Chapitre 22 : Dylan

Il s'en voulait vraiment. Il avait été en colère contre Raven de façon presque irrationnelle. L'attitude du texan le frustrait. Il était assez intelligent pour trouver une faille dans les consignes mais il agissait comme un crétin, préférant se jouer du professeur et amuser ses camarades plutôt que de mettre cette intelligence à profit.

Dylan ne comprenait pas pourquoi Raven s'entêtait à échouer. Il pouvait facilement être parmi les meilleurs s'il cessait de jouer à l'idiot, au cancre. S'il y avait une chose que Dylan avait compris, c'était que Raven le faisait exprès. Il connaissait les réponses, pouvait parfaitement faire ses devoirs avec un minimum d'efforts et pourtant, il refusait de le faire. Il déviait les choses en utilisant l'humour ou la provocation.

Le voir passer cette vidéo avec son petit sourire satisfait l'avait mis en rage. Déjà parce que ça avait été ingénieux de sa part ensuite parce qu'il aurait pu inventer quelque chose autour de cette vidéo plutôt que de se contenter de ça.

Bon, il y avait aussi le fait qu'il avait dû passer cinq heures avec Mike sur un projet qui ne devait pas faire plus de dix minutes tout ça parce que son partenaire tentait de le draguer.

Il avait des remords face à ce qu'il s'était passé. Sa frustration l'avait amené à s'en prendre à Raven, à créer une fissure entre eux. Et il ne savait pas comment régler les choses. Raven l'évitait ou lui lançait des regards si blessés que Dylan ne pouvait que détourner le regard et fuir sans réussir à lui adresser la parole.

Le vendredi arriva sans qu'il soit parvenu à obtenir de Raven un seul instant pour s'expliquer. Il regarda à sa gauche et soupira. Raven allait sécher leur cours de psychologie, il le sentait. Jamais encore n'avait-il autant manqué les cours depuis qu'il était arrivé à North East High.

Tout le monde attendait de Dylan qu'il sévisse. C'était ce qu'il était censé faire. Mais le pouvait-il ? C'était un peu de sa faute si Raven séchait autant. Bien que ça ne soit pas réellement une excuse qu'il pouvait utiliser pour pardonner l'attitude de son ami. Et puis, s'il punissait Raven, peut-être cela leur serait-il bénéfique. Ils auraient l'occasion de parler, seul à seul, et de mettre les choses à plat. Si Raven acceptait de lui parler.

Il baissa les yeux vers son portable. Son frère lui avait envoyé un message.

De Darren :

PARLE LUI OU J ARRACHE TOUS TES LIVRES !!!!!!!

À Darren :

J'arrache*

Il pouvait imaginer son frère en train de l'insulter. Il releva la tête en entendant la chaise à côté de lui être tirée. Il sut aussitôt que c'était Raven à la façon qu'il eut de jeter son sac. Il l'observa faire, encore surpris de le voir là.

- Un problème, Altesse ? l'apostropha-t-il soudain, sans sourire séducteur, le regard froid.

- Au contraire, répondit Dylan, ne sachant pas comment gérer ce nouveau Raven.

- Alors arrête de me fixer. Pour peu, j'en viendrais à croire que je t'ai manqué.

- Cela serait-il une telle surprise ?

Il faillit sourire en voyant la surprise sur le visage du texan. Raven ne s'était pas attendu à ça. Ce n'était même pas comme si c'était faux. Il s'était habitué à ce que Raven apparaisse n'importe quand, à ce qu'il vienne le taquiner, le provoquer. Cette dispute l'avait fait réaliser que le texan était devenu l'un des éléments de son univers, comme Darren ou Harmon ou Steven. Il faisait partie de sa bande. Il n'avait pas envie de détruire une amitié pareille. Surtout pas avec tout ce qu'il traversait et que Dylan était le seul à savoir.

- Oui, ça serait franchement surprenant.

Dylan haussa les épaules et retourna son attention sur son téléphone. Il sentit le regard de Raven s'attarder sur lui quelques instants avant qu'il ne s'étale sur sa table et ne ferme les yeux, un écouteur dans l'oreille, l'autre pendant lâchement contre son bras. Il avait le son si fort que Dylan pouvait presque tout entendre de la chanson qu'il écoutait. Comment faisait-il pour ne pas devenir sourd avec le volume poussé au maximum ?

Dylan tressaillit lorsque Mademoiselle McGee vint se planter face à la table de Raven et lui arracha son écouteur. Il redressa la tête et lui décocha son sourire le plus adorable. Dylan haussa un sourcil. Il s'était toujours persuadé que ces histoires de Raven flirtant avec ses professeurs était une rumeur. Visiblement, il avait tort.

- Mon cours n'est pas un dortoir, monsieur Herron.

- Je sais bien, miss.

- Alors pourquoi dormiez-vous sur votre table ?

- Vous avez une voix si douce qu'elle me berce et que je ne peux résister. J'ai vraiment tenté de rester éveillé, ajouta-t-il en désignant ses écouteurs.

- Cette attitude ne vous sortira pas d'affaires, Raven. Faites-nous écouter cette chanson qui hurle dans vos écouteurs et faites-nous une analyse psychologique des paroles. Allez, debout. Au tableau, Raven.

Raven se leva avec son téléphone et Dylan secoua la tête. Ça allait être un massacre.

- Il va encore nous pourrir les oreilles avec sa musique, pesta un élève au fond de la classe.

- On s'en fout, il va encore se sortir d'affaires en cinq minutes. Ou Dylan va encore le défendre, répliqua un autre.

- Je comprends pas ce qu'il lui trouve, sérieux.

- Tu lui as demandé s'ils sortaient vraiment ensemble ?

- Évidemment ! Il a pas voulu répondre.

- Mike, Andrew ! Ce n'est pas l'occasion pour vous de discuter, intervint Mlle McGee. Allez-y, Raven.

Avec un soupir, Raven mit la musique en route. Ce ne fut pas immédiatement agressif. La voix du chanteur n'était pas désagréable. Ce n'était pas vraiment le style de musique que Dylan écouterait de lui-même mais ça se laissait écouter.

Il y eut un silence après la fin de la chanson et la professeur poussa Raven a faire son interprétation psychologique. Dylan l'écouta parler, son instinct se renforçant à chaque parole qui sortit de la bouche de son ami. Tout le monde demeura silencieux, bouche bée, devant le texan qui parlait avec assurance de la peine et de la douleur du chanteur, de son besoin de faire sortir toutes ces émotions qui le rongeaient face à ce que cette personne dont il parlait lui avait fait subir. Il extrapola sur les possibles raisons, sur les avantages et inconvénients de cette méthode thérapeutique.

- Eh bien, Raven... Je suis impressionnée. C'est une très bonne interprétation que vous venez de donner. C'est du très bon travail. Vous pouvez retourner vous asseoir.

Sans attendre, Raven reprit sa place et s'étala sur sa table comme s'il ne s'était rien passé. Mais il semblait tendu, mal à l'aise. Tout le monde murmurait, lui jetait des regards en coin. Se pouvait-il qu'il existe une once de timidité au milieu de cette confiance débordante ?

Le cours se termina et ils sortirent et Dylan tenta le tout pour le tout.

- Tu vas manger avec tes amis ?

Raven tourna la tête vers lui. Son visage paraissait étranger à Dylan sans ce sourire séducteur qu'il pensait éternel.

- Je vais vraiment finir par croire que l'enfant de maternelle que je suis te manque, Altesse.

Il y avait un acide dans ses paroles qui blessa Dylan. Et ce surnom... Ce maudit surnom qu'il détestait.

- Si tu étais vraiment un enfant de maternelle, tu n'aurais pas réussi à faire taire toute la classe et à les faire t'écouter pendant que tu parlais. Oh, et mademoiselle McGee ne t'aurait pas félicité.

- C'est ta façon de t'excuser pour ce que tu m'as dit ?

- C'est ma façon de te dire que je ne comprends pas pourquoi tu fais ça.

Un bras apparut autour des épaules de Raven qui tressaillit.

- Tu viens avec nous, mec ?

Raven sourit à Kelian et, pendant un instant, Dylan redouta qu'il aille avec lui et le laisse en plan, sans pouvoir terminer cette conversation.

- Pas aujourd'hui, désolé, répondit Raven. Il semblerait que je manque à son Altesse.

Peut-être aurait-il dû partir avec son ami, au final.

Kelian se mit à rire et les salua vaguement avant de partir.

- Si tu me disais ce que tu ne comprends pas, Altesse ?

- Ton attitude. Pourquoi tu te sens si obligé de te faire passer pour un idiot alors que tu n'en es pas un ? Tu pourrais avoir de très bonnes notes si tu essayais.

Raven sourit et passa son bras autour des épaules de Dylan, le rapprochant de lui pour murmurer à son oreille.

- Pense à moi en cherchant la réponse, chéri.

Il esquiva le coup que voulut lui envoyer Dylan en riant. Malgré lui, Dylan se mit aussi à sourire, content de retrouver le Raven d'avant leur dispute. Il savait que le texan l'avait pardonné. Il n'aurait pas cru que ça serait si facile. Il aurait cru qu'il le ferait trimer pour obtenir son pardon. Au lieu de ça, il avait suffi de lui expliquer.

Il ne comprendrait jamais comment Raven fonctionnait.

- Ça y est ? Vous vous êtes réconciliés ? demanda Darren lorsqu'ils arrivèrent à leur table dans la cafétéria.

- Quelque chose comme ça, répondit Raven en regardant son téléphone qui ne cessait de vibrer.

Il finit par l'éteindre et le fourrer dans sa poche. Dylan ne dit rien mais sentit qu'il se passait quelque chose. De lui-même, Raven ne dirait rien. Toutefois, Dylan ne savait pas s'il avait envie de poser la question. S'il s'agissait encore de ses parents...

- Vous venez à la fête de Martin, demain ? interrogea Raven à la ronde, comme si de rien n'était.

- Carrément ! cria Darren.

- Je suis son chauffeur, répondit Harmon, aussi excité que le plus jeune.

- Je ne pense pas, dit Steven.

- Tu devrais venir ! objecta Raven.

- Non, merci.

- Steven ne vient jamais aux fêtes, intervint Darren.

Le concerné hocha la tête avant de se désintéresser de la conversation. Il était évident pour Dylan que Steven n'accepterait jamais. Il avait une phobie de la musique trop forte. Il se mettait à paniquer lorsqu'elle dépassait un certain volume. Autant dire que les fêtes étaient prohibées pour lui.

- Et toi, chéri ? Tu viendras ?

- Vu que vous allez tous boire plus que raison, je n'aurais pas le choix. Quelqu'un devra bien reconduire ces deux-là.

- Pourquoi je pose la question... ? soupira Raven. Monsieur le président des élèves ne boit pas.

- En fait, mon frère a sûrement une meilleure descente que Harmon et moi réunis, objecta Darren, postillonnant partout.

Dylan sourit face à l'air effaré de Raven.

- Alors ça, je demande à voir !

- Un jour peut-être, chéri, répliqua Dylan.

- Oh, bordel ! J'aurais jamais cru dire ça mais ça m'avait manqué de vous entendre flirter ! s'exclama Harmon.

- C'est vrai que c'est trop calme quand t'es pas là, Rave, approuva le plus jeune.

- On dirait qu'il n'y a pas qu'à toi que je manquais, lança Raven à Dylan.

- Il s'est passé quoi entre vous, au fait ? Querelle d'amoureux ?

- Arrête de harceler tout le monde de questions et mange proprement.

Darren râla mais obtempéra.

Le reste de la journée passa et Dylan se sentit bien plus à l'aise maintenant que tout semblait être revenu à la normale. Les rumeurs allaient bon train et les paris volaient sur ce qu'il se passait entre lui et Raven mais il avait appris à les ignorer. Ses camarades s'occupaient un peu trop de ses affaires.

Le lendemain, Darren fut une vraie pile électrique. Il n'avait qu'une hâte : aller à cette maudite soirée. Dylan n'avait aucune envie de sortir. Il avait retrouvé un vieux carnet que son père et lui avaient rempli de leurs découvertes sur les différentes galaxies, des observations qu'ils avaient pu faire dans le ciel grâce au vieux télescope. Il aurait préféré passer sa soirée à le relire et à le redécouvrir plutôt qu'à aller surveiller son frère pour éviter qu'il ne finisse tellement saoul qu'il ne saurait plus marcher.

Malgré tout, il ne résista pas lorsque Darren le força à aller se changer. Il enfila une chemise propre, un jean et une veste. Son petit frère avait fait beaucoup plus d'efforts et le regarda avec désapprobation.

- Tu pourrais faire un effort.

- Harmon est là, répondit simplement Dylan.

Darren roula des yeux mais n'insista pas. Ils sautèrent dans la poubelle sur roues de Harmon et ils partirent pour la fête de Martin. La musique pulsait déjà lorsqu'ils se garèrent. La rue était bourrée de voitures et Harmon eut du mal à trouver un endroit où se garer qui ne soit pas trop loin la maison.

La maison était plongée dans le noir si ce n'était pour les spots multicolores qui balayaient les murs dans toutes les pièces du rez-de-chaussée. Une forte odeur de sueur et de bière imprégnait l'air. Certains des fêtards étaient déjà bien saouls, dansant torse nu sur les tables, dansant follement en marchant. Toutes les filles qu'il vit portaient des vêtements courts et moulants. Et tout le monde avait un verre en main.

À peine eurent-ils mis un pied dans la maison de Martin que Darren et Harmon disparurent vers la cuisine pour obtenir leurs bières. Dylan les suivit, se faufilant entre les invités du mieux qu'il put. La cuisine était un véritable chantier. Des paquets de chips, des packs de bières, des bouteilles de sodas de toutes sortes gisaient un peu partout, le sol n'était qu'une masse de déchets écrasés, piétinés. Assis sur le comptoir, Raven trônait avec une bière à la main, riant avec Kelian et Darren.

Dylan se fraya un chemin jusqu'à eux.

- Enfin te voilà, chéri, ronronna Raven, les pupilles déjà élargies par l'alcool.

Il lui tendit une bière et Dylan l'accepta sans rien dire. Kelian les laissa, partant danser avec une grande blonde. Le regard de Darren fouillait la foule, semblant chercher quelqu'un.

- J'en connais un qui a un rencard, chantonna Raven en ébouriffant les cheveux de Darren.

- Oui alors tu restes loin, tombeur. Occupe-toi de mon frère.

Et il partit sans attendre, semblant avoir repéré la personne qu'il cherchait. Il happa une petite brune contre lui. Elle sourit en passant les bras autour de son cou pendant qu'il l'embrassait.

- Ils sortent ensemble ?

- Je crois. Je peux pas te l'assurer mais je pense. Ils ont déjà couché ensemble et il la revoit donc... Je pense que s'ils sortent pas ensemble pour le moment, ça tardera pas.

Dylan leva les yeux vers le brun.

- Tu en as déjà bu combien ?

- J'ai pas compté.

La soirée promettait.

Majoritairement, Dylan demeura dans la cuisine. Il regarda ses amis s'amuser et danser tout en sirotant sa bière. Le seul qui paraissait encore sobre lorsque minuit sonna, ce fut Darren. Occupé par sa petite amie, il n'avait pas pensé à boire. Harmon sautait partout en criant avec trois autres garçons sans que personne ne semble comprendre ce qu'ils faisaient. Quant à Raven, il titubait et se retenait aux murs pour avancer. S'il continuait à boire, ça allait être un coma éthylique et non pas une gueule de bois qu'il allait devoir affronter.

Dylan rejoignit Darren et lui cria de s'occuper de Harmon. Il ne lui laissa pas le temps de râler qu'il était parti dans la direction qu'avait pris Raven. Il le trouva dans le jardin, allongé dans l'herbe, jambes et bras écartés.

- Allez, debout. Je te ramène.

Raven le regarda et lui sourit.

- Je ne suis pas si saoul que ça, tu sais.

- J'ai des doutes là-dessus vu que tu ne sais pas marcher droit. Allez. En route.

Raven se releva sans mal, oscillant à peine sur ses jambes. Peut-être n'était-il pas aussi saoul que Dylan l'avait originellement cru. Malgré tout, il le traîna hors de la maison. Ils avaient un bout de chemin à faire à pied.

- Tu n'es pas censé surveiller ton frère et Harmon ?

- Darren est suffisamment sobre pour s'occuper de Harmon.

- Alors tu t'occupes de moi alors que je ne suis pas si beurré que ça ? C'est pour te faire pardonner ?

Dylan ne répondit pas. Il tira sur le bras nu de Raven pour le ramener sur le trottoir.

- C'est quoi le truc le plus fou que tu as fait ?

- Sûrement rien que tu ne puisses considérer comme fou.

- J'ai surfé sur une voiture, une fois. C'était démentiel. Je me suis déboîté le genou quand je suis tombé. Tim s'est cassé la jambe.

- Vous auriez pu vous tuer.

- Mais on est toujours vivants. Peut-être qu'on l'est encore plus, même.

Raven était-il philosophe lorsqu'il était saoul ? Dylan savait gérer Harmon qui criait et sautait partout dès qu'il avait dépassé son niveau de tolérance à l'alcool et son frère qui sautait sur tout ce qui bouge mais il n'aurait pas cru que Raven serait le genre calme et réfléchi une fois franchie la barre des deux grammes dans le sang.

Ils arrivèrent chez Raven sans trop de soucis et Dylan fut soulagé de ne pas voir de voiture dans l'allée. Ses parents n'étaient pas là. Il le fit monter dans sa chambre et s'allonger.

- Je viendrais te ramener tes clés demain, lui dit-il.

- Tu peux rester dormir, tu sais.

Pour appuyer ses dires, il tapota la place à côté de lui. Dylan n'eut pas le temps de lui répondre qu'il s'était déjà endormi. Il resta planté là quelques secondes, à le regarder dormir.

Raven paraissait différent lorsqu'il dormait. Comme si tout le tourment qu'il avait en lui remontait à la surface et que la façade qu'il présentait le jour s'effondrait pour ne laisser que le garçon brisé et blessé qu'il était réellement. Dylan se doutait qu'il y avait beaucoup plus que les coups que son père lui assenait. Il y avait une histoire bien plus profonde derrière tout ça.

Une histoire qui faisait que, au plus profond de son sommeil, Raven pleurait.

Dylan déposa les clés sur le bureau et enleva sa veste et ses chaussures avant d'aller s'allonger à côté de Raven et de l'entourer de ses bras, priant pour que le peu de réconfort qu'il pouvait lui communiquer l'atteigne dans son sommeil.

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NdlA : Alors ? Qu'est-ce que vous en avez pensé ? Dites-moi tout !

PS : Oui, je regardais NCIS quand j'ai choisi le nom de la prof de psychologie ! Même pas honte !

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