Chapitre 24 : Dylan

NdlA : Oui, pour une fois, la note de l'auteur est tout en haut parce qu'elle a une petite recommendation avant de vous laisser lire. Disons que, pour maximiser l'expérience horrible que vous allez vivre en lisant ce chapitre, si vous voulez vraiment être dans l'esprit, être en condition, écoutez la chanson tout en lisant. Je l'ai écoutée en écrivant et j'ai pleuré comme une Madeleine donc prévoyez vos mouchoirs !

Je vous laisse lire, on se retrouve en bas !

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Lorsque Dylan redescendit, Raven était dans la cuisine, le visage propre, en train de décorer l'un des autres gâteaux qu'il avait préparé. Il ne leva pas les yeux vers lui et Dylan se contenta de reprendre sa place sur son tabouret et l'observer travailler.

La fatigue était lisible sur les traits de Raven. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'il enfonçait les flocons de neige en pâte à sucre dans le gâteau. Il rajouta quelques détails avec un nouveau glaçage qu'il venait probablement de refaire puisqu'ils avaient tout gaspillé.

La vitesse d'exécution de Raven l'impressionnait. Jamais il n'en aurait été capable. De même, Dylan ne put que remarquer qu'il avait réussi à redonner de l'allure au glaçage raté des deux cupcakes que Dylan avait essayé de décorer.

Raven termina son gâteau et alla le mettre dans le frigo, à côté du précédent. Dylan n'avait pas posé la question mais se doutait que ce frigo en particulier était réservé aux pâtisseries que pouvait préparer Raven. Il n'y avait rien d'autre à l'intérieur.

- Tu devrais aller dormir un peu, dit-il lorsqu'il vit Raven tendre les mains vers les gâteaux restants.

- Ça va, répondit simplement le texan en se remettant au travail.

Dylan ne put plus nier le changement d'atmosphère entre eux. Raven lui paraissait distant, se cachant sous le couvert de la concentration pour ne pas avoir à lui parler. Était-ce à cause de ce qu'il s'était passé dans le salon ? Il avait bien vu que Raven était prêt à l'embrasser et il se sentait encore mal à l'aise à cette idée. Peut-être cela ne dérangeait-il pas son ami de pousser l'amusement à ce point mais ce n'était pas le cas de Dylan. Oui, il était curieux. Mais pas à ce point.

Il ne lui restait plus qu'à espérer que leur amitié demeure intacte malgré ce dérapage.

Il regarda Raven décorer ses deux derniers gâteaux puis faire la vaisselle sans dire un mot, comme s'il avait oublié que Dylan était là.

- Tu veux manger quoi ?

La voix de Raven le fit tressaillir. Il n'avait pas réalisé que son hôte s'était tourné vers lui et le regardait depuis un moment.

- Tu n'as pas à faire à manger. Tu en déjà fait bien assez. On peut commander quelque chose.

- Je peux te préparer quelque chose en cinq minutes, tu sais.

- Je n'en doute pas. Mais ce n'est pas la question.

Dylan sortit son téléphone.

- Japonais ?

- Très peu pour moi. J'ai une sainte horreur du poisson.

- Pizza ?

Raven secoua la tête.

- Mexicain ?

- Ça se rapproche déjà plus de ce que je préférerais.

- Va pour mexicain alors.

Dylan passa la commande pendant que Raven partait se nettoyer et se changer. Il espérait que son ami lui reviendrait plus calme et normal. Il ne tenait vraiment pas à ce que l'ambiance reste aussi étrange et distante.

Le livreur frappa à la porte au moment où Raven redescendait. Ils se croisèrent au bas des escaliers et le texan passa devant lui pour aller récupérer leur commande, laissant un parfum de savon dans son sillage. Il revint vers Dylan avec un sourire.

- Allons manger ! Je meurs de faim !

Dylan sourit en le suivant dans le salon. Raven semblait être redevenu lui-même. Ils déjeunèrent devant la télé en discutant calmement. Repensant aux gâteaux dans le frigo, Dylan ne put s'empêcher de ramener le sujet dans la conversation.

Il jeta un regard vers Raven qui avait la tête renversée en arrière sur le dossier du canapé, les yeux fermés.

- Tu vas faire quoi de tes gâteaux ?

- Tu pourras prendre la tarte aux pommes. Tu as l'air de l'avoir adorée. Je garde mon red velvet, une partie, en tout cas. Pour le reste, j'en sais rien.

- Si tu veux, j'ai travaillé dans une association pour mes heures de volontariat.

Raven tourna la tête vers Dylan, ouvrant à peine les yeux.

- Pourquoi ça ne me surprend pas ?

Dylan haussa les épaules.

- C'est quel genre d'association ?

- Pour les enfants victimes d'abus. Que ce soit des violences familiales, des viols...Ils sont tous là-bas. Ça les rendrait vraiment heureux d'avoir du gâteau.

Raven reprit sa position initiale sans répondre tout de suite. Dylan patienta, sentant qu'il y avait plus en jeu que simplement ce qu'il ferait de ses gâteaux.

- Faisons ça. Mais il nous faut une voiture.

- On peut demander à Steven d'emprunter la sienne. Il ne refusera pas.

- Je suppose qu'on peut faire ça.

- Tu devrais dormir un peu avant qu'on prenne la route. Tu es épuisé.

Mais Raven s'était déjà assoupi. Dylan le laissa dormir, continuant de regarder la télé. Comme durant la nuit, il eut un sommeil agité. Il ne pleura pas mais il se tourna et se retourna, laissant échapper des gémissements légers. Il semblait vraiment agité et mal dormir. Pas étonnant qu'il dorme si peu s'il était incapable de s'apaiser à part lorsqu'il était dans la cuisine.

Raven se réveilla deux heures plus tard. Il ouvrit les yeux, regardant autour de lui sans rien dire. Et puis, il se leva, s'étira et se tourna vers Dylan, déjà bien réveillé et énergique. Cinq secondes plutôt, il était endormi et là, c'était comme s'il avait bu un litre de café.

- Tu es toujours partant ?

- Bien sûr.

- Alors allons embêter Steven !

Dylan le suivit jusque chez leur ami qui leur céda ses clés à la seule condition qu'ils lui ramènent sa voiture en l'état. Raven empocha les clés et gagna le garage.

- Woah ! lâcha-t-il. Ça, c'est de la voiture.

Dylan les observa pendant qu'ils parlaient de mécanique, un sujet auquel il ne connaissait rien. Il ne comprit pas un mot de ce qu'ils se racontèrent.

- Désolé de vous interrompre, les mécanos, mais on ferait mieux de prendre la route si on ne veut pas rentrer trop tard.

- C'est pas grave, j'habite pas loin, sourit Raven.

- Pas de soucis, approuva Steven. À tout à l'heure.

Il retourna dans la maison, laissant Raven prendre le volant pour les conduire jusque devant chez lui. Ils chargèrent les gâteaux dans le coffre en espérant qu'il n'y ait pas d'accident. Raven donna son téléphone à Dylan pour qu'il mette l'adresse dans le GPS. Son fond d'écran était une photo de lui pris en sandwich par deux autres garçons, leurs bras entremêlés dans le dos, riant face à la caméra.

- Tes amis du Texas ?

- Dans le mille.

Dylan mit le GPS en route et posa le téléphone dans la niche du tableau de bord. Raven conduisait avec aisance, une main lâche posée sur le volant, l'autre appuyée sur sa cuisse.

- Voyons voir quel genre de musique écoute Steven, chantonna-t-il en mettant en route l'autoradio.

Le volume était au minimum, perçant à peine au-dessus du bruit du moteur. Raven monta le son, faisant vibrer les enceintes dans les portières sans pour autant que ça devienne assourdissant. Il avait un minimum de respect pour Dylan. Une chanson au rythme familier résonna dans l'habitacle mais quelque chose était différent et empêchait Dylan de la reconnaître. Il regarda l'autoradio afficher le titre. Tout de suite, ce fut plus clair. C'était un groupe qui interprétait une chanson pop qu'il devait avoir entendue mille fois sans avoir eu la moindre idée du nom de l'interprète ou du titre.

À côté de lui, Raven tapait sur le volant et chantonnait les paroles en secouant la tête, immergé dans la musique. Évidemment que ça lui plaisait, c'était tout à fait le genre de musique qu'il écoutait.

- Il faut que je demande cette musique à Steven, lâcha-t-il à la fin de la chanson. Vraiment. Je déteste la version originale mais cette cover est géniale.

- Encore un point en commun que vous avez : vous écoutez le même genre de musique.

- Ce n'est pas vraiment le même genre, objecta doucement Raven. Ça, c'est du post-hardcore et ce que j'écoute, c'est du punk. Ce sont deux genres différents. Mais je te pardonne, tu n'y connais rien.

- J'écoute très peu de musique à part celle qui passe à la radio. Et je préfère des chansons plus calmes que celles qui hurlent tout le temps.

- Tu t'arrêtes au son, comme la plupart des gens. Ce qu'il faut voir, c'est toute l'émotion que ces cris portent en eux. Tous ces genres sont beaucoup plus puissants et dramatiques et abordent des sujets que tu ne verras pas dans les chansons qui passent à la radio.

- Comme celle que tu as passé en littérature ?

- Je te ferais savoir que tout leur album est basé sur des œuvres littéraires. Je doute que Jay-Z ou Rihanna ou je ne sais qui qui passe à la radio puissent faire ça.

Il marquait un point et le savait. Dylan n'avait même pas besoin de confirmer.

- Tu y as passé beaucoup de temps, dans cette association ? demanda soudain Raven, le regard fixé sur le trafic de l'autoroute, les mains battant le volant au rythme de la musique pendant qu'il slalomait entre les autres véhicules avec aisance.

- Un an. J'y ai fait beaucoup plus d'heures que je n'étais obligé d'en faire. À ce temps-là, elle était toute petite et avait besoin de personnel alors j'ai continué à y aller en dehors de mon volontariat obligatoire. J'ai dû arrêter fin novembre de l'année dernière.

- Ton père.

Ce n'était pas une question.

- Oui. Quand il nous a annoncé qu'il était malade, tout notre rythme a changé à la maison et j'ai été obligé de cesser d'aller à l'association et je n'y suis pas retourné depuis. Ça va me faire bizarre.

- Je veux bien le croire.

- À quel genre d'association tu allais, dans le Texas ?

- Une association pour les victimes de violences sexuelles.

Dylan tourna brutalement la tête vers lui, surpris. Il ne s'était pas attendu à ça. Il aurait plutôt attendu quelque chose comme les alcooliques anonymes ou même une association pour les drogués. Quelque chose qui correspondait plus à la personnalité débridée de Raven.

- Pourquoi ?

- À cause de Maria.

- Maria ?

Les doigts de Raven s'enroulèrent autour du volant jusqu'à devenir blancs. Dylan baissa le volume de la radio, sentant que la musique de Steven ne l'aidait pas à parler.

- Je t'ai menti, finit par dire Raven. Quand je t'ai dit que je n'avais pas de frère. C'était un mensonge.

- C'est rien, le rassura Dylan.

- Je n'ai pas dit ça pour rien, j'ai une bonne raison. Stanford...

Il déglutit difficilement, paraissant rassembler tout son courage.

- Stanford est un tueur en série.

Le silence qui suivit ne laissa pas le temps à Dylan de diriger la révélation que Raven venait de lâcher comme une bombe. Raven reprit presque aussitôt, le débit plus rapide, plus haché.

- Il a étranglé trois filles et les a violées. Et il a violé Maria mais elle s'est défendue et il a été arrêté.

Dylan ne savait pas quoi dire face à l'avalanche d'informations qui lui tombait dessus. Jamais il n'aurait cru que Raven gardait un tel secret en lui.

- C-Comment c'est arrivé ? bégaya Dylan.

- Stanford est né un ans après moi. Il a toujours été l'enfant chéri de nos parents. Ils ne me voulaient pas et ils ne s'en sont jamais caché. Dès que je suis né, ils m'ont abandonné dans les bras de Nina, la baby-sitter que j'ai eu jusqu'à six ans. Ils ne se sont jamais occupé de moi. C'est pour ça qu'ils m'ont appelé Raven. J'étais l'oiseau de mauvaise augure pour eux. Ils venaient de monter leur entreprise et un bébé n'était vraiment pas dans leurs plans. Alors ils m'ont laissé dans les bras de Nina.

- Celle qui t'a appris à faire des gâteaux.

- Exact.

Il y eut un silence pendant lequel Raven reprit un peu de sa contenance, n'osant pas jeter le moindre coup d'œil vers Dylan.

- Quand j'ai eu un an, j'ai entendu mes parents se réjouir d'avoir un enfant. Ils le voulaient, celui-là. Ils l'ont appelé Stanford en espérant qu'il intégrerait cette université un jour. Ils l'ont choyé et adoré comme si c'était un dieu. Jusqu'à mes six ans, je n'ai pas eu le droit d'être en contact avec mon petit frère. Mes parents ont renvoyé Nina quand ils se sont rendus compte qu'elle me traitait comme si j'étais son fils. Elle n'avait que dix-sept ans mais elle m'adorait.

- Je suis sûr que tu étais déjà un Don Juan à six ans.

Le coin des lèvres de Raven se souleva une fraction de seconde avant de retomber.

- J'ai toujours haï mon frère. Il était tout ce que mes parents voulaient. Il était gentil et intelligent et mignon à croquer... Et moi, j'étais le vilain petit canard dont ils ne parlaient jamais. Mais les résultats de Stanford ont commencé à dégringoler et ils s'en sont inquiété. Ils lui ont fait passer des tests et ils ont appris que mon petit frère était un génie. Il avait un QI trop élevé pour pouvoir suivre les cours normaux et ils ont dû le changer d'école. Ils étaient si heureux que, pour une fois, ils m'ont emmené en vacances avec eux pour fêter la nouvelle. Je n'avais jamais été en vacances, avant. C'est la photo qu'il y avait dans le salon.

Dylan ne dit rien, attendant qu'il continue.

- Après ça, mes parents ont commencé à nous délaisser à nouveau. Ils ne faisaient que travailler et je devais m'occuper de Stanford. Je le haïssais mais je m'obligeais à lui faire à manger, à le surveiller. Mon frère avait beau être un génie en classe, les choses communes étaient compliquées pour lui. On se bagarrait tout le temps. Je lui ai mis des raclées monumentales. Mais dès le lendemain, la routine reprenait comme s'il ne s'était rien passé. On survivait comme ça. On n'avait pas le choix.

Il posa sa main sur celle de Raven, la pressant doucement. Le texan serra sa main, entremêlant leurs doigts, s'y agrippant comme à une bouée.

- Je l'ai pas vu changer. Je me suis rendu compte de rien. Pas un seul moment j'ai pensé que mon petit frère avait violé et tué une fille en rentrant de l'école. Quand les avis de disparitions ont commencé à fleurir, j'ai jamais pensé à mon frère. Le mois suivant, une autre fille disparaissait. C'est avec la troisième que mon frère a fait une erreur. Il avait jeté les corps de Victoria et Becky dans un étang qui longeait le parc où les jeunes de son école traînaient souvent. Mais celui de Sam, il l'avait caché dans les buissons. Les flics ont supposé qu'il a été dérangé et qu'il a bâclé le travail. Du coup, ils ont retrouvé son corps et ils ont fouillé l'étang à la recherche des deux autres filles. Ils les ont retrouvées. Maintenant, tout le monde cherchait un tueur en série. Tu imagines la paranoïa qui régnait en ville.

- Plutôt, oui. Ça a dû être difficile.

- J'avais quatorze ans et j'étais un mec, je m'en fichais. Je ne me sentais pas en danger. Tout ce qui me préoccupait, c'était mes copains, les conneries qu'on ferait et qui on draguerait. Les meurtres de ces filles me passaient totalement au-dessus de la tête. Jusqu'à Maria.

Raven sortit de l'autoroute et ralentit, passant ses vitesses sans lâcher la main de Dylan. Il s'y accrochait avec force, pas assez toutefois pour lui faire mal.

- J'ai commencé à draguer Maria. Pour un petit génie, elle était mignonne. En plus, elle était drôle. Elle s'est intégrée à ma bande et on est devenus potes. Je crois que c'est ce qui a provoqué Stanford. Il a mis deux semaines avant de s'attaquer à elle. Mais Maria traînait avec nous, c'était notre amie alors, forcément, on lui avait donné quelques tuyaux pour se défendre au cas où. On ne voulait pas qu'elle soit une nouvelle victime de ce tueur. Et ça lui a sauvé la vie même s'il a réussi à la violer.

Il se tut le temps de traverser un croisement, seul le bruit du clignotant résonnant dans l'habitacle.

- Le soir même, les flics venaient frapper à la porte pour annoncer à mes parents qu'ils avaient arrêté Stanford pour viol. Je me souviens encore de ce qu'ils ont répondu. J'étais dans l'escalier, curieux de savoir ce qu'il se passait. J'avais vu les gyrophares alors je voulais savoir pourquoi les flics étaient chez nous. Tu sais ce que mes parents ont répondu aux flics ?

- Non ?

- « Stanford ? Vous êtes sûrs que c'est Stanford Herron ? Ce n'est pas Raven Herron ? »

- Quoi ?!

Dylan était horrifié. Toute cette histoire ressemblait à un mauvais polar où les parents étaient rendus exagérément horribles dans le seul but d'expliquer les raisons du meurtrier de tuer. Mais c'était la vie de Raven, son passé, son présent. C'était ce qui le hantait. La plus pure et entière des vérités.

- Tout le monde s'accordait à dire que je finirais mal, que j'étais de la mauvaise graine, que mes parents avaient de la chance d'avoir un fils comme Stanford pour se consoler. Ils disaient tous que je finirais en prison avant ma majorité. Quand Stanford a avoué le viol et a aussi avoué les meurtres, l'onde de choc a été terrible. Mes parents et moi étions pointés du doigt par toute la ville. Ils m'ont blâmé pour ce qu'était devenu leur fils chéri. C'est à ce moment-là que mon père a commencé à me frapper. Pour me punir parce que je n'ai pas empêché Stanford de devenir un meurtrier.

- Tu ne pouvais rien faire. Ce n'est pas de ta faute.

- Je sais que j'ai ma part de responsabilité. Je ne suis pas le seul à blâmer mais j'ai joué un rôle dans la psychose de Stanford. Je ne pense pas que je serais capable de faire les choses différemment avec lui même si j'en avais l'occasion. Je le haïrai toute ma vie, c'est comme ça.

Raven relâcha la main de Dylan à un feu rouge et appuya sa tête contre l'appui-tête et ferma brièvement les yeux.

- Les mois qui ont suivi ont été durs. J'ai arrêté d'aller au lycée, pour dire. Seuls mes amis sont restés à mes côtés et m'ont soutenu. Même au procès, ils étaient là, avec moi. J'ai revu Maria ce jour-là. J'avais voulu aller la voir à l'hôpital mais sa mère m'a frappé et chassé le plus loin possible de sa fille comme si c'était moi qui l'avait agressée. Maria ne m'en a jamais voulu même si on sait tous les deux que Stanford ne s'en serait pas pris à elle si je ne l'avais pas draguée et faite entrer dans mon groupe d'amis. Son thérapeute l'a fait intégrer cette association pour femmes victimes de violences sexuelles. C'est elle qui m'a donné l'idée d'amener mes gâteaux là-bas. Avec tout ce qu'il se passait, je buvais comme un trou et je passais mon temps dans la cuisine à faire et refaire toutes les recettes de gâteaux que je connaissais. Là-bas, elle pouvait me téléphoner sans que ses parents ne la surveille et elle voulait un de mes gâteaux. Avec l'aide de toute ma bande et de la grande sœur de Sean, j'ai amené tout ce que j'avais préparé à l'association. Si je me souviens bien, il y avait neuf gâteaux et une vingtaine de cupcakes. Je ne me souviens même pas comment on a réussi à tout mettre dans la voiture.

- Déjà à ce temps-là tu ne faisais pas les choses à moitié !

- C'était ma thérapie, à moi. Je n'ai pas eu droit à un psy pour gérer le traumatisme alors j'ai dû me débrouiller tout seul. Toutes les semaines, Emmy passait à la maison pour que je puisse amener mes créations à l'association et laisser toutes ces filles se goinfrer. Je peux te dire qu'elles m'adoraient.

- Y a-t-il seulement une fille qui ne t'adore pas, monsieur le tombeur ?

- Jillian. Elle me déteste.

Dylan ne put s'empêcher de rire.

- C'est vrai qu'elle te déteste.

Raven demeura silencieux.

- Il y a encore la peine de mort, au Texas ? osa doucement Dylan.

- Oui mais comme mon frère est mineur, il ne l'a pas reçue. Il a été jugé comme un adulte mais il a eu de la perpétuité sans possibilité de parole. Il va rester enfermé dans cette prison jusqu'à ce qu'il meure. Ou, si son appel réussit, jusqu'à ses vieux jours. Le maximum qu'il peut espérer obtenir, c'est quelques années en moins et une possibilité de sortie sous bonne conduite. Mais il ne l'obtiendra sûrement pas. Il avait peut-être treize ans mais ce n'est pas un crime qu'un juge pourra pardonner. Par contre, si son appel rate... Il risque la peine de mort, mineur ou non. Je ne suis pas sûr que ça soit vrai parce que je ne connais pas grand-chose en droit mais je sais que ça ferait du bien à beaucoup de monde si ça arrivait.

- À toi aussi ?

- J'en sais rien. Avant, je t'aurais dit oui sans hésiter. Maintenant... Je ne sais plus. Je crois que je veux juste oublier qu'il fait partie de ma famille. Je veux vivre comme s'il n'avait jamais existé et reprendre à zéro ici, où personne ne sait que j'ai un tueur dans ma famille.

- Alors fais ça. Vis ta vie. De la façon dont je le vois, tu n'as rien à te reprocher. Sur aucun plan. Ni sur celui de l'attitude de ton frère ni envers Maria. Quand tu t'es intéressé à elle, tu ne pouvais pas savoir ce qui arriverait. Tu lui as même appris à se défendre et c'est ce qui l'a sauvée. Quant à ton frère, il est malade, Raven. Je ne suis pas aussi doué que Steven en psychologie mais je suis certain que même lui te dirait que ce que ton frère a fait est la conséquence d'un problème bien plus profond que ta haine envers lui.

- Tu crois ?

- J'en suis sûr. Tu es quelqu'un de bien, Raven Herron. Crois-moi quand je le dis. Tu n'as rien à te reprocher. Et tout le Texas s'est trompé sur toi. S'il y a quelqu'un qu'ils devraient respecter, c'est toi parce que, en dépit de tout ce que la vie t'a envoyé comme horreurs, tu es resté quelqu'un de bien et d'admirable.

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NdlA : Alors ? Ca y est ? Vous me détestez ?

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