Chapitre 25 : Raven

Raven tourna la tête vers Dylan, plongeant dans son regard couleur de nuit, y cherchant la moindre trace de mensonge. Mais il était sincère. Entièrement, pleinement sincère.

Le cœur de Raven rata plusieurs battements lorsque Dylan essuya les larmes qui avaient débordé malgré lui. Il avait tenté de les retenir, de ne pas pleurer. Il avait déjà jeté un énorme poids sur les épaules de Dylan avec l'histoire de son passé et il ne voulait pas en rajouter en pleurant. Malheureusement, il n'avait pas su les empêcher de couler.

Ils restèrent dans la voiture en silence, face à face, appuyés contre leurs sièges, jusqu'à ce que les larmes silencieuses de Raven cessent de couler. Dylan se redressa et lui offrit un sourire.

- Tu te sens prêt à y aller ?

- Il faut bien.

Ils sortirent de la voiture et Dylan se dirigea directement vers l'entrée du bâtiment de l'association pendant que Raven allait vérifier l'état des gâteaux en espérant qu'ils n'aient pas trop chauffé. Le glaçage commençait seulement à perdre un peu de sa superbe mais ils n'avaient pas trop souffert du voyage.

Dylan revint avec deux femmes qui saluèrent Raven avec de larges sourires. Elles les aidèrent à rentrer les gâteaux à l'intérieur. Ils durent réarranger tout le frigo pour réussir à trouver assez de place pour en mettre un.

- Je pense qu'on va servir le deuxième tout de suite ! rit l'une des femmes. En tout cas, Raven, ils sont magnifiques et s'ils sont aussi bons qu'ils sont beaux, les enfants vont se régaler !

- J'espère qu'ils vont aimer, répondit-il simplement avec un sourire.

Ils la suivirent dans la salle de jeu, là où tous les enfants étaient réunis.

- DYLAN ! crièrent-ils en voyant Dylan apparaître sur le seuil.

Il fut assailli par les enfants qui tirèrent sur ses manches, tous voulant un peu de son attention. Ils l'adoraient et, aux yeux de Raven, ça n'avait rien d'étonnant.

- Raven ?

Au son de la voix familière, Raven se retourna et un sourire vint étirer ses lèvres.

- Deuce ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici ? Je te croyais à l'université !

- J'y suis, crois-le ou non. Je viens donner un coup de main ici le week-end. Je n'aurais jamais cru te revoir, ça fait un choc. T'as sacrément changé.

- Et toi, pas du tout ! T'es toujours aussi petit !

Deuce lui envoya une tape sur le front alors qu'ils riaient tous les deux.

- Tu es venu avec Dylan ?

- Tu le connais aussi ?

- Quand j'ai commencé à venir ici l'année dernière, il y travaillait.

Raven hocha la tête en observant Dylan aider à distribuer le gâteau comme s'il avait fait ça cent fois. Il avait un sourire si doux et amusé qu'il toucha Raven en plein cœur. Plus il passait du temps avec Dylan, plus il s'attachait à chaque petit détail du président des élèves.

- Au vu du silence religieux, je crois qu'ils adorent ton gâteau, rigola Deuce en lui donnant un coup dans l'épaule.

- Les garçons, vous voulez une part ? leur proposa la gérante.

- Je ne raterai ça pour rien au monde ! Je suis sûr que tes gâteaux sont encore meilleurs qu'avant !

Deuce entraîna Raven avec lui en allant chercher une part. Raven mangeait rarement ses propres créations. Autant adorait-il les faire qu'il ne ressentait jamais l'envie de les manger. Il préférait largement regarder quelqu'un d'autre se régaler avec ce qu'il avait préparé. Il ne raffolait pas de la texture moelleuse et sucrée des gâteaux.

Deuce dévora sa part en quelques bouchées et aida à ramasser les assiettes des enfants qui avaient terminé. Raven s'installa à côté de Dylan qui observait les enfants faire un sort à leur morceau de gâteau tout en mangeant sa propre part.

- Ils adorent ton gâteau. Qui est très bon, d'ailleurs.

- Et ils t'adorent, toi, à ce que je vois. Je n'aurais pas cru que tu serais aussi doué avec les enfants.

Dylan haussa vaguement les épaules.

- J'aime bien les enfants. Ils sont épuisants mais ils ont une simplicité et un naturel qu'on ne trouve pas ailleurs. C'est rafraîchissant.

Il se tourna vers Raven.

- Je ne savais pas que tu connaissais Deuce.

- C'est le frère aîné d'un ancien camarade. On a beaucoup traîné ensemble jusqu'à ce qu'il parte à l'université. On a fait des tas de trucs complètement dingues avec lui. Il a l'air bien plus posé que le Deuce dont je me souviens. Il a l'air de s'être assagi avec l'université.

- Je l'ai toujours connu comme ça.

- Je l'ai connu du genre à faire la fête jusqu'à six heures du matin et ensuite aller en cours sans même dormir. À changer de partenaire tous les soirs. Sa liste de chasse est sans fin.

- Et tu n'es qu'un nom dessus, désolé, Rave, lança Deuce en passant derrière eux avec un sac poubelle.

Et il sortit de la pièce sans leur laisser le temps de réagir. Dylan avait l'air choqué.

- Vous avez... ?

- Oui. Deux fois, il me semble. Je me souviens de la première mais j'ai toujours eu un doute sur la deuxième tellement mes souvenirs sont flous et que ce chien galeux n'a jamais voulu me le confirmer.

- J'en apprends de belles, aujourd'hui, dis donc !

- Ça te choque tant que ça ? Il est beau gosse.

- C'était un de tes amis.

- Ça n'a jamais rendu les choses bizarres. C'est arrivé et on savait très bien que, en dehors de la chambre, ni lui ni moi n'avions envie d'être autre chose que des amis.

Deuce réapparut et s'installa derrière eux, assis en tailleur.

- C'est arrivé parce que tu me rendais dingue avec ton faux piercing à la lèvre et ton fichu jean moulant et parce que tu étais curieux. Je vois que tu n'as toujours pas renoncé aux jeans moulants, d'ailleurs.

- Pourquoi j'y renoncerais ? Tu es la preuve vivante que ça marche.

- C'est vrai, c'est vrai. De toute façon, tu as toujours su ce qui te mettait en valeur et comment jouer avec les hormones de tous les gens autour de toi.

- Je suis sexy, qu'est-ce que j'y peux ?

Il rit avec Deuce alors que Dylan les observait bizarrement. La gérante les rejoignit et s'accroupit à côté d'eux.

- C'est l'heure de l'histoire, dit-elle. Tu veux peut-être leur lire quelque chose, Dylan ?

- Avec plaisir, sourit-il.

Il se leva et la suivit pour aller choisir un livre dans la petite bibliothèque sous la fenêtre qui donnait sur la rue. Deuce et lui se levèrent et allèrent s'occuper des verres de jus d'orange qui seraient servis aux enfants après la lecture.

- On dirait que tu fais des émois, en Oregon, murmura Deuce.

- Comment ça ?

- Tu es ici, avec Dylan. J'ai tenté de le convaincre de venir boire un café avec moi pendant toute l'année où on a travaillé ici ensemble et j'ai jamais réussi. Pourtant tu sais comme je suis doué pour séduire quand j'ai ciblé quelqu'un. Mais Dylan ? Pas moyen. Ce fichu gamin m'a foutu râteau sur râteau. Et te voilà qui débarque comme une fleur avec lui. Et vu comment tu me regardes, tu ne me feras pas croire que vous êtes juste amis.

Sans le vouloir, Raven s'était mis à fixer Deuce avec une froideur évidente. Il détestait l'idée que son ami et ex ait pu tenter de séduire Dylan. Son seul soulagement était que Dylan était resté insensible à ses avances. Deuce était un séducteur né. Tout chez lui dégoulinait de sensualité et de tentation. Il était bien bâti avec des yeux bleu océan au milieu d'un visage taillé à la serpe. Il arborait perpétuellement une ombre de barbe sur les joues qui soulignait sa mâchoire et ses pommettes. Sa façon de bouger son corps musclé avait toujours cet effet de fruit défendu sur les gens alors qu'il n'y avait pas plus facile à faire céder que Deuce Riddle.

- Juste pour te rassurer, je suis casé et très heureux avec ma copine.

- Toi ? Une copine ?

- Ça va faire six mois, je te ferais savoir. Et je ne l'ai pas trompée une seule fois.

- La façon dont tu as maté mon cul devrait compter comme de la tromperie.

Deuce éclata de rire et se fit fustiger par une série de « chut ! » peu contents de la part des enfants. Raven se cacha derrière sa main pour rire alors que Deuce s'excusait platement et que Dylan reprenait sa lecture.

- Alors ? Je veux des détails. Comment tu as fait craquer Dylan ? Et comment, lui, t'a-t-il fait craquer ? Parce que je n'aurais pas cru que tu serais le genre à tomber pour quelqu'un comme lui.

- Je ne sais pas comment c'est arrivé, avoua Raven. C'est juste... arrivé. Mais il n'a aucun sentiment pour moi. On est juste amis.

- Tu es sûr de ça ?

- Vu qu'il m'a repoussé quand j'ai tenté de l'embrasser, je pense pouvoir en être sûr, répondit-il avec amertume.

Deuce se pencha sur lui, posant une main sur sa hanche, et murmura à son oreille :

- Vu comment il nous surveille depuis qu'il a commencé à lire, je pense que tu ne devrais pas être aussi sûr de toi.

Il se redressa avec un sourire languide et séducteur. Raven lui donna un coup dans l'épaule, le faisant rire.

Dylan termina sa lecture et tous les enfants se lèvent du tapis pour venir récupérer leur verre. Il aida Deuce à les distribuer.

- N'empêche, Rave, il faut vraiment qu'on renoue, toi et moi, lança Deuce avec un ton un peu trop suggestif.

- Tu veux renouer avec ce qu'il y a dans mon pantalon, pas avec moi, répliqua-t-il avec désintérêt.

- Cette partie-là aussi est intéressante.

- Et ta copine ?

- Ce qu'elle ignore ne lui fait pas de mal.

- Tu es incroyable.

Les derniers gobelets furent distribués et les trois garçons se mirent à l'écart, laissant les deux femmes gérer les enfants.

- C'est le moment pour moi de rentrer à la résidence, annonça Deuce. Donne-moi ton numéro. Maintenant que tu vis ici, il faut qu'on se revoit.

Raven céda et lui tendit son téléphone. Lui aussi avait envie de revoir Deuce. C'était un peu du Texas en Oregon, quelque part. La seule personne qui avait été présente durant toute la débâcle avec Stanford. Comme Sean, Tim et Ricky, Deuce l'avait soutenu et continuait de le faire en agissant comme si cette période n'avait jamais existé.

Deuce se fit un devoir de remettre le portable de Raven dans la poche arrière de son pantalon.

- Tu viens vraiment de me toucher les fesses alors qu'il y a des enfants à côté ? protesta-t-il.

- Ton pantalon attire mes mains, je n'y peux rien !

- Rentre chez toi et va retrouver ta copine.

- Je la vois pas ce soir. Tu veux rentrer avec moi ?

Raven roula des yeux en l'ignorant. L'attitude de Deuce changea et il sourit avec humour en passant un bras autour de Raven.

- Je suis content de voir que tu vas bien, Rave. Vraiment. J'espère vraiment que tu reviendras et que tu me donneras des nouvelles du Texas.

Cette fois, Raven répondit à son sourire avec chaleur.

- Volontiers.

- Allez, au revoir tout le monde ! Soyez sages, les enfants ! Surtout toi, Edward ! Je t'ai à l'œil, chenapan !

Tout le monde salua Deuce qui partit en faisant entrer un courant d'air froid dans la pièce.

Raven regarda autour de lui, réalisant combien l'endroit était réduit et peu adapté à l'activité qui s'y déroulait. Le sol carrelé était recouvert d'une variété de tapis pour enfants et d'un tapis mauve à l'entrée pour pouvoir essuyer ses pieds. Un comptoir prenait une partie de la pièce, inutile et encombrant. L'avantage majeur venait des larges fenêtres qui laissaient entrer toute la lumière de l'extérieur. L'un des murs porteurs était fissuré tout en haut, sous le plafond.

- Cet endroit n'est vraiment pas adapté, souffla-t-il à Dylan.

- C'est un ancien restaurant. Les propriétaires ont fait faillite et ils ont dû vendre l'endroit au plus vite. Farah a donné un prix qui leur convenait et la vente a été conclue. Elle pensait pouvait faire des travaux mais l'association a à peine assez de subventions pour réussir à payer les goûters des enfants. La plupart de ce que tu vois, ce sont des dons. La cuisine ne fonctionne pas si ce n'est pour le four et le frigo. Les toilettes frôlent l'insalubrité. Une psychologue vient de temps en temps pour discuter avec les enfants mais elle est bénévole alors elle prend sur son temps libre et elle n'en a pas beaucoup puisqu'elle a son cabinet et qu'elle donne des cours à l'université.

- Il doit bien avoir quelque chose à faire pour obtenir de l'argent.

- On a cherché. En vain. Toutes les demandes qu'a pu envoyer Bella ont été refusées. Personne ne s'intéresse à une petite association de province, même si elle concerne des enfants.

Raven soupira, le cerveau tournant à mille à l'heure. Il devait bien y avoir une solution. Il y avait toujours une solution, il suffisait de la trouver.

Ils partirent alors que des familles venaient récupérer les enfants. Raven démarra après que Dylan eut remis le GPS en route.

- On dirait que Deuce a envie de recommencer à te... fréquenter, dit Dylan

- Deuce a toujours eu une sorte de fétiche pour moi, admit Raven. Il a voulu plusieurs fois qu'on remette le couvert mais j'ai refusé. Comme il l'a dit, j'étais curieux. Une fois qu'on a eu couché ensemble, je n'ai plus eu envie de recommencer. Pas avec lui, en tout cas.

- C'était ton premier... ?

- Non. Mais il se considère comme tel puisque, la première fois, j'étais si beurré que je ne m'en souviens pas.

- Vous avez une sacrée histoire, tous les deux.

- Pas vraiment.

Raven sourit face à l'air dubitatif de Dylan.

- Je suis sérieux, insista-t-il. Il n'y a rien entre moi et Deuce et il n'y a jamais rien eu. Il a peut-être eu le béguin pour moi mais ça m'étonnerait. Deuce s'attache et se détache encore plus vite. Quoi que, si ce qu'il m'a dit est vrai, il a peut-être enfin trouvé la bonne.

- Il a une copine ?

- D'après ce qu'il m'a dit. Je le croirai quand je le verrais.

- J'ai l'impression qu'on ne connaît pas la même personne. Deuce ne m'a jamais paru être ce genre de personne, à passer de lit en lit.

- Et pourtant ! Je peux te dire qu'il en a fait, des lits. S'il n'en visitait pas un nouveau toutes les semaines, c'est un miracle. Il a toujours été un séducteur invétéré. Il peut séduire n'importe qui.

- Il a essayé avec moi.

Raven tourna la tête vers lui, sentant son estomac se nouer. Deuce lui avait dit que Dylan n'avait jamais réagi à ses avances. Néanmoins, il était possible que Dylan ait ressenti quelque chose pour lui et ait tenté de se faire désirer. Il était très doué pour ça, après tout. La photo de Dylan devrait apparaître à côté de la définition de « se faire désirer ».

- Il me l'a dit. Il m'a dit aussi que tu as toujours refusé.

Dylan hocha la tête.

- Je crois que tu es la seule personne à jamais avoir réussi à résister à Deuce.

- Il ne m'a jamais attiré. Il est gentil mais c'est tout. Et puis... C'est le premier qui a clairement montré ses intentions envers moi. Jusque là, aucun garçon n'avait jamais rien tenté. Avant toi, je crois que c'est le seul qui ait osé flirter avec moi avec aisance, comme si c'était normal.

- J'ai cru remarquer que tout le monde semble un peu... coincé, là-dessus, ici.

- Ce n'est pas tant ça. C'est surtout que ce n'est pas courant. Je ne sais pas comme c'est, au Texas, mais les gens ici ne sont pas très ouverts. Ils aiment leur normalité et détestent le changement. Ils ne disent rien en voyant deux garçons ou deux filles ensemble mais ils désapprouvent.

- Au Texas, en tout cas là où je vivais, les mentalités ne sont pas très ouvertes. Encore pire qu'ici. C'est en partie pour ça que tout le monde disait que je finirai mal. Je n'ai jamais commis de crimes, je n'ai jamais volé ou autre. Mais je ne me suis jamais caché d'avoir été avec d'autres garçons, comme mes amis et ça, c'était un gros tort.

- Et ça ne t'a pas influencé ?

Raven secoua la tête.

- Pourquoi ça l'aurait fait ? Je me moque de ce que les gens pensent. J'ai entendu toutes les insultes que l'on peut jeter à quelqu'un. Certaines sont très crues. Ça ne m'a jamais touché.

- Pourquoi ?

- Parce que je ne pense pas que l'on doive apposer un label sur la sexualité ou sur l'amour. Ce n'est pas des choses que l'on peut caser dans des boîtes avec un joli sticker. Tout le monde est différent, tout en nuances. Tout le monde aime quelque chose de différent dans tous les domaines. Personne n'aime une chose pour la même raison. Et pour l'amour et le sexe, je pense que c'est pareil. À mes yeux, les labels d'âge, de race, de genre... Ça me passe au-dessus de la tête. Si quelqu'un me plaît, je tente ma chance. Ça marche ou ça ne marche pas. Ce qu'il s'est passé avec Stanford ne m'a rendu que plus imperméable au regard des gens sur moi. Quoi qu'on fasse, on sera toujours jugé. Tu peux être la meilleure personne au monde, un vrai philanthrope, il y a aura toujours quelqu'un pour te cracher dessus.

Dylan demeura longuement silencieux. Raven lui jeta un regard lorsqu'ils furent arrêtés à un feu rouge.

- Tu es étrangement silencieux.

- C'est que tu me choques énormément aujourd'hui. Je ne sais même pas comment répondre à ce que tu viens de dire. Tu as raison. Sur tout ce que tu as dit. J'ai grandi avec des parents qui se sont toujours moqués de ces choses là. Ils ont toujours été partisans de la liberté dans tous les domaines.

- J'ai cru remarquer ça avec ta mère. Elle est géniale.

- C'est vrai qu'elle l'est. Et elle t'adore. D'ailleurs, tu peux rester dîner à la maison, si tu veux.

- Ça va aller, je vais ramener sa voiture à Steven et aller coucher. Je suis mort.

- Tu veux que je prenne le volant ?

- On est bientôt arrivés chez toi, ça va aller.

À peine un quart d'heure plus tard, Dylan sortait de la voiture avec un vague signe de la main. Raven attendit qu'il soit rentré pour redémarrer. Il avait hâte d'aller se coucher. Ses yeux commençaient à se fermer tous seuls.

Il engagea la voiture dans l'allée du garage devant chez Steven et sortit. Le père de son ami lui ouvrit et l'invita à monter dans la chambre de Steven. Raven trottina à l'étage et trouva rapidement la bonne porte. Elle était entrouverte et laissait entrapercevoir des posters de groupes familiers. Au vu de la playlist de Steven, Raven se doutait que c'était sa chambre.

- Hey. Je te ramène ta voiture sans une égratignure.

Steven, assis à son bureau, réceptionna les clés avec un hochement de tête. Raven s'approcha et regarda par-dessus son épaule.

- Tu écris de la musique ? demanda-t-il en attrapant des partitions.

- Oui.

- Ça a l'air génial. Tu joues ?

- Non. Je ne supporte pas les sons forts.

Raven se tourna vers lui, surpris.

- Tu écris une musique qui a l'air canon et tu ne pourras jamais l'entendre ?

- C'est en effet ce que je laissais entendre.

- Comment c'est possible ?

Steven retourna à ses partitions sans répondre tout de suite.

- C'est arrivé, c'est tout. Je souffre d'attaques de panique lorsque le volume dépasse un certain nombre de décibels.

- Vu les posters sur tes murs, je ne pense pas que ça ait toujours été comme ça. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Je ne sais pas. C'est arrivé du jour au lendemain. Je suppose qu'une phobie s'est développée lorsque j'ai grandi.

Raven s'assit sur le lit, recevant un regard de Steven.

- Je ne pense pas que ça soit ça. Je pense que tu fais un blocage.

- Un blocage ?

- Oui. Je pense que les sons forts déclenchent en toi de mauvais souvenirs ou un traumatisme dont tu n'as pas conscience. Je ne suis pas aussi doué que toi en psychologie mais je pense que ce n'est pas insurmontable avec un peu de travail. Il faut juste que tu trouves ce qui te bloque et que tu lui règles son compte.

Steven le fixa avec cet air vide et calme qui le caractérisait. Il parut considérer ce que venait de lui raconter Raven.

- Par contre, je suis claqué donc je vais rentrer. Tu sais où j'habite, au pire. Tu passes quand tu veux.

Il salua Steven sans même chercher à attendre une réponse et partit se jeter dans son lit pour s'endormir dans les secondes qui suivirent.

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NdlA : Il est chargé, ce chapitre ! Vous devez en avoir, des choses à dire !

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