. J'ai peur de devenir une copie conforme des Serpentards. Pourtant je suis l'une des leurs, c'est assez ironique, souffla t-elle.

Elle releva la tête vers Euphémia.

- Pourquoi le choixpeaux a fait ça? demanda t-elle. Pourquoi me mettre dans une maison avec laquelle je ne partage rien? C'est bête, mais parfois, j'ai l'impression qu'il a juste essayé de me punir, pour quoi, je ne le sais pas, mais ça n'a jamais eu de sens. Je suis née-moldue. Je ne devrai pas être là.

- Certes tu es née-moldue, mais à côté de ça tu es bien d'autres choses. Le statut de sang est loin de définir qui l'on est.

Cassiopée fronça les yeux.

- N'es tu pas ambitieuse, intelligente, rusée et déterminée? demanda t-elle.

Après quelques secondes, la brune acquiesça simplement d'un signe de tête.

- Et toutes ces caractéristiques ne sont-elles pas celle de la maison Serpentard?

- Si, mais...

- Il n'y a pas de mais, murmura Euphémia en s'asseyant au côté de la sorcière. Tu représentes tout ce qu'il y a de bon dans ta maison. Tu es forte, tu te bats pour ce en quoi tu crois, tu es une excellente élève et par dessus tout tu es d'une détermination sans borne.

La brune écarquilla les yeux.

- James nous parle beaucoup de toi dans ses lettres, elle ajouta. Ils t'attendent en bas, tu devrais les rejoindre. Cette mégère de Walburga ne gâchera pas vos vacances.

Cassiopée acquiesça et se leva, mais juste avant de sortir de la pièce, elle s'arrêta et remercia Euphémia. Sûrement l'un des remerciements les plus sincères de son existence.

*

James était assis en travers de l'un des sièges que son père affectionnait tant, la tête dans le vide, et les yeux braqués sur le plafond.

- Et si on ensorcelait les roues?

- Je suis pas sure que ça marche, répondit Cassie en griffonnant une feuille. Il faudrait un sort permanent. Ensorcelait les roues c'est un coup à ce qu'en plein vol ça lâche. Et là bye bye Potter.

- Déjà, répondit James, c'est pas mon idée, c'est celle de Sirius.

Il jeta un coup d'œil vers son meilleur ami, absent de la conversation. Il était assis près de la fenêtre, et contemplait la neige qui s'était abattu sur le quartier la nuit dernière.

Cela faisait maintenant trois jours que les vacances avaient commencé. Et également trois jours que Sirius et Cassiopée ne s'adressait pas la parole.

James avait tout essayé. Les enfermer dans une pièce, les laisser seul, lancer des sujets de discussion que les deux adoraient, des trucs sur lesquels ils n'avaient pas du tout le point de vue. Il avait même mêlé sa mère en se disant qu'elle, elle aurait la solution.

Après tout Euphémia avait toujours une solution à n'importe quel problème.

Mais là encore, cela avait été un échec.

Les deux avaient décidé de s'ignorer. Jamais aucun ne répondait à l'autre, parce qu'aucun ne s'adressait la parole.

Et ça commençait littéralement à rendre James chèvre.

- Je suis sur qu'on pourrait trouver une solution si on s'y mettait tous les trois, grogna James en se réinstallant, la tête dans le vide.

Deux grognements étrangement accordé lui répondirent.

Puis Sirius se désintéressa une nouvelle fois totalement de leur projet de faire voler une moto.

James se releva et soupira.

- Vous savez quoi, vous me soûlez. Vous êtes tellement têtus tous les deux que vous êtes incapables de reconnaître que tous les deux vous avez vos tords dans cette histoire.

Il pointa d'abord Sirius du doigt.

- Sirius, toi, t'as pas à jouer aux parents avec elle, et encore moins lui hurler dessus. Elle est assez grande pour déterminée et gérer sa vie comme elle le veut. Elle sait se débrouiller, et tu le sais pertinemment. Et toi, grogna t-il en se tournant vers Cassiopée. Toi t'es vraiment une tête de mule. Tout ce qu'il a fait, maladroitement je suis d'accord, c'est te protéger. Et tu sais pourquoi il a fait ça? Parce que même si cet idiot n'est pas prêt à l'assumer, il tient à toi. Et tu peux pas lui en vouloir de t'aimer, parce que je suis prêt à parier que chacun des gars auraient réagit de la même manière.

Cassiopée gardait les yeux sur le sol, incapable de regarder James, et encore moins Sirius.

- J'aurai aussi éclaté la gueule à Rosier si j'avais pu.

Et sur ses mots il traversa le salon, avant de s'arrêter sur le pas de la porte.

- Maintenant réglez vos problèmes, ou ce n'est plus la peine de m'adresser la parole.

Et il claqua la porte. Tellement fort que ça en fit sursauter la Serpentard.

Les deux après plusieurs minutes finirent par relever la tête, et leurs regards se croisèrent.

Le Gryffondor inspira, l'estomac noué. Il avait soudainement du mal à être le Sirius que tous connaissaient, sur de lui, fier, fort, déterminé.

C'est comme si son courage l'avait abandonné au moment même où James avait quittait la pièce, le laissant seul avec Cassiopée.

Ces derniers jours, il les avait passé à cogiter, sur les Serpentard, ce qu'il s'était passé dans le train, ce que sa mère avait dit. Et toujours la même conclusion se dressait à lui.

Si il réagissait comme ça, c'était par pur peur.

Il était terrifié par ce qu'il pouvait se passer.

Et quand il se mettait à hurler sur Cassiopée, quand il faisait quelque chose de complètement idiot, c'était simplement parce qu'il ne savait pas comment réagir à ce truc nouveau qui lui piquait l'estomac.

Tout au long de sa courte existence, Sirius ne s'était jamais réellement soucié de personne à part de lui-même, et des garçons.

Mais pour Cassiopée, c'était différent, ce n'était pas la même peur que celle qu'il ressentait quand James se blessait au Quidditch ou quand Remus souffrait de sa transformation. C'était mille fois pire.

C'était un sentiment tellement violent qu'il le terrassait. Il le submergeait et lui faisait perdre la tête.

Il lui faisait tourner la tête et le coeur avec tellement de violence qu'il perdait pied. Et c'est ce qu'il se passa une nouvelle fois, quand il croisa le regard chocolat de la Serpentard.

Il perdit pied. Et il préféra s'enfuir.

Une nouvelle fois.

Et voici le chapitre 26! Bon certes les vacances ne commencent pas super super bien, mais promis, il va y avoir de l'amélioration ahah!

J'espère que ce chapitre vous a plus, et je vous invite à me laisser tous vos petits commentaires, idées, théories juste ici, j'adore toujours les lire!

Bisous bisous et on se retrouve vite pour la suite ❤️

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