4 Maelstrom

Sirius s'assura auprès des medicomages que Meredith était transportable.
Il refusait de la laisser dans cet hôpital où n'importe qui pouvait entrer dans sa chambre. Certes deux Auror la gardaient, à présent, mais Sirius redoutait que ce ne soit pas suffisant.

Meredith ne pouvait vivre seule. Elle avait besoin d'une présence jour et nuit, et de soins constants. Hors, il ne pouvait l'emmener chez lui, Laia n'aprécierait de devoir s'occuper d'elle en plus des trois enfants. Et il ne pouvait non plus demander à Regulus, Fleur n'était pas une sorcière, elle ne saurait pas s'en occuper, et elle avait aussi deux enfants en bas âge.
Sans compter que ce serait les mettre en danger.
Bien sûr, il y avait le sanctuaire, la cabane dans la forêt de Dean,  mais il y cachait Rosier, et il haïssait Meredith depuis toujours.

Il avait bien une idée, mais pour la mettre en pratique, il avait besoin d'aide.

Après une courte visite à la jeune femme, il se rendit à Poudlard.
Il discuta longuement avec Dumbledore.
Et lorsqu'il quitta le château,  il était quelque peu rasserené.

Il rentra chez lui, et trouva Laia, assise sur le canapé, l'air pensive.

- Un galion pour tes pensées. Dit il en s'installant près d'elle.
Elle lui rendit un sourire crispé.

- Alors ? Comment va t'elle ? Demanda t'elle.
Sirius soupira.
- Pas de changement, enfin...Pas vraiment.
Elle bouge la main droite, mais on dirait des mouvements aléatoires, je crois pas qu'elle en soit consciente.

Laia ne répondit pas. Elle ne se sentait pas concernée par le sort de Meredith.

Elle avait passé son temps à s'occuper des enfants, du ménage, pendant que Sirius s'occupait de son ex compagne.
Il n'y avait pas si longtemps, cela l'aurait rendu hors d'elle. Mais à présent, toutes ses pensées étaient tournées vers Evan.

Curieusement, elle ne parvenait pas à penser à autre chose.
A vrai dire, depuis leur retour de France, elle était troublée. Elle réalisait à peine que Evan était bien vivant.
Elle ne parvenait pas à voir clair dans ses sentiments.

- Laia...je...ne peux pas la laisser à l'hôpital.

Elle fronça les sourcils.

- Quoi ?

Il soupira.
- Tu ne m'écoutes pas.
- Si. Si je t'assure. C'est juste que...
- Que tu es troublée par la résurrection de Rosier. C'est normal. Laia, vous ne vous êtes pas séparés, il est mort. Enfin, tu pensais qu'il était mort. Ton amour pour lui n' a pas disparu avec lui. Il est toujours là, quelque part.
- Tu te trompes. Je t'aime Sirius. Je...
- Je sais. Je sais que tu m'aimes, ou que tu crois m'aimer. Mais tu ne peux pas nier tes sentiments pour lui.

Elle se leva, et marcha de long en large.

- Tu attends quoi de moi Sirius ?

Elle sentait la colère l'envahir. Elle ne voulait pas l'entendre parler d'Evan, ni des sentiments qu'elle éprouvait peut être ou non, pour lui.

Elle voulait qu'il la rassure, qu'il la serre dans ses bras, elle voulait l'entendre dire qu'il l'aimait, qu'il se fichait de ce qu'elle pouvait ressentir pour Evan.

Elle savait aussi que ce n'était pas juste pour lui. Mais elle n'avait pas envie d'être juste.
Elle était plongée dans un maelstrom de sentiments contradictoires, et ça la rendait folle.

- Je veux juste t'aider à y voir plus clair dans tes sentiments.
- Ah oui ? Pourtant j'ai l'impression que ce que tu voudrais c'est que je disparaisse. Peut être qu'au fond c'est ce que tu souhaites. Si je  pars tu pourras retrouver ta précieuse  Meredith. Tu pourras même la prendre ici. Je suis sûre qu'elle fera d'énormes progrès, quand vous vivrez ensemble.

Elle s'en voulut aussitôt, mais c'était plus fort qu'elle. Elle avait mal, et elle voulait qu'il ait mal aussi.

- Je vais pas entrer dans ton jeu, Laia. Moi je sais ce que je ressens.  J'aurais pu choisir Meredith quand elle s'est réveillée, même si elle n'était plus que l'ombre d'elle même. Si j'étais encore amoureux d'elle, je l'aurais fait. Je l'aurais choisi elle, en dépit de tout. Mais c'est toi que j'ai choisi. Parce que quoi que tu penses en ce moment, ou que tu ais besoin de penser, pour moins te sentir coupable de tes sentiments envers Rosier, je t'aime. Et rien ne changera ça. Même si demain Mery devait se lever de son fauteuil, et redevenir elle même,  je ne cesserais pas de t'aimer. Et quand toi tu pourras en faire autant, alors ce sera le début d'une nouvelle vie, pour nous deux, sans aucun doute ni  suspicion, d'aucune sorte.

Elle ouvrit la bouche pour protester, mais se ravisa. Il avait raison. Poursuivre cette discution, c'était stupide, elle risquait de le perdre.

- Je vais préparer le repas.

Il hocha la tête.

-  J'ai des choses à faire, je rentrerais pas manger. On se voit ce soir.

Il quitta la maison.
Elle se jeta dans le canapé et fondit en larmes.
Elle avait l'impression que son monde s'écroulait.

Néanmoins, elle avait trois enfants dont elle devait s'occuper, elle n'avait pas de temps pour les tergiversations, et moins encore  pour les lamentations.

Toute la journée, elle s'occupa de la maison, des enfants. Elle fit le ménage à fond, les lessives, la cuisine, elle joua avec les enfants.
Tout était bon pour s'occuper l'esprit, ne pas penser.

Mais quoiqu'elle fasse, ses pensées la ramenaient sans cesse vers Evan. Ou avait il vécu, tous ces mois ? Et comment avait il survécu ?
Et maintenant qu'il était revenu, qu'allait il se passer ?  Et si Sirius parvenait à le blanchir, que ferait il ? Resterait il en Angleterre ? Partirait il ? Il demeurait toujours une cible, pour les mangemorts avides de vengeance.
Et s'il n'y parvenait pas ? Si le magenmagot refusait d'en faire un affranchi ? Que deviendrait il ? Il.n3 pourrait vivre indéfiniment dans le sanctuaire. Et elle ? Que ferait elle ?
C'était infernal.

Elle fit manger les enfants, les doucha, et les coucha.
Elle débarrassa, et nettoya la cuisine.

Sirius ne rentrait pas.
Elle attendit un long moment, dans l'obscurité.

Il rentra enfin, la nuit était tombée.
Il alluma la lampe, dans l'entrée, et l'aperçut. Elle avait l'air perdue,  cela lui fit mal.

Il avait œuvré toute la journée pour pouvoir emmener Meredith au sanctuaire. Et il avait repoussé toutes pensées de Laia, où de Rosier.
Il ne voulait pas y songer.

Mais il était rentré. Et il ne pouvait plus fuir.

- Laia ?

Elle leva des yeux un peu trop brillants.

- Tu t'es souvenu du chemin de la maison ?

Il soupira.

- j'ai couru toute la journée pour prendre des mesures afin d'assurer la sécurité de Meredith, je suis fatigué, et ma dernière chose que je veux, c'est me disputer avec toi. Je vais prendre une douche et me coucher. Bonne nuit.
- Tu vas vraiment monter te coucher ? Je t'ai pas vu de la journée.
- Je te l'ai dit, j'ai été très occupé.
- et c'est tout ? On ne va même pas discuter.
- Je te l'ai dis je suis fatigué.

Il monta les marches, menant à l'étage.
De rage, elle jeta le coussin dans sa direction, mais il avait déjà disparu.

Lorsqu'elle monta à son tour, il était couché sur le côté, et lui tournait le dos.
Ses cheveux étaient encore humides.
Elle se déshabilla et s'allongea près de lui.
Mais elle avait du mal à trouver le sommeil.

Lorsqu'elle se réveilla, il n'était plus dans là.

Elle avait très peu dormi, chaque fois qu'elle fermait les yeux, le visage souriant de Evan lui apparaissait.

Elle s'était blottie contre Sirius.
Elle voulait sentir la peau chaude et douce  du jeune homme, son odeur musquée, se rappeler combien elle aimait faire l'amour avec lui. Mais rien n'y faisait. Seul le souvenir des bras de Evan lui revenait.

Elle s'était  tournée et retournée dans son lit, incapable de trouver le repos.
Sirius était parti.

Et à présent, alors qu'elle s'occupait des enfants, du ménage, de la préparation du repas, Evan  était toujours là.

Elle faisait de son mieux pour occuper son esprit avec des tâches domestiques, mais aux souvenirs de Evan, se mélait l'inquiétude de la trop grande attention que Sirius portait à Meredith.

Il avait beau prétendre ne plus rien ressentir quede l'amitié, pour la jolie brune, elle avait du mal à le croire. Il l'aimait depuis si longtemps, tout comme elle avait aimé Evan.

Cette constation l'anéantit.
Oui, elle avait aimé Evan. Toute sa vie.
Ils avaient été amis, puis amants.
Elle avait fui ses ambitions, ses idées controversées, ses accointances avec les cavaliers de l'apocalypse qui avait pour nom Lord  Voldemort, mais lorsqu'elle l'avait revu, blessé, terrifié et seul, tous ses ressentiments avaient disparu, et bien qu'enceinte de Sirius elle s'était enfui avec lui, sans l'ombre d'une hésitation, sans se soucier de savoir où et comment ils allaient vivre, poursuivis à la fois par la justice magique, et les mangemorts, sans argent, sans aucun soutien de qui que ce soit, et si elle n'avait pas cru qu'il était mort, elle serait restée avec lui, et ils auraient élevé leur fils ensemble.

Elle avait envie....non besoin de le voir.
Mais elle ne pouvait entrer dans le sanctuaire, et de toutes façon, elle aurait été bien incapable de retrouver l'endroit.

Albus Dumbledore n'avait pas hésité à venir en aide à Sirius. Il lui proposa les services de Winka, une elfe de maison efficace, mais un brin trop bavarde.
Elle prendrait soin de Meredith, et accessoirement de Rosier.

Quand à ce dernier, Dumbledore et James étaient d'accord pour soutenir sa demande d'affranchissement, auprès de la   ministre de la magie Millicent bagnold.

Il obtint une audience, qui dura une grande partie de l'après midi.

Il aurait voulu que Evan soit vraiment mort. Ou qu'ils ne  l'aient jamais retrouvé.
Il aurait voulu ne pas être contraint de l'aider. S'il était libre, il pourrait reconquérir Laia, et ils s'enfuiraient de nouveaux. Et cette idée le rendait malade.
Il ne voulait pas la perdre. 

C'était tentant d'emmener Evan loin du Royaume Uni, de l'obliger à disparaître. Mais Laia connaîtrait la vérité, tôt ou tard, et il la perdrait de toute façon.

Sans compter qu'il n'aimait pas l'idée de lui mentir et de la trahir. Il ne pourrait plus se regarder en face, s'il le faisait.
Et il ne pouvait pas le tuer non plus. Il n'était pas un meurtrier. Les seuls hommes qu'il avait tué, tentaient  eux même de l'éliminer.

Non, il allait aider Rosier, qu'il haissait tout en prenant le risque de perdre la femme qu'il aimait.

Il donna un violent coup de poing dans le tronc d'un orme.
La douleur se répercuta jusqu'à son épaule, et il jura.

Puis, il enfourcha sa moto, et démarra en trombe.
Il vola longtemps, retardant le moment de se retrouver face à Laia.
Il avait du mal à garder son calme devant les reproches de la jeune femme.
Il voulait la prendre dans ses bras, lui dire combien il l'aimait, mais lorsqu'il posait les yeux sur elle, il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer dans les bras de Rosier, ou de la voir disparaître de sa vie avec lui.

Il était tard lorsqu'il rentra. Mais elle ne dormait pas.
Elle l'attendait, assise dans  le canapé.

- Tu te souviens que tu as des enfants ? Dit elle d'un ton sec, sous lequel une colère noire sourdait.

Il  soupira.

- Commence pas tu veux.
- Pourquoi ? Parce que tu es fatigué ? Que tu veux dormir ? Ou parce que tu refuses de discuter de la situation ?
- Quelle situation ? Celle où tu es dans mes bras en pensant à un autre ?
- Tu n'es pas sérieux. Je veux dire...tu ne crois pas sérieusement que je pense à Evan quand je suis dans tes bras.
- Mais j'en sais rien. Tu peux me dire toit ce que tu veux, le fait est que maintenant, j'aurais toujours un doute.
- Très bien, alors qu'est ce que tu proposes ?

Il se passa une main nerveuse dans les cheveux.
Il n'arrivait pas à croire qu'il allait lui dire ça.

- Je veux que tu partes.

Le ciel venait de tomber sur la tête de Laia. Il ne pouvait pas avoir dit ça, elle avait mal entendu.

- Quoi ?
- Je veux que tu ailles au sanctuaire, quelques jours, le temps de voir plus clair dans tes sentiments.
- Tu...tu veux que je rejoigne Evan ?
- Je veux que tu passes du temps avec lui, afin de faire le point sur tes sentiments.
- Et tu n'as pas peur que je ne revienne pas ?

Une sueur glacée coula le long de sa nuque.

- Bien sûr que j'ai peur. Ça me terrifie. Mais au moins je serais fixé. Je préfère ça plutôt que de passer cette porte tous les jours  en me demandant si tu seras encore là.
Je refuse de vivre dans la peur de te perdre.

Elle ne parvenait pas à croire à ce qu'elle attendait. Elle comprenait son besoin d'être rassuré. Après tout, elle s'était déjà enfuie une fois. Mais les choses étaient différentes. Il n'y avait rien de sérieux entre eux, à l'époque.  A présent elle l'aimait, et ne voulait pas le quitter.

Mais une petite voix, en elle, lui soufflait qu'au fond, elle avait très envie de tenter l'expérience.

- Très bien. Quand partons nous ?
- Demain après midi. J'ai des choses à faire demain matin.
- Très bien. Bien sur les enfants viennent avec moi.
- Si tu veux.
- Parfait. Bonne nuit.

Tandis qu'elle montait les marches, le dos droit, il se disait qu'elle avait accepté trop facilement et trop vite.

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