Le souffle toujours coupé, les entrailles serrés et les joues trempés, Cassiopée n'assimila que plusieurs minutes plus tard que ce n'était autre que Sirius qui l'avait rejoint. Il avait d'abord posé ses mains sur les côtés de son visage pour la forcer à le fixer, mais la sorcière était resté concentrée sur ses mains, et sur cette sensation collante et poisseuse du sang contre sa peau. Il avait hurlé pour la ramener, mais elle était comme coincé dans une boucle, un endroit bien trop loin de lui et de la réalité qui les entouraient.

Alors, sans réellement savoir pourquoi et où l'amener, Sirius la souleva, ce qui ne s'avéra en réalité pas une tâche compliquée étant donné le poids plume de la préfète des Serpentards.

Serpentard. Rien que ce mot lui donnait envie de vomir.

Pourtant quand il avait aperçu le cauchemar dans lequel Cassie avait été plongé, il n'avait pas réussi à rester stoïque, à se retenir. Il avait même été terrorisé devant cette adolescente déchirée. Et étonnamment, il avait également été le premier à réagir, à tenter de faire stopper cette épreuve, à essayer de la ramener.

Il avait entendu derrière lui ses amis s'insurger et lui hurler de l'aider. Mais ce n'était pas eux qui l'avaient poussé à agir.

C'était les joues de la brune striée de larmes, son souffle saccadés et ses hurlements.

Et c'était comme ça qu'il s'était retrouvé à la porter dans les couloirs du château, sans réellement prendre conscience d'où ses pas les menaient.

Ce n'est que quand la grande porte de la salle sur demande apparu qu'il réalisa qu'il avait porté la brune sur plusieurs étages, à travers presque tout le château.

Étrangement ce n'était pas l'habituelle salle dans laquelle la petite bande avait eu l'habitude de passer leur temps libres qui était apparu, mais une réplique parfaite de la chambre d'enfance de la brune. C'est du moins ce qu'en déduisit le gryffondor en observant ces murs jaunes et ces étagères remplit de peluche.

Il la posa, pas aussi délicatement qu'il l'aurait voulu, et dès lors le regard de la brune se fixa sur lui. Elle qui tout le trajet avait fixé ses mains, était maintenant incapable de détourner le regard des yeux du Gryffondor.

Puis soudainement, elle referma les yeux pour reprendre ses esprits, mais ce fut tout le contraire qui se produisit. Elle se sentit de nouveau partir dans cette pièce cloisonnée, les mains tâchés du sang de son frère. Et immédiatement sa respiration se bloqua à nouveau alors que le barrage de ses yeux cédait une nouvelle fois.

Le sang de son frère maculé ses mains et ses habits, des taches rouges de différents teintes apparaissaient et plus elle les observait, plus le sang devenait abondant.

Elle paniqua, commença à se frotter énergiquement les mains, à pleurer, à hurler sa douleur. Sa psychose devint de plus en plus intense. L'odeur de l'hémoglobine la rendait folle, l'emprisonnait dans ce monde irréel dont elle ne se sentait plus capable de s'extraire.

Elle se frotta tant les mains que de longues traces de griffures apparurent, et Sirius en vint a avoir peur qu'elle s'arrache la peau. Aucun de ses appels, aucun de ses cris et encore moins des pressions qu'il exerçait sur ses épaules ou sur ses bras ne semblaient l'affecter.

- Gray!

Elle était partie. Coincé dans ses plus grandes craintes.

- Putain je sais que c'est dur mais il faut que tu te concentres, il faut que tu te battes.

Ses avants bras commençaient à saigner, tant le frottement de ses ongles contre sa fine peau était acharné.

Sirius n'aurait d'ailleurs jamais pensé qu'un si petit corps puisse contenir une telle force. Il lui était presque impossible d'empêcher la brune de se mutiler.

- Cassie putain concentre toi sur ma voix. Tu vas bien, tu es en sécurité. Roméo est en sécurité. Ce que tu vois n'est pas réel, c'est une illusion. Tu dois revenir avec moi Cassie. Reviens avec moi Cassiopée.

La voix du brun n'était qu'un léger murmure, un écho faible raisonnant dans un coin de l'esprit de la Serpentard. Trop faible. Trop éloigné. Trop inaccessible.

- Merde j'te jure que tu me revaudras ça, grogna t-il en saisissant le visage de la brune à deux mains.

Et sans aucun ménagement, avec une violence qui lui était caractéristique, le genre d'énergie poussé par le désespoir et la douleur, il plaqua ses lèvres violemment contre celle de la Serpentard. Il les plaqua avec une telle force, qu'il sentit immédiatement le goût du sang se répandre doucement dans sa bouche. Il tint Cassiopée tellement fort contre lui, qu'il sentit tout le corps de la petite brune se contracter soudainement, et à peine quelques secondes plus tard, la jeune sorcière émergea de sa transe.

Quand elle réalisa ce qui se passait, elle repoussa violemment le Gryffondor, aussi fort qu'elle le pu, aussi fort que ce que son corps endolori lui permit.

- Putain mais t'es taré! hurla t-elle en reculant jusqu'à ce que son dos tape contre le mur au dessus de son lit.

Elle inspira plusieurs fois, dans le but de calmer son cœur battant bien trop fort. Puis quand elle posa les yeux sur ses bras ensanglantés, elle sembla réellement prendre conscience de la situation pour la première fois.

- Je... Mais... Tu... Roméo je...

Elle inspira une nouvelle fois, fixant ses mains seulement blessés par ses propres griffures.

- Je...

Son regard se posa ensuite sur la pièce, sa chambre d'enfance, ses murs jaunes citrons, son petit bureau, l'étagère où se trouvait toutes les peluches qu'elle avait aimé. Il y avait même sur le mur les différentes marques que sa mère avait tant tenu à faire pour garder une trace de l'évolution de sa taille. Elle se releva avec difficulté et toucha une petite inscription faite au marqueur « Cassie 5 ans ».

Elle observa doucement chaque détail de la pièce, jusqu'à ce que son regard rencontre celui de Sirius.

Il se tenait debout depuis plusieurs minutes, et avait observé la brune évolué dans ce décor qui lui était familier.

Lui aussi avait du mal à remettre ces idées dans l'ordre, il se sentait dans un putain d'ascenseur émotionnel, et il n'était pas sûr de réussir à dire quelque chose de cohérent si il ouvrait la bouche tout de suite.

Voir Cassiopée dans cet état l'avait secoué, bien plus que ce qu'il pensait.

Ils se fixèrent pendant plusieurs secondes, silencieusement, les larmes aux bords des yeux. Le coeur au bord des lèvres.

- Je...

- Viens là, grogna t-il.

Et sans se rendre compte de tout ce que cela représentait, Cassie envoya valser toute la haine qu'ils se vouaient depuis des années, réduisit les mètres qui les séparait, pour serrer contre elle le Gryffondor.

Elle le serra contre elle si fort qu'il eut peur qu'elle lui brise les côtes, mais elle avait tellement besoin de se raccrocher à quelque chose, à quelqu'un de réel. Et il sentit toute sa détresse à travers cette étreinte, comme si elle cherchait à se rassurer. À se prouver que tout ça était vrai.

Alors, quand le Gryffondor se sentit un peu plus à l'aise, il serra à son tour la petite brune dans ses bras, avant de doucement caresser sa tête. Le souffle encore légèrement éreinté de Cassie se régularisa, et ses muscles se détendirent définitivement face à la chaleur du corps de Sirius et ses caresses.

*

James, Remus, Peter et Lily étaient assis dans la salle commune de Gryffondor, depuis plusieurs heures. Aucun n'avait réussi à parler, l'esprit bien trop tourmenté par la vision de Cassiopée piégée dans ses pires cauchemars.

Dès qu'ils avaient compris que cela tournait au vinaigre ils avaient voulu intervenir, mais une barrière magique était dressé entre les participants et les spectateurs.

James avait tellement hurlé, en frappant contre la barrière. Voir Cassiopée souffrir lui avait déchiré le cœur. Il n'avait pas de sœur ni de frère, pourtant il avait l'impression que c'était de sa chaire dont il était question.

C'était dans ce genre d'instant que le petit groupe réalisait la place qu'avait prit Cassiopée Gray dans leur vie en l'espace de si peu de temps.

- Ils bougent, murmura Peter les yeux fixé sur la carte.

Cela faisait des heures que les quatre amis avaient les yeux braqués sur cette fichue carte. Ils les avaient très vite repéré dans la salle sur demande, mais jamais ils n'avaient réussi à y accéder. L'habituelle porte était resté un mur de pierre.

- On y va, lança James en se levant.

- James, souffla Lily, elle a peut être besoin d'être seule.

Le jeune homme fixa pendant plusieurs secondes la rouquine qui faisait chavirer son cœur depuis tant de temps.

- Je veux être sur qu'elle aille bien. Puis elle peut pas retourner chez les Serpentard, ils vont avoir une dent contre elle.

- Ils l'ont déjà, grogna Peter les yeux toujours fixés sur la carte.

- Raison de plus. Puis je veux vérifier qu'ils ne se soient pas étriper avec Sirius.

C'est ainsi que les quatre Gryffondor se mirent à la recherche de leurs amis, qu'ils finirent par retrouver à l'infirmerie.

C'est Sirius qu'ils aperçurent en premier, assis à même le sol, devant l'entrée de la salle. Il fixait ses mains comme si elles étaient la chose la plus intéressante au monde.

- Sirius!

Lily se précipita vers lui, quémandant des nouvelles de la Serpentard.

- Pomfresh est entrain de la soigner, mais elle m'a foutu dehors.

- La soigner? demanda Remus. Elle s'est blessé?

- Pas pendant l'épreuve, mais après elle était dans une sorte de cauchemar éveillé, j'crois qu'elle avait l'impression de voir du sang sur ses bras. Elle s'est grattée à en saigner et j'arrivais pas à la calmer. Je... Putain, il grogna en se frottant le crâne.

Elle lui avait fait peur, bien plus que ce qu'il montra à ses amis, pourtant aucun n'eut de doutes sur l'inquiétude qu'il avait pu ressentir.

Ils se laissèrent tous glisser les uns à côtés des autres, et Lily posa sa main sur l'épaule de James, peut être pour le réconforter, ou tout simplement parce qu'elle en eut besoin, à cet instant précis.

- Les résultats, qu'est ce que ça a donné? finit par demander Sirius.

- Gryffondor premier, Serdaigle, Serpentard, Poufsouffle, murmura Remus.

Sirius aurait du savourer sa victoire, après tout ils avaient écrasé Serpentard, ils s'étaient classé premiers, pourtant elle avait un goût amer. Elle faisait partie de ces victoires qu'on ne célébrait pas. Dont on ne se réjouissait pas.

Parce que peut être que finalement il y avait des choses plus importantes que la victoire dans ce tournoi ou cette guerre qu'il s'était évertué à mener contre Gray. Peut être qu'au final tout ça était insignifiant, peut être qu'il y avait des choses bien plus importantes dans la vie.

Et c'est assis dans ce couloir, entouré de ses meilleurs amis, que Sirius Black se rendit compte de ce qui lui important vraiment.

•

Je n'ai pas posté depuis tellement longtemps que j'ai presque honte de revenir comme une fleur, mais oui, je reviens comme une fleur. Il y a plus de 8 mois j'ai posté le dernier chapitre, puis je me suis absentée. Au début pas réellement par manque de temps, plus par manque d'inspiration, puis quand cette nouvelle année scolaire a commencé j'ai été submergée (littéralement) par la fac.

Puis cet aprem, vers 18h, l'inspiration et l'envie m'ont frappé (littéralement aussi). Et en quelques heures j'ai pu écrire ce satanée chapitre que je n'ai jamais réussi à faire en 8 mois. Vraiment l'inspiration c'est une mauvaise blague je vous jure.

J'espère que le chapitre vous a plu, en tout cas j'ai adoré l'écrire!

Place aux petites questions (oui oui je recommence)

- Sirius qui aide Cassie, vous vous y attendiez?

- D'ailleurs comment vous l'avez trouvé dans ce chapitre? C'est une grande évolution pour notre Patmol national!

- Le début d'une histoire pour les Cassirius?

- Des idées pour la suite? (je pense qu'on va laisser Cassie se remettre de ses émotions)

- Qui voulez vous voir mis en avant dans le prochain chapitre?

Voilà voilà, je vous embrasse, et j'espère qu'on se retrouve très prochainement.