Chapitre 45 : Raven
Pourquoi avait-il fait une maudite tarte aux pommes ? Maintenant, elle le narguait depuis le plan de travail, lui envoyant sa fumée parfumée au visage. Elle le forçait à faire face à la probable absence de Dylan alors qu'il avait préparé ce qu'il préférait. Parce qu'il avait été assez con pour croire que quelqu'un comme Dylan Goodwind, le sérieux, intelligent et séduisant président des élèves pourrait vouloir de lui, le déchet. Quel abruti il avait été !
Il tressaillit lorsqu'on frappa à la porte. Il prit une profonde inspiration avant d'aller ouvrir. Il n'avait pas envie de voir quiconque. Sa tête le faisait encore souffrir après la cuite qu'il s'était prise la veille avec Harmon, Darren et Delilah à la fête d'une fille dont il avait oublié le nom. Il voulait juste rester dans sa cuisine et insulter sa tarte aux pommes.
Il cligna des yeux lorsque Darren passa à côté de lui en demandant ce qu'il y avait à manger. Derrière lui, Dylan hésita. Raven sentit ses poings se crisper mais il s'effaça pour le laisser entrer. Dylan rejoignit son frère en cuisine.
- Sérieusement ? geignit Darren. Il y a que de la tarte aux pommes ?!
- Je viens de me lever, tu permets, répliqua Raven. Et j'ai une migraine incroyable. Faut pas trop m'en demander.
Il ne regarda pas vers Dylan, ne tenant pas à ce qu'il se doute qu'il avait pensé à lui en préparant cette maudite tarte. Il alla servir deux tasses de cafés préparant la version spéciale pour Dylan. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il savait qu'il ne boirait rien, sinon. Peu importait combien il était en colère, blessé... C'était Dylan.
- Je peux savoir ce que vous faites ici si tôt ? les apostropha-t-il.
- Il est déjà dix heures, Rave, riposta Darren. Et on devait pas aller manger des cookies ?
- Vendre, Darren, corrigea Dylan. On doit aller vendre des cookies.
- C'est tout de suite moins intéressant.
- Je ferais mieux d'aller prendre une douche si je dois sortir, marmonna Raven.
Il les abandonna dans la cuisine et partit se réfugier dans sa chambre. C'était vraiment dur d'être dans la même pièce que Dylan. Il pouvait à peine le regarder sans que le poignard planté dans sa poitrine ne s'enfonce un peu plus, ne tourne, ne fasse un peu plus de dommages. Il alla prendre une longue douche pour tenter de trouver le courage de redescendre dans la cuisine.
Lorsqu'il retourna dans la cuisine, Darren était au téléphone et Dylan était appuyé sur l'îlot de la cuisine pour récupérer la dernière part de tarte aux pommes. Il ne put s'empêcher de l'observer faire, levé sur la pointe des pieds, les bras étirés pour ramener l'assiette vers lui. Et lorsqu'il mordit dans la part de tarte, la satisfaction et la joie envahirent son visage. Comment faisait-il pour être aussi adorable et cruel à la fois ?
Et encore un peu de sel sur les plaies...
Les deux frères tournèrent la tête vers lui et Darren lui fit une grimace, parlant sûrement à Delilah. Il avait cet éclat dans le regard qu'il n'avait que quand il était avec elle, parlait d'elle ou parlait avec elle. Il alla se chercher un café.
- Delilah ? demanda-t-il, le dos tourné à Dylan.
- Oui. Je crois qu'il va aller chez elle. Une histoire d'anniversaire.
- Ah.
Il redouta encore plus cette journée. Il allait devoir faire le trajet avec Dylan, seul dans la voiture. Si seulement Steven ne le laissait pas emprunter sa voiture dès qu'il en avait besoin. Pour une fois, ne pas avoir de moyen de locomotion l'arrangerait. Être isolé avec Dylan... S'il pouvait l'éviter, il se sentirait d'autant mieux.
Darren revint et vida sa tasse cul sec.
- Désolé, les gars ! Ma chère et tendre exige que je l'accompagne au repas organisé pour l'anniversaire de sa grand-mère. Apparemment, elle veut absolument me rencontrer.
Il fit la grimace, l'air stressé. Se pouvait-il qu'il angoisse à l'idée de rencontrer la famille de Delilah ? Ce n'était pas une peur qu'avait Raven puisqu'il parvenait toujours à se faire apprécier par les familles. Bizarrement, il n'y avait que ses parents qui le détestaient.
- Ça va aller, lui dit-il.
- Sa grand-mère est super à cheval sur l'étiquette. Je sais même pas ce que c'est l'étiquette !
- Tiens-toi correctement et tout ira bien, répondit son frère. Ses parents t'apprécient assez pour l'autoriser à continuer à te voir et s'ils la laissent t'inviter à cet anniversaire, c'est qu'ils te savent capable de te tenir.
- Tu crois ? Parce que je le sens super mal. En plus, je dois rentrer me changer. Je peux pas y aller comme ça ! Et j'ai rien d'autre que mon uniforme !
Raven regarda le t-shirt noir orné d'un message un peu trop direct pour une grand-mère conformiste et son jean large qui tombait sur ses hanches, ses nombreux bracelets aux poignets...
- Viens avec moi.
Raven le prit par le bras et l'entraîna dans sa chambre. Il fouilla dans sa penderie et en sortit une chemise et un jean qui devraient aller et les tendit à Darren.
- Enfile ça.
Le plus jeune ne parut pas convaincu mais prit les vêtements. Raven le laissa se changer dans la salle de bains, patientant dans le couloir. Il savait que ça allait dépayser le gamin mais qu'il allait avoir de l'allure.
Darren rouvrit la porte, l'air malheureux, engoncé dans la chemise un peu trop grande pour lui. Raven défit les deux premiers boutons,libérant le cou de Darren, laissant apparaître le collier dont il ne se séparait jamais. Il saisit ses bras et roula les poignets de la chemise. Pour finir, il tira un peu sur le bas, laissant le tissu prendre sa forme naturelle tout en restant enfoncée dans son pantalon.
Il laissa Darren alla se voir dans le miroir et passa une main dans ses cheveux pour détruire le style qu'il leur avait infligé à coup de gel et les laisser prendre un mouvement naturel.
- Je ressemble pas à un pingouin... Je suis impressionné, Rave. Sérieux.
- Contente-toi d'impressionner cette mamie et de ne pas tâcher ma chemise. J'en ai plus des masses.
À force de devoir les jeter à cause des tâches de sang, il allait falloir qu'il en rachète. Il y avait aussi le problème du poids qu'il avait pris depuis qu'il était arrivé dans l'Oregon. Il faudrait qu'il pense à faire un peu de shopping.
Dylan attendait en bas de l'escalier, curieux, quand ils retournèrent au rez-de-chaussée. Raven observa la surprise se peindre sur ses traits lorsqu'il regarda son frère.
- Où as-tu caché Darren ? se récria-t-il. Ce n'est pas mon petit frère.
- C'est la version mature de ton frère, répliqua Raven avec contentement. Il est canon, le mouflet.
- J'avais pas besoin de ça pour savoir que je suis canon, lança Darren. Et, c'est pas tout ça, mais je ferais mieux de me grouiller si je veux pas les faire attendre. Merci, Rave ! À demain !
Et il partit à toute vitesse, claquant la porte derrière lui. Le silence tomba entre Raven et Dylan. Ni l'un ni l'autre ne dirent quoique ce soit jusqu'à ce que Raven en ait assez. Qu'ils fassent ce qu'ils avaient à faire et s'en débarrassent pour qu'il retrouve un minimum de paix.
Il alla récupérer sa veste dans le placard.
- Allons demander à Steven sa voiture.
Dylan acquiesça sans un mot et ils partirent chez Steven qui leur céda sa voiture sans demander ce qu'ils allaient faire. Raven prit le volant, montant le volume pour éviter toute discussion. Il ne tenait pas tant que ça à faire semblant d'avoir envie de parler.
Toutefois, Dylan baissa le son et croisa les bras.
- Steven m'a dit qu'il ne s'était rien passé.
Il crispa ses doigts autour du volant, ses jointures blanchissant sous la pression. Remettait-il réellement ce sujet sur le tapis ? Pourquoi était-il à ce point obsédé par l'idée qu'il ait pu coucher avec Steven ? Ce dont il n'avait jamais eu envie.
- Il a fallu que tu ailles t'assurer auprès de lui que je n'avais pas sauté dessus comme un animal en rut. C'est notre ami, Dylan. Même en manque, il n'aurait pas été parmi les options.
- Deuce est ton ami et vous avez un passé.
- Tu t'en remets vraiment pas, de celle-là ! Et je te ferais remarquer que Deuce n'est pas Steven. Ils n'ont pas les mêmes vues sur les choses, leurs valeurs ne sont pas les mêmes... Ils n'ont rien de commun.
- Je sais bien.
- Alors arrête de remettre ça sur le tapis si tu le sais ! Si ça te déplaît tant que ça, soit tu arrêtes d'en parler soit tu arrêtes de me parler ! Surtout que t'es mal placé pour me juger.
- Je ne te juge pas, Raven.
- Non, bien sûr, que non, railla-t-il.
- Tu ne me crois pas ?
- Pas tellement, non.
- Je n'aime pas ça. Savoir que vous avez un passif.
- Qu'est-ce que ça peut te faire, bordel ?! T'avais pas tellement de problème avec ça avant ! C'est quoi ton problème ?
Il freina brutalement à un feu rouge, appuyant de toutes ses forces sur le frein. La ceinture se tendit violemment, lui coupant le souffle. Il prit de profondes inspirations, tentant de calmer la rage qui l'assaillait. Il ne comprenait pas l'attitude de Dylan et ça le mettait en rage. Il voulait mettre fin à cette discussion, à cette situation. Il voulait faire demi-tour et aller s'enfermer chez lui. Sûrement boire et hurler. Trouver le moyen de sombrer dans l'inconscience pour tout oublier.
- Gare-toi avant d'avoir un accident.
- Je sais encore conduire, merci.
Il redémarra une fois le feu passé au vert. Dylan posa une main sur son bras et il se dégagea violemment.
- Arrête ça, Dylan. Je suis sérieux. Arrête.
- Que j'arrête quoi ? Que veux-tu que j'arrête, Raven ? D'être honnête ? Car, oui, je déteste savoir que tu as eu une relation avec Deuce que tu vois tous les week-end et qui veut que ça reprenne entre vous.
Raven donna un rapide coup d'œil dans le rétroviseur avant de braquer le volant pour entrer sur le parking d'un vétérinaire. Il pila en plein milieu et serra le volant à l'en arracher du tableau de bord.
- Et pourquoi ? articula-t-il, les dents serrées. Pourquoi ça te dérange tellement que quelqu'un veuille de moi ?
- Il ne veut pas de toi, Raven. Il veut juste coucher avec toi. Tu vaux mieux que ça.
- Visiblement pas. Je suis bon que pour les coups d'un soir et les expériences.
- Pourquoi dis-tu ça ?
Il appuya son front sur le volant, fermant les yeux. La digue allait céder s'il continuait à jouer l'ignorant. Et Raven n'avait aucune envie de tout déballer. Ils vivraient mieux tous les deux s'il se taisait et mettait un terme à cette conversation.
- Pourquoi dis-tu ça, Raven ?
- Parce que c'est la réalité.
Il enclencha la marche arrière. Il se redressa et rouvrit les yeux lorsque le moteur s'arrêta. Dylan avait arraché les clés du contact, les immobilisant au milieu du parking.
- Raven, dis-moi si j'ai tort mais... quelle interprétation as-tu eu de ce que je t'ai dit la semaine dernière ?
Il avait donc enfin compris où tenait le cœur du problème. Et il était décidé à en parler. Que Raven le veuille ou non, il allait devoir affronter ce qu'il s'était passé. Il détestait ça. Faire face aux problèmes. Il adoptait toujours une attitude d'évitement, préférant les contourner et les enfouir sous le vieux tapis comme les miettes qu'on fait tomber mais qu'on ne veut pas ramasser. S'il ne les voyait pas, il n'y pensait pas et il pouvait continuer sa vie.
Dylan était différent. Lui voulait régler les problèmes. En parler. Y mettre fin pour avoir cette paix d'esprit que Raven n'avait jamais connue.
- Arrête de faire ton putain d'intello et va à l'essentiel.
- Je pense que tu as mal interprété ce que j'ai dit. Tu l'as pris dans le sens d'expérimentation alors que c'est très loin de ce que je voulais dire.
Il se refusa à tourner la tête vers Dylan. Se refusa à espérer. Se refusa à croire qu'il avait une chance. Mieux valait ne pas attendre quoi que ce soit.
Mais son cœur ne l'écoutait pas. Il s'était mis à battre follement, à tenter de défoncer sa cage d'os et de chairs pour jaillir hors de sa poitrine.
- Et qu'est-ce que tu voulais dire ?
Sa voix était calme, vide. Le tremblement était à peine audible et il était soulagé. Dylan n'avait pas besoin de savoir dans quel état il était à l'intérieur.
- J'entendais le mot « expérience » dans le sens de l'acte d'éprouver, de ressentir. Pas dans celui d'expérimentation. Je ne t'aurais jamais fait ça, Raven.
- Je... Qu'est-ce que tu veux dire, clairement ? Parce que je suis paumé, Dylan. Je te comprends pas. Par moments, tu m'envoies sur les roses et, après, tu agis comme si tu étais jaloux et...
- Parce que je le suis, le coupa Dylan. Je suis jaloux. Ce qui fait bien rire Darren.
Raven ne sut comment réagir. Il ne s'était pas attendu à ce que Dylan se montre si direct, si franc. Encore moins à ce qu'il dise ça. À ce qu'il admette être jaloux. Il n'avait donc pas imaginé toutes ces occasions qu'il avait pris pour des désillusions. Pour son espoir qui lui jouait des tours.
- Tu... Je... Mais pourquoi ? De quoi ? bégaya-t-il, tournant enfin la tête vers l'autre.
Il sentit ses mains trembler quand Dylan plongea son regard dans le sien. Ses beaux yeux étaient sincères et angoissés et un sourire mal à l'aise jouait sur ses lèvres. Il tendit la main et la posa sur la joue de Raven, caressant sa peau du pouce, essuyant les larmes passées comme s'il savait qu'elles avaient existé.
- Parce que je suis amoureux de toi.
Le cœur de Raven s'arrêta de battre. Il n'avait pas mal entendu, n'est-ce pas ? Dylan avait bien dit ce qu'il croyait avoir entendu ? Il secoua la tête, faisant tomber la main de l'autre.
- Non. Non, tu l'es pas. C'est impossible.
- Si, je le suis, Raven. Je suis amoureux de toi.
Tout son visage hurlait qu'il était sincère, qu'il ne lui mentait pas et Raven ne savait pas comment réagir. Il ne savait pas quoi dire, quoi faire. Dylan, qu'il aimait tellement, était là, en face de lui, en train de lui dire ce qu'il n'aurait jamais cru entendre un jour.
Tout ce qu'il put faire, ce fut de détacher sa ceinture pour pouvoir se rapprocher de Dylan, qui le laissa venir vers lui. Le président des élèves était aussi nerveux que lui, gardant sa main sur son visage, appuyant son front contre le sien.
Et il l'embrassa.
Doucement, prudemment, s'attendant à être repoussé d'une seconde à l'autre. À l'inverse, Dylan répondit à son baiser avec maladresse. Il glissa même ses doigts dans ses cheveux, le laissant approfondir le baiser, le rapprochant de lui.
Il finit par se reculer, gardant les yeux fermés, ayant peur de réaliser que tout n'était qu'une mauvaise blague, un rêve cruel qui ne ferait que le meurtrir un peu plus. Mais Dylan était là, son souffle rapide échouant sur son visage, chaud.
Un coup de klaxon les fit sursauter. Une voiture attendait derrière eux pour pouvoir aller se garer. Dylan rendit les clés à Raven qui démarra et se gara en quelques secondes pour laisser l'autre véhicule passer. Dylan se cachait le visage dans les mains, embarrassé. Malgré lui, Raven se sentit sourire alors qu'il reculait pour faire demi-tour et reprendre la route vers l'association. Il ne pouvait que le trouver adorable.
Dès qu'il le put, il tendit la main pour attraper celle de Dylan et entrelacer leurs doigts. Il sentit le regard de l'autre se poser sur lui et, en un coup d'œil, il vit le rouge sur ses joues. Malgré tout, il n'enleva pas sa main, resserrant au contraire la prise.
Ils n'échangèrent aucun mot jusqu'à ce que Raven se gare devant les bâtiments de l'association. Ce n'était pas utile.
- Est-ce qu'on peut le garder pour nous ? murmura Dylan. Juste entre toi et moi.
- Tu veux qu'on se cache ?
- Non. Je veux juste que ça ne soit que toi et moi. Il y a déjà bien assez d'histoires sur nous pour ne pas ajouter de l'eau à leur moulin et qu'ils viennent tout pervertir.
- Et ton frère ? Et nos amis ?
- Darren et Steven, ça ira. Mais Harmon ne saura jamais tenir sa langue.
- C'est pas faux. Il ira sûrement lancer de nouveaux paris pour empocher un maximum, lançant de nouvelles rumeurs au passage parce que c'est notre ami et que tout le monde se doutera qu'il en sait plus qu'il ne le dit.
- C'est surtout que, un sourire de Jody et il lui révélera tout ce qu'il sait.
- Jody ? La directrice du journal ?
- Elle le transforme en chiot quand elle lui parle. Elle a toujours eu le dessus sur lui.
- Elle est plutôt impressionnante, faut dire. Elle a des épaules plus larges que les miennes.
Dylan sourit en secouant la tête.
- Alors tu es d'accord ?
- Évidemment. Ça ne me dérange pas, répondit-il.
Que Dylan veuille qu'ils soient discrets ou non, il s'en moquait du moment qu'il pouvait l'avoir juste pour lui. Même si les raisons de Dylan n'était pas sincères, s'il le traitait comme un vilain secret, il n'en avait que faire. S'il pouvait appeler Dylan son petit ami, ça lui suffisait. Peu importaient les conditions.
Ils furent accueillis par Bella qui leur offrit de grands sourires. Elle leur parla de tout ce qu'il s'était passé depuis leur dernier passage. L'article dans le journal – ce qui expliquait beaucoup de choses sur le pourquoi son père lui avait jeté un journal au visage –, l'entrepreneur qui était venu leur dire qu'il voulait les aider et faire les travaux nécessaires, sur les dons qu'ils avaient reçus, le psychologue qui avait proposé ses services... Ce qui importa le plus pour Raven cependant, ce fut la dernière information que leur donna Bella.
- Je n'y aurais pas cru mais faire ces cookies, passer une heure ou deux par semaine à faire la pâte et à les faire cuire... Ça leur a fait énormément de bien. Beaucoup sont plus calmes et plus ouverts, plus joyeux. On a reçu beaucoup, beaucoup de confessions des enfants sur ce qu'ils ont vécu. C'est pour ça que, avec Farah, on a décidé de continuer même lorsque nous n'aurons plus besoin de fonds. Ça leur est vraiment bénéfique.
Raven sourit et laissa Bella le prendre dans ses bras et le remercier. Il avait espéré que ça fonctionne. Que ces enfants puissent trouver du réconfort dans la pâtisserie comme lui l'avait fait. Ils en avaient besoin. Il ignorait pourquoi ça aidait mais ça le faisait et c'était tout ce qui comptait.
Dylan fut réquisitionné pour lire une histoire et Raven le regarda faire, admirant son calme, sa façon d'imiter les personnages, de faire participer les enfants. Il demeura appuyé contre le comptoir, écoutant l'histoire. Il se souvint de Nina. Elle avait le même talent pour faire vivre un livre.
- Les gamins l'adorent.
Il tourna la tête vers Deuce, un sourire sur les lèvres.
- Sans surprise. Il est adorable, répondit-il.
L'étudiant passa son bras autour de ses épaules.
- On dirait que tu vas mieux, toi. Tu veux me raconter ou... ?
- Je n'ai rien à raconter. Disons juste que c'était une mauvaise passe.
- Une mauvaise passe et ton père. L'article n'a pas dû lui plaire.
- Je ne pense pas. Je n'ai pas entendu le moindre mot de ce qu'il a dit. Je me doute que c'est ça vu qu'il m'a jeté un journal à la tête et que ça n'était jamais arrivé avant.
- Tu devrais en parler, Raven. Ça doit cesser. Tu fais quelque chose de génial pour des enfants et ton père te tape dessus...
- Après ce que je lui ai envoyé, je pense qu'il va y réfléchir à deux fois, maintenant.
Deuce haussa un sourcil et Raven haussa les épaules.
- Mauvaise passe, tu te souviens ?
Deuce se mit à rire en secouant la tête.
- Tu me sidères, des fois.
- Bas les pattes, toi.
Ils se tournèrent vers Dylan qui venait de débarquer, le visage fermé, fusillant Deuce du regard. Le plus âgé paru perdu alors que Raven retenait son rire. Dylan était jaloux. Possessif aussi. Assez pour briser la règle de discrétion qu'il avait établie à peine une heure plus tôt.
- Et pourquoi devrais-je le lâcher ? rétorqua Deuce, le provoquant ouvertement.
- Parce que si tu ne le fais pas, je t'émascule et je te fais manger ce qu'il restera de tes parties.
Deuce pâlit à l'entente de la réponse froide et posée de Dylan et il lâcha Raven qui pouffait de rire. Le président des élèves se glissa entre eux avec un « bien » qui eut raison du peu de contrôle que Raven avait sur son rire.
- Au lieu de te marrer, explique-moi ce qu'il se passe, toi ! lui cria Deuce, blanc comme un linge.
- J'ai un copain très, très, très jaloux, répondit-il.
- Vous sortez ensemble ?
- Oui, intervint Dylan. Ceci implique que tu as plus qu'intérêt à cesser de le toucher et d'espérer pouvoir à le ramener dans ton lit. Parce que je mettrais ma menace à exécution, crois-moi. Il est à moi.
Deuce battit en retraite, se réfugiant auprès de Farah dans la cuisine. Raven glissa son bras autour de Dylan dont l'air froid et menaçant ne transperça et qu'il ignora complètement.
- Eh bien, eh bien, murmura-t-il à son oreille, regardez-moi qui est jaloux comme un pou.
- Si tu le laisses encore faire, je te casse un os pour chaque seconde que son bras aura passé autour de toi.
- Je t'ai déjà dit que t'étais trop sexy avec ce regard ?
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NdlA : Alors ?
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