Chapitre 28 : Dylan
Une tempête couvait dans les couloirs du lycée et il détestait ça. Il n'avait aucun doute qu'il ne réussirait pas à contenir l'instinct vindicatif et belliqueux de Raven longtemps et qu'un temps viendrait où Marvin allait prendre cher. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Pourquoi Marvin s'en prenait-il à Raven ? Dylan avait cherché une raison, posé des questions à Harmon et Darren pour tenter devoir s'ils savaient quelque chose de plus que lui. Ils en savaient aussi peu si ce n'était moins.
Raven ne semblait pas y faire plus attention que ça. En soi, c'était surprenant. Dylan veillait au grain pour ne pas laisser la moindre chance au texan de répliquer. Il n'avait vraiment pas envie de voir cet atroce visage séducteur couvert de bleus.
Dylan se massa les tempes. Ses nerfs commençaient à fatiguer. Entre la guerre qui ronflait, le temps que Raven et Steven passaient ensemble sans que quiconque sache pourquoi, l'anniversaire de sa mère qui approchait, le projet pour l'association... Ajouter tout ça à la montagne de ses responsabilités lui mettait les nerfs à rude épreuve.
Il enfonça son visage dans ses mains et soupira longuement. Il se redressa et regarda par la fenêtre. Dans le reflet, il vit Jillian appuyée contre le mur à l'entrée, juste à côté de la porte ouverte.
- Je te l'avais dit, Dylan, dit-elle.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Ah non ? Moi, je pense que tu sais très bien à quoi je fais référence. Je parle de ton copain. Raven Herron. Ça n'aura pas duré longtemps avant qu'il se trouve quelqu'un d'autre, pas vrai ? Visiblement, le grand silencieux lui plaît plus que toi, maintenant. Alors quoi ? Tu lui as donné ce qu'il voulait ?
- Tu devrais partir, Jillian.
- Tu ne peux t'en prendre qu'à toi s'il t'a brisé le cœur pour ensuite sauter sur l'un de tes meilleurs amis sans aucun égard pour toi. Après Steven, peut-être se fera-t-il Harmon ? Ou ton frère ?
- Sors d'ici. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
- Ah non ?
Elle eut un sourire et se redressa. Elle lui jeta un dernier long regard avant de sortir, sa queue de cheval se balançant dans son dos.
Dylan réalisa que ses poings s'étaient serrés d'eux-mêmes, sans qu'il s'en rende compte. Il les décrispa et inspira profondément pour se calmer. Il ne comprenait pas pourquoi les mots de Jillian le mettait autant en colère. Raven ne lui avait pas brisé le cœur puisqu'ils étaient simplement amis. Ce que personne dans ce maudit lycée ne semblait croire.
Toutefois, elle avait presque raison sur un point. Dylan se sentait blessé que Raven le mette soudain sur le côté au profit de Steven du jour au lendemain. Il voulait savoir ce qu'il se passait entre les deux. La curiosité le dévorait et, peut-être que s'il savait ce qui se passait, la blessure serait moins vive. Parce que ça lui faisait vraiment mal de passer au second plan aussi brutalement, sans transition, sans explication.
Il fallait qu'il parle à Steven. C'était aussi simple que ça. Raven ne lui répondrait pas. Il saisirait l'occasion pour flirter sans lui donner la moindre réponse. C'était frustrant mais si son but était d'exciter sa curiosité, ça fonctionnait. Ça fonctionnait si bien que ça le mettait en boule, à vrai dire.
La sonnerie résonna et il se leva pour reprendre le fil de ses cours. Il s'installa à côté de Steven pour leur cours de biologie. Il jeta un regard en biais à son ami, cherchant le moindre indice qui pourrait lui indiquer ce qu'il le poussait soudain à passer autant de temps avec Raven.
- Pose ta question.
Évidemment. Dylan ouvrit son cahier à la bonne page et inspira.
- Tu vas voir Raven encore, ce soir ?
- Ce n'est pas ta véritable question, répondit simplement Steven. Ta véritable question est : que se passe-t-il entre Raven et moi ? Tu refuses de poser directement cette question car tu as peur de ce qu'elle implique.
Dylan ouvrit la bouche pour protester ; le regard de Steven l'en empêcha.
- Pour répondre à la question que tu n'as pas posé, il ne se passe rien entre Raven et moi. Pour évoquer les rumeurs les plus communes, nous n'avons aucune relation sexuelle ni romantique.
- Alors quoi ? insista Dylan. Qu'est-ce que vous faites ?
- Il m'aide.
Steven tourna son attention vers le professeur, coupant court à la discussion. Dylan le fixa, sentant la colère remonter. Steven ne lui avait pas réellement répondu. Personne n'était donc fichu de lui donner une fichue réponse ?!
Le cours se termina avant qu'il ne s'en rende compte. Il fourra tout dans son sac avec une vigueur qui le frustra un peu plus. Il n'avait aucune raison logique et rationnelle de réagir ainsi. Raven et Steven avaient tout à fait le droit de ne pas vouloir lui dire ce qu'ils faisaient. Ils n'avaient aucun compte à lui rendre.
Steven retint Dylan dans la classe, attendant que leurs camarades sortent jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'eux.
- Il ne se passe rien avec Raven.
- Je ne vois pas pourquoi tu te sens obligé de me le répéter. Ça ne te ressemble pas de dire deux fois la même chose.
- Cette émotion violente que tu manifestes à mon égard aurait tendance à me conforter dans mon choix de réitérer ma phrase.
- Je ne suis pas en colère.
- Ai-je dit que c'était de la colère ?
Dylan le regarda partir après qu'il lui eut lancé un regard entendu. Que voulait-il dire ? De quelle émotion violente parlait-il si ce n'était pas la colère ? Tout ce que Dylan ressentait, ne pouvait être qualifié de violente émotion si ce n'était pour cette frustration intense qui lui mettait les nerfs en pelote.
Il passa le reste de la journée à se demander à quoi Steven avait voulu faire référence. Il sentait que son ami avait perçu une émotion en lui dont Dylan ignorait l'existence. Ou, plutôt, dont il reniait l'existence.
Depuis l'année précédente, il était devenu maître dans l'art de renier ses propres sentiments. Il avait formé une barricade tout autour pour les empêcher de sortir et de contaminer sa vie de tous les jours, ne les laissant se manifester que dans la solitude de sa chambre. Ça avait été facile, il n'avait jamais été très expansif. Cependant, ces derniers temps, la vapeur s'inversait. Et tout était de la faute de Raven Herron.
Lorsque le week-end arriva, tous ses camarades foncèrent vers la sortie. Il rejoignit Darren qui, pour une fois, ne sortait pas avec ses amis. Il était appuyé contre un casier, regardant sa petite amie récupérer ses livres. Dylan ne s'habituait pas à la vue de son frère avec la même fille. Se pouvait-il que ça soit réellement sérieux, cette fois ?
- Tu es prêt ? demanda-t-il simplement.
Darren lui adressa un regard étrange avant de saluer sa petite amie et de lui emboîter le pas. Ils virent la voiture de Steven s'arrêter à l'entrée et Raven monter dedans. Il avait la réponse à sa question. Oui, ils se voyaient ce soir.
- Hola, cowboy ! Ralentis ! l'interpella Darren. Seigneur, qu'est-ce que t'es chiant, ces temps-ci !
- Pardon ?
Darren s'arrêta à côté de lui, réussissant enfin à caler son rythme sur celui de son aîné.
- Je te jure. T'es insupportable ! Tu t'énerves pour un rien, tu es plus sarcastique que d'habitude, t'arrêtes pas d'envoyer les gens paître, t'es froid et distant... Je sais pas ce que t'as mais faut que tu gères ça parce que t'es vraiment chiant !
Dylan ne répondit pas, marchant derrière son frère. Était-il vraiment comme ça ? Si c'était le cas, il ne s'en était pas rendu compte. Et personnene lui avait rien dit, jusque là.
- En fait, maintenant que j'y pense, ça a commencé quand Steven et Raven ont commencé à traîner ensemble. Alors quoi ? La rumeur est vraie ?
- Quelle rumeur ?
- Toi et Raven, crétin ! Ça expliquerait pourquoi t'es aussi jaloux !
- Jaloux ?
- Tu vas répéter tout ce que je dis ? s'agaça Darren.
Dylan avait envie de rire. Lui ? Jaloux ? Mais de quoi ? C'était idiot de penser qu'il puisse être jaloux. D'accord, tout le monde croyait qu'il y avait une forme quelconque de romance entre lui et Raven.Toutefois, que son propre frère lui sorte qu'il était jaloux de la soudaine relation entre ses deux amis dépassait l'entendement.
- Je ne suis pas jaloux, rit-il.
- Moi, je crois que si. Je dis pas que la rumeur soit vraie parce que vous continueriez pas de flirter autant si vous sortiez ensemble. Mais je pense que tu es jaloux parce que Raven passe pas mal de temps avec Steven et plus avec toi alors que c'était devenu ton meilleur ami. Tu es jaloux que Steven te l'ait volé.
Dylan demeura silencieux. Son frère était étrangement mature sur le sujet. C'était perturbant qu'il fasse une telle analyse de la situation qu'il lui soit possible de croire. Au fond, peut-être avait-il raison. Peut-être la colère de Dylan tenait-elle dans le fait qu'il avait la sensation que Steven lui avait volé son ami. Ce n'était pas une attitude qui lui ressemblait. Steven et lui avaient toujours partagé les mêmes amis. Pourquoi serait-ce différent cette fois ?
- C'est idiot, finit-il par dire. Je ne suis pas jaloux.
Darren lui jeta un regard dubitatif en entrant dans la maison.
- Plus tu nies et plus je crois que tu l'es. Tu finiras par l'accepter. Je m'en fais pas pour toi.
Et il disparut à l'étage.
Dylan préféra oublier toute cette discussion et se mettre aux tâches ménagères qui avaient bien besoin d'être faites avant de préparer le dîner.
Le lendemain matin, il fut réveillé par un véritable charivari au rez-de-chaussée. Quelqu'un courut dans les escaliers et il se redressa dans son lit, se frottant les yeux. Il jeta un regard à son réveil et soupira. Il était à peine neuf heures.
- T'es vraiment trop chou quand tu viens de te réveiller.
Dylan tressaillit à l'entente de la voix de Raven. Son ami se tenait dans l'embrasure de la porte, l'observant avec un léger sourire sur les lèvres.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je suis venu voir si tu venais toujours avec moi à l'association. Je pensais que tu serais à ma porte à huit heures tapantes pour qu'on ait toute la journée mais je vois que monsieur le président faisait la grasse matinée.
- Je n'ai pas le droit ?
Il se rendit aussitôt compte du ton mordant qu'il avait employé. Raven vint s'asseoir sur le lit sans répondre tout de suite.
- Ça ne va pas ? Tu es vraiment agressif, ces derniers temps. J'ai l'impression que tu m'en veux.
- Ce n'est rien. Vraiment. Laisse-moi le temps de me préparer et on pourra y aller.
Raven le regarda longuement avant de se lever.
- Je t'attends en bas. Et, Dylan ?
- Oui ?
- Si jamais tu as besoin, tu sais que je suis là, pas vrai ?
Malgré lui, il se sentit plus calme, plus léger. Il sourit légèrement et hocha la tête. Raven lui rendit son sourire avant de redescendre. Dylan se laissa retomber dans ses oreillers et plaqua ses paumes contre ses yeux. Peu décidé à analyser les émotions qui le submergeaient, il sauta hors du lit et dans la douche. Un quart d'heure plus tard, ils étaient dans la voiture de Steven, la musique faisant vibrer les sièges.
- Tu vas me dire ce qu'il se passe ? lui demanda Raven alors qu'ils faisaient la queue au Drive du Starbucks.
- C'est rien. J'ai beaucoup de choses en tête, c'est tout.
- Du style ?
- Te baby-sitter pour être sûr que Marvin ne finira pas en fauteuil roulant.
- Hé ! Je t'ai écouté ! Même si ça a été dur. Je dis pas que je n'ai pas envie de lui arracher la tête dès je le vois mais je résiste. Tu devrais être fier de moi.
Il se pencha par la fenêtre et passa leur commande, ne cherchant pas à poser la moindre question à Dylan sur ce qu'il voulait.
- Comment fais-tu ça ?
- Quoi ?
- Toujours savoir quoi commander pour moi.
- Allons, chéri, je te connais. Ces temps-ci, tu es un vrai obsédé de leur frappucino au lait d'amande avec une généreuse dose de cannelle.
- Je vais finir par prendre une injonction d'éloignement.
Raven éclata de rire et Dylan se sentit sourire, le nez dans son café. Ils roulèrent pendant un moment en silence avant que Dylan ne baisse le son de la radio et ne s'oriente vers le chauffeur. Il y avait une aura spéciale autour de Raven qui le perturba.
Il avait un coude posé sur le rebord de la portière, contre la vitre close, sa tasse de Starbucks dans la main gauche, et l'autre négligemment posée sur le volant. Il lâchait le volant pour changer ses vitesses comme si c'était ainsi qu'il avait appris à conduire. Il chantonnait les paroles de la chanson qui passait en bougeant la tête en rythme. Il avait l'air détendu, heureux même. Dylan doutait de l'avoir vu aussi à l'aise.
Raven tourna la tête vers lui brièvement, un sourire en coin taquin.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je doute de t'avoir jamais vu aussi... décontracté.
- J'adore conduire. J'adore la musique. J'ai le meilleur latte de la ville. Et tu es là. Pourquoi ne serais-je pas détendu ?
- Parce que je suis une composante de l'équation qui te permet d'enfin tomber le masque de dur à cuire ?
- Chéri, tu es l'équation.
C'était trop beau pour durer, il fallait qu'il flirte. Dylan roula des yeux sans chercher à répondre et attaqua un autre front.
- Steven m'a dit que tu l'aidais.
- Il te l'a dit ? Il n'avait pas envie d'en parler.
- Il ne m'a pas dit avec quoi. Il m'a simplement dit que tu l'aidais.
- Et tu veux savoir avec quoi, n'est-ce pas ?
- C'est que je ne vois pas avec quoi tu pourrais l'aider.
- Je ne pensais pas qu'il me laisserait faire. Vu qu'il ne m'apprécie pas des masses, je pensais qu'il m'enverrait chier. Mais il attendait juste que quelqu'un mette le doigt sur le fond du problème et j'ai été cette personne. Sans le vouloir, je lui ai dit ce qu'il voulait entendre. Ce qu'il avait besoin d'entendre. Et depuis, on essaie de faire tomber les barrières.
Il lui jeta un regard rapide en souriant.
- Contrairement à ce que nos petits moutons de camarades pensent, non, je ne couche pas avec Steven, non, on ne se drogue pas et je ne suis certainement pas amoureux de lui !
Lâchant son volant, Raven vint passer les doigts dans les cheveux de Dylan, contrôlant son volant du genou.
- Tu es toujours mon numéro un, bébé.
Dylan frappa sa main.
- Tiens ton volant si tu ne veux pas nous tuer.
- On est arrivés, chéri.
Il mit son clignotant et se gara devant les bâtiments de l'association. Sans l'attendre, Dylan sortit de la voiture et entra. Il y avait peu de monde puisque c'était le week-end. Farah et Bella les accueillirent avec de grands sourires et furent encore plus ravies d'entendre pourquoi ils étaient là.
- Tu penses vraiment pouvoir faire quelque chose, Raven ?
- Je pense, oui. J'ai un don pour réparer les choses.
Bella entraîna Raven dans la cuisine et leurs voix demeurèrent audibles depuis la pièce principale. Ils ne mirent pas longtemps à revenir.
- Il y a une quincaillerie pas loin, à quelques rues de là, dit Bella.
- Je vois où elle est, intervint Dylan. Pourquoi devons-nous aller là-bas ?
- Parce que je vais faire des miracles, bébé.
Les deux femmes se mirent à rire alors que Dylan se sentait rougir d'irritation. Le texan saisit la main de Dylan et l'entraîna avec lui sans lui laisser le choix. Dylan le suivit dans la quincaillerie et le laissa lui empiler des tuyaux, des tubes et autres dans les bras. Il ne tenta pas de poser la moindre question, ne comprenant rien à ce que Raven murmurait, pensant à voix haute.
De retour à l'association, Raven sortit une boîte à outils du coffre et récupéra les deux sachets des mains de Dylan. Alors qu'il gagnait directement la cuisine, Dylan resta avec Farah au niveau du comptoir où elle triait des papiers en surveillant trois enfants jouer.
- Vous êtes adorables, tous les deux, lui dit Farah.
- On est amis, Farah, l'interrompit-il aussitôt. On ne sort pas ensemble.
- Ah bon ? J'aurais cru, pourtant. Puisque vous ne le faites pas, vous devriez. Vous iriez très bien ensemble.
- Tu n'es pas chrétienne ?
- Si, et alors ? Le Seigneur est amour. Où qu'il soit, quel qu'il soit. Je ne dis pas que toute ma paroisse serait d'accord avec moi mais j'ai l'intime conviction que le Seigneur ne cherche que le bonheur de ses ouailles. Or, nous avons tous besoin d'amour dans nos vies pour être heureux et nous allons souvent le trouver dans les moments et les personnes les plus inattendues. Peut-être ton bonheur se trouve-t-il avec Raven ou peut-être pas. Seul le Seigneur peut le dire. Et s'Il décide que c'est le cas, qui suis-je pour m'y opposer ?
Dylan n'osa plus rien dire. Farah amena un autre sujet de conversation et ils discutèrent pendant un moment.
- Tu devrais aller voir si Raven a besoin d'aide, dit-elle. Le pauvre est tout seul dans cette cuisine.
La culpabilité vint ronger Dylan qui savait qu'elle avait raison. Il aurait dû aller aider Raven au lieu de discuter. Il ne se ressemblait vraiment pas...
Il trouva le texan allongé au sol, la tête sous l'évier.
- Tu t'en sors ?
- Je devrais en avoir fini avec ce maudit évier.
Il sortit du placard et se releva.
- Tu arrives juste à temps pour le moment de vérité.
Il ouvrit le robinet qui hoqueta avant de laisser l'eau couler. Dylan cilla, impressionné malgré lui. Enfin, jusqu'à ce que les hoquets s'intensifient et que, soudain, l'eau explose partout, les douchant tous les deux. Raven ferma le robinet rapidement, pas assez pour qu'ils ne soient pas trempés.
- Ça ressemblait à un succès jusqu'à ce que ça n'en soit plus un, se moqua-t-il en chassant l'eau de ses yeux.
- C'est un succès, chéri, répliqua Raven. Le joint est si vieux qu'il a craqué sous la pression, c'est tout. Il suffit que j'en remette et ça sera réglé.
Dylan cessa de faire attention à ce que son ami racontait en le voyant s'essuyer le visage avec le bas de son t-shirt, dévoilant un estomac dessiné et musclé. N'avait-il donc aucune pudeur ?
- Tu peux me passer le tube à côté de toi ?
Il tressaillit et obtempéra. Raven n'avait par miracle rien remarqué. Il le regarda appliquer une épaisse pâte blanche autour de la base du robinet avec la même minutie que lorsqu'il décorait ses gâteaux. À croire qu'il avait un instinct perfectionniste.
- Pour l'électricité, j'aurais besoin d'aide. Il va falloir couper le courant dans toute la cuisine et il va falloir que je sois perché sur l'escabeau alors il va falloir que tu me passes les outils.
- Pas de soucis.
Raven alla fermer le courant de la cuisine au disjoncteur et revint installer l'escabeau. Dylan l'observa triturer le vieux néon qui pendait au plafond sans paraître inquiet le monde à l'idée de se faire électrocuter. Il semblait savoir ce qu'il faisait. Docilement, Dylan lui passa ce dont il avait besoin. Des pinces dont il apprit les noms, du scotch noir, des petits blocs noirs avec des extrémités arrondies qu'il appela des dominos... Il vit passer des choses qu'il n'avait jamais vues ailleurs que dans des magasins de bricolage.
- Et voilà ! Normalement, ça devrait être bon ! J'arrive.
Lorsqu'il revint, il alluma la lumière qui jaillit dans la pièce, agressive. Et resta allumée. De même que le reste du bâtiment.
- Ça n'a pas disjoncté, souffla Dylan, réellement impressionné.
- Court-circuit dans le plafonnier. Rien de plus.
- Tu fais paraître ça comme si c'était un jeu d'enfant.
- Ça l'est quand tu sais ce que tu fais. Il va encore falloir attendre un peu pour le joint. Par contre, la hotte est morte. Il faut la faire changer.
Bella et Farah entrèrent dans la cuisine et sourirent.
- Tu as réussi, Raven !
Elles le prirent dans leurs bras et il parut embarrassé.
- Pourquoi êtes-vous trempés, tous les deux ?
- Le joint a cédé, admit le texan. C'est réparé. Dès qu'il sera sec, l'évier sera fonctionnel.
- Vraiment ?
- Je l'ai vu de mes yeux, assura Dylan. Ce maudit robinet a coulé. Jusqu'à ce que le joint explose et nous fasse prendre une douche.
Raven lui jeta le rouleau de scotch au visage en boudant.
- Allez boire votre thé, les garçons, leur dit Farah. On va ramasser, ne vous en faites pas.
- On peut le faire, dirent-ils en même temps.
- Hors de cette cuisine ! Vous en avez fait bien assez pour aujourd'hui !
Bella les poussa hors de la cuisine et ils se résignèrent à aller boire leur thé en surveillant les trois enfants.
- Je n'aurais pas cru que tu en serais réellement capable, admit Dylan.
- Je savais que j'allais t'impressionner, rit Raven.
- Où as-tu appris ça ?
- Je t'ai dit que j'avais passé deux mois chez Sean ?
Dylan hocha la tête.
- Son père est un bricoleur et il m'a appris deux trois trucs et j'ai construit le reste de ce que je sais de là. Maintenant, je peux réparer à peu près n'importe quoi.
- Je vais sûrement le regretter mais... je dois avouer que c'est assez impressionnant.
- Tu as raison, chéri, tu vas le regretter. Je ne vais jamais te laisser oublier ce que tu viens de dire.
Dylan éclata de rire, vite rejoint par Raven.
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NdlA : Mais c'est qu'on dirait que les choses vont mieux entre nos deux adorables idiots ! Ils sont trop chou, pas vrai ? (Et très cons...)
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